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A l'occasion du procès-verbal.

:

M. Berthod. Je demande la parole à propos de la phrase (p. 248) où M. Honnorat dit que « l'immense majorité de la Société de Prophylaxie s'est, à plusieurs reprises, prononcée en faveur des mesures de protection de la santé publique ne permettant pas aux prostituées contagieuses le libre exercice de leur coupable et détestable industrie ».

Mon observation n'a sa raison que dans la personnalité de son auteur et de la confusion qui pourrait en dériver. En effet, certes, l'immense majorité des membres de notre Société, et j'en suis, veut la prophylaxie sanitaire et l'hygiène de la prostitution; mais ils considèrent que la réglementation actuelle et la police des mœurs sont absolument impropres à faire cette hygiène et cette prophylaxie.

Au surplus, l'année dernière, lorsqu'il s'est agi d'envoyer des délégués au Congrès de Bruxelles, l'Assemblée a voulu rester silencieuse lorsqu'il s'est agi de donner, sur la proposition de M. Honnorat, mandat à ses délégués relativement à la réglementation policière.

Je ne crois pas que les événements récents aient modifié notre façon de voir à ce sujet. Et je dis une fois de plus : « A bas la police des mœurs! >>

M. Honnorat est prié par le Président de ne pas répondre, la question n'étant pas à l'ordre du jour et une discussion ne pouvant réglementairement pas s'établir à propos du procès-verbal·

M. le Président.

Nécrologie.

J'ai la regret d'annoncer à la Société le décès de M. Delzenne, ingénieur en chef de la Compagnie d'Orléans. Cette perte est d'autant plus regrettable que M. Delzenne était un de nos plus dévoués collaborateurs.

Vous avez eu connaissance du fatal accident qui a coûté la vie à M. René Piault, conseiller municipal de la ville de Paris. Or, M. Piault était un grand partisan de notre OEuvre; et c'est un devoir pour nous de ne pas oublier qu'il est un de ceux qui ont plaidé en notre faveur pour obtenir du Conseil général l'allocation

annuelle que nous accorde la Ville de Paris. Engagée de reconnaissance vis-à-vis de lui, notre Société ne faillira pas

fidèlement sa mémoire.

conserver

Avis.

M. le Président. M. Klotz nous a remis, à l'occasion de son entrée dans la Société, la somme de cent francs. Que ce généreux donateur reçoive nos remerciements pour la preuve d'intérêt qu'il donne au but poursuivi par notre Société.

Correspondance imprimée.

1o Progrès médical. — 2o Projet d'installation d'un dispensaire de salubrité, par M. le Dr Butte. -3° Pourquoi l'alcoolisme et la syphilis ne sont-ils pas inscrits parmi les causes officielles de la mortalité parisienne? par M. Leray. Cette omission a déjà été regrettée ici même; avec les précautions indiquées par l'auteur pour respecter les exigences du secret médical, et, par suite, les légitimes susceptibilités des familles éprouvées par la douleur et le deuil, nous ne pouvons que nous associer à la demande faite pour que telle lacune soit comblée dans la Statistique municipale. » 4° Invitation à l'Assemblée générale de la Fédération abolitionniste internationale (branche française). 6 juin, 8 h. 1/2 du soir, 16, rue Cadet. 5° Invitation à la céré monie d'inauguration des agrandissements et perfectionnements de la station hydrominérale de Vichy, 30 mai.

Correspondance manuscrite.

M. Mesureur, directeur de l'Assistance publique, sur la demande de MM. Bourgeois, président de la Chambre des députés, de M. le Dr Goubert et du secrétaire général, accorde l'autorisation à la Société de prophylaxie de faire faire dans le musée de l'hèpital Saint-Louis les photographies nécessaires aux projections tant réclamées par nos conférenciers (23 mai 1903). Des remerciements sont adressés à MM. Bourgeois, Mesureur et Goubert.

M. le Pr Alfred Fournier. Notre président propose à la Société l'étude de la question suivante : « Une fille mineure a été arrêtée plusieurs fois en flagrant délit de prostitution sur la voie publique. Que faire ou que tenter de faire en vue, s'il est possible encore, de ramener cette fille à la vie honnête? »

M. le Dr Rist, Notre collègue demande qu'à l'occasion des affaires Forissier et de la grève des ouvrières de Rennes la question de la Police des mœurs soit mise à l'étude dans la Société de prophylaxie sanitaire et morale.

Ces deux dernières lettres sont renvoyées, conformément au règlement, au Comité de direction des travaux.

COMMUNICATIONS

I

Péril vénérien dans les colonies françaises.

M. le Président. L'ordre du jour appelle la fin de la discussion sur la question du Péril vénérien dans les colonies françaises.

M. Granjux. Tout en votant l'obligation de la visite pour les sous-officiers, j'ai demandé, dans la dernière séance, la suppression du membre de phrase suivant: agents principaux de la contamination. Je ne reviens pas sur les raisons que j'ai données à l'appui, mais j'ai demandé si cette assertion que les sous-officiers étaient les agents principaux de la contamination syphilitique était basée sur des statistiques. Il ne m'a pas été répondu.

Depuis, je me suis reporté à la Statistique médicale de la Marine pour 1899, seule année qui ait été l'objet d'un pareil travail. Cette statistique donne à propos de la morbidité vénérienne des sous-officiers et de celle des soldats les renseignements suivants :

1° Flotte (p. 46). La morbidité vénérienne des sous-officiers est de 19,37 p. 1 000 et celle des quartiers-maîtres et matelots est de 87,45 p. 1 000; 2o Troupes. La morbidité vénérienne des sous-officiers est de 72,08 p. 1000; celle des soldats de moins de 22 ans de 128,66 p. 1 000; celle des soldats de plus de 22 ans, de 149,75 p. 1000 (p. 134).

Les renseignements fournis par ce document officiel et impartial sont donc contraires à l'affirmation que les sous-officiers sont les principaux agents de contamination vénérienne.

Si je suis revenu sur ce point, c'est qu'il me paraît inopportun d'insérer dans des voeux transmis au ministre de la Guerre une affirmation de nature à jeter un certain discrédit sur tous les sousofficiers, et qui est en contradiction avec les données fournies par les documents officiels réunis par les soins de l'inspecteur général du Service de santé de la Marine.

M. Petit (Paul).

Je vous rappelle que le paragraphe II

des conclusions proposées par la Commission du Péril vénérien aux colonies françaises, dont le vote a été ajourné, était ainsi libellé :

«Que l'on exige des civils, à l'embarquement et au débarquement, un certificat constatant qu'ils ne sont atteints d'aucune maladie contagieuse (syphilis comprise), pendant la période des accidents transmissibles. >>

M. Granjux a proposé un amendement des plus judicieux auquel je me suis d'ailleurs rallié et d'après lequel la mesure demandée doit être réservée aux navires dépourvus de médecins. Il croit devoir aujourd'hui vous exposer plus substantiellement sa pensée dans la note suivante, qu'il me prie de vous communiquer.

M. Granjux. Le paragraphe II des vœux émis par le rapporteur est le plus important, car il traite de l'exportation coloniale des syphilis métropolitaines.

M. Paul Petit propose, pour empêcher cette exportation, un droit de visite sur les civils embarqués.

Quelques-uns de nos confrères ont protesté contre cette entrave à la liberté. D'autres ont demandé pourquoi la visite ne s'étendrait pas aux femmes.

Ces opinions, en apparence si opposées, pourraient avoir satisfaction, il nous semble, par l'adoption du vœu suivant :

« 2° Que les syphilitiques, en puissance d'accidents transmissibles, ne puissent être embarqués au titre de l'équipage ou comme passagers bateaux ayant à bord un médecin sanitaire maritime. >>

que sur les

Le décret du 4 janvier 1896 relatif à la police sanitaire maritime dispose titre III article 15: « Tout bâtiment à vapeur français affecté au service postal ou au transport d'au moins cent voyageurs, qui fait un trajet dont la durée, escales comprises, dépasse 48 heures, est tenu d'avoir à bord un médecin sanitaire. >>

Ce médecin est armé, au point de vue de l'hygiène, de pouvoirs étendus. C'est ainsi qu'il est dit (art. 20): « Le médecin sanitaire maritime s'oppose à l'introduction sur le navire des personnee ou des objets susceptibles de provoquer à bord une maladie contagieuse. »>

Le médecin sanitaire maritime a donc un droit de contrôle, c'est-à-dire de visite quand il le juge nécessaire, sur les personnes embarquées quels que soient leur sexe et leur situation sociale, civile ou militaire. Il en est de même du médecin de la santé qui atteste sur la patente de santé l'état sanitaire de tout le personnel embarqué.

Il nous semble donc que la mesure qui prescrirait que les syphilitiques en puissance d'accidents transmissibles ne pourraient être

embarqués que sur des bateaux ayant à bord un médecin sanitaire maritime aurait les avantages suivants : elle tiendrait compte des intérêts personnels des syphilitiques; ceux-ci n'auraient plus dès lors de motifs de dissimuler leur maladie au médecin du bord: ils auraient par suite les soins que réclame leur état et arriveraient blanchis dans la colonie; les malades qui ne voudraient pas suivre les mesures de protection à l'égard des autres passagers prescrites par le médecin sanitaires, pourraient être refusés à l'embarquement ou débarqués en cours de route; les syphilitiques contagieux dépistés en cours de route se verraient appliquées toutes les mesures prescrites par les règlements sanitaires à l'égard des maladies contagieuses.

La visite, au lieu d'être imposée à toute personne mettant le pied sur le bateau, ce qui ne sera jamais accepté serait laissée à la latitude du médecin de la santé ou de celui du bord.

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Il est de règle dans les troupes de la guerre de ne jamais désigner pour embarquer des hommes en puissance de syphilis. M. Danjou, président de la Société des médecins sanitaires maritimes, m'a dit que les compagnies de navigation recommandent à leurs méde cins de ne pas embarquer de syphilitiques contagieux. De ce fait il y a donc une sorte de sélection dans les équipages des transports. Les passagers militaires sont aussi examinés au point de vue syphilis. Restent donc les passngers civils. En les soumettant, comme nous le proposons, au contrôle des médecins sanitaires maritimes, on aura fait un grand pas dans la préservation coloniale vis-à-vis de la syphilis.

M. le Dr Petit (Paul). Je suis très reconnaissant à notre distingué collègue M. Granjux du concours puissant qu'il veut bien me prêter, dans la circonstance, pour démontrer la nécessité d'une mesure qui me paraît s'imposer.

Cependant pour répondre à d'autres conseils qui m'ont été donnés et dont je crois devoir également profiter, j'estime, à l'heure actuelle, que la mesure en question serait d'une application bien difficile aux passagers, quand ce ne serait qu'au point de vue de la prospérité des lignes françaises déjà délaissées pour les lignes étrangères. Il me paraît donc raisonnable, pour avoir gain de. cause, de la limiter aux équipages et de vous proposer, en fin de compte, la nouvelle rédaction que voici :

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