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se répand en ce moment que le traité est signé par toutes les puissances.

-On a beaucoup parlé pendant quelques jours des chevaux de Venise qui étoient placés sur l'arc de triomphe des Taileries, et qui n'ont guère de remarquable que leur antiquité et leurs translations successives à Rome, à Constantinople et à Venise. Il paroît qu'ils vont voyager encore. On les a descendus de leur place. Cette opération a êté protégée par des troupes étrangères. Plusieurs personnes ont regret à cet enlèvement. On peut s'en consoler en pensant que nous n'exciterons plus l'envie quand nous n'aurons plus rien aux

autres.

Les deux frères Faucher, de la Réole, si fameux par leur dévouement à Buonaparte, ont été condamnés à mort par le conseil de guerre séant à Bordeaux. Ils ont été déclarés coupables de voies de fait, de cris séditieux, d'embauchage et de provocatious à la guerre civile. Ils se sont pourvus en révision. Mais le nouveau conseil a confirmé, le 26 septembre, la sentence du premier. Ces deux hommes éoient la terreur des gens de bien, et la justice, comme le bien de la paix, demandoient leur punition. Ils ont été exé– cutés, le 27 septembre, et ont marché au lieu du supplice avec un air de fermeté, où il a paru de l'affectation. Ils ont refusé le ministère d'un prêtre, digue fin d'hommes coupables de tant d'excès.

La ville de Cherbourg n'est plus en état de siège. -L'empereur Alexandre a passé par Cambrai, se rendant à Bruxelles. On lui a rendu les honneurs militaires, et la garde nationale étoit sous les armes.

-Plusieurs corps de troupes alliées continuent à se diriger vers les frontières.

-Un marchand de Doullens a été condamné à six mois d'emprisonnement, pour propos calomnieux contre le Roi et les Princes.

- M. Fantin-Desodoards fait annoncer dans un journal qu'il a remis en vente la suite qu'il a faite de l'Histoire de France de Velly. Il dit, pour se rendre intéressant, que cette saite avoit été saisie sous Buonaparte, et que le Roi la lui a

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fait rendre. Nous sommes obligés de prévenir nos lecteui que son ouvrage n'en est pas moins mauvais, quoiqu'il ait ét saisi sous l'usurpateur. Si S. M. le lui a fait rendre, c'e une preuve de la bonté du Roi, et non de la bonté du livre Les productions de M. Desodoards sont appréciées depui long-temps, et il est assez connu qu'elles ne manquent guer que de trois ou quatre choses, savoir: de goût, de juge ment, d'intérêt.... et d'acheteurs.

- Le Nain jaune reparoissoit, et reparoissoit avec tou l'esprit, les gentillesses et les artifices qu'il mettoit si bien e usage au 20 mars. Il dénigroit avec le même art tout ce qui es attaché au Ror; il carressoit tous les amis de Buonaparte. I prenoit même la défense de celui-ci contre ceux qui l'accu sent. L'expérience du passé, disoit-on, permettra-t-elle qu'o soit encore dupe de l'adresse et des perfidies des hommes qui s sont le plus démasqués au 20 mars? La censure laissera-t-ell circuler des écrits visiblement dirigés contre la cause du Ro et ne sentira-t-on pas tout ce que peuvent faire de mal de gens mal intentionnés avec des plaisanteries, des caricatures et autres petits moyens dont ils ont éprouvé le succès? Le amis du Roi applaudiront donc à la mesure prise par S. Exc le ministre de la police, qui a supprimé le Nain jaune, sou le nouveau titre qu'il avoit pris.

PREMIÈRE DIVISION MILITAIRE.

Ordre du jour.

Paris, le 30 septembre 1815. Les sieurs Terrey-Jol, lieutenant de gendarmerie; Cousineau, sous-lieutenant au 2°. régiment de lanciers; Pélicier, sergent-major des voltigeurs de l'ex-garde impériale; Fournier, sergent-major à l'ex-67°. régiment de ligne; Thierry et Marie, chasseurs à pied de l'ex-garde impériale, et Guyonnet, soldat à l'ex-96°. de ligne, ont été arrêtés comme étant à Paris sans autorisation d'y séjourner.

Le gouverneur s'étant fait représenter l'ordre publié et affiché, le 22 juillet dernier, dont l'article 9 porte que tous les militaires qui seront trouvés à Paris sans permission seront arrêtés et considérés comme en état de désobéissance formelle ;

galement l'ordre du 1°. août, supplémentaire à celui du 22 billet :

En vertu de l'article 23 du titre 8 du Code des délits et des ines, du 21 brumaire an 5, a ordonné ce qui suit : Les sieurs Terrey - Jol, Cousineau, Pélicier, Fournier, Thierry, Marie et Guyonnet, seront punis de trois mois de

rison.

La même punition sera infligée à tout militaire qui sera rouvé dorénavant en contravention à l'ordre du 22 juillet dernier, et la détention sera prolongée en proportion du emps que les contrevenans serout restés en désobéissance.

Le gouverneur se réserve en outre de signaler à S. Exc. le ministre de la guerre ceux des militaires en contravention à Fordre du 22 juillet dernier, que la récidive ou d'autres cirConstances aggravantes mettroient dans le cas d'une punition plus sévère; il provoquera leur destitution et leur radiation absolue des contrôles de l'armée.

Le sieur Pélicier, sergent-major dénommé ci-dessus, étant en outre accusé de propos séditieux, sera traduit pour ce fait par-devant le conseil de guerre permanent de la division.

Le gouverneur de la première division militaire, etc.
Comte MAISON.

AU RÉDACTEUR.

Monsieur, vous ne savez peut-être pas bien dans votre capitale toutes les menées des ennemis de l'ordre et du repos. Le bonheur de voir le Roi, et le soin de lui témoigner votre dévouement vous empêchent peutère de suivre leurs sourdes intrigues et leurs petits complots. Ce gens-là ne sont ni honteux ni abattus. Ils osent même rêver des espérances; ils font plus, ils ne craignent pas de les manifester. Ils trompent encore les habitans des campagnes par des bruits assez mal imaginés, et par des contes passablement absurdes. Mais comme il est écrit qu'un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire, les misérables inventeurs de ces impostures mal tissues ne laissent pas que de faire des dupes. Il ne s'agit que d'être un peu effronté pour en imposer à des gens qui ne sont pas bien fins, et même à ceux qui croient l'être. L'année dernière on ne parloit à nos paysans que du rétablissement prochain des dimes, de la restitution des biens nationaux, et des projets perfides des nobles et des prêtres. Cette année on répète bien encore par-ci par-là ces moyens déjà un pen uses; mais on y en ajoute d'autres pour tenir le peuple en haleine, et ne pas lui laisser perdre Phabitude d'être trompé. On lui parle du retour de Buonaparte qui a

débarqué en vingt endroits différens. On fait sortir de dessous terre des milliers d'hommes qui accourent autour de l'échappé de SainteHélène. On fait révolter Paris, partir le Roi. Ailleurs, on parle de

réactions terribles et de vengeances sanglantes, tandis que de grands

coupables se promènent en liberté, et jouissent tranquillement de leur fortune. Dans nos cantons, on s'est avisé d'une autre gentillesse. C'est nous qui avons fait revenir les alliés, et moi, en particulier, j'ai écrit à l'empereur de Russie pour qu'il nous envoyât deux cents mille hommes. Cette noirceur atroce de ma part a déjà été punie par quelques menaces, et peut-être même l'expierai je d'une autre manière. J'ai dans na paroisse un homme qui fait le prophète. L'année dernière il n'a cessé de prédire le retour du bon M. Buonaparte, et il espère n'être pas moins heureux cette année. Sa confiance ne seroit que ridicule, s'il ne parvenoit à persuader des gens aussi bien intentionnés ou aussi habiles que lui. Nous avons dans nos cantons une espèce d'illuminés, du moins on les appelle ainsi, qui font une estime singulière du feu empereur, detestent le Roi et les prêtres, ne se marient point à l'église, et ne foot point baptiser leurs enfans. En revanche ils lisent couramment dans l'Apocalypse, et y voient clairement le retour de Buonaparte. Ces gens là mériteroient bien qu'on les surveillât; mais nos autorités dorment un peu. Elles paroissent croire qu'il faut surtout contenir et réprimer les royalistes, et laissent le champ libre aux fourberies et aux méchancetés du parti contraire. Un tel état de choses donne souvent envie d'aller prêcher la foi dans des pays plus tranquilles, et à des peuples moins pervertis (1). J'ai l'honneur d'être...,

M..., Curé de V...., diocèse d'A.

AVIS.

M. Le Clere vient de terminer l'impression du Tractatus de Religione, 1 vol. in 12 de 480 pages, composé pour le séminaire catholique d'Irlande, par M. Delahogue, ancien professeur de Sorbonne. Ce Traité, quoique court, est rédigé d'une manière très-claire, et renferme beaucoup de questions qui ne se trouvent dans aucun autre Traité de la religion, entr'autres la réfutation des objections des incrédules modernes contre les livres saints, et particulièrement des géologues contre le déluge; et de Gibbon, sur les martyrs et la propagation de la religion chrétienne On le suivra cette année dans le séminaire de SaintSulpice à Paris, et on ne doute pas que beaucoup de séminaires ne l'adoptent aussi pour leur usage. Ila même déjà été reçu des demandes à ce sujet. On compte aussi imprimer de suite le Traité de l'Eglise, du même auteur, sur la seconde édition, qui s'achève eu ce moment en Irlande.

Le prix de ce volume sera de 3 fr. broché, et 4 fr. franc de port.

(1) Cet ecclésiastique doit s'adresser, pour les renseignemens qu'il nous demande, à MM. les grands-vicaires de Paris. On parle françois dans le pays qu'il a en vue.

EXPOSE de la conduite politique de M. le lieutenantgénéral Carnot, depuis le 1a. juillet 1814 (1).

UN grand écrivain, qui occupe un rang distingué dans l'Etat, disoit dernièrement dans une occasion importante: Il y a des gens qui se croient punis, parce qu'ils ne sont pas récompensés du mal qu'ils ont fait. Ceci s'applique aujourd'hui à beaucoup d'hommes de la révolution, à ceux entr'autres qui crient à la perséution, parce qu'on leur ôte les moyens de nuire, et qui se plaignent que tout est perdu, parce qu'ils ont perdu le crédit dont ils abusoient. Ces gens-là se sont si fort accoutumés au pouvoir qu'ils regardent comme une injustice d'en être dépouillés, et leurs services révolutionnaires leur paroissent des titres honorables et sacrés. M. Carnot habite tranquillement, depuis trois mois, une campagne où il s'est retiré. Il n'y a pas été inquiété un seul instant, et il jette les hauts cris, comme s'il étoit en butte à la plus sévère inquisition. Il se plaint d'être outragé, calomnié. Il parle avec amertume de ses ennemis, avec mépris des journalistes qui ont répondu à ses écrits. M. Carnot est aussi un peu trop chatouilleux. Il devroit bien au moins nous permettre ce qu'il s'est permis l'année dernière envers le Roi. On sait tout ce que son Mémoire contenoit d'offensant pour S. M. Ce 'étoit que reproches contre son gouvernement, et cependant on laissa M. Carnot tranquille. Nous ne lui. demanderions que de n'être pas plus exigeant qu'un auguste monarque, de montrer l'indulgence qui convient à un homme qui se pique d'un grand caractère, et de

(1) Brochure in-8".

Tome V. L'Ami de la R. et du R. No. 121.

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