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<«<< Artan dort là-bas, à côté de cette mer immense qu'il se plaisait à rendre avec tant de fougue, de vérité et de virtuosité.

Il a été le premier de nos marinistes ayant su, comme Courbet, rendre la puissance de la vague, avec, en plus, la pénétration du sentiment. Ses plages, l'hiver, quand la tempête se brise contre les dunes, en emplissant la mer de clameurs farouches, sont d'une émotion profonde, communicative.

Rien de petit, de mesquin, dans sa manière; tout y est large et d'un trait il indique tout un horizon immense. Coloriste, il est resté fidèle aux traditions flamandes et ses tonalités ont autant d'éclat que de solidité.

Artan, comme tous les artistes, a connu les succès et le revers et l'on ne peut dire que sa vie prise dans l'engrenage de la lutte quotidienne, ait été heureuse. Il semble en vérité que tout ce qui se fait de grand sur cette terre s'accomplisse au milieu des meurtrissures du chemin, parmi les ronces et les épines. Ceux qui inaugureront le 18 août le monument d'Artan évoqueront bien des pages de sa vie, trempées de larmes.

Mais il eut toutefois la consolation de voir son œuvre acceptée par tous, ce qui n'a pas toujours été la récompense d'autres peintres talentueux morts ignorés. »

On donnera cet hiver de grands concerts symphoniques à l'Opéra de Paris. Le premier aura lieu le premier dimanche de novembre.

En dehors des concerts, il y aura trois festivals: un festival Saint-Saëns, un festival Massenet et un festival Vincent d'Indy. Les compositeurs dirigeront eux-mêmes leurs œuvres.

Le Casino de Royan donnera le 3 septembre prochain la première représentation de Le Fiancé de la Mer, drame lyrique en un acte, paroles de M. E. de Mouël, musique M. J. Bordier d'Angers.

Mile Marguerite Lavigne et le ténor Jean Rondeau sont engagés spécialement pour créer l'ouvrage.

M. Flon, premier chef d'orchestre du Théâtre royal de la Monnaie, dirigera l'exécution.

Le Cercle des beaux-arts, à Rotterdam, ouvrira le 1er septembre une exposition de tableaux d'Anton Mauve, le grand peintre regretté, mort il y a six ans.

Notre confrère Maurevert fait en ce moment dans le Gil Blas une enquête sur l'Emotion au théâtre. Il a interrogé les sommités de l'art lyrique et dramatique qui lui ont communiqué d'intéressantes observations. Citons entre autres cette courte lettre du chanteur Dubulle, qui se distingua à Bruxelles lors de la création des Templiers:

« MON CHER MONSIEUR,

Comme moi, n'avez-vous pas remarqué que les artistes, au début de leur carrière, vivaient davantage leurs rôles à la scène et les jouaient moins bien et que, plus tard, ils les vivaient moins et les jouaient mieux?...

Je n'ose pas espérer que cette simple réflexion d'un artiste lyrique puisse jeter une lumière éclatante sur la question que vous vous proposez de traiter...

Agréez, cher Monsieur, l'expression de mes meilleurs senti

ments.

DUBULLE. >>

A ce propos, M. Maurevert rapporte une curieuse anecdote sur

le ténor Merli, qui jouit d'une grande vogue sous le second Empire. Pour des motifs politiques ou privés, ce chanteur exécrait l'empereur.

La présence seule du souverain avait à ce point le don de l'exaspérer qu'il ne manquait jamais, lorsqu'il y avait dans son rôle une scène d'imprécations, de se diriger vers la loge de Napoléon III, et, là, en pleine avant-scène, point tendu, œil mauvais, narines palpitantes, il débitait au « tyran » toutes les abominations qu'il avait à déverser sur la tête (par exemple) de Gessler, de Guillaume Tell!

Jamais il ne se montrait plus fougueux, plus admirable que les soirs d'impériale présence. Il se montrait tellement naturel qu'on fut obligé, après maintes observations, de lui donner son congé.

M. William Mitchell vient d'offrir au British Museum son incomparable collection d'estampes bien connue de tous les amis de l'art. On y remarque, en épreuves de choix, l'œuvre d'Albert Dürer et de ses élèves, le plan de Venise de Jacopo de Barbari, les meilleurs morceaux en clair-obscur des Italiens du xvie et du XVIIe siècle; d'excellentes gravures d'après Raphaël, d'autres d'après Holbein, ete. Signalons encore. un grand nombre d'estampes françaises et de xylographes allemands de toute rareté.

Le trésor artistique des Etats-Unis vient de s'accroître d'une importante collection de tableaux de l'école anglaise, récemment acquise par M. J. Pierrepont Morgan, de New-York. Cette collec tion ne comprend que six œuvres, mais de premier ordre un Constable, le Cheval blanc, deux portraits de Gainsborough, un Rommey et un Lawrence. Le tableau de Reynolds est le délicieux portrait de Mistress Pagne Galwley et de son enfant, qui fut gravé par J.-R. Smith en 1780.

Depuis un mois environ on a établi derrière le nouveau Musée, à Vienne (Autriche), sur une pelouse dépendant des écuries de l'empereur, une sorte de hangar installé sur une plaque tournante. Ce hangar, qui intrigue considérablement les passants, a d'assez vastes proportions. Il présente, à l'un des bouts, une ouverture avec un système de vitrage inclinable.

Les tableaux à reproduire sont fixés sur des chevalets à demeure, ou, quand ils sont très grands, on les appuie contre un bâti vertical. Quand le temps est sec et stable, on expose hors du hangar. Comme tout le système, malgré ses proportions colossales, tourne sur des rails circulaires, il est facile d'orienter l'atelier mouvant selon l'heure de la journée ou selon l'effet lumineux propice au tableau à reproduire. Une petite annexe, bien fermée de toutes parts, sert de laboratoire pour charger les châssis. On se propose, durant la belle saison, de terminer sur place les clichés ; l'administration impériale, grâce à l'installation de cet important service, pourra obtenir, sans grande dépense, d'excellentes reproductions des nombreux chefs-d'œuvre réunis dans les splendides galeries du nouveau Musée.

VENISE A BRUXELLES (de 10 heures du matin à minuit). Entrée : 4 franc, 50 centimes pour les enfants âgés de moins de 7 ans. Concerts de 4 à 11 h. 1/2, mandolinistes; de 5 h. 1,2 à 7 heures, harmonie des Bersaglieri; de 7 à 8 h. 1/2, choeurs italiens; 8 1/2, orchestre du Grand-Opéra de Milan; entre les deux parties de ce concert, chœurs; de 10 à 11 h. 1/2 du soir, harmonie des Bersaglieri et choeurs alternant. Théâtres : à partir de 4 heures, les Marionnettes; à 8 heures, les Variétés et le Casino Veneziano. Dimanche, matinée, à 4 heures, orchestre du GrandOpéra de Milan.

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L'ART MODERNE

PARAISSANT LE DIMANCHE

REVUE CRITIQUE DES ARTS ET DE LA LITTÉRATURE

Comité de rédaction : OCTAVE MAUS EDMOND PICARD EMILE VERHAEREN

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ABONNEMENTS: Belgique, un an, fr. 10.00; Union postale, fr. 13.00. ANNONCES: On traite à forfait.

Adresser toutes les communications à

L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE DE l'Art Moderne, rue de l'Industrie, 32, Bruxelles.

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par CAMILLE LEMONNIER. In-8°, 293 pages. Paris, E. Dentu. C'est dans le sentiment d'une grande admiration que je viens d'achever la lecture de cette nouvelle œuvre de Camille Lemonnier.

Ah! comme notre public sait peu la grandeur et les proportions d'un tel artiste! Non pas que je veuille désormais dédaigner ce public belge, jadis occasion et objet de tant de colères. Le temps des découragements et des irritations est passé. De telles salutaires transformations se sont opérées en lui, il apparaît maintenant, du moins en grande partie, avec de telles bonnes volontés prometteuses de réparations, de telles poussées le travaillent dans tous les domaines de la pensée et de la foi esthétique, qu'on se sent repris de sympathies et de larges espérances. Il a subi, en ses tendances originaires, peut-être malgré lui, malgré l'effort obstiné des mauvais

conseilleurs et des directions odieuses d'une critique officielle ou mondaine arriérée et envieuse, une si puissante attraction vers un art élevé, désintéressé et sain, qu'on peut le croire proche d'une radieuse délivrance. Oui il semble libre enfin de suivre ses instincts héréditaires, vers le vrai beau, vers l'originalité savoureusé, et disposé à enfin comprendre, à chanter, à exalter ce que ses artistes nationaux lui apportent, à pleines brassées, de fleurs cueillies aux champs diaprés et odorants de sa propre nature.

Dans ce livre d'environ 300 pages, écrit d'une affilée, en un déroulement continu de psychologie analytique calme, prodigieusement ingénieuse et forte, Camille Lemonnier, l'ardent descriptif, le rutilant coloriste qui a dans les veines un sang puisé aux sources brûlantes dont le rouge flot bouillonnait en Rubens (étymologie fatidique, rubes) et en Jordaens, refrène sa coutumière ardeur, relève, épingle, étiquette avec une minutie déconcertante, heure par heure, suivant les procédés de notation acharnée d'un moderne physiologiste travaillant au microscope, à la loupe, patiemment, opiniatrement, tous les moments d'une crise d'âme féminine, banale en soi, usuelle certes pourrait-on dire et quotidienne.

Voici en sa vulgarité voulue, le thème : Une modeste bourgeoise quelconque, très convenablement mariée à un laborieux au physique sympathique, bon époux, bon

père, travailleur irréprochable, dans un joli petit ménage qui va bien, où on ne dépense pas trop, où tout est normalement réglé, avec, à la clef, un enfant, une fillette gentille, s'avise de nouer un adultère, quelconque comme tout le reste, dont le partenaire est un amant vague qui reste à la cantonade, nullement entraînée par la perversité, obéissant sans résistance au besoin de mettre un peu d'aventure en sa vie plane, comme on met des pickles dans l'assiette au gigot. Cela ne dérange rien au début dans la monotone vie conjugale qui en est, au contraire, aimablement relevée; puis les ennuis viennent, surgit le tragique, et l'anecdote finit par une accommodation, non point méprisable, mais admissible, opportuniste et touchante, qui réconcilie, ou plutôt concilie les époux dans la paix d'un doute, mélancolique et charitable, où le mari contient ses soupçons et ses tristesses à demi appaisées qui s'useront avec le temps au bain lénifiant des habitudes domestiques.

Mais voici la merveille! L'artiste, le très grand artiste, a fait de cette simple histoire une universalité, une synthèse résumant, à jamais croirait-on, cette éternelle aventure, en l'élargissant aux proportions du pathétique humain le plus curieux et le plus émouvant. Et il semble qu'il s'est plu à augmenter les difficultés, à reculer la limite du saut auquel il se préparait. Avec obstination il accumule les détails puérils, réduit ses personnages aux dimensions fongibles, applicables à des milliers d'analogues personnages, voulant la vie telle qu'elle est pour le commun des êtres, écartant le facile. stratagème des embellissements et des situations d'exception, s'acharnant en un schéma qui puisse s'adapter fraternellement à la multitude des âmes. Et il dédaigne tout extérieur décor, car le livre est écrit sans paysage, sans description matérielle, sans tous ces accessoires au charme facile, comme s'il avait été conçu et lentement produit dans l'air étouffé d'une chambre de malade, close, emprisonnante, sans bruit, sans murmure.

Sur ce canevas d'étoffe courante, Lemonnier a mis les broderies incomparables de sa haute et pénétrante pensée qui va fouiller au fond et au tréfond de la fragile humanité, qui pénètre agile, vrillante, impitoyable, et aussi consolatrice, dans les souterrains psychiques les plus obscurs et les plus enchevêtrés. Le déliement perpétuel auquel il procède, l'adresse à anatomiser, à dégager et à séparer les fibres, à disséquer avec une intensité, un entêtement de chirurgien émérite, les sentiments, les craintes, les hésitations, les douleurs, les crises, les apaisements, la dialectique amoureuse, les regrets, les remords, les espoirs, la vie en zig-zag et en chicane de Mme Charvet, le compliqué du phénomène qui se réalise en elle avec la fatalité cruellement paisible de la Destinée, laissent une impression violente d'admiration et d'étonnement. On se demande où le cerveau de l'écrivain a trouvé les ressources et les adresses pour

deviner ainsi toutes les phases de l'événement et révéler ce cœur de femme dans les moindres atomes de ses secrètes agitations bourgeoises, ennoblies parce qu'elles apparaissent en leur faiblesse, et leur décousu et leur fatalité originels.

Une pareille prescience, une aussi rare pénétration est caractéristique du génie, surtout quand elle s'ajoute à l'abondance, autre don que notre grand compatriote a obtenu du Sort et dont j'aime à donner la preuve écrasante et déroutante en défilant à la suite de cet article la liste des œuvres dont Camille Lemonnier a glorifié notre pays, sans interruption, sans achoppement, sans lassitude, depuis plus de trente ans. Quel admirable exemple et quelle prodigieuse libéralité esthétique ! Sans compter l'avenir, car il est dans la force de l'âge, dans la belle maturité du talent, au chaud midi de la vie. En décembre prochain cet infatigable, cet inépuisable ne va-t-il pas nous donner La Légende de Vie, déjà remise à l'éditeur, grandiose composition d'ensemble, philosophique et vivante, embrassant toutes les grandes forces qui mènent l'Humanité ?

Que ceux qui voudront lire la Faute de Mme Charvet n'espèrent pas y trouver le facile plaisir des romans d'action à péripéties turbulentes. C'est, je le répète, une étude de psychologie et un inventaire d'intimité cérébrale. C'est un tissu miraculeusement solide, mais fait de mailles au petit point. La séduction de l'œuvre est dans cette patience et cette exactitude. Elle est aussi dans le sentiment irrésistible qu'on se trouve devant une expression définitive et, peut-on dire, rigoureusement scientifique, d'un de ces ordinaires phénomènes d'âme dont le plus souvent nous ne faisons qu'effleurer la surface sans en pénétrer la mystérieuse et émouvante mobilité.

L'ŒUVRE DE CAMILLE LEMONNIER

ROMANS ET NOUVELLES

Le

Nos Flamands, Bruxelles, 1869. Croquis d'Automne, Bruxelles, 1869. Contes flamands et wallons, 1re édition, Bruxelles, 1873. Les Gras et les Maigres, Bruxelles, 1874. Derrière le Rideau, Paris, 1875. Un Coin de Village, Paris, 1879. Un Mâle, 1re édition, Bruxelles, 1881. Mort, 1re édition, Bruxelles, 1881. Thérèse Monique, 1re édition, Paris, 1882. Ni Chair ni Poisson, Bruxelles, 1884. L'Hystérique, 1re édition, Paris, 1885. Les Concubins, 1re édition, Paris, 1886. Happe-Chair, 1re édition, Paris, 1886. Ceux de la Glebe (édition revue et augmentée des Concubins), Paris, 1887. Noëls flamands (édition revue et augmentée des Contes flamands et wallons), Paris, 1887. Madame Lupar, 1re édition, Paris, 1888. Le Possédé, 1re édition, Paris, 1890. Dames de Volupté, 1re édition, Paris, 1892. - La Fin des Bourgeois, 1re édition, Paris, 1892. Claudine Lamour, 1re édition, Paris, 1893. Le Bestiaire, 1re édition, Paris, 1893. L'Arche, 1re édition, Paris, 1893. L'Arche, 1re édition,

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Je ne tiens pas à me justifier. J'avoue que je suis content d'observer la prédominance du principe de la saccharine dans toute la nature végétale, et que je ne le suis pas moins en voyant dans la nature morale le principe du bien, de la vie, inonder sans limite tous les pores, toutes les crevasses que l'égoïsme a laissées ouvertes, inonder même l'égoïsme et le mal eux-mêmes; de sorte qu'aucun mal ne me parait dépourvu de cette bénédiction et je ne peux m'imaginer aucun enfer qui n'en contienne quelques grains. Mais de peur d'induire quelqu'un en erreur quand je suis ma fan(1) Suite et fin. Voir nos deux derniers numéros.

taisie et quand je n'en fais qu'à ma tête, il faut que je rappelle au lecteur que je ne suis qu'un expérimentateur. N'appréciez ni ne dépréciez ce que je fais; ne croyez pas que je veuille décider de ce qui est bien et de ce qui est faux. Je dérange tout. Rien ne m'est sacré, rien ne m'est profane non plus, j'expérimente simplement, éternel chercheur, sans passé derrière moi.

Et cependant ce mouvement incessant, cette progression de toutes choses ne pourraient jamais nous devenir sensibles s'ils ne formaient pas un contraste avec un principe stable ou fixe dont le reflet est en notre nature. Tandis que se poursuit l'éternelle génération des cercles, l'éternel générateur demeure. Cette vie centrale est supérieure à la création, supérieure à la connaissance et à la pensée, elle contient tous les cercles. Eternellement elle agit pour créer une vie et une pensée semblables à elle, suggérant à notre pensée un certain développement, comme si ce qui était apprenait à ce qui sera à devenir meilleur.

Ainsi il n'existe dans les choses ni sommeil, ni pause, et elles ne sont pas imprégnées de conservation, mais de rénovation, de germination et d'élan. Pourquoi importer de vieux lambeaux et de vieilles reliques au pays de l'heure actuelle? La nature a horreur de l'ancien et la décrépitude semble la seule maladie; toutes les autres se résument en celle-là. Nous leur donnons beaucoup de noms, fièvre, intempérance, insanité, stupidité et crime; elles sont toutes des formes de la dégénérescence et d'une décrépitude: elles peuvent s'appeler repos, conservatisme, appropriation, inertie, et non nouveauté; elles ne sont pas la voie en avant.

Nous grisonnons tous les jours. Je n'en vois pas la nécessité. Quand nous nous occupons de ce qui nous est supérieur nous ne vieillissons pas, nous rajeunissons. L'enfance, la jeunesse, réceptives, aspirant toujours, regardant toujours devant elles, d'un regard que cette confiance rend religieux, ne se comptent pour rien; elles s'abandonnent à l'instruction qui les envahit de toutes parts. Au lieu de cela l'homme et la femme de soixante-dix ans eroient tout savoir, ils ont vécu plus longtemps que l'objet de leur espoir, ils renoncent à aspirer, ils acceptent comme nécessaires les choses actuelles, et ils parlent de haut à la jeunesse. Mais qu'ils deviennent les organes de l'esprit saint; qu'ils deviennent des amants; qu'ils étudient la vérité; et leurs yeux se relèveront, leurs rides s'effaceront, ils seront encore parfumés d'espérance et de force. Il ne faudrait pas que l'âge rampe et plane sur l'esprit. Dans la nature chaque moment est nouveau; le passé est toujours avalé et oublié, l'avenir seul est sacré. Rien n'est certain que la vie, la transition, l'énergie du principe qui fait de la vie avec toutes les morts. Aucun amour ne peut être assuré par serment ni par contrat l'envahissement d'un amour plus haut. Aucune vérité si sublime qu'elle soit n'est certaine de n'être pas un jour chose triviale, vue à la lumière d'une nouvelle pensée. Les gens désirent être fixés, établis; il n'y a pourtant d'espoir pour eux que pour autant qu'ils sont bouleversés, ou tout au moins qu'ils ne sont pas fixés.

La vie est une série de surprises. Quand nous voulons nous juger en entier, nous ne pouvons deviner l'humeur, le plaisir, le pouvoir de demain. Nous savons quelque chose de notre manière d'être inférieure, nous pouvons parler de nos actes de routine, de nos sens, mais Dieu nous cache ses chefs-d'œuvre; nous n'apercevons pas la croissance totale et les mouvements universels de l'âme; ils sont incalculables. Je puis savoir qu'une vérité est salutaire, mais je ne peux pas deviner comment elle m'aidera, car être une chose est le seul moyen de connaître cette chose.

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