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il étoit autrefois annoncé dans les Eglifes, & quelle joie les Fidéles en reffentoient. » Le jeûne, dit S. Bafile, eft uti- S. Bafil. le en tout tems... mais beaucoup jejun, n. 2.

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plus dans celui-ci, où il eft annoncé » avec éloge, de toute part & dans tout l'univers. Il n'y a point d'ifle, ni de » terre ferme, point de ville, point de " nation, point de recoin aux extrémi»tés du monde, où le précepte du jeû» ne ne fe faffe entendre. Les armées, » les voyageurs par terre & par mer, les

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négocians, tous entendent également » la publication de la loi du jeûne, & » la reçoivent avec une extrême joie. Que perfonne donc ne s'exclue du » nombre de ceux qui jeûnent, dans lequel font compris toute forte d'hom»mes, tous les âges, tous les ordres, » toutes les dignités.

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Hom. 2.de

Sur quoi étoit fondée cette joie extrême à l'annonce du Carême, dont nous voyons fi peu de veftiges dans les Chrétiens de nos jours? On s'en réjouiffoit alors, & aujourd'hui on s'en afflige; on redoute le Carême, & on cherche des raifons ou plutôt de vains prétextes pour s'en difpenfer. » Je fai, difoit S. Leon S. Lee, » aux Fidéles de fon tems, que votre de jejun. 7. menfis, jer piété fe réveille & s'anime, quand on 3. " vous annonce le jeûne folemnel que

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» vous devez obferver; parce que l'expérience vous a appris, combien cette » obfervance eft propre à purifier l'hom» me intérieur & l'homme extérieur ; » afin qu'en s'abftenant des chofes d'ail» leurs permifes, il réfifte plus facilement à celles qui font défendues. » D'où vient cette différence ? finon de ce qu'aujourd'hui l'efprit de pénitence s'éteint, à mefure que les péchés fe multiplient; & que plus les maux croiffent, plus le reméde eft négligé.

Il vivoit cet efprit de pénitence dans ces heureux fiécles: les Fidéles étoient convaincus qu'ils étoient obligés de mortifier leur chair, & d'expier leurs péchés par le jeûne & l'abftinence; & ils embratfoient avec empreffement l'oc cafion & les moyens que le Carême leur en préfentoit. Une raifon plus particu liére les y engageoir; c'étoit le défir de célébrer faintement la grande folemnité de Pâques, & de fe mettre en état d'y participer dignement à l'Agneau de Dieu immolé pour ôter les péchés du monde S. Aug. Dans quelle partie de l'année, dit S. Auguftin, l'obfervance du Carême pourroit-elle être placée plus à propos, " que dans celle qui confine & qui eft contigue à la Paffion du Seigneur ? » » Aux approches de la fête de Pâques,

Ep. 55. ad

Januar. n.

28.

رو

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ferm. 11.

» dit S. Leon, fe préfente le grand & s. Leo » le facré jeûne, dont l'observance est de Quadrag. » ordonnée à tous les Fidéles fans exception, parce qu'aucun n'eft fi faint ni » fi pieux, qu'il ne doive l'être encore davantage.

دو

Si nous n'avions à parler qu'à de bons & vrais Chrétiens, à des juftes don le premier & le plus bas dégré eft de mener uhe vie exempte de crimes, c'eft à dire, -de péchés mortels, nous leur dirions, &nous leur difons en effet, que ces motifs font très fuffifans, pour leur faire embrafler le jeûne & l'abftinence du Carême, finon avec joie, au moins fans répugnance, & par le motif volontaire de rendre à l'Eglife l'obéiffance qu'ils lui doivent. Nous leur difons que perfonne en cette vie n'eft fans péché devant Dieu, & que la pénitence leur eft preferite pour expier ces péchés journaliers dont ils ne font point exempts, de peur qu'ils ne foient accablés de leur multitude; & qu'elle ne leur est pas moins néceffaire pour fe fortifier contre les tentations, & pour fe défendre des chûtes plus funeftes dont ils font menacés, & de ces péchés qui tuent l'ame d'un feul coup.

Effets du

Ces motifs ne vous fuffifent-ils pas, XXX. M. T. C. F? En voici un nouveau tiré jeûne, fer

"

S. Leo de

jejun. 10 menf. ferm

2.

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weur des des effets du jeûne, felon la doctrine Chrétiens, des Peres. Qu'est-ce, dit S. Leon, qui peut être plus efficace que le jeûne, par l'obfervance duquel nous nous approchons de Dieu ; & en réfiftant au démon, nous furmontons les vices qui »nous flattent? Le jeûne a toujours été l'aliment de la vertu. C'eft l'abftinen» ce qui produit les penfées chaftes, les » volontés raifonnables & réglées, les confeils falutaires. C'eft par les mor tifications volontaires, que la chair » meurt aux défirs déréglés, & que l'efprit fe renouvelle dans les vertus. >> Tous les Peres s'épuifent en éloges du jeûne; & nous ne devons pas oublier ici ce mot important de S. Bafile:,, Le S. Bafil. jeûne eft le gardien de la chafteté conjugale, & le nourricier de la virgini» té : matrimonii cuftodia, virginitatis nutritius.

de jejun. Hom. 2.

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Ce font-là les motifs qui ont rendule jeûne fi recommandable & fi familier aux Chrétiens des premiers fiécles. L'Eglife Romaine jeûnoit réguliérement trois jours de la femaine. C'étoit une coutume établie à laquelle les fidéles se foumettoient librement, dont il nous eft refté le maigre du Vendredi & du Samedi, avec force de loi. Le jeûne du Carême étoit beaucoup plus refpecté,

& plus rigoureusement obfervé. S. Au- S. Aug. guftin nous apprend qu'il y avoit des Ep. 36. ad Cafulan. fidéles de fon tems qui paffoient plufieurs jours confécutifs, & quelquefois plus d'une femaine, fans prendre aucun aliment, nulla refectione interpofitâ : & cela pour approcher, autant qu'ils le pouvoient, du jeûne de J. C. Nous en connoiffons, dit-il, qui l'ont fait. Il ajoûte que quelques freres, dignes de foi, l'avoient affuré, qu'un fidéle avoit pouflé ce jeûne jufqu'au nombre de quarante jours.

Si nous vous rapportons ces exemples, M. T. C. F. ce n'est pas afin que vous les imitiez. Il y auroit de l'indifcrétion & du danger à le tenter. C'eft uniquement pour vous faire admirer la fervente dévotion de ces Chrétiens pour le jeû ne du Carême, & pour vous faire fentir combien vous en êtes éloignés, & quel fujet vous avez de gémir de votre lâcheté, en vous comparant à des Chétiens dont la ferveur alloit fi loin.

plus récef

Mais fi les juftes mêmes ont befoin xxx. du jeûne, & y font obligés dans le Catê- Le jeune me, que dirons-nous de tant de pé-faire aux cheurs chargés de dettes envers la di- pécheurs, qui s'en vine juftice, & qui pourroient dire avec difpenfent. David: Mes iniquités fe font élevées 7 `» au-deffus de ma tête, & fe font appé

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