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et depuis ces temps on a cessé de les persécuter. Les dissidens de diverses dénominations montent, à ce qu'on croit, en Russie, au nombre de deux mi'lions. On les divise en deux classes principales, les popoftschins et les bezpopoftschins. Le livre d'où nous tirons ces détails, divise ces deux sectes en d'autres branches, dont quelques-unes sont assez récentes, et se sont formées dans le siècle dernier. Elles règnent à Vetka, à Moscow et sur les frontières de la Pologne. Les duhobortsi sont ceux qui s'éloignent le plus de la doctine de l'église principale: ils ont formé des colonies dans le département de la Tauride, et paroissent avoir quelque ressemblance avec les méthodistes anglois. Les théodosiens observent le sabbat. Notre auteur, cite 18 sectes différentes. La dernière est celle des martinistes, qui prit naissance dans l'université de Moscow, et eut pour chef un professeur nommé Schwartz. Ils avoient adopté les opinions inintelligibles et folles de ce saint Martin, qui, vers la fin du dernier siècle, renouvela en France les rêveries de Jacques Boehm. Leurs efforts pour propager leur doctrine les fit arrêter; mais Paul les relâcha à son avénement au troue. Ces martinistes russes étudient la magie et la cabale, prétendent faire des découvertes en métaphysique, et se servent d'hieroglyphes mystiques. Ils trouvent dans l'Ecriture une foule de sens spirituels qui sont une source d'erreurs et d'illusions.

pour

Telles sont les principales notions que donne Robert Pinkerton sur l'état de la religion en Russie. On roit y joindre des renseignemens sur les projets de réunion entre les deux églises. Il y a eu à ce sujet une tentative faite dans le dernier siècle, et on en trouvera l'historique dans les Mémoires sur l'Histoire ecclésiastique récemment publiés.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. La fête de saint Louis a été célébrée avec la plus grande pompe, et S. S. a contribué elle-même à la rendre plus solennelle. Elle se rendit ce jour-là dans l'église Saint-Louis des François, et dit la messe sur l'antel du saint, pendant que la musique exécutoit deux motets. Quatorze cardinaux assistèrent à la grand messe, qui fut chantée par Msr. Frattini, archevêque de Philippes, et vice-gérent de Rome. Plusieurs évêques et prélats vinrent dire la messe dans l'église, et les vêpres furent exécutées à grand orchestre. M. Cortois de Pressigny, ambassadeur extraordinaire de S. M. T. C. reçut le saint Père à la porte de l'église, et traita splendidement les prélats et autres personnes qui étoient venues à la cérémonie. L'illumination de l'église et du palais, un feu d'artifice et un concert terminèrent le soir la fête, à laquelle Rome entière a semblé prendre part.

-Le 26 août, le roi Charles IV, la reine son épouse et l'infant leur fils sont rentrés dans cette capitale, après cinq mois d'absence. Depuis leur entrée dans les domaines du saint Siége, ils ont reçu les plus grands honneurs, et on leur a fait, à Rome en particulier, une réception brillante. La noblesse étoit allée au-devant de LL. MM. Le palais Barberini a été illuminé, et deux orchestres ont exécuté un concert. Le saint Père envoya un prélat de sa cour féliciter les augustes voyageurs, qui, de leur côté, le firent remercier par leur majordome. Le lundi suivant, LL. MM. firent visite au saint Père.

--Rome vient de perdre coup sur coup plusieurs personnages distingués par leur mérite. Le 25 août mourut M. Alexandre Lacchini, auditeur de S. S. et chanoine du Vatican. Sa charge d'auditeur a été donnée à Mgr. Jean

Alliata, qui en remplissoit déjà les fonctions, et son canonicat à Mer. Cavalli, promoteur de la foi. Mgr. Mariano d'Aquino, des princes de Caramanica, est mort également, le 21 août, à 63 ans. Il avoit été vice-légat à Bologne, puis gouverneur de Fermo, et s'y étoit distingué par sa douceur et son équité. D. Louis Salvatori, chanoine de Saint-Laurent in Damaso, el grand-vicaire du cardinal Mattei, est mort à Albano. C'étoit un ecclésiastique régulier et plein de zèle. A Naples, le savant et célèbre voyageur Jean Chetwade Eustace, est mort à 52 ans. Les lettres et l'Angleterre ont perdu en lui un écrivain élégant en matières de voyages et de religion. Cet illustre abbé est mort dans les sentimens de piété et de résignation qui convenoient à son caractère, Soeur Marie Colonna, Dominicaine, tante du grand con nétable, mourut le 20 août.

Mer. Pelagallo a été fait évêque d'Osimo et de Cingoli.

PARIS. M. l'abbé Long, ancien supérieur du séminaire des Irlandois, vient d'être réintégré dans sa place par l'ordre de S. M. conformément à une ordonnance reudue l'année dernière. Il aura sous sa direction tous les établissemens irlandois en France.

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Le docteur Murray, archevêque d'Hierapolis, et coadjuteur de Dublin, est arrivé à Paris, le 15 septembre, avec le docteur Murphy, évêque de Cork. Ces deux prélats se reudent à Rome. Leur mission est relative à une déclaration des évêques d'Irlande sur le veto que l'on veut donner au Roi dans la nomination aux siéges. On ajoute qu'une députation de laïques doit être ad jointe à celle des évêques.

Un décret rendu par S. M. le roi d'Espagne, le 29 mai dernier, pour le rétablissement des Jésuites, porte ce qui suit:

<< Depuis que, par la singulière miséricorde de Dieu, je suis remonté sur le trône glorieux de mes ancêtres, il n'est continuellement parvenu une foule d'adresses

des villes et des provinces de mon royaume, pour me supplier de rétablir, dans toute l'étendue de mes Etats, la compagnie de Jésus. Elles m'exposent tous les avantages qui en résulteroient pour mes sujets, et m'invitent à imiter l'exemple de plusieurs souverains de l'Europe, et particulièrement celui de S. S., qui n'a point hésité à révoquer le bref de Clément XIV, du 21 juillet 1773, en vertu duquel fut aboli cet ordre célèbre, et à publier la bulle du 7 août 1814, Sollicitudo omnium ecclesiarum. Les voeux de tant de respectables personnes qui m'ont donné les preuves les plus signalées de leur loyanté, de leur amour pour la patrie, et de l'intérêt qu'elles n'ont cessé de prendre à la félicité temporelle et spirituelle de mes sujets, m'ayant déterminé à un examen plus approfondi des imputations faites à la compagnie de Jésus, j'ai reconnu que sa perte avoit été conjurée par la jalousie de ses plus implacables ennemis, qui sont également ceux de la sainte religion, qui est la base essentielle de la monarchie espagnole. Comme elle a toujours été hautement protégée par mes prédécesseurs, ce qui leur a mérité le titre de catholique', mon intention est de faire preuve du même zèle, et d'imiter de si grands exemples. Convaincu, de plus en plus, que les plus ardens ennemis de la religion et des trônes étoient ces mêmes hommes qui mettoient en œuvre toutes les ressources de l'intrigue et de la calomnie pour décrier la compagnie de Jésus, la détruire, et persécuter ses membres, malgré les services inappréciables qu'ils rendoient à l'éducation de la jeunesse, j'ai pensé que cet important objet devoit être soumis à la délibération de mon conseil, pour rendre má décision plus inébranlable, ne doutant point que dans l'exécu tion de mes ordres, il ne fasse ce qui convient le mieux à ma dignité, et à la félicité spirituelle et temporelle dé mes sujets. La nécessité et l'utilité de la compagnie de Jésus ayant été reconnue, il a été décidé que son rétablissement seroit de suite effectué dans les villes et les

provinces qui l'onl sollicité, sans avoir égard à la disposition de la pragmatique sanction de mon bisaïeul, du 2 avril 1767, et à tous autres décrets et ordres royaux qui, dès ce moment, demeurent supprimés et abrogés;

» En conséquence, les colléges, hospices, maisons professes et de noviciat, résidences et missions des Jésuites, seront rétablis, tant dans les villes que dans les provinces espagnoles, conformément aux lois et réglemens portés dans le même décret ».

- Il sera célébré, par ordre de la diète générale, rendu avant sa séparation, une fête religieuse de jeûne et de prières dans toute l'étendue de la Suisse. M. Goedlin de Tieffenau, vicaire apostolique pour les cantons séparés de l'ancien évêché de Constance, a adressé une circulaire à ce sujet. Ce délégué du Pape réside maintenaut dans la petite ville de Munster, canton de Lucerne. Les gouvernemens des cantons protestans ont également publié des proclamations à leurs habitans respectifs.

Lors du passage du roi des Pays-Bas par Gand, M. de Broglie, évêque de cette ville, l'a complimenté, ainsi que la reine, à la tête de son clergé. Il a protesté de son respect et de son dévouement pour LL. MM., et a exprimé ses regrets de ce que ses devoirs, comme évêque, l'empêchoient de satisfaire à tous les désirs d'un prince qui se concilie de plus en plus l'amour de ses sujets par son équité et sa douceur.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Les trois souverains alliés, qui étoient allés à la revue des Vertus, sont de retour à Paris.

Les princes de Saxe, neveux du roi de ce pays, sout arrivés à Paris, et ont fait visite à S. M. et aux princes, dout on sait qu'ils sont très-proches parens.

-S. M. reçoit journellement des députations de colléges électoraux, et leur répond à toutes avec cette facilité que donne un esprit cultivé, et cette bonté qui lui est propre.

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