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un moyen

facile pour modérer cette ardeur, & pour ne rien précipiter dans l'exercice de leur miniftére. Ce terme eft très-prudemment & très-utilement ac-cordé par le fouverain Pontife, pour laiffer aux pécheurs le loifir de fe préparer avec plus de foin à cette grace, de faire ceffer les obftacles qui les en rendent indignes, de fe féparer de l'occafion prochaine du péché mortel, de s'exercer dans la prière, dans les pratiques de la pénitence, & dans les bonnes œuvres, de s'éprouver eux-mêmes pour reconnoître s'ils font véritablement pénitens, & de donner à l'édifice de leur falut un fondement folide, qui le foutienne jufqu'à la fin. Mais il faut toujours fe fouvenir du principe des Peres, que Dieu a plus d'égard dans la pénitence à la mesure de S. Hiero- la douleur, qu'à celle du tems; Apud Deum, non tantùm valet menfura temporis; S. Aug. quantum doloris, & qu'ainfi felon la conduite des pénitens, leur zéle & leur progrès, ou leur lâcheté & leur négligence, on doit abréger ou prolonger le temps de l'épreuve & de la préparation au bienfait de l'abfolution.

nym.

Tel eft l'efprit de l'Eglife dans les Indulgences qu'elle accorde à fes enfans, & pour lesquelles elle exige qu'ils reçoivent les Sacremens de Pénitence & d'Eu

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chariftie. Elle ne se borne point à une dévotion paffagére & de quelques jours, qui ne laiffe aucune trace après elle; ni à des pratiques extérieures, auxquelles le plus fouvent le cœur a très-peu de part, qui ne rendent pas meilleurs ceux qui s'en acquittent au-dehors, & qui les laiffent dans le gros de leur vie & de leur conduite, tels qu'ils étoient auparavant. l'Eglife demande des fruits de pénitence folides & durables, des œuvres de juftice permanentes, une nouvelle vie qui l'édifie & qui la confole des déréglemens paffés, & un cœur nouveau par lequel Dieu foit adoré en efprit & en vérité, & fervi dans la fainteté & dans la juftice non-feulement pendant le tems du Jubilé, mais durant tous les jours qui nous reftent à vivre.

Fruit fo

du Jubilé.

N. S. Pere la Pape l'a compris, & c'eft XVII. avec une grande confolation que nous lide que le vous faifons part de ce qu'il en dit dans Pape attend fa Bulle. Il y exhorte, il prie tous les Evêques, & il leur enjoint d'employer leur zéle & de faire leurs efforts, afin que les Fidéles foumis à leur conduite, » profitent avec joiede l'occafion qui leur eft offerte dans le Jubilé, de travailler à la réformation de leurs mœurs, à leur ré» conciliation avec Dieu, & à la fancti»fication de leurs ames. » C'est-là l'ef

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رو

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prit & l'intention du Pape & de l'Eglife, que le Jubilé ferve » à l'amendement & » au falut du peuple chrétien, que la lu» iniére des bonnes œuvres éclatte dans "toutes les Eglifes Catholiques, & que le Pere tout-puiffant touché des priéres » unanimes de tous les Fidéles, répande » fa grace fur tous ceux qui croyent en lui » & les faffe arriver par la voie de la paix » & par les fentiers de fes commande» mens, au falut éternel que fon Fils uni» que nous a mérité, que nous atten» donsdu don de fa grace, gratia fua mu » nere. Ce fera alors, ajoute le S. Pere, » que notre joie fera parfaite, & que

&

les Pafteurs des Eglifes fe réjouiront » avec nous du progrès de leurs faintes » ouailles. »

C'est à nous, M.T. C. F. à entrer dans cet efprit, dans ces fentimens, & dans ces vœux fi dignes du Chef visible de l'Eglife, & qui fe manifeftent à diverfes reprifes dans la Bulle. C'eftà nous à nous former par-là là une idée plus jufte, plus élevée & plus chrétienne de l'Indulgence du Jubilé, que ne l'ont le commun des Fidéles, par défaut d'inftruction. Ils s'imaginent que tout eft fait, quand ils ont. accompli les pratiques extérieures qui font ordonnées; & ils ne s'occupent que fort légèrement du fruit qu'ils en doi

vent retirer, & des mefures qu'ils ont à prendre pour que ce bienfait de l'Eglife ferve à la réformation de leur vie, à leur réconciliation avec Dieu, à leur fanctification, & à les conduire à la vie éternelle à laquelle ils font appellés. Ceux qui font plus inftruits, ne manqueront pas de remarquer ce que dit le Pape en cet endroit, des priéres unanimes de tous les Fidéles, réunies dans le tems du Jubilé, & de la vertu qu'il leur attribue auprès de Dieu. C'eft la confirmation de ce que nous vous avons expofé là-deffus, & là source d'une des plus grandes utilités de l'Indulgence de l'Eglife. Mais ce n'eft pas la feu

le.

de la fatis

vant ou a

près l'abfo

L'Indulgence regarde directement la xvm. fatisfaction, qui fait l'intégrité du Sa- Néceffité crement de pénitence. Le principe de S. faction, aAuguftin (g) eft, que le péché ne peut pas demeurer impuni ; & qu'il faut que le lution. pécheur fe puniffe lui-même,s'il ne veut. pas être puni de Dieu. C'eft l'ordre commun de la divine juftice d'exiger des pécheurs, même en leur pardonnant, des peines temporelles, au lieu des fupplices éternels qu'ils méritoient. C'est à quoiest destinée la fatisfaction, dont perfonne

(g) S. Aug. Serm. 20. Impunitum non poteft effe peccatum puniatur ergo à te ne puniaris pro

illo.

.....

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XIX. Le Jubilé

ne difpen

ne doit fe croire difpenfé. Dans les beaux fiécles de l'Eglife, elle fe faifoit avant la réconciliation des pénitens publics; & on ne peut pas douter, que cet ordre ne fût le plus régulier & le plus conforme à l'efprit de l'Eglife, & qu'il ne le foit encore. Il eft vrai qu'il n'eft pas effentiel au Sacrement;. & qu'il fuffic pour la validité de l'abfolution, que celui qui la reçoit, ait la volonté fincére de fatisfaire à la juftice de Dieu pour fes péchés. Mais il eft toujours à fouhaiter que cet ancien ordre de la pénitence ne foit pas oublié ; & on doit porter les pénitens à s'en rapprocher en commençant au moins à fatisfaire à Dieu & à faire pénitence, avant que d'être réconciliés. C'eft fur-tout à quoi doit être employé le tems d'épreuve, à l'égard des pécheurs dans lefquels on ne voit encore que des fignes équivoques de converfion. Et comment pourroient-ils eux-mêmes s'y refufer, & rejetter les remédes qui font propres à leur procurer la guérifon de leurs maux, & à les acquitter envers Dieu ?

Mais foit avant, foit après l'abfolution, il faut que le péché foit puni, & fe point de que le pécheur faffe pénitence. Les Inla fatisfa dulgences, même celle du Jubilé, ne εtion. font pas données pour renverfer cet or

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