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TYPE D'ARRÊTÉ

À PRENDRE PAR LE MAIRE D'UNE VILLE EN PROGRÈS

PAR MESURE D'ORDRE PUBLIC.

LE MAIRE DE BOURGES,

(Proposé par M. Lagout.)

Vu les rapports de MM............ chefs de service de l'Architecture et de la Voirie municipales, sur les Conférences publiques faites à Bourges par M. Lagout, ingénieur en chef des ponts et chaussées, pour la propagation de l'enseignement takimétrique :

Vu le rapport au Ministre des travaux publics, en date du 3 avril 1877, de M. de Fourcy, inspecteur général des mines, et ceux des 7 novembre 1874 et 8 septembre 1876, de M. Linder, ingénieur en chef des mines, directeur actuel des études de l'École polytechnique;

Vu les sanctions ministérielles approbatives de ces rapports prescrivant la propagation de la takimétrie;

Vu la lettre de M. de Marcère, ministre de l'intérieur, en date du 17 septembre 1878; la lettre de M. Teisserene de Bort, ministre de l'agriculture et du commerce, en date du 19 juillet 1878;

9 no

Vu la lettre du Ministre de l'agriculture et du commerce d'Italie, en date du vembre 1878, prescrivant l'installation de la takimétrie dans les écoles de son ressort, après l'expérimentation de la nouvelle méthode;

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Vu l'extrait du procès-verbal de la séance du 3 septembre, du Congrès international d'unification des poids et mesures, émettant le vœu que la takimétrie soit enseignée dans les écoles primaires et professionnelles pour extirper les règles empiriques fausses en usage dans tous les pays;

Vu le vœu analogue du Conseil académique de Clermont en 1872, sous le rectorat de M. Girardin;

Vu l'arrêté en date du 18 janvier 1878, de M. Renaud, préfet de la Loire, rendant obligatoire la takimétrie dans le service vicinal, lequel arrêté a reçu sa pleine exécution; Considérant que la takimétrie est à la portée de tous, qu'elle est promptement assimilable et transmissible, d'absolue rigueur, et qu'alors elle sert à l'éducation logique tout aussi bien qu'à l'instruction technique, tout en aboutissant à la moralisation des comptes de travaux ;

Attendu que sous ce dernier rapport la propagation de la takimétrie est une mesure d'ordre public,

ART. 1.

ARRÊTE :

La takimétrie fera partie des cours publics institués à l'hôtel de ville par l'autorité municipale.

ART. 2.

ART. 3.

- Elle sera enseignée dans les cours d'adultes faits dans les écoles communales.

Dans les services techniques municipaux, tous les mesurages seront faits par les règles justes et simples de la takimétrie.

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Vous avez tous vu des poissons, vous avez remarqué leurs formes très diverses et leurs mouvements souvent très rapides. Vous savez qu'il y a des poissons plats, comme la raie, la sole, les squales. Si vous cherchez à connaître leur densité, vous saurez que ces poissons plats sont tous plus lourds que l'eau, par conséquent, pour se soutenir dans l'eau, ils ont besoin de faire des efforts continuels, l'eau étant un milieu absolument mobile.

vous en

Cependant, quand on regarde certains de ces poissons, - je citerai un que j'examinais il y a quinze jours à Concarneau : un squale, (Squatina angelus), qui se rapproche de la raie pour la forme de son corps, on est étonné de l'aisance avec laquelle ils se meuvent. Mon squale s'avançait avec un calme imposant et l'on ne pouvait s'empêcher de penser, en le voyant, aux oiseaux qui planent dans l'air. En effet, les conditions sont les mêmes pour ce poisson et pour l'oiseau. Ce sont tous deux des êtres plus lourds que le milieu dans lequel ils vivent et qui cependant peuvent s'y soutenir pendant un temps très long.

Vous avez tous vu des oiseaux de proie planant dans les airs. Ils décrivent leurs cercles majestueux avec une lenteur si imposante qu'il semble qu'ils aient la même densité que le milieu dans lequel ils se meuvent. Il n'en est rien; mais il leur faut peu d'efforts pour se soutenir dans l'air et y paraître presque immobiles. Il y a nécessité absolue pour eux de faire des mouvements continuels, parce que, étant plus lourds que le milieu dans lequel ils se trouvent, ils ne se soutiennent que par des efforts incessants. Je mets sous vos yeux un barbillon. Ce poisson possède un organe que je vous montre.

Beaucoup d'autres poissons possèdent, comme le barbillon, comme les carpes, cet organe.

C'est une poche remplie d'air, dont la forme est cylindrique, ou conique, ou sphérique, suivant les espèces.

C'est un organe aux parois souples, rempli d'un fluide gazeux, qui peut diminuer de volume si on le comprime, augmenter si on cesse de le presser. Il peut donc varier de volume sans changer de poids, et, par suite, le poisson qui le possède deviendra plus petit ou plus gros et par conséquent plus dense ou moins dense.

Une petite différence de densité a pour le poisson d'autres conséquences que pour l'oiseau. En effet, l'oiseau a une densité toujours supérieure à celle de l'air qui l'entoure. S'il cesse de se soutenir par les battements de ses ailes, il tombera toujours. Mais le poisson a une densité voisine de celle de l'eau; l'addition des organes analogues à un ballon, c'est-à-dire moins denses que le milieu ambiant, peut lui donner une densité égale à celle de l'eau ou même plus légère. Dès lors il sera nécessairement porté en haut ou en bas, ou restera stationnaire.

Quelle est l'idée que l'on s'est faite du rôle de cet organe?

On trouve dans un ouvrage important sur le mouvement des animaux, publié par Borelli en 1680, la théorie suivante, que d'excellents esprits comme Biot reproduisent sans la discuter, ou même, comme Cuvier, acceptèrent après l'avoir discutée, et qui est encore aujourd'hui dans les meilleurs ouvrages:

Le poisson agit à l'aide de ses muscles en les contractant plus ou moins fort,

et d'autres fois en les relâchant; la vessie natatoire, par suite, est comprimée ou se dilate: le poisson devient ainsi, à sa volonté, plus dense quand il veut descendre et plus léger quand il veut monter.»

Rien ne paraît plus vraisemblable.

Cependant il était permis de douter; la suite de notre conférence le prouvera. Il fallait voir si réellement le poisson se servait de sa vessie natatoire comme d'un organe dont il changeait le volume par des contractions musculaires graduées en rapport avec la station, l'ascension, la descente et dont il ferait ainsi un auxiliaire de ses nageoires. Il fallait voir si ce qui paraissait vraisemblable était vrai.

Pour juger la question, je fis l'expérience que je présente dans la figure 1 et que nous allons réaliser devant vous.

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Une perche est placée dans une cage légère de fil métallique soutenue par un ballon de verre auquel est joint un godet contenant du mercure. La densité moyenne de l'appareil est un peu plus faible que celle de l'eau, et la pointe fine du ballon s'élève au-dessus de la surface.

Cet appareil flotte dans un bocal qui ne contient de l'eau que dans ses

neuf dixièmes environ; un couvercle solide ferme le bocal exactement; il offre deux trous dont l'un communique à une pompe aspirante et foulante, l'autre avec un manomètre. Aussitôt que l'on comprime l'air dans le bocal, on voit la pointe qui surmonte le petit ballon s'enfoncer avec l'appareil contenant le poisson. On cesse aussitôt de comprimer et l'appareil descend avec une vitesse accélérée jusqu'au fond du bocal.

Voici en effet ce qui se passe:

Le poisson, muni d'une vessie natatoire, diminue de volume sous l'influence de la pression d'air surajoutée à l'aide de la pompe; en même temps il augmente de densité: c'est pourquoi la pointe fine qui émergeait s'enfonce sous l'eau, mais alors l'appareil entier est devenu plus dense l'eau, et il descend lentement d'abord, puis plus vite, parce qu'en descendant il se trouve pressé par les couches supérieures d'eau qui deviennent de plus en plus nombreuses.

que

Quand on veut que l'appareil remonte, il faut, à l'aide de la pompe aspirante, faire diminuer la pression non seulement de la quantité qui a fait enfoncer la pointe du ballon sous l'eau, mais encore de la quantité qui correspond au poids de l'eau placée au-dessus de l'appareil, en d'autres termes, d'une quantité correspondant à la distance verticale parcourue par l'appareil dans sa chute.

Rien de pareil ne s'observe quand le poisson n'a pas de vessie natatoire. La pression d'air ne change pas son volume et l'appareil reste en place. Nous allons faire devant vous cette première expérience.

En ce moment, un retard imprévu nous oblige à attendre; c'est une pièce tenant au robinet et qui ne ne laisse pas passer l'air venant de la pompe. Mesdames, Messieurs, ayons confiance dans l'habileté de M. Golaz, et tandis qu'il change les pièces de l'appareil, disons quelques mots des difficultés de l'expérimentation sur les animaux vivants.

Vous voyez combien toutes ces pièces sont nombreuses et faites avec soin; ces appareils permettent des mesures très précises. Un homme dont la mort laisse dans la science un vide impossible à combler, Claude Bernard, disait : « Les expériences physiologiques sont encore plus difficiles que les expériences de physique ou de chimie, parce qu'à toutes les difficultés de précision il faut ajouter la nécessité de tenir compte de l'état de vie de l'animal. Dans l'expérience qui suivra celle qui se prépare, nous devrons compter sur la vigueur du poisson et même, vous le verrez, sur sa bonne volonté.

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Claude Bernard, à la fin du cours qu'il faisait l'an dernier au Muséum, m'invitait à exposer devant ses auditeurs les recherches dont je vous parle en ce moment. Je le fis dans le laboratoire de physiologie générale. Nous allons, j'espère, les répéter devant vous. M. Golaz, qui a construit avec tant de soin ces appareils, a fini, au moment où je parle, de réparer la

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