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LIMBOSCH & CE

19 et 21, rue du Midi

BRUXELLES 31, rue des Pierres

BLANC ET AMEUBLEMENT

Trousseaux et Layettes, Linge de Table, de Toilette et de Ménage, Couvertures, Couvre-lits et Edredons

RIDEAUX ET STORES

Tentures et Mobiliers complets pour Jardins d'Hiver, Serres, Villas, etc. Tissus, Nattes et Fantaisies Artistiques

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L'ART MODERNE

PARAISSANT LE DIMANCHE

REVUE CRITIQUE DES ARTS ET DE LA LITTÉRATURE

Comité de rédaction: OCTAVE MAUS EDMOND PICARD ÉMILE VERHAEREN

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L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE DE l'Art Moderne. rue de l'Industrie, 32, Bruxelles.

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batailleuses, ces manifestations d'un art déjà éloigné, apparenté aux maîtres anglais du XVIIIe siècle, à Reynolds, à Gainsborough. Ils ignorent que Watts fut classé, avec les porte-drapeau du mouvement préraphaélite, avec J.-E. Millais, avec Holman Hunt, avec Rossetti lui-même, parmi les indisciplinés et les irréguliers, qu'il lutta contre l'indifférence ou l'hostilité de ses contemporains et souffrit pour la cause sainte de l'émancipation de l'art. Aux côtés de son ami FordMadox Brown, Watts défendit énergiquement, à coups d'oeuvres vaillantes, le principe d'un art intellectuel et pur qu'il dressa de toute sa hauteur contre les formules alors en honneur. Il fut le précurseur de la confrérie dont le Germ précisa les

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tendances et qui devait exercer sur l'art une influence que, de nos jours encore, les artistes anglais subissent profondément.

Il était juste, indépendamment de la valeur des deux toiles, si pénétrantes en leur expression concentrée, que Watts figurât au premier rang des invités de la Libre Esthétique. L'intérêt de son envoi se double de la personnalité de l'un de ses modèles, D.-G. Rossetti, que l'un des trois fondateurs de la confrérie, William-Holman Hunt, aujourd'hui chargé d'années, retiré des luttes, un peu oublié de ses compatriotes mais toujours. alerte et âpre au travail, nous montre âgé de 25 ans. Ce Rossetti au visage émacié, souffreteux, aux yeux ardents, à l'expression amère et exaltée, est bien différent de celui que peignit, dix ans plus tard, dans une attitude de méditation calme, G.-F. Watts, et qu'une heureuse coïncidence a permis de placer côte à côte au Salon. L'œuvre paraît agressive, tracée par un sectaire à l'intransigeance méprisante. Elle est, à cet égard, d'un puissant intérêt et évoque, mieux que toute chronique, l'époque où la beauté de Miss Sidall révolutionna la peinture des P. R. B.

Le portrait que nous offre Watts présente de l'auteur de Beata Beatrix une image plus reposée et comme assagie par les années. La peinture en est belle, énergique sans brutalité, harmonieuse dans son coloris sobre et discret. De l'atelier de la Little Holland House, connu de ceux qui ne se contentent pas de l'étude superficielle que peut leur fournir le hasard des expositions, le portrait de D.-G. Rossetti entrera à la Galerie Nationale avec ceux de William Morris, de Burne Jones, de Walter Crane et de Watts lui-même, qui aura la gloire d'avoir résumé en quelques œuvres définitives toute une génération d'art.

Parmi les autres envois qui, dans la même salle, requièrent l'attention, citons l'aquarelle argentée et vraiment exquise de M. Thys Maris, l'un des trois frères qui se sont fait en Hollande un nom glorieux. Thys est moins connu que Jacob, le paysagiste, et Willem, l'animalier. Depuis longtemps établi à Londres. où il vit dans un isolement farouche, dédaigneux de la popularité des expositions, il n'a guère gardé de relations dans son pays d'origine et n'en a point noué de nouvelles en Angleterre. Des trois Maris, Thys est incontestablement le mieux doué, le plus artiste et le plus personnel. Sa Promenade aux grâces florentines, au coloris de rêve, aux procédés de peinture indéchiffrables, a une poésie adorable en sa gamme de tons discrète. C'est, au sens absolu, une Euvre d'art précieuse et raffinée, qui domine les écoles, les systèmes et les époques. Proche, un pastel de J.-M. Swan séduit par la félinité de ses Tigres, prestigieusement dessinés. Lerolle déshabille avec goût un modèle qui paraît avoir posé dans l'atelier de Besnard, John Lavery croque une

pochade insignifiante, Smits harmonise judicieusement, en ses Rajahs, les bleus clairs, les jaunes d'or, les verts de cafetan et les rouges de corail. L'alanguissement d'une main d'ivoire d'Ophélie, par Arthur Craco,

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une œuvre attachante en ses tendances intellectuelles, fait pendant à une figurine d'étain, étrange en son geste à demi prostré, de Victor Rousseau. Et voici, en face, le jeune chef d'école vanté par les Allemands, Ludwig von Hofmann, qui parait, en ses compositions à l'huile et au pastel, les unes violentes et tapageuses, d'autres frottées de tons légers, avoir traversé, avant d'imaginer ses sujets fantaisistes ou réels, les atmosphères dans lesquelles se meuvent Besnard, d'une part, Gauguin, de l'autre. Une Eve plait par l'expression sincère d'un art dénué de complications. D'autres essais font hésiter sur la valeur de l'artiste et attendre une manifestation plus complète de sa personnalité.

Nous attendrons, de même, pour juger M. Robert Picard, que nous ayons pu pénétrer les intentions et le but qui, dans les oeuvres qu'il expose cette année, nous échappent. Un mot toutefois de la moins obscure d'entre elles, d'ailleurs la pièce capitale de son envoi. Épris de

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reflets métalliques sommeillant en des dédales de pagodes et de pavillons. Deux figures semblent évoquer, en ces enchevêtrements, l'idée du calme, du bonheur ou de l'amour. Peut-être l'effet serait-il mieux réalisé si la composition était dégagée des broussailles qui l'obscurcissent et réduite à une architecture méthodique. Il est difficile de concevoir au point de vue décoratif une œuvre peinte avec une minutie de primitif et qui demande à être regardée presque à la loupe. Les dimensions excessives de la toile ne permettent guère, d'autre part, une vue d'ensemble suggérant l'émotion artistique qui se dégage avec force des détails. La Décoration pour galerie demeure une tentative qui décèle une âme singulièrement affinée et une vision aiguë, mais, au demeurant, d'une complication et d'une difficulté d'exécution non proportionnées au résultat artistique atteint.

L'impression que nous a fait éprouver, au dernier Salon du Champ-de-Mars, et que nous avons consignée dans ces colonnes, le tableau de Léon Frédéric Tout est mort! nous demeure même devant cette œuvre de décevant labeur. On peut se demander, comme pour le tableau précédemment analysé, si l'auteur n'eût pas obtenu avec infiniment plus d'intensité l'effet poursuivi en limitant sa vaste toile à quelques éléments caractéristiques. On n'éprouve nulle horreur devant les torrents de cadavres proprets et lisses que roule, en des fleuves de sang et de flammes, M. Frédéric. Et peut-être une tête de cheval mort dessinée par Dario de Regoyos donne-t-elle, malgré sa gaucherie, une émotion plus. dramatique que la fricassée de membres nus, de torses et de têtes fendues cuisinée par M. Frédéric.

L'art caractéristique de M. Eugène Laermans, que nous avons analysé l'année dernière, a de sérieuses qualités d'expression un peu poussée à la charge, d'accent et de vigueur. Des quatre toiles nouvelles que F'artiste aligne à la cimaise, la Prière du soir, l'esquisse Les Mendiants sollicitent particulièrement par leur côté tragique.

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Non loin de là M. Fernand Khnopff' se manifeste par deux paysages d'une impression pénétrante, véritables - portraits de sites rustiques, et par une série d'illustrations imprégnées d'une aristocratie de belle allure. Et voici, après un coup d'œil aux belles et fidèles reproductions de Rubens par le graveur Lenain, à l'atta-chante et très artiste série des gravures, cuirs ciselés et eaux-fortes d'Auguste Lepère, aux curieuses illustra tions archaïques d'Aubrey Beardsley pour Le Morte d'Arthur de Malory, aux dessins, pastels et bois gravés d'Hermann Paul, H.-G. Ibels, Jossot et Vallotton dont nous avons précisé maintes fois l'art aigu, sans oublier ce petit livre parfait de Lucien Pissarro : The Queen of the Fishes, dont nous publions ci-dessus une planche caractéristique, voici accomplie notre promenade à la Libre Esthétique qui, ce soir, aura vécu.

Ne quittons pas ce foyer d'art si vif et si réconfortant sans signaler les quelques ceuvres de sculpture que nous n'avons pas rencontrées jusqu'ici et qui nous paraissent dignes d'attention.

C'est, d'abord, la coupe de Victor Prouvé, La Nuit, dont la planche que nous publions hors texte donne une idée exacte. L'exécution serrée et nerveuse des figures, le modelé des nus, le caractère des personnages qui symbolisent, sous la chevelure éployée de la déesse nocturne, les passions qu'abritent les ténèbres, en font un très précieux objet d'art.

Le nom de Victor Prouvé appelle tout naturellement celui de son collaborateur habituel et ami Camille Martin. Nancéens tous deux, ils ont accompli de concert d'importants travaux de reliure d'un goût sûr et d'une exécution remarquable. Ils exposent cette fois isolément: M. Camille Martin a ciselé et martelé avec une rare maîtrise le buvard Les Ronces, dont notre phototypie offre l'image, Victor Prouvé a composé pour les Symphonies de Beethoven une couverture mosaïquée d'un beau caractère.

Mme Besnard est représentée par un buste délicatement modelé. M. Georges Frampton, le sculpteur anglais, dont Mysteriarch et la Vision furent très admirés l'an passé, expose, outre des médailles d'un joli sentiment décoratif, un grand bas-relief en bronze : My thoughts are my children, habilement composé mais d'une exécution un peu froide.

Les deux envois de son compatriote et ami Onslow Ford, une étude pour le monument Gordon et un élégant buste de jeune fille, l'emportent cette fois sur les siens.

Ces qualités d'élégance et de sentiment intime, on les retrouve dans les oeuvres de Vallgren, parmi lesquelles il faut signaler une Urne funéraire en bronze vraiment charmante.

Quelques statuaires belges groupés autour de Constantin Meunier, donc nous avons, tout au début de nos promenades, analysé la triomphante exposition, complètent la manifestation sculpturale de la Libre Esthé tique. Bornons-nous à citer, afin de ne pas allonger outre mesure ces notes cursives, les noms de MM. Van der Stappen, Paul Du Bois, Guillaume Charlier, Victor Rousseau et Arthur Craco.

Le Salon de la Libre Esthétique fermera irrévocablement ses portes aujourd'hui, dimanche, à 5 heures, un grand nombre d'œuvres d'art qui y sont exposées devant être expédiées aux expositions du Champ-de-Mars, des Indépendants, de l'OEuvre artistique à Liége, etc.

Le succès artistique du Salon a été considérable. Il a affirmé l'intensité du mouvement artistique créé en Belgique depuis quel

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ques années et dont le résultat a été de faire de Bruxelles un véritable centre d'art international.

A cet égard, l'importante manifestation de la Libre Esthétique, qui réunit dans une même pensée de diffusion désintéressée toutes les activités artistiques: arts graphiques et plastiques, musique, littérature, industries d'art, est sans précédent et constitue, pour notre pays, une originalité qui a vivement frappé toutes les personnalités artistiques étrangères qui ont fait, à cette occasion, le voyage de Bruxelles. Citons parmi elles M. Roger Marx, inspecteur des Musées de France et l'un des plus ardents défenseurs des industries d'art, MM. Jules Chéret, F. Thesmar, S. Bing, A. Charpentier, H. de Toulouse-Lautrec, F.-R. Carabin, Camille Martin, René Wiener, J.-A. Daum, P. Roche, A. Delaherche, F. Aubert, G. et F. Pissarro, Hermann Paul, Th. Van Hoytema, S. Moulijn, D. de Regoyos, F. Thaulow, Max Stremel, Camille Mauclair, Lugné-Poe, Ernest Chausson, Albéric Magnard, Raymond Bonheur, etc., etc. Tous se sont exprimés au sujet des tendances de la Libre Esthétique, de son indépendance et de son organisation, en des termes particulièrement élogieux.

A un point de vue plus spécial, les exposants auront lieu d'être satisfaits de la campagne. Le nombre des acquisitions a été de plus du double du chiffre atteint l'an passé. Et quelques achats faits par le gouvernement le Givre de M. Emile Claus, Juin de Mile A. Boch, le Canal en Hollande de M. Guillaume Vogels, ont affirmé les sympathies que provoque, même dans les sphères offi

cielles, le mouvement franchement moderniste résumé par la Libre Esthétique.

Voici que de toutes parts le branle est donné. Liége ouvrira, comme nous l'avons annoncé, au début de mai, sur l'initiative d'un groupe d'artistes dont M. Gustave Serrurier est l'âme, une importante exposition internationale consacrée exclusivement aux arts industriels et d'ornementation. Le Salon triennal de Gand luimême emboite le pas. La Commission organisatrice vient de décider la création d'une section d'objets d'art pour l'organisation de laquelle elle a spécialement désigné deux des membres de son Jury d'admission, MM. Octave Maus et Paul Du Bois. Nous voici loin des routines et des préjugés d'autrefois!

A Paris, une entreprise artistique analogue à celle de la Libre Esthétique, et plus particulièrement de la Maison d'Art de la Toison d'or, qui en est la conséquence logique, est sur le point d'être fondée. Cette fois encore, ce ne sera pas de Belgique que viendra la contrefaçon.

A tous égards, l'influence de la Libre Esthétique et de son ainée, l'Association des XX, aura été décisive sur l'évolution des idées et l'émancipation de l'art.

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