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et premier étage (fig. 16), voir ci-dessous], et en même temps vous rappeler

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les données fondamentales de la maison romane, que nous ferons précéder d'un petit jardin, vous verrez que nous avons apporté, au moins en principe, très peu de changements à ce type déjà vieux de plusieurs siècles.

Le rez-de-chaussée élevé comprendra une grande salle, à la fois salle de réunion, salle de travail, salle à manger, et aussi cuisine; car, ne l'oublions pas, le feu qui cuit les aliments doit servir à chauffer l'habitation. Sous cette salle de réunion sera la cave, à la fois bûcher, cellier et au besoin petit atelier; et au fond de cette salle, en face de l'entrée, un petit escalier droit, et, près d'une sortie sur une rue latérale, le cabinet indispensable et aéré directement. Près de l'escalier, une sorte d'alcove ouverte, mais fermée au besoin, donnerait ainsi, dans le rez-de-chaussée, s'il n'y avait que cet étage, le lit nécessaire au célibataire; mais, pour celui-là, au point de vue économique surtout, l'habitation en commun-nous voulons dire en communauté sera toujours de beaucoup préférable.

Mais, revenons à l'habitation de famille, la plus digne d'intérêt ce lit à rez-de-chaussée peut servir pour un enfant adulte, tandis que le père et la mère, et deux enfants encore jeunes et de sexe différent, trouvent au premier étage la chambre de famille et les deux cabinets avec lit, ce qui, en comptant le lit du bas et, près du lit de famille, un berceau, permet facilement de loger, dans des conditions décentes, une famille composée du père, de la mère et de quatre enfants.

Quant à la construction et à l'aménagement de cette habitation ainsi distribuée, il est évident que, à chaque pays, à chaque climat, à chaque nature de matériaux, conviendraient, sinon un nouveau type, au moins des aménagements différents qui font que la maison du mineur ne pourrait être celle de l'ouvrier dans l'article de Paris, ni la maison du petit employé être celle du filateur.

Mais c'est ce type généralisé dont il faudrait, je crois, encourager la création, la reproduction et l'amélioration constante aux abords de nos grandes villes, alors surtout que, sous forme de tramways, un plus grand développement de moyens de transports économiques pourrait amener, moyennant quinze centimes peut-être, l'habitant de ces cités suburbaines, de trois ou quatre lieues et en moins d'une heure, au cœur même de la capitale.

Encore un mot, et ce sera le dernier dans cette habitation vous retrouvez la salle commune, et j'attire votre attention sur ce point: la salle commune doit être le principe de l'habitation à bon marché; la salle commune, où la surveillance de la mère, même occupée des soins du ménage et de la cuisine, s'exerce sur l'enfant; la salle commune, avec ses grandes baies, salle parfaitement aérée et éclairée, où peut s'installer le métier, ce qui permettrait, dans nombre de cas, à l'ouvrier de travailler en dehors de l'usine et des grandes agglomérations meurtrières; la salle commune enfin, où tout doit se passer au grand jour, où il faut qu'on soit honnête. C'est là, en effet, que doivent figurer les portraits des ancêtres et l'emblème de la religion; qu'à la seconde génération, il doit se trouver des meubles de la première, et qu'à la troisième et à la quatrième, on doit redire à l'enfant comme on l'écrit en marge de la bible protestante ou sur nos petits mémentos de l'état civil - le dernier soupir de l'aïeul.

La salle commune me paraît donc être la base morale d'abord, matérielle ensuite, en dehors de laquelle il n'y a qu'utopie dans la création de l'habitation du travailleur.

:

Entrons franchement dans la réalité et ayons la généreuse audace d'accentuer un programme vrai ne créons pas de petites pièces exiguës, sans air et en enfilade; ne donnons pas de place aux questions de convenances mondaines; ne laissons pas la femme de l'homme qui travaille jouer à un certain luxe de représentation. Ayons la salle commune avec sa grande cheminée, à la fois chauffoir et fourneau de cuisine, et que tout s'y passe au grand jour.

Créons de ces habitations ainsi groupées par quatre, et partout où il en sera créé un certain nombre, on sera bientôt étonné de voir leurs petits jardins soignés, des enfants nombreux s'y ébattre joyeusement et un air réel de santé et de contentement s'y lire sur les physionomies. Bientôt aussi, grâce à de généreuses subventions de l'État et d'industriels intéressés moralement et pécuniairement à leur réussite, ces réunions d'habitations deviendront communes (c'est-à-dire municipalités) et arriveront à posséder la mairie et l'école, l'église ou le temple, le gymnase, et, je vous demanderai, la salle de conférences, non aussi somptueuse que celle-ci,

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décorée comme elle l'est de ces admirables collections de portraits historiques, mais la salle de conférences avec son mobilier et sa petite bibliothèque, son petit musée et son herbier spécial; car la salle de conférences est appelée à devenir de jour en jour, surtout avec un auditoire aussi bienveillant que celui que vous m'avez bien voulu fournir, le plus grand moyen peut-être d'éducation de l'homme qui travaille. (Très bien très bien! et applaudissements prolongés.)

La séance est levée à 3 heures 20 minutes.

PALAIS DU TROCADERO. 19 SEPTEMBRE 1878.

CONFÉRENCE

SUR

LA CÉRAMIQUE MONUMENTALE,

PAR M. PAUL SÉDILLE,

ARCHITECTE.

BUREAU DE LA CONFERENCE.

Président :

M. G. DAVIOUD, inspecteur général honoraire des Travaux de la Ville de Paris, architecte du palais du Trocadéro.

Assesseurs:

MM. BÉTOLAUD, professeur de l'Université;

BOURDAIS, architecte du Gouvernement et du palais du Trocadéro;
DECK, céramiste;

GALLAND, peintre, professeur d'art décoratif à l'École Nationale des
Beaux-Arts;

HARDY, architecte du Gouvernement et du palais du Champ de Mars;
ROBERT, directeur de la Manufacture Nationale de Sèvres.

La séance est ouverte à 2 heures.

M. G. DAVIOUD, président. Mesdames, Messieurs, M. Paul Sédille, l'architecte éminent dont nous connaissons tous le talent, veut bien nous faire une conférence sur la céramique appliquée à la décoration des édifices. Il me semble que c'est une bonne fortune pour ceux qui vont l'entendre. Puisse-t-il nous révéler son secret, celui d'employer l'émail avec le charme décoratif qui séduit les coloristes et avec le style de dessin qui rappelle

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