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fit à tout, qu'il remplit feul tous les devoirs de la vie chrétienne, & qu'il ne faut que jeûner pour affurer fon falut. Mais ce n'eft pas-là ce qu'ils prétendent ; & ils font très attentifs à détromper ceux qui auroient cette penfée, parce qu'ils ont appris de l'Ecriture, qu'il y a un jeune que Dieu rejette, & dont il dit aux Juifs dans Ifaïe: Eft-ce-là le jeûne que Isaï. 58. j'ai choift? & dans Zacharie: Eft ce pour Zach. 7. moi que vous avez jeûné ?

Auffi les Peres ne manquent pas de nous expliquer les qualités du jeûne chrétien, & les difpofitions intérieures qui doivent l'accompagner, pour le rendre falutaire, & en faire une vraie vertu. » Le fond & la fubftance de notre

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S. Leo,

jeûne, dit S. Leon, ne confifte pas. Le de » dans la feule abftinence de la nour- Quadr » riture corporelle; & c'eft fans fruit qu'on retranche au corps fon aliment, l'ame ne fe retire de l'iniquité.. Nous devons donc nous interdire la » liberté de manger, de telle forte que » les autres cupidités foient réprimées la même loi. » Il dit encore ail

→›› par leurs

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Accompliffons l'inftitution Serm. 6. Apoftolique du jeûne de quarante jours, non-feulement par la modicité de la nourriture, mais principalement » par la fuppreffion des vices; maximè privatione vitiorum.

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Ce grand Pape infifte encore plus làIdem de deffus. » Le jeûne, dit-il, qui ne châjejun. 10.. tie le corps, que & avec lequel on menf. ferm. perfifte dans des vices plus nuifibles » que toutes les délices de la table, eft » un jeûne charnel & non fpirituel ; carnale eft, non fpititale jejunium. Que fert» il en effet à l'ame d'agir au-dehors » comme maîtreffe du corps, fi au-dedans d'elle-même, elle est esclave & fubjuguée par d'autres paffions?... "Il faut donc que tandis que le corps jeûne par le retranchement des ali» mens, l'ame jeûne aussi en s'abstenant "des vices. » S. Leon prend le jeûne ainfi expliqué, pour la vertu même de continence, dans toute fon étendue, & il dit: Puifque tous les vices font détruits par la continence, & que tout ce dont l'avarice eft altérée, tout ce » que l'orgueil ambitionne, tout ce que la volupté défire, eft furmonté par la folidité de cette vertu ; qui ne comprendra quels biens nous font procurés par le jeûne, dans lequel il nous eft preferit de nous abftenir non-feulement des alimens, mais encore de » réprimer en nous tous les défirs char»nels? »

S. Bafil.

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S. Bafile avoit donné auparavant la Hom. 2.de même idée du jeûne. » Le vrai jeûne,

jejun.

رو

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رو

» dit-il, eft de s'éloigner des vices, de
» contenir fa langue, de réprimer la co-
» lére, de couper les branches de la con-
cupifcence, les injures, le menfonge,
» tes faux fermens. S'abftenir de ces pé-
chés, c'est-là le véritable jeûne. C'est
» en cela que confifte le bon & le loua-
ble jeûne. » C'est-à-dire qu'il faut que
le jeûne corporel foit accompagné de la
ceffation des péchés, pour la rémiffion
& l'expiation defquels on jeûne. C'est
en vain qu'on jeûne fi on retombe tou-
jours dans les mêmes péchés. C'eft fans
fruit qu'on obferve l'abstinence du Ca-
rême, fi on ne change pas de vie, & fi
on ne meurt pas au péché. Et néanmoins,
comme les mauvaises habitudes ne fe
détruisent pas fi aifément, les pécheurs
qui les ont contractées, doivent jeûner
& fe mortifier, pour obtenir de Dieu
la
grace d'en être délivrés, & ne pas fe
laffer d'ufer de ce reméde, jufqu'à ce
qu'ils foient guéris, & qu'ils ne retom-
bent plus dans le péché mortel.

à la parole

Lorfque les faints Evêques annon- xxxvIII. çoient aux fidéles le jeûne du Carême, Affiduité ils ne manquoient pas d'y joindre des de Dieu. inftructions folides pour leur apprendre comment ils doivent l'obferver, & quels fruits ils en devoient attendre.,, Nos S. Aug. exhortations vous font dûes, leur di- ferm. 205de Quadr. Bb iij

» foit S. Auguftin, afin que la parole de » Dieu nourriffe dans le cœur ceux qui » doivent jeûner; & qu'ainfi l'homme » intérieur nourri de l'aliment qui lui » convient, puiffe exiger de l'homme ex»térieur, la peine qui lui eft dûe, & la lui faire fupporter avec plus de for»ce & de courage. „

Hom. 2. de

ieiun.

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Les inftructions publiques en effet étoient bien plus fréquentes en Carême, que dans les autres tems, comme on le voit par les fermons de S. Chryfoftôme au peuple d'Antioche, prêchés en Carême. C'eft furquoi S. Bafile parle ainsi S. Bafil. au peuple de Cefarée : » Cherchens » notre plaifir & nos délices dans le Sei"gneur, dans la méditation des oracles » du S. Efprit, & dans l'affiduité aux inftructions falutaires, & à l'expofition de tous les dogmes propres à corriger nos ames de leurs péchés... Dans "tous les jours de jeûne qui fuivent, » le S. Efprit vous invite, & il vous ad» met à fon feftin fpirituel, qui fe fera » le matin & le foir. Qu'aucun de vous "ne fe prive lui-même de ce feftin. » Cet ufage n'étoit pas particulier à S. Bafile, & nous pouvons juger par cet exem. ple, de ce qui fe pratiquoit dans les autres Eglifes. C'eft de-là fans doute qu'eft venue jufqu'à nous la coutume des

prédications & des autres inftructions du Carême.

Vous favez, M. T. C. F. qu'elles ne manquent point, graces au Seigneur dans ce Diocèfe. Les Coopérateurs de notre miniftére s'y appliquent avec foin, & la parole de Dieu y eft abondamment diftribuée. Outre les Prônes du Dimanche, on fait tous les foirs en Carême des inftructions qu'on appelle Priéres, dans les Paroiffes de la Ville & de la Campagne, auxquelles on s'efforce de vous attirer. Le zéle avec lequel les Chanoines de notre Eglife fe partagent depuis quelques années, les Sermons du Carême dans la Cathédrale, vous eft connu & vous en êtes édifiés. C'est pour nous une douce confolation, & pour vous un fecours fpirituel, & une occa. fion favorable de fanctifier votre jeûne. Le Seigneur n'a pas encore envoyé dans ce Diocèfe la difette & la famine de la parole de Dieu, dont il menace dans l'Ėcriture; & on ne peut pas dire de vous avec le Prophéte: » Les petits ont de- Lament. » mandé du pain, & il n'y avoit perfon- Jerem.4.4. ne pour le leur rompre. » Ne négligez donc pas de rechercher ce pain fpirituel & de vous en nourrir : honorez la parole de Dieu par votre affiduité aux inftructions communes ; & recevez-la

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