་་ résolutions. Quoique gardé à vue par le bataillon chargé de le protéger, le préfet passa la nuit en compagnie de M, Carlier, alors chef de la police municipale, afin d'aviser aux moyens d'en finir avec l'insurrection. Ce fut pendant cette nuit du 28. au 29 que des mandats d'arrêt furent lancés contre les principaux meneurs, et mis à exécution sous la protection de l'armée de Paris, qui, de bonne heure, avait pris position sur tous les points stratégiques de la capitale." Ces arrestations furent d'autant plus importantes, qu'elles empêchèrent les réunions qui devaient avoir lieu à la Réforme, au National et à la République, et qu'elles jetèrent le trouble parmi les meneurs de la garde nationale mobile, qui attendirent ainsi vainement les instructions qui devaient leur être transmises. Le 29, dès avant le jour, les troupes furent mises en mouvement, et toutes les dispositions prises avec habileté. La fermentation la plus grande régnait dans les 5o, 6o et 7° arrondissements; le colonel Forestier, à la tête de la 6o légion, et des officiers supérieurs de la 5o et de la 7a, annonçaient qu'il y avait complot contre la République, et ils convinrent de mettre leurs légions à la disposition de l'Assemblée. Le colonel Forestier envoya deux adjudants demander au général Changarnier trente mille cartouches. La réponse du général fut que, s'il y avait besoin de cartouches, il lui apparte nait d'apprécier le moment de cette distribution. A ce refus rapporté par les adjudants, Forestier s'écria que la conspiration du pouvoir était flagrante. Informé de ce qui se passait à la mairie du 6e arrondissement, où se trouvaient le colonel et les officiers supérieurs des trois légions que nous venons de citer, le général en chef ordonna au 73e régiment d'aller prendre position sur le boulevard du Temple, à quelques pas de cette mairie. De son côté, le colonel Forestier ordonna au commandant Bonvallet d'aller prendre position sur le boulevard, en face du 73o. Ensuite, après avoir écrit à M. Marrast, président de l'Assemblée, que, d'après les dispositions prises par le général Changarnier, il n'était pas douteux que la République allait être remplacée par l'Empire; qu'il offrait à l'Assemblée de venir au Conservatoire des Arts-et-Métiers, où elle serait défendue au besoin par les 5, 6 et 7 légions, il alla parcourir les postes occupés par les différents bataillons de sa légion, pour exciter leur zèle à défendre la République et la Constitution menacées. Prévenu de ces excitations, et des démarches que le colonel Forestier ne craignait pas de faire auprès de la troupe de ligne, qu'il engageait à se joindre à la garde nationale, en lui disant que le Président de la République trahissait le pays, le Préfet de police prit la résolution de faire arrêter cet homme, à la tête même de sa légion, et sur-le champ il se rendit auprès du général en chef de la garde nationale et de l'armée, pour lui demander l'autorisation nécessaire. Le général Changarnier ayant observé à M. le Préfet que c'était M. le Ministre de l'intérieur seul qui pouvait signer cet ordre, M. Rébillot, quelques minutes après, faisait prévenir M. Léon Faucher, en ce moment à l'Assemblée, lui faisait part de ce qui se passait, et en obtenait immédiatement l'ordre signé qu'il était venu réclamer. Il était temps d'adopter cette mesure rigoureuse; car, si dans l'Assemblée même il y avait en ce moment une vive agitation, au dehors l'inquiétude se répandait partout. L'ordre fut remis à M. Bertoglio, commissaire de police, qui, accompagné d'un piquet de cavalerie, se présenta à la mairie du 6e arrondissement, et signifia le mandat dont il était porteur à M. Forestier, alors entouré d'officiers de sa légion. Le colonel saisit ses pistoJets en s'écriant : A moi, officiers! Au nom de la République, arrétez ce Monsieur! M. Monin, maire, parut en ce moment, et, se précipitant entre le commissaire de police et le colonel, il désarma ce dernier, et parvint à faire entendre raison aux offciors. Furieux à en perdre la tête, M. Forestier ne cessait de crier : Officiers! serez-vous assez lâches pour laisser emmener votre colonel?.... Ces exhortations à la révolte furent sans succès : force reste à la loi, et M. Forestier, placé dans une voiture, fut conduit à la préfecture de police. Ce moment fut critique, car il pouvait amener ́une collision entre l'armée et la garde nationale. Depuis longtemps déjà l'autorité n'était plus habituée à faire de pareils actes de vigueur; aussi celui-ci produisit-il le plus grand effet et jeta-t-il le découragement parmi ceux qui comptaient encore sur une insurrection. Dans la soirée, de nouvelles arrestations eurent lieu, et des papiers furent saisis au comité central de la Solidarité Républicaine. Tout cependant n'était point encore terminé: deux forts près de Saint-Denis étaient occupés par des détachements de la garde nationale mobile : celui de la Briche et celui de la Double Couronne du Nord. Dans le premier, outre une nombreuse artillerie, se trouvaient 7 à 800,000 cartouches qui devaient être distribuées aux amis de Paris. Le général Changarnier donna l'ordre au général de Courtigis, dans la soirée du 29, de faire évacuer ces forts. Ce fut devant le fort de la Briche que le général de Courtigis se présenta d'abord; les portes en étaient fermées et les ponts levis levés. Il fit connaitre par un parlementaire, au capitaine qui se trouvait là avec 200 hommes, qu'il se présentait avec des forces suffisantes pour en finir; que tout était terminé dans Paris, qu'il lui donnait dix minutes pour se rendre, et que, sur son refus, il pénètrerait de vive force dans le fort et ferait immédiatement passer par les armes tous ceux qui s'y trouveraient. L'officier, intimidé, remit le fort aux mains du général de Courtigis, qui de là fut ensuite s'emparer du fort de la Double-Couronne. Le 30 au matin, le danger avait entièrement disparu; on était maître de la situation. Aussi, l'autorité ne perdit-elle pas un instant pour se débarrasser des éléments sur lesquels croyaient pouvoir compler les fauteurs de désordre: des bataillons de la garde nationale mobile reçurent l'ordre de quitter Paris; d'autres furent licenciés, avec gratification d'un mois de solde; les premiers, comme les seconds, se soumirent immédiatement aux ordres de l'autorité. On oublie malheureusement vite en France les services rendus! Qui donc se rappelle aujourd'hui ceux que rendit alors au pays le général Rébillot, dans la position la plus difficile où puisse se trouver un préfet de police? TABLE DES MATIÈRES. Avant-propos. - Le 2 décembre devant l'histoire. CHAPITRE PREMIER. SOMMAIRE.-Portrait de Louis-Napoléon.-Son enfance.-Vive amitié 23 CHAPITRE II. - SOMMAIRE.— La révolution de Juillet.-Ce qu'on aurait dû faire à |