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différents aspects cette vaste pelouse, entrecoupée d'étangs où convergent les diverses avenues de la forêt formant autant d'allées couvertes auxquelles la verdure naissante donne un charme incomparable; de l'autre côté, vers la ville, s'élève la somptueuse construction des grandes écuries datant de la première partie du xvII° siècle. Un bon nombre des nôtres auxquels l'amour de l'archéologie ne fait pas oublier les bonheurs de la chasse se dirigent vers les chenils où ils ont l'extrême joie d'assister au repas des chiens, procédant à cette importante opération avec une régularité et une obéissance que bien des mortels pourraient leur envier; plus rares sont ceux qui parcourent le champ de courses, théâtre de tant de joies et d'effondrements dont le seul mérite pour nous est de compléter les perspectives du château; mais le plus grand nombre des excursionnistes se trouve bientôt réuni à la porte d'honneur du parc, sur le pont au-dessous duquel des carpes, qui n'ont rien à envier à celles de Fontainebleau, évoluent en happant avec ardeur les morceaux de pain qu'elles sont habituées à recevoir.

Notre dévoué président savait bien qu'une promenade en forêt est le complément obligé de toute excusion à Chantilly: quatre breaks et omnibus nous attendent pour nous conduire à l'un des endroits les plus pittoresques du domaine, aux étangs de Commelle que nous avons tous vus si

souvent du haut du viaduc, mais au bord desquels personne n'est jamais descendu. Malheureusement la pluie revient, serrée, fine, abondante; au lieu de monter sur les impériales, on s'entasse dans les intérieurs quelques intrépides seuls, fiers d'avoir un imperméable et préférant à tout le grand air, restent à la pluie avec une stoïcité incomparable. On nous conduit donc aux étangs de Commelle, série de petits lacs occupant pittoresquement le fond d'un vallon aux pentes couvertes d'arbres, et où se trouve le petit rendezvous de chasse bien connu sous le nom de château de la Reine Blanche et construit dans le plus pur gothique de 1830. Bref, après une excursion qui n'a eu en somme rien que d'agréable, malgré les mauvaises conditions dans lesquelles elle a eu lieu, nous rentrons à Chantilly où la table est de nouveau servie. Nous sommes bien diminués depuis le matin, car chaque train a emporté quelques-uns des nôtres, les trop pressés, vers Paris, Compiègne ou Amiens; mais malgré le peu de temps dont nous disposons, car le président a toujours l'œil fixé sur sa montre, nous pouvons réparer les fatigues de la journée et entreprendre, sans crainte de mourir de faim, le retour à Amiens.

Nous remontons en wagon et les deux heures que nous y passons nous ont paru courtes quand nous nous retrouvons sur le quai de la gare d'Amiens là nous nous séparons après l'échange des poignées de main d'adieu ou plutôt d'au

revoir à une prochaine excursion. Mais plus chaleureuses que toutes les autres sont celles données à notre président qui a assumé à lui seul tout le poids d'une organisation aussi difficile que celle de la journée et auquel vous adresserez avec moi nos plus vifs et plus sincères remerciements.

Enfin, nous ne saurions terminer ce compte rendu sans adresser l'expression de notre plus vive et de notre plus respectueuse gratitude à Mgr le duc d'Aumale qui a daigné autoriser la Société des Antiquaires de Picardie à visiter le château et les collections de Chantilly dans des conditions absolument exceptionnelles et auquel nous sommes tous redevables de ce que nous avons acquis de nouvelles connaissances dans cette belle journée.

NOTE

SUR UN FLACON GALLO-ROMAIN, EN VERRE,

Par M. COLLOMBIER.

Au mois de mai 1895, près du chemin de Rumigny, au lieu dit le mont Thomas, deux sépultures gallo-romaines ont été découvertes presqu'à la surface du sol; les racines des plantes adhéraient aux poteries. Cette situation anormale,

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