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»té jusqu'à l'effufion de notre fang. » Nous faifons devant lui brûler un en» cens, dont l'odeur très-douce lui eft agréable, lorfque nous brûlons nous» mêmes en fa présence d'un pieux & » faint amour. Nous lui faifons des » vœux & nous les accompliffons, en » lui offrant fes propres dons qu'il a mis » en nous, & en nous offrant nous-mê»mes. Nous lui dédions & nous lui con» facrons dans les folemnités, les fêtes » & les jours preferits, la mémoire de »fes bienfaits; de peur que la révolu»tion des tems, ne nous faffe tombet » dans un oubli ingrat. Nous lui fa »crifions l'hoftie d'humilité & de louanfur l'autel de notre cœur, par le feu d'une charité fervente. Nous travaillons à nous purifier de toutes les » taches de nos péchés, pour mériter de le voir un jour, comme il peut être » vû par les hommes & de lui être infé» parablement unis: car il eft la fource » de notre bonheur, la fin & l'accom pliffement de tout ce que nous devons défirer & rechercher. Nous tendons. » vers lui par l'amour, pour jouir du re"pos, lorfque nous y ferons arrivés. » C'est à ce bien fouverain que nous » devons être conduits par ceux qui » nous aiment, & que nous devons con

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» duire ceux que nous aimons. C'eft-là » le culte de Dieu, la véritable religion, » la piété droite, l'honneur & le fervice » qui n'eft dû qu'à Dieu feul. Hic eft Dei cultus, hac vera religio, hac recta pietas, hac tantùm Deo debita fervitus.

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Voilà, M. T. C. F. le culte intérieur & fpirituel dévoilé & dégagé des nuages épais dont il étoit couvert dans l'ancienne loi. C'eft la faute de beaucoup de chrétiens fi le culte extérieur qu'il a fallu conferver dans la nouvelle loi, eft encore un voile épais pour eux, & s'ils ne voyent pas au-delà de ce qui frappe leurs fens; ou s'ils n'ont que des idées très fombres & très défectueufes de tout ce qui eft invisible. La lumiére fe préfente ici aux yeux de l'ame pour l'éclairer & l'inftruire: & fi le faint Docteur emprunte du culte extérieur, les termes de temple, d'autel, de facrifice, d'offrande, de feu & d'encens; c'eft en vous expliquant le fens plus élevé ces termes renferment, & pour vous apprendre à joindre le culte fpirituel au fenfible, & à devenir chrétiens d'efprit & de cœur. Profitez de ces importantes 1. Cor. 2. leçons. Inftruisez-vous, & ne foyez plus 14. de ces hommes charnels dont S. Pauldit, qu'ils ne comprennent rien à ce qui eft de l'efprit de Dieu; mais croiffez d'un

que

XVIII.

du Cardi

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xieur.

jour à l'autre en lumiére & en foi; & comprenez bien fur-tout que dans la céleste doctrine de S. Auguftin, tout ce que la Religion nous prefcrit, fe réduit à l'amour de Dieu, & ne tend qu'à nous faire arriver à la vie & au bonheur éternel que Dieu a préparé à ceux qui l'ai

ment.

Peut-être trouverez-vous plus à voDorine tre portée, ce qu'enfeigne le Cardinal nal Hofius, Hofius Evêque de Warmie, en faveur fur le cul- du culte extérieur, & des pratiques fen& inté fibles de l'Eglife, défigurées & prefque entiérement fupprimées par les Proteftans. Sa doctrine fervira au moins à appuyer celle que nous vous expofons, & à la graver plus avant dans vos cœurs. » L'homme chrétien, dit ce grand EvêConf. cath." que, tient pour certain & indubitafidei, cap. » ble, que tout culte de Dieu, & toute la force de la piété & de la Religion » véritable, par laquelle nous fommes

86.

Hofius

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réellement unis avec Dieu & dévoués à fa divine Majefté, réside dans l'ame, » dans l'efprit, & dans le plus intime » de notre volonté. Cette volonté » quand elle eft bonne & grande, s'appelle charité. Dieu fe plaît principalement à être honoré & fervi par cette » vertu... C'est-là le culte que Dieu exige de nous au-deffus de tout autre.

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» Nous l'honorons & nous le fervons, » autant que nous l'aimons. Car, dit » S. Augustin, la piété eft le culte de Dieu, & nous ne lui rendons ce culte qu'en l'aimant. Mais en quelque en» droit que le véritable amour fe trouve, » il ne peut pas être fi renfermé & caché » dans l'ame, qu'il ne fe produife audehors, & ne fe montre aux yeux des fpectateurs, par quelques fignes & quelques indices vifibles.,, Ces fignes font ce qui forme le culte fenfible; & l'amour de Dieu, le culte intérieur.

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Parmi ces fignes vifibles, ajoûte le Cardinal Hofius, il n'y en a point de fi faints & de fi falutaires, que les Sacremens. C'est la veu divine qui y opére; mais pour s'accommoder à notre foibleffe, Dieu a voulu que cette opération fecrette nous fut montrée dans ce qu'il y a d'extérieur & de fenfible dans les Sacremens; afin que notre efprit pût la comprendre. Il convenoit auffi à fa fageffe, que comme les chofes fenfibles avoient été l'occafion de la chûte de l'homme, il en trouvât auffi le reméde dans les chofes fenfibles. Puis il conclut Iainfi cette folide dori

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Il n'y a Hofins ibid. point eu d'autre caufe, qui ait engagé » le Pere à faire defcendre fon Fils du » haut du ciel dans cette vallée de lar

1. Cor. 6. 17.

» mes; & il n'a voulu que ce Fils revêtu » de notre corps de mort, vécût & ,, converfât avec les hommes; qu'afin

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que comme il a daigné être avec nous » une même chair & un même corps, nous devenions de notre côté un mê» me efprit avec lui, étant enflammés » de l'amour de celui qui nous a aimés » le premier, & qui s'eft livré à la mort " pour nous; que nous dépendions de » lui en toutes chofes, que nous faffions »notre capital de l'acqu efcement à fa » volonté, que tout notre efprit & tou»tes nos penfées fe fixent dans la contemplation & la reconnoiffance de »fes bienfaits, & que nous lui rappor» tions toutes nos volontés & toutes , nos actions, comme à notre fin derniére. C'est-là l'explication de cette parole de S. Paul, Celui qui s'attache au Seigneur est un même efprit avec lui ; & ce n'eft que par l'amour qu'on s'y attache véritablement. Tout le refte eft inutile, ou au moins infuffifant on demeure en chemin, quand on ne va pas jufqu'à l'amour de Dieu, & un amour qui domine & qui régne dans le cœur. Ôn fe charge en vain de pratiques extérieures, & d'éxercices corporels, qui quoique bons & louables en eux-mêmes, demeureront ftériles, s'ils ne font

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