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dépendant de la circonscription de mon collègue M. Andrieu, deux enfants contaminés communiquaient la maladie vénérienne dont ils sont atteints à presque tous, sinon à tous les enfants de l'école; en somme, soixante écoliers étaient frappés.

Les parents adressèrent une pétition au Ministre et à leur député; ces pétitions restèrent lettres mortes. On fit une enquête qui traîna pendant des mois, et l'inspecteur envoyé, fort de dix certificats arrachés à des parents complaisants ou peureux, déclara qu'il n'y avait rien.

En dernier lieu, les pères de famille, au nombre de 49 sur 54. viennent de me faire parvenir une pétition.

Depuis un mois les enfants ne vont plus à l'école par suite du refus des parents de les laisser aller à ce foyer d'infections.

La catastrophe, car c'en est une véritable, s'est produite dans une école du Garric, petite commune située à 5 kilomètres de Carmaux, et a déjà fait de trop nombreuses victimes, garçons et fillettes, qui sont maintenant atteints de la terrible maladie ayant servi de thème à certaine pièce de M. Brieux, interdite par la censure.

Cette contamination se serait produite, d'après les parents des petites victimes, de la façon suivante :

Il y a environ un an, une fillette de neuf ans, du Garric, fut souillée par un misérable inconscient qui, selon un affreux préjugé, encore mal déraciné dans le Midi, espérait ainsi se guérir de sa terrible maladie, mais qui ne réussit qu'à en communiquer les germes à la malheureuse enfant.

L'attentat n'ayant pas été dévoilé, la fillette continua à fréquenter l'école, communiquant, par le contact de divers petits objets, le terrible mal à trois de ses petites amies.

Ces malheureuses, qui vivaient dans une insouciante promiscuité avec des garçonnets de leur âge, communiquèrent à leur tour la maladie à des enfants de neuf à onze ans. Lorsque les parents atterrés purent se rendre compte des ravages exercés, ils s'empressèrent de demander une enquête qui a abouti au licenciement des deux écoles du Garric.

La connaissance de ces faits a provoqué dans toute la région une émotion considérable.

IV.

La Maison du soldat (19 décembre 1903).

Le Figaro a ouvert une souscription pour la Maison du soldat qui secourt, habille et place les soldats au sortir du régiment. Le total des sommes recueillies par cette bienfaisante initiative s'élève à 42 499 francs.

Ce sont là des résultats auxquels on ne saurait trop applaudir et qu'il y aura lieu d'imiter, c'est un exemple pour la Société de Prophylaxie.

V.

Blennorragie et maternité (AUDEBERT, Annales de gynécologie et d'obstétrique, juin 1903).

Le gonocoque doit être considéré comme un agent qui peut venir compliquer et la grossesse et les suites de couches, exposant la femme à une série d'accidents bénins ou graves, précoces ou tardifs, ainsi que l'a démontré M. Fruhinsholz dans son excellente thèse (Nancy, 1902).

Dans un premier paragraphe, intitulé « Gonococcie et grossesse », M. Audebert étudie d'abord l'influence de la blennorragie sur la grossesse ; il n'a pas d'observations personnelles d'avortement provoqué par le gonocoque, bien qu'on ait publié un certain nombre de cas d'endométrite gravidique gonococcique. Cette

lésion est rare, du moins chez les primipares « parce que l'orifice interne du col, étant normalement fermé chez elles, sert, pour ainsi dire, de sphincter, et empêche la pénétration des germes du col dans l'utérus. Quant à l'influence de la grossesse sur la gonococcie, elle est plutôt défavorable; la blennorragie est aggravée ou réveillée par l'état puerpéral, et elle se localise de préférence sur la muqueuse du vagin ramollie pendant la grossesse ; elle s'étend ensuite très fréquemment à la muqueuse cervicale. Cette endocervicite serait, pour l'auteur, le type le plus net de la gonococcie puerpérale, et elle se présente le plus souvent sous la forme chronique.

Comme complication de la blennorragie gravidique, en dehors des localisations vésicales, bartholiniques et articulaires, il faut citer aussi la pyélonéphrite. Dans le deuxième paragraphe : « Gonococcie et suites de couches », est étudiée l'infection puerpérale reconnaissant pour cause unique le gonocoque. Celuici trouve, au niveau du col traumatisé pendant le travail, un milieu où il se multiplie du quatrième au sixième jour; profitant de l'orifice externe béant, il remonte dans la cavité utérine (endométrite gonococcique), peut gagner ensuite les trompes, les ovaires et le péritoine pelvien.

Dans les cas d'infection puerpérale à gonocoques, que l'on reconnaît à ce que les lochies, d'abord sanguinolentes, deviennent nettement purulentes et se caractérisent par leur abondance et leur fétidité », il faut ne pas avoir recours au curettage, mais aux lavages et pansements intra-utérins, soigneux, répétés, éminemment antiseptiques sans être irritants.

Erratum.

VI.

P. RUDAUX.

Responsabilité civile et syphilis.

Notre collègue, M. Schmoll, nous signale, sans indiquer toutefois ni la page, ni le numéro, qu'une faute d'impression a indiqué comme chiffre de dommages-intérêts à allouer pour contamination syphilitique douze cents francs : c'est douze mille francs qu'il faut lire; c'est cette somme que devra verser à sa victime le contaminateur condamné.

Rappelons d'ailleurs les considérants de cet important jugement qui semble inaugurer une jurisprudence nouvelle et prophylactique :

<«< Attendu qu'il est établi que la correspondance versée aux débats, et notamment d'une lette écrite par M. X... à la mineure Mile Z... et qu'il résulte, d'autre part, d'un ensemble de présomptions graves, précises et concordantes :

1° Que, dans les premiers mois de 1901, X... était atteint de la syphilis ; 2o Qu'il a eu, à cette époque, des relations sexuelles avec la mineure Z... ; 3° Que celle-ci a été, à son tour, atteinte de la même maladie au mois de juin 1901;

Attendu qu'il est de même également établi qu'à la révélation de la maladie contagieuse qui venait d'atteindre sa maîtresse, X... n'a manifesté ni surprise ni indigation; qu'il a continué ses relations sexuelles et a même, de juillet en décembre, vécu maritalement avec elle;

Attendu qu'il n'a cessé cette vie commune et ces relations que plus de six mois après l'apparition des premiers symptômes de la maladie et alors que la mineure Z... s'est trouvée en état de grossesse et qu'il a été question pour le défendeur d'un projet de mariage avec une autre personne;

Attendu que, dans ces circonstances, il est suffisamment établi qu'il a communiqué à la mineure Z... la maladie contagieuse dont il était atteint; Attendu qu'il résulte suffisamment des circonstances graves, précises, analysées plus haut, que X.. se savait atteint de la syphilis lorsqu'il a eu ses pre

mières relations avec la mineure Z...; qu'il n'ignorait pas le caractère éminem ment contagieux de cette dangereuse maladie, et qu'il l'a, par sa faute, communiquée à Z...;

Attendu que X... n'est pas fondé à soutenir que l'action en dommages-intérêts de la mineure Z... ne serait pas recevable, comme ayant pour cause un acte immoral de ladite mineure ;

Attendu, en effet, que la demande de Z... n'a pas pour base et pour caus l'acte immoral accompli par la mineure Z... lorsqu'elle s'est donnée à X..., mai la faute odieuse commise par le défendeur, qui n'a pas craint de communiquer la te: rible maladie dont il était atteint à une enfant de seize ans dont il paraít avoir été premier amant, la demoiselle Z... établissant par un certificat médical qu'elle étai encore vierge en 1900...

Par ces motifs, condamne X... à payer à la mineure Z... la somme de 12 000 francs de dommages-intérêts, lesquels seront consacrés à l'achat d'une rente de 3 p. 100 sur l'État français; condamne X... à tous les dépens.

VII. Ne vous mariez pas sans certificat.

Déjà, dans quelques États de l'Union, on ne se marie que sur le vu de certificats sanitaires satisfaisants.

L'INTÉRÊT DE LA RACE

Selon un ministre espagnol, l'intervention du médecin dans tout mariage s'impose. Il s'est formé, en Amérique, des Sociétés en vue de convaincre le public de la nécessité d'astreindre à un examen médical les jeunes gens qui veulent se marier. Certains États de l'Union ont déjà inscrit dans leurs lois le certificat sanitaire. Chez nous aussi la question a donné lieu à de vives discussions. M. E. Duclaux, dans son livre récent, L'Hygiène sociale, l'a traitée de façon fort documentaire et a conclu en faveur des droits de la société contre une liberté individuelle nuisible aux intérêts de la race. Mais jusqu'ici aucun des gouvernements du vieux monde n'avait adhéré à cette manière de voir.

Or, voici que c'est en Espagne, dans le pays d'Europe le plus respectueux des us, qu'un ministre ose déclarer que l'exigibilité du certificat de santé en matière matrimoniale est la plus souhaitable des réformes.

En effet, à la séance solennelle de la rentrée des cours et tribunaux, à Madrid, le ministre de la Justice, après avoir signalé la nécessité de relever la limite d'age pour le mariage (actuellement, quatorze ans pour les garçons et douze pour les filles) et d'interdire les mariages consanguins, a prononcé ces paroles :

<< Il est encore une question qui, à mon avis, a un intérêt social bien plus grand elle concerne le rôle des médecins en matière de mariage.

<«<L'intervention du prêtre, pour satisfaire les convictions religieuses des futurs époux, l'intervention du juge municipal (magistrat qui marie en Espagne), pour sauvegarder l'état-civil du citoyen, ont un intérêt de premier ordre; mais ce qui n'est pas moins important, que dis-je? ce qui l'est beaucoup plus, si l'on veut se conformer vraiment à l'esprit chrétien et à l'intérêt social, et, par suite, à l'esprit du droit, c'est de ne pas contribuer à peupler les hôpitaux, les asiles d'aliénés et les bagnes du fait d'unions conclues sans aucune prudence.

«Il est nécessaire d'arriver, et promptement, à faire intervenir le médecin dans tout projet de mariage; il est nécessaire que le juge municipal refuse de procéder à des mariages que la science estime à l'avance funestes, car tout est préférable à de pareilles unions, bien plus regrettables que le suicide.

Malgré la netteté et la force de cette argumentation, il est permis de douter que les Espagnols adoptent de sitôt la manière de voir de leur ministre.

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Analyse du livre de M. Franceschini sur la maladie vénérienne, en Italie
(Dr Antonelli). . .

389

Analyse d'une publication périodique pour la lutte contre les maladies
vénériennes en Allemagne (Barthélemy EUGÈNE).

388

Analyse des rapports de MM. Fiaux et d'Edmondson, Pasquale di Frappa,
présentés à la II Conférence de Bruxelles sur la responsabilité en
matière de transmission vénérienne (Dr Polin).
Analyse de la thèse du Dr Vigneron (Dr Polin).

116 à 120

163

Analyse d'un rapport de M. Le Pileur, sur la prostitution des mineures
(Dr Polin).

263

Analyse du livre du Dr Berthod (raccourcis de médecine sociale et profes-
sionnelle) (Dr Polin).

332

Analyse de l'ouvrage de M. Dolléans sur la police des mœurs (Dr Sicard
de Plauzoles).

390

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Blennorrhagie, sa gravité (DTM Bar). .

(Dr Jullien).

sa gravité insoupçonnée (Guillon)

(gravité de sa transmission) (Petit PAUL).

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