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si importante le Ror satisfasse sa piété, et que l'élite de la nation implore pour le succès de ses délibérations le Dieu qu'adore l'élite de la nation, c'est une petite mutinerie philosophique, et la marque d'un orgueil incorrigible. La Convention alla jadis en corps au temple de la raison. Il convient à la nouvelle chambre, qui est animée d'un esprit un peu différent, d'aller dans ce temple purifié y offrir ses voeux à l'arbitre souverain des Etats, et un tel acte de religion ne peut blesser que que'. ques esprits tenaces et frondeurs, qui ont juré de ne croire à rien, pas même à l'expérience.

BRUXELLES. La cérémonie de l'inauguration du roi des Pays-Bas a été faite avec beaucoup de pompe, le 21 septembre. S. M. a prononcé un discours plein des plus nobles sentimens. M. le comte de Thiennes, président de la première chambre, lui a répondu. Après le serment et la proclamation, le roi se rendit à SainteGudule, où il fut reçu par M. Millé, archiprêtre, qui lui parla en ces termes :

« Sire, c'est dans ce jour à jamais mémorable, oui, c'est dans cet heureux moment même où, en prenant en main, par le pacte inaugural, les rênes de l'Empire des Pays-Bas, vous devenez vraiment l'image de la divinité sur la terre; c'est donc aussi à vous, Sire, comme au ministre de Dieu, que notre sainte Eglise nous ordonne la soumission et l'obéissance, et sans doute nous lâcherons de remplir ces devoirs faciles par une soumission sans contrainte et par une obéissance filiale, dans la ferme persuasion que V. M. nous gouvernera comme un père gouverne ses enfans,

» Vous protégerez aussi, Sire, cette même religion, ce qui devra parfaitement tranquilliser le catholique le plus scrupuleux, d'autant plus que cette protection ne pourra jamais être refusée, puisqu'elle nous est garan fie par la constitution elle-même.

» Après tant de faveurs que le Tout-Puissant vient

de nous accorder, et surtout la délivrance et la réinté gration de notre très-saint Père Pie VII, il ne nous reste que de nous approcher de ses saints autels, pour lai en rendre nos actions de grâces, et le prier instamment pour qu'il daigne prolonger la conservation de V. M., de votre auguste épouse et de toute la famille royale, afin qu'on puisse encore long-temps dire et répéter sans cesse, dans l'ivresse de son coeur : Vive notre bon roi Guillaume I.! Vive notre bonne reine! Vive le prince chéri d'Orange! et Vive toute la famille royale »!

S. M. a accueilli le clergé avec cette bonté qui lui est innée, a paru satisfaite de ce discours, et a répondu que d'après le serment qu'il venoit de faire, de maintenir la constitution, personne ne devoit douter qu'il ne protégeroit de tout son pouvoir la religion catholique, ainsi que ses ministres.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le ministère est entièrement formé. M. le duc de Richelieu est président du conseil des ministres. M. de Barbé Marbois est garde des sceaux, et M. Corvetto, ministre des finances. M. de Barante aura le porte-feuille de l'intérieur jusqu'à l'arrivé de M. de Vaublanc. La composition de ce miDistère, en y comprenant les autres ministres marqués dans notre dernier numéro, a parų réunir tous les suffrages, et nous pouvons dire, sans être accusés de vouloir encenser le soleil levant, que les choix de S. M. sont un nouveau trait de sa sagesse. M. le duc de Richelieu est rentré en France avec une réputation que semblent justifier et l'éclat de son nom et la confiance d'un grand monarque. Déjà on dit que son entrée au ministère sera marquée par un adoucissement de quelques conditions onéreuses, qui seroit dû à la garantie qu'offrent son caractère et ses talens. Tous les partis semblent avon applaudi au choix de M. le duc de Feltre, qui a fait ses preuves d'habileté et de dévouement. C'est maintenant plu;

que jamais que nous devons tous nous réunir pour seconder les intentions d'un monarque bienfaisant et éclairé, et les mèsures que prendra sous ses ordres un ministère composé d'hommes unis par les mêmes vues, et qui ont des droits acquis à l'estime et à la confiance générale.

— Le 27 septembre, les trois souverains alliés ont fait ensemble une visite au Roi, chez lequel ils sont restés assez long-temps. On a cru remarquer sur leurs visages, au sortir de cette visite, un air de satisfaction plus prononcé. Ils se sont embrassés avant de monter en voiture, et se sont donné des rendez-vous. On dit que l'empercar de Russie va à Bruxelles. Ce prince est parti le 28. L'empereur d'Autriche, dont on annonce le départ comme très-prochain, se reudra à Dijon, pour y passer la revue de ses troupes. Le roi de Prusse ne partira que le 4 octobre. On dit que ces souverains doivent se réunir encore à Francfort.

-On se flatte que le traité, si impatiemment attendu, a été signé. Il restoit, dit-on, encore quelques difficultés, et les prétentions d'une grande puissance ont retardé la conclusion. Mais la modération de l'empereur de Russie a dissipé ces nouveaux orages, et il a eu la gloire de terminer cette œuvre importante qui va fixer tant d'incertudes, et assurer sans doute le repos de l'Europe.

-M. le duc de Feltre est arrivé à Paris, et a pris le portefeuille de la guerre.

-Plusieurs journaux ont annoncé que l'ouverture des chambres seroit encore différée de huit jours. Il n'y a encore rien d'officiel à cet égard.

On avoit répandu le bruit que les alliés vouloient s'emparer du Mont-de-Piété et des effets qui y sont déposés. Ce bruit, quelqu'absurde qu'il fut, s'est propagé à tel point que plusieurs personnes se sont empressées de venir réclamer leurs effets. Nous devons assurer qu'il n'y a pas le moindre fondement à cette nouvelle, qui ne peut avoir été semée que par la malveillance, et répétée par la crédulité.

- Le lieutenant-général Carnot, qui ne se sent pas net quoi qu'il en dise, vient encore de publier un écrit pour sa justification. C'est un Exposé de sa conduite depuis juillet

1814. Il y règne le même orgueil que dans son Mémoire de l'année dernière. L'auteur parle toujours de la pureté de ses vues, de la loyauté de ses démarches, de l'estime qu'on lui porte, de la franchise de son caractère. Il faudroit le prendre sar un ton un peu moins haut quand on a à rongir de tant de choses. Nous pourrons parler de cette nouvelle production d'un de nos plus incorrigibles révolutionnaires.

- Le duc d'Otrante, dont on avoit annoncé plusieurs fois le départ, s'est mis en route pour Dresde où il sera anıbassadeur du Roi.

VIENNE (Autriche). Le 14 septembre, S. A. I. l'archiduchesse Marie-Louise s'étoit rendue au château impérial de Schoenbrunn; et là, pour éteindre tout esprit de parti, prévenir toute espèce de discussion que pourroient susciter des esprits mal faits, S. A. I. a signé l'acte formel par lequel elle renonce pour sa personne et celle de son fils au titre de Majesté, et à toute prétention quelconque à la couronne de France. S. A. I. prendra désormais les titres d'archiduchesse d'Autriche et de duchesse de Parme; son fils sera appelé le prince héréditaire de Parme.

L'acte a été lu avec solennité par M. le conseiller d'Etat de Hondelisse; il a été ensuite présenté à la signature par M. le prince de Metternich le père, faisant les fonctions de chancelier de cour et d'Etat, comme le plus ancien des conseillers d'Etat et de conférence.

S. A. I. la duchesse de Parme s'étant retirée avec Mme, la marquise de Scarampi, qui a remplacé comme grande- maitresse feu Mme. la marquise de Brignolles, le nouveau grandmaître, M. le marquis de Sanvitali, a réuni toutes les personnes attachées à la cour de la princesse, et leur a lu cet acte pour avoir à s'y conformer.

La duchesse de Parme se rendit le soir à Vienne, et soupa chez M. l'archiduchesse Beatrix, au palais du faubourg.

Nous voudrions pouvoir contenter tout le monde, et satisfaire à toutes les réclamations. Mais il y en a de si différentes qu'elles sont difficiles

à concilier. Un curé nous écrit pour se plaindre que nous ne donnons pas assez de nouvelles politiques, tandis que d'autres trouvent encore que nous en donnons trop. Il faut expliquer d'où viennent des jugemens si divers. Dans les villes où nos abonnés ont d'autres journaux poJitiques, ils voudroient que l'Ami de la religion et du Roi ne s'occu pât que de matières ecclésiastiques, de discussions littéraires, d'objets qui fussent neufs pour eux. Dans les campagnes, au contraire, où l'on n'a le plus souvent qu'un journal, on désireroit y voir plus de nou velles qui évitassent de recourir aux autres gazettes. Placés entre deux demandes contradictoires, nous avons pris un moyen-terme que nous avons cru propre à concilier les goûts, autant qu'il étoit en nous. Nous avons partagé notre journal entre quelque_morceau de littérature et quelques nouvelles. Ainsi nous offrons à chacun ce qui lui convieut. Nos lecteurs auront sans doute remarqué avec un peu d'attention que nous leur donnons la substance des nouvelles politiques, dégagées de tous les on dit et de toutes les inutilités des autres journaux. Il nous seroit aisé, comme à d'autres, de remplir cinq ou six colonnes de nouvelles sans intérêt, de leur dire, par exemple, combien le piéton Wilson a fait de lieues tel jour, et s'il est fatigue Nous ne ferons point l'injure à nos lecteurs de croire qu'ils regrettent ces minatics. Nous tâchons encore une fois de leur donner l'essentiel. Si nous avons quelquefois omis des articles intéressans, ce que nous croyons fort rare, c'étoit que nous avions des raisons de douter de l'authenticité des nouvelles. On doit sentir aussi que le ton de gravité que nous nous sommes prescrit, nous interdit certains détails frivoles que se permettent des journaux d'un autre genre. Nous engageons donc l'ecclésiastique que nous avons en vue en ce moment, et dont nous aimerions à suivre les conseils, à examiner s'il ne trouve pas dans nos feuilles ce que les autres renferment de plus important. Nous croyons pouvoir consentir a ére jugés sur cet examen.

LIVRES NOUVEAUX.

Lettres et Pensées d'Atticus, on Solution de cette question : Quel est le meilleur et le plus solide des gouvernemens? Ouvrage politique et religieux. r vol. in-12; prix, 1 fr. 50 c. et 2 fr. franc de port. Odes patriotiques sur le gouvernement de Buonaparte, la campagne des alliés et la restauration des Bourbons. In-12; prix, 5 cent. franc de port.

Adresse aux deux Chambres on faveur du culte catholique et du clergé de France, ou Pensez-y bien, sans religion point de gouvernement; par M. l'abbé Vinson. In-80. de 68 pages; prix, 1 fr. 50 e el 2 fr. franc de port.

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