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leur ambition dans le mépris des hommages que peuvent dispenser les marchands de déconsidérations civiques, nous vous saluerions avec autant de joie que nous mettons aujourd'hui de douleur et de regrets dans nos plaintes. Mais aujourd'hui, les déesses sont irritées. Vous êtes sorti de leur route. L. H.

Théâtre de l'Œuvre à Paris.

(Correspondance particulière de L'ART MODERNE.)

Venise sauvée, tragédie en cinq actes de THOMAS OTWAY, et Crise conjugale, comédie en trois actes de M. BERR DE TURIQUE.

Deux pièces représentées à une soirée d'intervalle : l'une, vieille tragédie forte, inégale, solide muraille aux lézardes vénérables noblement dressée dans le champ de l'art dramatique, l'autre, comédie moderne, mondaine, habilement conduite, gentil, frêle paravent vu cent fois en n'importe quel salonet parisien, un peu soucieux de la mode; la première déclamée sur un théâtre irrégulier et vaillant, par de bons et de mauvais acteurs, tous enthousiastes en leur œuvre de résurrection, la seconde sur une scène subventionnée et bien sage, par de consciencieux ou de charmantes artistes.

Venise sauvée, c'est la glorification de l'amitié survivant à la tromperie, à la lâcheté, à la folie humaines, c'est la touchante histoire d'amis, Pierre et Jaffier, soldats de fortune révoltés, conspirateurs contre l'autorité du Sénat. Jaffier, être doux et toujours vacillant, subissant l'ascendant d'une femme adorée, dénonce par faiblesse celui qu'il aime, cette « seconde moitié de lui-même », le laisse saisir, emprisonner, condamner à la torture, puis, labouré de remords, reçoit avec des pleurs, des sanglots, des supplications, des cris de souffrance mortelle, les injures et les soufflets du trahi, obtient enfin son pardon, encore sa tendresse en échange du coup de poignard que, sur parole jurée à Pierre, il lui plantera au cœur, le délivrant ainsi du supplice auquel il le voua, quand le bourreau liera ce fidèle à la roue infâme où ses os doivent être brisés. C'est aussi la toute-puissance de l'amour qui mène l'homme au crime et revêt parfois la courtisane de beauté morale, mais c'est surtout le cri de vengeance d'Otway contre les grands qui, pouvant le tirer de sa détresse, en faisaient le bouffon, le fou de leurs orgies pour l'abandonner le lendemain à sa misère, à la honte, à la faim dont il mourut. Ah! qu'il dut tressaillir de joie farouche ce cœur douloureux lorsque fut jouée Venise avec la scène inouïe où Aquilina, l'hétaïre belle, apre, assoiffée d'or, douce dans ses amours, féroce dans sa colère, repousse l'ignoble vieillard amoureux d'elle, le sénateur, le puissant, le riche, le débauché; elle se repait du spectacle hideusement grotesque de ce fantoche sénile qui se roule à ses pieds, mugit comme un bœuf, saute comme le crapaud, aboie comme un chien, implore les caresses, les coups même dont elle le roue; elle le piétine, elle le fustige de sa cravache à toute volée, le pourchasse à travers la chambre, le fait jeter dehors, rampant, suant, soufflant, râlant, hurlant, sous la cinglée d'étrivières de ses valets, lance par la porte la pesante toge de pourpre et la toque sénatoriales, ouvre les fenêtres béantes et, tandis qu'il ne cesse d'aboyer sur le seuil fermé, respire enfin l'air pur, toute palpitante encore de son implacable et grandiose sauvagerie. Aquilina, c'est l'âme vivante du poète, faible, tendre, mendiant, plagiaire, repu de haine et de malheur.

Ce court drame inscrit dans la tragédie anglaise et qui, avant la représentation sur les planches de l'OEuvre, n'avait jamais été donné en France, fut supérieurement interprété par M. Gémier et par Mme Lina Munte, lui, effrayant en sa bestialité, elle, superbe en sa violence.

Après de pareils tableaux, à la fois d'un si furieux naturalisme et d'une envergure romantique jusqu'ici inégalée (on dit que M. Zola y a songé pour un chapitre de Nana, et, probablement, Théophile Gautier se les rappela en composant un épisode du Capitaine Fracasse, la mort d'Agostin, le bandit), le vaudeville, soigneusement monté par la direction de l'Odéon eût eu fort à faire pour dominer de tels souvenirs. Aussi, ne l'a-t-il pas tenté. Il s'est contenté d'être, par ses mignardises libertines, autrement immoral que les brutalités susdites ! L'Anglais célèbre à grandes cloches le vaste, le vainqueur, l'irréductible amour; le Parisien aussi parle d'amour, naturellement, mais de quel amour!

Un jeune homme, absolument quelconque, Henri de Lançay, épouse une mignonne petite femme qui l'adore, mais, au bout de deux mois de joli ménage, la trompe, un jour, par hasard, avec une Georgette connue avant le mariage et inopinément rencontrée. Mme de Lançay a surpris l'aventure et, très digne, dicté ses volontés pour le monde et la tranquillité des parents ils seront toujours un couple de parfaits époux, mais l'un à l'autre des étrangers. Cette énervante situation dure depuis un an, malgré le repentir, et même les maladroites exaspérations de Monsieur, inutiles devant la fermeté de Madame qui préfère le suicide au moindre baiser, jusqu'à l'arrivée d'un ami, de retour d'Amérique; il y prit sans doute chez les Iroquois l'usage des moyens qu'il rapporte; il persuade le mari transi de monter l'imagination à la pauvre offensée en l'exposant aux déclarations ardentes d'un bellâtre, danseur de cotillons qui déjà lui fait la cour, et de profiter du moment où cette malheureuse petite âme, affolée par les protestations passionnées, « mise au point »>, ne saura plus à qui se vouer pour intervenir à temps et rentrer dans ses bonnes grâces. Et les choses arrivent telles qu'il les ordonne.

De la noble affection née d'une communion de pensées, du désir de n'importe quel idéal, il n'est point question, pas plus chez la femme que chez l'homme, cela est vieux jeu; le seul émoi à soulever dans ce gracieux cœur, trop plein de bourgeoises illusions sur la fierté et la fidélité, c'est uniquement celui que peut donner le vertige de la valse où vous entraîne un audacieux cavalier, un soir de musique, de fleurs, de flirt, de toilette et de champagne. Bien que souvent spirituels, trois actes pour cela c'est beaucoup. Ils prirent cependant un grand charme, grâce à l'interprétation d'une toute jeune débutante qui sut atténuer, par l'harmonie de sa voix fraiche et l'élégance attendrissante de ses attitudes désolées, le caractère finement dessiné, mais irritant à la longue, de Marie de Lançay Me Lara a remporté là un très réel succès vraiment dû à la justesse de son jeu, presque entièrement affranchi des formules du convenu. Dès qu'elle aura pris un peu plus possession d'elle-même, il est certain que son talent, si délicat dans les scènes de tendresse et d'émotion et fort énergique déjà, s'épanouira encore et s'emparera de l'ampleur et de la quiétude qu'une sincère artiste comme elle doit désirer.

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J. C.

AU CONSERVATOIRE

L'audition traditionnelle des lauréats a suivi, dimanche, au Conservatoire, la lecture du palmarès et la harangue de M. Edouard Fétis. On a applaudi particulièrement Mile Jeanne Merck, premier prix (avec la plus grande distinction) de chant théâtral, qui a dit d'une jolie voix claire et en bonne musicienne l'air de la folie d'Hamlet, son morceau de concours. Grand succès aussi pour le jeune Joseph Müller, qui a affirmé d'exceptionnelles qualités dans l'exécution de l'Introduction et de l'Adagio du quatrième Concerto pour violon de Vieuxtemps, pour Miles Barat et Duthil qui ont chanté le duo du Jugement de Midas, de Grétry.

Des morceaux d'ensemble: une symphonie de Haydn et les airs de ballet de Sacchini, sous la direction de MM. Emile Agniez et Colyns, ont montré la bonne tenue et la discipline de la classe d'orchestre. M. Soubre a, de son côté, fait valoir, dans l'audition d'un madrigal à cinq voix de femmes, de Scarlatti, les soins avec lesquels il conduit sa classe d'ensemble vocal. L'octuor pour cors, de Léon Dubois, exécuté avec justesse, complétait le programme.

Aujourd'hui, à 2 heures, suite de l'audition des lauréats.

THÉATRES

THEATRE DU PARC. Monsieur le Directeur, par ALEX BISSON. Une de ces pièces à quiproquos incessamment renaissants, à malentendus aburissants, à confusions baroques, qui semblent la joie des familles et de leurs délégations de vieilles mamans poussées en graisse, de jeunes filles poussées en graine, de fiancées demi-vierges, de futurs gendres frôleurs et discurs de riens.

Cette fois le procédé va jusqu'à l'éreintement complet de l'auditoire. Il s'agit de deux femmes, une mariée, une veuve, qu'on prend l'une pour l'autre en un tournoiement continu: on rit parfois; en effet, c'est parfois drôle. Et voilà tout!

La troupe s'en tire pas mal, bourgeoisement.

Mais, bon Sort! que tout cela est loin du théâtre émotionnant les Foules, faisant surgir ce grand frisson où les foules se sentent solidaires, ce grand frisson qui est leur vraie joie dès qu'elles l'ont ressenti, le vrai secret de leur goût pour l'art dramatique et de leur mystérieux emballement pour l'acteur. Chacun, écoutantregardant ces machines kaleidoscopiques, fonctionne pour son compte particulier, dans l'isolement des sensations personnelles, sans la miraculeuse transformation des individus coagulant leurs impressions en masse totale, instinctive et puissante, aux vibrations géantes, aux sursauts surhumains. La Foule, la foule, la foule n'apparait pas, ne surgit pas, ne se forme pas dans l'auditoire qui reste une collection et ne devient pas un organisme n'ayant plus qu'un seul caveau et qu'un même paquet d'entrailles. Le tragique phénomène, but de cet art superbe du théâtre, demeure au repos.

Quand donc viendront les vrais dramaturges rendre à cet art superbe du théâtre ses proportions imposantes que connurent et l'antiquité et quelques époques modernes? Quand sortira-t-il de ces limbes où il s'agite infirme et amoindri ? Ibsen, Maeterlinck ont montré les directions. Voilà les moniteurs et les apôtres. Voyons, jeunesse littéraire belge, passez donc à votre tour les portes qu'ils ont ouvertes.

THEATRE DE L'Alcazar. Mam'zelle Nitouche (reprise). L'Alcazar a repris Mam'zelle Nitouche. Et tandis que s'alanguissent les yeux de velours de Mlle Lardinois, la verve de MM. Ambreville, Lespinasse et Crommelynek secoue la salle d'une gaité communicative. Ce n'est pas, certes, la finesse de trait, la légèreté de touche du joyeux quatuor Judie, Baron, Dupuis, Cooper, qui assura à cette bouffonnerie, lorsqu'elle apparut sur la scène des Variétés, un succès de fou rire. La troupe de l'Alcazar conserve, malgré la transformation du théâtre, quelques-unes des traditions de la revue bruxelloise, triomphe de la maison. Et l'uniforme du 27e dragons déguise imparfaitement les héros populaires, quantes fois acclamés sous la tenue du garde-civique immortalisé par le légendaire Van Copernolle ou sanglés dans la tunique sévère du «< garde-ville ». Mais le sel un peu gros dont les interprètes saupoudrent l'action assaisonne au goût des habitués un mets dont ceux-ci paraissent être demeurés friands. Et les amours de Champlâtreux, et les aventures incohérentes de la jolie pensionnaire des Hirondelles, et les saillies du commandant, et les sautillants couplets dont Hervé a illustré ces folies ont, tous les soirs, leurs admirateurs enthousiastes.

LES MUSÉES

En réponse aux articles de M. Gustave Geffroy sur le Musée du Soir et la Force créatrice de l'art, le sculpteur Jean Baffier adresse au critique une lettre ouverte dont nous extrayons cet intéressant fragment:

« Je vous affirme, en mon âme et conscience, que je considère les Musées, en tant qu'utilité au point de vue de l'émulation créatrice, comme absolument inutiles; je dirai même plus, ils sont nuisibles, car ils ne présentent, en somme, que des fragments dépareillés, n'ayant entre eux aucune corrélation.

N'étant pas, de ce fait, dans leur ambiance rationnelle, ils ne peuvent dégager ce que j'appellerai l'effet d'ensemble, c'està-dire la caractéristique du concept initial qui a déterminé leur création.

Tout bien considéré, le Musée, comme nous l'entendons dans les temps modernes, ne peut être utile qu'au point de vue d'une reconstitution historique, pouvant permettre de comparer les différents aspects de civilisations et de leurs aspirations selon leurs tempéraments et leurs climats.

Je crois que dans toutes les branches de l'activité humaine, aussi bien que dans les arts, ce que je viens de dire est juste, car je ne vois pas du tout, par exemple, notre armée entraînée à la victoire par la contemplation constante des glorieux moignons qui sont aux Invalides.

Les Musées modernes ne sont que les « Hôtels des Invalides >> de l'art, que nous devons visiter de temps en temps, comme philosophes, comme penseurs il faut y passer, méditer quelque temps, saluer avec respect et se retirer.

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port des êtres et des choses, on peut chercher à réaliser l'œuvre d'art.

Mais pour grouper les forces créatrices, mon cher Maître, pour les utiliser, les féconder, il faut autre chose que des Musées, des Ecoles et des Salons annuels; il faut ce que nous appelons, nous autres, gens du peuple, le grain de sel, c'est-à-dire une croyance! C'est donc dans l'âme d'une nation que doit se trouver le courant d'émulation qui détermine l'impulsion créatrice, et non dans la contemplation de débris provenant de civilisations antérieures, pas plus que dans des théories de professeurs et des règlements d'exposition. >>

ACCUSES DE RÉCEPTION

Poèmes et Poésies, par FRANCIS VIELE-GRIFFIN. Cueille d'avril. Joies. Les Cygnes. Fleurs du chemin et Chansons de la Route. La Chevauchée d'Yeldis. Paris, éd. du Mercure de France. Le Livre de la Naissance, de la Vie et de la Mort de la Bienheureuse Vierge Marie, par A.-FERDINAND HEROLD. Lettres ornées de Paul Ranson. Paris, éd. du Mercure de France. - Emile Verhaeren, par ALBERT MOCKEL, avec note biographique par F. Vielé-Griffin. Paris, édition du Mercure de France. L'Euvre de mort, par MAURICE LEBLANC. Paris, Ollendorff. Le Pain qu'on pleure, par MICHEL ABADIE. Paris, Bibliothèque de l'Association, 17, rue Guénégaud. Un jour, par FRANCIS JAMMES. Paris, édition du Mercure de France. L'Art appliqué à la rue et aux objets d'utilité publique, par EUGÈNE BROERMAN. Brochure de 48 pages illustrée de nombreuses phototypies. Bruxelles, Alfred Castaigne.

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Le Sang des Crépuscules, par CHARLES GUÉRIN; prélude musical de PERCY PITT. Paris, édition du Mercure de France. Les Évangiles, par le comte LEON TOLSTOï. Traduit du russe par T. DE WYZEWA et G. ART. Paris, librairie académique Perrin et Cie. The Evergreen; A Northern Seasonal. The book of Autumn. Edinburgh, Patrick Geddes; London, T. Fischer-Unwin; America, J.-B. Lippincott Co. - Épisodes de la Vie d'A. Rubinstein, d'après M. Wladimir Baskine, par IVAN MARTINOFF. Avec portrait et notice biographique. Bruxelles, imp. Lombaerts. Contes chimériques, par JEHAN MAILLART. Bruxelles, Lacomblez.

Musique.

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Album russe de P. Tschaikowsky, pour violon et piano, par AD. HERMAN. Six pièces choisies. Paris, Mackar et Noël. Fervaal, action musicale en trois actes et un prologue, poème et musique de VINCENT D'INDY. Partition chant et piano, réduite par l'auteur. Dessin de Carlos Schwabe. Paris, A. Durand et fils.

Memento des Expositions

BARCELONE. III exposition générale des Beaux-Arts et d'Art industriel. 23 avril-23 juin 1896. Quatre œuvres par exposant au maximum, sauf agréation du jury. Délais d'envoi : 20 mars-1er avril. Retour gratuit des œuvres récompensées. Renseignements : M. J.-M. Rius y Badia, maire de Barcelone, président de la Commission organisatrice.

BRUGES. XVIIIe salon d'hiver du Cercle artistique brugeois (réservé aux artistes invités). 8 décembre 1895-février 1896. Envois 29 octobre-28 novembre. Trois œuvres au maximum.

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Transport gratuit. Renseignements: M. G. Claeys, président de la Commission. BRUXELLES.

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Inauguration des galeries de la Maison d'Art. Exposition d'œuvres d'Alfred Stevens. 30 novembre-fin décembre. MONS. - Exposition de la Société des Beaux-Arts. Mai 1896. Renseignements: M. Léon Losseau, secrétaire, rue de Nimy. NANTES. Société des Amis des Arts. 1er février-15 mars 1896. Limitée aux invités et aux membres de la Société. Gratuité de transport. Dépôt à Paris chez M. Toussaint, 13, rue du Dragon, du 3 au 10 janvier. Envois directs avant le 8 janvier à l'Exposition, rue Lekain, 10, Nantes. Notices avant le 4 janvier. Commission sur les ventes: 10%. Secrétaire général : M. Des Camps de Lalanne.

PAU. XXXIIe exposition annuelle de la Société des Amis des Arts. 15 janvier-15 mars 1896. Délais d'envoi : Notices, 8 décembre; œuvres, 20 décembre. Gratuité de transport pour les invités. Dépôt à Paris avant le 8 décembre chez M. Pottier, 14, rue Gaillon. Commission sur les ventes: 10 %. Renseignements : M. Gaston Tardieu, secrétaire général.

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A l'exposition des œuvres d'Alfred Stevens, qui s'ouvrira à la fin du mois, succédera, en janvier, dans la nouvelle salle de la Maison d'Art de la Toison d'Or, une exposition des œuvres d'Henry De Groux.

M. De Groux, outre ses peintures récentes, qu'il n'a pas encore exposées, compte réunir un ensemble important des œuvres qu'il a exécutées en ces dix dernières années, parmi lesquelles, notamment, le Christ aux outrages, sa toile capitale, et la Procession des Archers de Furnes, panneau décoratif de 14 mètres de longueur.

Un choix des plus belles lithographies de l'artiste complétera cette très intéressante exposition.

A l'exemple de ce qui a été fait en peinture par les expositions des XX et de la Libre Esthétique, quelques adeptes de la photographie, en dehors de toute influence officielle de société établie. ont organisé un Salon photographique qui s'ouvrira samedi prochain, au Cercle artistique et littéraire. Il n'y a que des invités, donc pas de jury d'admission et le seul but poursuivi est une exposition des œuvres de ceux qui pensent que la photographie peut recevoir une autre application que celle de la reproduction mécanique des choses. Le public pourra juger si la photographie peut réellement prétendre au rang auquel elle aspire, c'està-dire entre la peinture et le dessin. Considérée uniquement comme moyen d'expression artistique, la photographie nouvelle veut ne s'inspirer que de cette maxime de Whistler : « Une œuvre ne peut être considérée comme finie que lorsque toute trace de la méthode employée a disparu. »

La tentative est intéressante, surtout par la qualité des exposants qui viennent d'Angleterre, d'Amérique, d'Autriche, d'Allemagne, de France, même des Indes et de Belgique.

Le peintre André Sinet ouvrira le 25 courant, par invitations, une exposition de ses œuvres à la Galerie Clarembaux, 5, rue du

Congrès. Cette exposition comprendra une soixantaine de pastels, croquis, notes d'atelier, etc.

Nous recevons de la Société royale pour l'encouragement des beaux-arts de la ville de Gand la liste officielle des acquisitions faites au Salon de 1895 par l'intermédiaire de la Commission directrice.

Le Gouvernement belge s'est rendu acquéreur des œuvres suivantes H. Lhermitte, Les baigneuses (pastel). J.-P. Laurens, Cadre d'études (toile). Alfred Stevens, L'Atelier de de Knyff. H.-W. Mesdag, Après l'orage (marine). Macaulay Stevenson, Rêve de crépuscule. Le Liepvre, Journée d'automne. Ewen, Une famille hollandaise.

Mac

On remarquera que, pour la première fois, l'Etat choisit pour ses Musées, en même temps que des tableaux d'artistes belges, quelques toiles étrangères. C'est là une excellente initiative qui fait honneur à M. De Bruyn, ministre des Beaux-Arts, et rompt avec les traditions d'un nationalisme mesquin. Tous les Musées d'Europe ont le souci de montrer, à côté des œuvres nationales, ce que l'art étranger produit de plus intéressant. Seul, le Musée de peinture moderne de Bruxelles ne contenait, jusqu'ici, aucune œuvre étrangère. On se demandait vainement le motif de cet exclusivisme, auquel M. De Bruyn vient, avec raison, de mettre un

terme.

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Signalons une autre innovation louable les acquisitions de l'Etat seraient désormais, avant d'être définitivement placées, exposées à l'examen du public et de la critique dans une des salles du Musée. Cette décision vient d'être prise par le Ministre et sera appliquée, pour la première fois, aux œuvres qu'il vient d'acquérir pour le Gouvernement au Salon de Gand.

Les achats faits pour le Musée de la ville de Gand sont : Baertsoen, Matin de neige en Flandre. Kröyer, Étude de portraits. Tholen, Automne. Vanden Eeden, Les vepres à Sainte-Gudule. Is. Verheyden, Chapelle en Campine. Willaert, Le quai Saint-Antoine à Gand. Zorn, Avec sa mère. Constantin Meunier, Le pardon (groupe en bronze).

Soixante-quatre cœuvres, indépendamment d'un certain nombre d'objets d'art, ont été acquis pour la tombola offerte aux membres de la Société ou achetés par des particuliers.

Outre le Concertstück de Weber, M. Busoni jouera au Concert populaire de dimanche prochain une fugue de Bach, la Barcarolle de Chopin et la Méphisto- Valse de Liszt.

Au deuxième concert, M. J. Dupont fera entendre en première audition Psyché (avec chœurs) de César Franck, la Nuit persane de Saint-Saëns et des fragments du Prince Igor de Borodine: marche, choeur a capella, ballet avec choeur, cavatine.

Le troisième concert sera principalement consacré à l'audition de M. Willy Burmeister, le célèbre violoniste américain.

La saison sera close le 6 mai par un concert extraordinaire sous la direction de M. Hans Richter.

Mme Marguerite Lallemand, pianiste, donnera une séance musicale à la Grande Harmonie le mercredi 4 décembre, à 8 heures du soir, avec le concours de Mme Fichefet, cantatrice, et de M. Miry, violoncelliste.

Billets chez MM. Schott frères, éditeurs, 82, Montagne de la Cour, et chez M. Lallemand, 20, rue du Nord.

Le Conservatoire de Liége inaugurera samedi prochain, à 8 heures du soir, la saison d'hiver par un concert donné sous la direction de M. Radoux, avec le concours de M. Diémer, professeur au Conservatoire de Paris. Au programme : la 2me symphonie de Borodine, le 4me Concerto pour piano et orchestre de SaintSaëns, l'Elégie de Sokolow, le Caprice espagnol de Rimsky-Korsakoff et des pièces pour piano seul.

Les Nouveaux-Concerts sont fixés aux 15 décembre, 19 janvier, 15 mars et 12 avril. M. Sylvain Dupuis compte faire exécuter, entre autres, la Symphonie d'E. Chausson, le prélude à l'Aprèsmidi d'un faune de C.-A. Debussy, la suite bretonne de Pêcheurs d'Islande de Guy Ropartz, l'ouverture d'Armor et Ked de S. Lazzari, la Belle au bois dormant d'A. Bruneau, des fragments de Guntram de R. Strauss, la 7me symphonie de Brückner, le

prélude d'Ingwelde de Shilling, Thamar de Balakireff et diverses œuvres de Glazounow, Rimsky-Korsakoff, Glinka, Dvorak, Smetana, Svendsen, Reznicek, etc.

M. Moline, directeur de la Galerie Laffitte, expose en ce moment à Paris, jusqu'au 7 décembre, un choix d'œuvres aquarelles, sépias et dessins du paysagiste A. Hervier, un nom un peu oublié qui eut jadis de grands succès aux Salons et qui eut l'honneur d'être vivement loué par Th. Gautier et Ph. Burty.

La Société nationale pour la protection des sites et des monuments adresse au public un pressant appel en vue d'augmenter le nombre de ses adhérents. Les dommages qu'il s'agit d'empêcher sont si regrettables et la nécessité de s'y opposer si urgente qu'elle espère rencontrer parmi les amateurs éclairés des beautés de notre pays un écho qui lui permettra de réaliser ses patriotiques et artistiques désirs.

Adresser les demandes d'inscription (membres protecteurs : 10 francs; membres effectifs : 5 francs par an) au secrétariat de la société, 31, rue de Rome, Bruxelles.

M. Lugné-Poe, directeur du Théâtre de l'OEuvre, vient de recevoir un acte en prose tiré des romans de la « Table ronde », Le Cimetière périlleux, par Fernand Hauser.

Le sculpteur Falguière met en ce moment la dernière main au monument de Georges Bizet.

C'est une énorme masse de marbre blanc, d'une hauteur de trois mètres. Le bronze est absolument exclu de ce monument, qui se compose d'un rocher brut où courent des branches de laurier et que surmonte le buste du compositeur; d'une Muse jeune et mièvre élevant des palmes, et d'une Carmen assise au pied de la montagne et consultant les tarots de la bohémienne.

Le soubassement a été exécuté sur les dessins de M. Charles Garnier. Le monument de Bizet, qui sera érigé au parc Monceau à Paris, sera inauguré sans doute cet hiver.

Une nouvelle revue internationale, Arte, vient d'être fondée à Lisbonne sous la direction de MM. E. de Castro et M. da Silva Gayo (représentant français : L.-P. de Brinn' Gaubast). Elle comprendra deux parties : l'une consacrée à des poésies, contes, romans, études esthétiques et critiques, etc. publiés en portugais, en français et en espagnol; l'autre formant un bulletin bibliographique et artistique international. « Le but que nous poursuivons étant surtout un large cosmopolitisme, dit la circulaire par laquelle les directeurs annoncent cette intéressante publication, nous prenons à cœur de faire connaitre en Portugal et les choses d'art et les littératures étrangères, en même temps que nous tâcherons d'intéresser tous les pays à l'art et à la littérature portugaise, en yant recours pour mener à bien ce fécond échange de senti-e ments et d'idées à des versions littérales bien que soigneusement littéraires. >>

L'Arte paraitra en livraisons mensuelles de 52 à 64 pages. Chaque volume annuel comprendra huit livraisons qui seront publiés le 15 de chaque mois, de novembre à juin inclus.

Prix de la livraison : fr. 1-25. Abonnement annuel : 10 francs, S'adresser, pour tout ce qui concerne la rédaction, à M. E. de Castro, 11 rua do Cosme, Coimbra (Portugal).

Le peintre Carrière entreprendra cet hiver le grand panneau décoratif qui lui a été commandé pour l'amphithéâtre de l'enseignement libre à la Sorbonne.

Interprétant en un sens très large ce mot d'enseignement libre, l'auteur de Maternité se propose d'exprimer dans son œuvre la grande éducation de la Nature et de l'Histoire. La toile est remplie, presque tout entière, par une vision énorme et vague de Paris, tel qu'il apparait sur les hauteurs de Belleville. A gauche, un groupe composé d'une femme allaitant son enfant, d'une jeune fille à la physionomie attentive, d'un homme regardant au loin et la main droite posée sur une table de bronze où sont tracés des caractères. Cette œuvre, qui promet d'avoir un caractère décoratif saisissant, sera exposée au prochain Salon.

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