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Me LEMOINE ET SA FILLE.
LES ADULTÈRES DE LA BASTIDE NEUVE: VEUVE AUPHAN
ET DENANTE. ·LA BELLE ÉPICIÈRE ET EUSTACHE LE NOBLE.

N. B.

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MM. les Souscripteurs qui feront relier ou brocher les cahiers 26, 32 à 35, devront enlever, s'ils ne l'ont fait déjà, du cahier 27 (formant, avec les cahiers 28 à 31, le sixième volume des Causes Célèbres), la livraison 120, c'est-à-dire les pages 17 à 32 des Erreurs judiciaires, et la joindre, à son ordre, dans ce septième volume.

LE TOME VIII CONTIENDRA LES PROCÈS:

La Commune à Paris et en Province; Barbe-Bleue Gilles de Rais; le Prince Pierre Bonaparte ; l'assassinat de Paul-Louis Courier; Troppmann; la Roncière; Conspiration Babeuf; Affaire de Pontalba (procès en séparation de corps, à la suite de tentative d'assassinat); Dehors; les Procès de sortilége: Gauffridi, Urbain Grandier, Père Girard, la Cadière, etc.; Vidocq; le Drame de la forêt de Fontainebleau; Mme Tiquet, la Lescombat, etc.

La collection complète des Causes Célèbres formera 40 à 12 volumes.

La traduction et la reproduction sont interdites.

PARIS. — IMPRIMERIE J. CLAYE, 7, RUE SAINT-BENOIT. 18561

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Ren Feb 20, 1893

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les faiblesses les plus misérables; la France leur a pardonné à tous deux, parce qu'ils ont, pour ainsi dire, résumé dans leurs figures chevaleresques ses petitesses et ses grandeurs.

Si Murat fut surtout un soldat fougueux, téméraire, habile à lancer sur l'Europe ces masses profondes qui enlevaient d'assaut la victoire, Ney fut un homme de guerre dans le sens le plus complet du mot. Audacieux, fort de corps comme son émule, méprisant comme lui la mort, mais avec plus de calme et moins de jactance théâtrale, il eut de plus le coup d'œil sûr des capitaines, les grandes conceptions stratégiques, les ressources d'esprit, la prévoyance, le conseil, et, à quelques moments, le génie militaire. Grand capitaine d'avant-garde, il fut aussi un héros d'arrière-garde, solide et prudent autant que téméraire, ménager d'hommes au besoin autant que prêt à les sacrifier lorsqu'il le fallait et à se sacrifier lui-même.

Son âme était trempée d'acier, a dit Napoléon, qui, le premier, l'a surnommé le brave des braves. Le soldat, juge suprême en fait de bravoure, disait, en voyant passer dans l'ouragan d'une bataille ce Germain aux cheveux d'un blond vif: « Voilà Pierre le Roux qui arrive; si le lion rouge s'en mêle, tout va bien. »

MICHEL NEY, né à Sarrelouis, le 10 janvier 1769, dans la boutique d'un tonnelier, hussard en 1787, général en 1796, maréchal d'Empire en 1804, prince en 1812, a attaché à son nom plébéien des souvenirs tout autrement glorieux que ces vains titres: Elchingen, Iéna, Magdebourg, Friedland, la Moskowa. La Moskowa surtout, cette bataille de Titans, où Ney se montra supérieur à Napoléon lui-même!

Mais c'est surtout la retraite fatale de 1812 qui le vit développer ses rares qualités d'audace et de fermeté. Soldat et général tout ensemble, il soutint de son corps et de son âme cette armée qui s'en allait en lambeaux, brisée, dispersée par une de ces forces invisibles qui domptent les énergies les plus robustes. Sur les bords de la Bérésina, du Kowno et du Niémen, il se fit admirer, dit M. de Ségur, « toujours combattant, reculant et ne fuyant pas, marchant toujours après les autres, et, pour la centième fois depuis quarante jours et quarante nuits, sacrifiant sa vie et sa liberté pour sauver quelques Français de plus. Il sort enfin le dernier de cette fatale Russie, montrant au monde l'impuissance de la fortune contre les grands courages, et que, pour les héros, tout tourne en gloire, même les plus grands désastres.

Pendant la campagne de 1813, Ney, qui avait fait des prodiges à Lutzen et à Bautzen, fut battu à Dennevitz par son ancien compagnon d'armes, Bernadotte. Napoléon, toujours injuste dans l'infortune et qui aimait à justifier ses propres fautes en les rejetant sur ses lieutenants, fit sentir au maréchal les effets de cette humeur acerbe qui oubliait, pour un seul jour de désastre, des années de glorieux services. Ney, tombé dans une sorte de disgrâce, conçut de l'injustice de son chef une rancune puérile, indigne d'un grand cœur.

Lorsque, en 1814, Napoléon tomba sous l'effort de l'Europe, Ney fut dur envers son maître. Le premier, à Fontainebleau, il parla d'abdication et signifia à l'Empereur vaincu sa déchéance; un des premiers, il offrit humblement ses services au pouvoir

nouveau.

Louis XVIII s'empressa d'attacher à sa cause cet illustre capitaine, et ajouta de nouvelles distinctions

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à celles dont il était déjà revêtu. Le 20 mai, le maréchal Ney fut nommé commandant en chef du corps royal des cuirassiers, des dragons, des chasseurs et des chevau-légers lanciers; le 1er juin, chevalier de Saint-Louis; le 4 juin, pair de France.

Nous ne voulons point raconter ici les fautes de la première Restauration. Il nous suffira d'indiquer celles qui devaient, peu à peu, détacher des Bourbons le peuple, l'armée et les anciens chefs qui l'avaient sí glorieusement conduite par l'Europe.

Ney, comme tant d'autres, avait mis à la charge de Napoléon l'humiliation de la défaite. Il avait ressenti, comme la nation elle-même, un grand dégoût de cette gloire qu'on payait de tant de honte. Relevé de ses serments par la déchéance de l'Empereur, ne voyant de salut que dans l'hérédité légitime, séduit par les promesses de liberté qu'apportait la monarchie, il avait pu se donner très-sincèrement au gouvernement restauré. Pour l'honneur de la nature humaine, il faut croire qu'une pensée patriotique, dégagée de tout intérêt personnel, avait porté le héros impérial vers la royauté devenue la seule ressource de la France.

Mais l'illusion ne dura guère. Les imprudentes jactances des émigrés, les revendications menaçantes des biens de l'Eglise et de la Noblesse, les épurations pratiquées dans l'armée, dans les fonctions publiques, dans la magistrature, les exagérations de zèle des nouveaux ralliés, l'intolérance du clergé, la morgue des corps d'élite, toutes ces fautes réunies enlevaient chaque jour aux Bourbons un peu de l'âme de la France. Tout était condamné de la Révolution par les royalistes, ses grandeurs comme ses crimes; tout était haï en elle, ses libres institutions comme ses tyranniques violences. La Charte elle-même, ce pacte d'oubli, cette promesse de pacifiques libertés, semblait n'avoir été donnée que pour être reprise, et déjà la voix du pays se taisait dans la Chambre des députés. Les campagnes regorgeaient de soldats, de sous-officiers, d'officiers en demi-solde, exaspérés de leur humiliation, réduits à l'inaction et à la misère, vexés par une police ombrageuse.

Plus l'incompatibilité d'humeur se prononçait entre la France et le roi, plus la faction royaliste redoublait de défiances, de provocations. Les lieutenants de Napoléon dévoraient, dans les antichambres royales, des mépris mal déguisés. Il n'y avait pas jusqu'aux familiarités, jusqu'à la bienveillance qu'on ne leur rendît amères.

Ney avait, en 1810, épousé mademoiselle Auguié, fille d'un receveur général et amie intime de madame Louis Bonaparte. La mère de mademoiselle Auguié avait été femme de chambre de Marie-Antoinette, et la duchesse d'Angoulême retrouva, dans la maréchale Ney, une compagne des jours de son enfance. Sans le vouloir peut-être, la fière duchesse blessa la maréchale d'Empire, la princesse de la Moskowa, duchesse d'Elchingen, par ces familiarités qui ravalent une inférieure au rang des domestiques. Le nom de baptême, substitué au nom du mari, rappelait maladroitement qu'on ne voulait voir dans la bonne Auguié que la fille d'un ancien serviteur.

Qu'on ajoute à ces piqûres les commérages de cour, les petites passions, les rangs disputés entre les anciennes et les nouvelles duchesses, les sarcasmes lancés d'une lèvre dédaigneuse aux personnes de la Révolution, et l'on comprendra que, fatigué d'humiliations et de défiances, le maréchal se

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