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Au milieu des produits inoffensifs de l'industrie ne voit-on pas marcher de front l'active invention des moyens de destruction? Les armes et les munitions de guerre de toute espèce ne forment-elles pas une des branches du commerce anglais? Le tableau ci-annexé des douanes prouve comment il augmente ou diminue selon les chances de paix ou de guerre. Les fabriques anglaises sont toujours prêtes à fournir des armes à tous les hommes qui veulent se battre.

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Il faut du reste peu de mots pour réduire ces paroles de paix industrielle à leur véritable valeur. Si les productions de l'industrie donnent la richesse,

' TABLEAU de la valeur déclarée des armes et munitions de guerre exportées de la Grande Bretagne depuis l'année 1827. 406 342 livres sterling.

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parole qui est synonyme de celle de puissance, tous les peuples possèdent-ils les mêmes moyens de production? S'ils ne les possèdent pas, ils ne deviendront pas également riches, ils seront donc de puissance inégale. Leur position relative ne sera donc pas changée. Il faudrait alors à la prépondérance industrielle un degré d'abnégation et de vertu que l'on voit bien rarement se réunir au sentiment de la puissance. L'industrie n'a-t-elle pas, pour faire la guerre, des armes qui paraissent inoffensives et qui cependant portent les plus vives atteintes à la vie des nations? Pour mon compte, je ne crois ni à la paix, ni à la liberté, ni à la richesse que veut donner l'industrie, n'importe de quel pays elle soit. L'argent, qui est l'âme de l'industrie, n'a jamais rien donné à personne. Il se prête à plus ou moins gros intérêt, mais il ne se donne pas.

Le palais de cristal a donné au gouvernement anglais, comme aux organes les plus accrédités de la presse anglaise, l'occasion de dire aux gouvernements et aux peuples du continent combien l'esprit de respect pour la loi a pénétré tous les étages du peuple anglais; que l'ordre qui a régné dans les masses qui se sont pressées autour et dans l'intérieur de ce fragile édifice, provient du sentiment de liberté qui anime chaque Anglais et le rend fier de s'imposer à lui-même ces dehors de bienséance qui sont une preuve de véritable civilisation.

Il y a, certes, une espèce de monomanie à penser que tout Anglais qui se conduit en homme sage et raisonnable ne le fait que parce qu'il porte en lui

la conscience de sa liberté constitutionnelle. Il y a, dans cette manière de présenter le peuple anglais aux hommes du continent, ou étroitesse d'esprit ou cette intention de propagande constitutionnelle, calcul assez habituel à tous les hommes d'État anglais. Je rends justice, autant que qui que ce soit, aux qualités qui distinguent le peuple anglais. J'ai toujours admiré ses grandes actions, comme l'ordre qu'il sait observer chez lui; mais, si je consens à attribuer la haute position qu'il a prise à sa constitution, ce n'est pas au principe seul de liberté de cette constitution que je puis en faire honneur.

Il n'existe pas d'état social plus fortement discipliné que celui de l'Angleterre. Comme peuple maritime, tout Anglais est élevé dans la conviction que la grandeur de son pays est inséparable de ce respect pour l'autorité qu'exige le service de la mer. L'autorité du capitaine d'un bâtiment marchand est aussi respectée que celle du capitaine d'un vaisseau de ligne. S'il y a différence dans la sévérité des formes, il n'y en a pas dans le principe. Croit-on que ce principe, dont les vagues mugissantes des côtes d'Angleterre proclament sans cesse la nécessité, puisse rester sans influence sur l'esprit du pays? Chaque Anglais ne voit-il pas, ne sent-il pas que l'obéissance seule lui donne les moyens de maîtriser un élément qui, sans cette obéissance, le retiendrait prisonnier dans son île? Telle est, en Angleterre, la première base du respect pour la loi; elle est simple, naturelle, pour ainsi dire, innée.

Dans toutes les circonstances les causes natu

relles agissent sur les hommes d'une manière plus certaine et plus égale que les lois qu'ils se donnent.

C'est ainsi que l'on voit, dans tous les pays, les populations agricoles être ordinairement plus religieuses, plus résignées que celles des villes. L'agriculteur, qui voit un orage détruire en peu d'instants l'espérance qu'il avait d'une bonne récolte, apprend deux choses qu'il existe une puissance qui lui est supérieure, et qu'il doit joindre à la peine du travail la sagesse de l'économie. La propriété foncière a l'avantage d'enseigner à l'homme qu'il ne doit pas vivre au jour le jour; elle exige, avec le travail, du calcul et de la prévoyance; elle est à elle toute seule une école de moralité. Que dire de ces fous d'une nouvelle espèce qui la signalent comme un vol?

Le terme de constitution est de nature à renfermer en soi des éléments si divers et souvent si différents, que son emploi comme terme général, ne donne jamais l'idée exacte de ce que l'on veut dire. Ce n'est donc pas le mot de constitution, mais celui d'organisation qui peut rendre l'opinion que je veux exprimer sur l'Angleterre.

Chaque Anglais a sans doute la conscience d'appartenir à un peuple qui se dit libre. Chaque Anglais est cependant placé individuellement dans une dépendance continue à laquelle rien ne peut le soustraire, et qui est l'habitude de toute sa vie.

La charité elle-même, cette vertu chrétienne, qui devrait être si douce, puisqu'elle repose sur la loi naturelle d'une égale fraternité, prend, en Angleterre, la forme la plus despotique.

Le principe anglais, qu'une association politique

ne peut laisser aucun de ses membres mourir de faim, en imposant aux communes l'obligation de subvenir aux besoins de tous leurs pauvres, leur donne le droit de ne laisser aucun individu étranger fixer sa demeure dans une commune au delà d'un certain temps, s'il n'apportait pas avec lui les moyens d'exister sans avoir besoin de secours. Les lois de charité ont donc pris nécessairement un caractère politique opposé à l'idée de liberté. Le pauvre perd une partie de la sienne en échange de la contribution d'argent que paye le riche en sa faveur. Le pauvre est attaché à cette nouvelle glèbe de la misère, comme il était autrefois partout et comme il est encore en quelques endroits, attaché à la glèbe de la terre. Le fermier est envers le propriétaire du sol dans une position de dépendance dont il ne peut s'affranchir qu'en le quittant. La réciprocité de l'intérêt accomplit seule entre eux l'œuvre de la médiation.

Il en est de même de tous les ouvriers qui travaillent à l'exploitation des mines, dans les ateliers, et dans les fabriques de tout genre.

Les corporations des métiers et professions, que l'on voit encore si puissantes et si considérées dans la métropole, ne doivent cette puissance et la considération dont elles jouissent qu'à leur discipline intérieure.

On voit ce même esprit d'ordre et de règle animer toutes les corporations, les associations (qu'elles soient permanentes ou temporaires), les paroisses, les colléges, les universités. Les clubs qui ne sont que des réunions de plaisir et d'agré

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