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er un amour toujours plus ardent & plus éclairé de la Religion que vous avez le bonheur de profeffer. C'eft dans cet efprit que les deux derniéres années, en vous annonçant le faint tems du Carême, & la rélaxation d'une portion de fa févérité, que vos befoins & les difficultés du tems nous demandoient, Nous vous avons parlé pour la défenfe de la Religion même, contre l'impiété de ceux qui au milieu de nous, ofent l'attaquer, & entreprendre de la faire paffer pour une invention humaine.

Dans une premiére Inftruction, Nous. avons expofé à vos yeux un tableau racourci detoute la Religion depuis Adam jufqu'à Jefus-Chrift, l'attente des Patriarches & des Prophètes, le Défiré des Nations, le Sauveur du monde. Nous vous avons fait con-fidérer le changement opéré fur la terre depuis fa venue; l'Eglife Chrétienne qui ne paroît d'abord que comme la plus petite de Toutes les fémences, & qui par des accroiffemens miraculeux devient un grand arbre, dont les branches s'étendent jufqu'aux extrémités de la terre; cette Eglife qui s'eft foutenue depuis dix-fept fiécles contre tous les efforts de l'Enfer, malgré les perfécutions les. plus violentes, au milieu des héréfies, des fchifmes & des fcandales de toute efpéce; ce vaiffeau fi fouvent battu de l'orage, mais que les vents ni les tempêtes ne peuvent jamais fubmerger, parce qu'il eft l'ouvrage

de celui qui commande aux vents & aux tempêtes; cet édifice dont les fondemens ont été pofés avant ceux du monde : Le Ciel & la Terre pafferont, mais les paroles de celui qui a fondé l'Eglife ne pafferont point.

L'Eglife, comme nous vous l'avons dit, M. T. C. F. dans une feconde Inftruction, eft elle-même la preuve de la vérité & de Finftitution divine de notre fainte Religion, par fon univerfalité, fa perpétuité & fon immuable attachement à une doctrine qui est toujours la même ; comme ces auguftes prérogatives qui lui ont été promifes par J. C. font elles-mêmes la preuve fenfible de la Toutepuiffance & de la Divinité de J. C. De là, les Exhortations que Nous Vous avons faites, & que nous vous faifons encore aujourd'hui, de vous inftruire de l'hiftoire de la Religion, chacun fuivant fat portée, & felon les moyens que la Divine Providence lui fournira.

En même tems que vous vous inftruirez de l'hiftoire de la Religion, ne foyez pas moins avides d'apprendre les vérités qui en font l'ame & l'efprit. Le fond de la Religion confifte à connoître Jefus-Chrift; mais pour bien connoître J. C. il faut connoître la mifére de l'homme. Toute la nature humaine étoit par le péché, infectée d'un poifon mortel; ce qui fait que S. Auguftin envifa-ge le genre humain comme un feul malade, qui couvroit toute la face de la terre : in terra

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magnus jacebat ægrotus. C'eft pourquoi, ajoutece Pere, un grand Médecin eft descendu du Ciel: ce Médecin c'eft Jefus-Christ. Le mal étoit grand, mais la puiffance & la miféricorde du Médecin font fupérieures à la grandeur du mal. Il faut donc s'appliquer à connoître Adam & Jesus-Chrift, le vieil homme & le nouveau. Nous touchâmes ces vérités dans notre dernier Mandement, d'une manière très abregée, plutôt pour vous mettre fur les voies, que pour vous les dé-velopper. Inftruifez-vous en plus à fond par la lecture des faintes Ecritures, & de tant d'excellens Livres qui font à votre portée & qui peuvent fervir à fortifier votre foi, & à nourrir votre piété.

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Aujourd'hui nous nous renfermons dans les Principes de la Morale Chrétienne.. Nous vous les expofons d'après S.. Auguftin dans fon livre des Mœurs de l'Eglife Catholique, dont nous ne faifons qu'un précis, en y rappellant feulement quelques autres textes du même Pere. Nous fommes perfuadés que vous admirerez la beauté, la folidité Fexcellence & la fublimité de ces principes ; & que vous conviendrez fans peine, qu'une Morale fi pure, fi fainte, & en même tems fi fimple & toute renfermée dans le feul précepte de l'amour de Dieu, préfente d'ellemême le caractére de la vérité & la preuve fenfible de la Sageffe infinie. qui nous l'a enfeignée.

Ileft certain dit faint Augustin, (Der

Morib. Eccl. Cath. cap. 3.) que nous voulons tous être heureux. Beatè certè omnes vivere volumus. Il n'y a perfonne dans tout le genre humain, qui n'acquiefce à cette maxime, & qui ne s'empreffe d'y joindre fon fuffra ge, avant même qu'elle foit pleinement exprimée. Nous portons tous en nous ce défir d'être heureux,& il eft fi profondément gravé dans nos cœurs, que ceux-mêmes qui s'éloignent le plus du vrai bonheur, ne le font qu'en le cherchant où il n'eft pas. C'eft-là le premier fondement de la Morale, qui confifte toute entiére-à apprendre aux hommes de quelle maniére ils doivent vivre, pour arriver au bonheur & à la béatitude qu'ils défirent invinciblement. Mais où eft il ce bonheur, & en quoi faut-il le placer? Dans l'amour, répond le faint Docteur, & dans la poffeffion de ce qui eft le plus grand bien, & le fouverain bien de l'homme. Cum id quod eft optimum hominis, & amatur, & habetur. Car on ne peut être éxempt de mifére, tant qu'on ne poffède pas ce bien, quoiqu'on l'aime; & la mifére eft encore plus grande, quand on ne le connoît pas, ou quand on le: connoît fans l'aimer.

Cherchons donc ce bien fouverain & béatifique, & faifons tous nos efforts pour leconnoître, & enfuite l'aimer, & arriver à: fa poffeffion qui doit faire notre bonheur éternel. Nous ne le trouverons affurément pas dans les objets extérieurs & fenfibles;.

dans les êtres deftitués de raifon & d'intelligence; dans les corps qui nous environnent, ni dans celui que nous portons, & qui eft uni à notre ame. Cette ame fpirituelle, intelligente, libre, & feule capable de la béatitude, ne fauroit le trouver dans des biens qui font fort au-deffous d'elle, & qui. ne font propres qu'à la dégrader, & à la rendre plus miférable quand elle s'y attache. Tels font tous les biens temporels, tous les plaifirs charnels, tout ce qui flatte les fens, tout ce qui rend l'ame efclave d'un corps qui doit lui être foumis & obéir à fes loix. Quiconque cherche fon bonheur dans des biens fi inférieurs à la nobleffè d'une ame faite à l'image de Dieu, n'y trou vera que fa mifére & fa confufion.

Le trouverons-nous ce bien fouverain en: nous-mêmes? Si ce bien étoit en nous, nous." n'aurions pas befoin de le chercher ailleurs.. Notre bonheur feroit toujours avec nous, nous le porterions par tout, & jamais il ne nous abandonneroit. Mais le défir même: d'être heureux qui eft né avec nous, n'eft-il. pas une preuve fenfible que nous ne le fommes pas encore; & quelqu'un peut-il ne pas fentir qu'il lui manque quelque chofe pour être heureux, que fon cœur n'eft pas rempli ni pleinement fatisfait, & que ce vuide: eft une vraie indigence & une mifére réelle?

s'enfuit de-là, que nous ne trouverons

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