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subtils, la mélodic des images et la ligne vivace dont les objets sc rhythment comme pour entrer en communion d'inquiétude avec nous et vivre humainement la minute durant laquelle ils évolueront vers un état nouveau.

La musique se réincarne; elle redescend à la terre et émue comme un être de se retrouver sans orgueil parmi des êtres, elle exaspère sa sensibilité. Depuis Wagner, les plus belles œuvres nous sont venues des Russes et des Français. Elles attestent une crise de sensibilité qui transparaît à leurs livres.

La musique est plus intense aux heures douloureuses et un peu plus tard, d'un plus loin, on pourra reconnaitre au mouvement lyrique d'aujourd'hui comme au sillage vaporeux montant d'un fleuve caché dans les terres, le large courant passionnel qui traverse nos régions pour en modifier le climat.

MESDAMES, MESSIEURS.

Le théorème de la vie n'est sans doute qu'un théorème d'harmonie et ceux qui entendront intimement la musique entendront les accords de l'être.

Vous n'ignorez pas la sympathie qu'il y a entre la voix et le regard d'un être. Il faudrait toujours écouter la musique en songeant à un regard. Il faudrait l'écouter comme si c'était la voix de quelqu'un qui va apparaitre.

PROMÉTHÉE

Trilogie d'ESCHYLE restituée par le SAR PELADAN.

Au mois de mars 1893, M. Jules Claretie faisait savoir au Sar Peladan que sa tragédie de Babylone ne pouvait être acceptée par la Comédie française. L'œuvre était, assurait-il, du « théâtre supraimpossible »>.

Le Sar releva le défi. Au prix des plus grands sacrifices, il monte une scène au Dôme central du Champ-de-Mars et, secondé par de courageux interprètes, il parvient à mettre sur pied les quatre actes de sa tragédie. Cinq représentations en sont ainsi données. La presse unanimement s'abstient de s'y rendre.

L'année suivante, renouvelant son effort, Peladan convie la critique à deux auditions de son œuvre au Théâtre de l'Ambigu. Quelques rares journaux en parlent timidement, comme s'affranchissant avec crainte d'un mot d'ordre sévèrement donné. Le maitre alors se transporte à Bruxelles et l'Art moderne a dit, il y a quelques mois, les remarquables qualités et les transcendants mérites de Babylone.

Mais voici qu'affirmant son noble désir de reconquérir le théâtre, au nom de la Pensée et de la Beauté, sur l'idiotie et la vulgarité, le Sar Peladan entreprend l'oeuvre immense de reconstituer les deux volets qui manquent au triptyque du Prométhée d'Eschyle et que, voulant faire à son pays cet impérial présent d'une trilogie du premier des tragiques, merveilleusement restituée et adornée prestigieusement des somptuosités d'une langue incomparable, il apporte une fois encore au comité du ThéâtreFrançais son œuvre terminée. Cette œuvre s'appelle : Le Prométhée d'Eschyle, pieusement ressuscité par lui.

Le secrétaire du comité répond que « cette œuvre ne saurait convenir à la Comédie française »>.

On jouait ce soir-là, à ce théâtre, les Petits Oiseaux d'un M. Labiche et l'affiche du lendemain annonçait Cabotins d'un nommé Pailleron.

Il vient de nous être donné de lire le manuscrit du Prométhée et nous sortons de cette lecture ébloui, transporté d'un inoubliable sentiment d'admiration.

Je n'ai nullement la prétention de trancher la question de savoir si scientifiquement, philologiquement et archéologiquement la restitution vaut et s'impose.

Je laisse à l'illustre directeur de l'École d'Athènes, le savant hellénisant, M. Émile Burnouf, auquel l'auteur a soumis son travail, le soin de décider ce point.

Et M. Émile Burnouf écrit le 11 avril 1894 :

« Je n'ai rien trouvé dans votre composition qui ne soit con«<forme à la tradition et aux usages du théâtre grec du temps de « Périclès. Il n'y a rien de superflu dans le développement que << vous avez donné à l'idée antique et je ne vois pas non plus ce « qu'on y pourrait ajouter..... »

Mais il faudrait citer la lettre entière qui n'est qu'une consécration autorisée, une longue louange sans restriction.

Comment donc Peladan a-t-il imaginé son drame?

Jupiter, montant au trône de Saturne, a décidé la destruction de la race humaine dont il hait la grossière brutalité. Prométhée obtient la grâce des Éphémères et ce Dieu, prenant en pitié leur ignorance et leur misère, dérobe pour eux le feu du ciel, présent inestimable et d'où naitront tous les arts. Bientôt le calme et la paix vont régner sur terre, mais Zeus épouvanté invente un stratagème pour se garer de l'homme et ruiner l'oeuvre du Titan. A l'image des Immortelles, Vulcain a modelé une créature gracieuse et tous les Dieux ont doté l'être nouveau.

Vénus lui donna la beauté et Diane la pudeur, mais Mercure lui doit apprendre la ruse et la perfidie.

Cette créature charmante, a dit Zeus, me soumettra les hommes bien mieux que le tonnerre. Puis il met en ses mains un large vase d'or: « Apporte à ton époux ce témoignage de la bienveil« lance des Dieux. Garde-toi seulement de l'ouvrir. Le malheur y « est enfermé et se répandrait sur la terre! >>

Et nous allons voir sans tarder l'effet de cette hypocrite défense. Pandore a bientôt fait d'ouvrir l'urne et les passions mauvaises s'en échappent dans une épaisse fumée.

Mais Prométhée veut, lui aussi, apporter à la créature nouvelle un présent et un don. Il va éveiller son esprit à l'intelligence, la rendra consciente et nous assistons à la prestigieuse évocation du mythe éternellement jeune de la création de la femme.

Pandore ne sera pas pour l'homme une source de maux et de malheurs; sous son triple aspect de vierge, d'épouse et de mère, la femme est apparue radieuse aux cœurs souffrants, dispensatrice de réconfort et de foi.

Et maintenant va commencer pour Prométhée l'horrible expiation d'un châtiment tant de fois séculaire. Attaché par d'infrangibles liens aux rochers de Seythic, les dieux viendront insulter à son malheur et Zeus l'engloutira dix siècles dans les ténèbres du Tartare pour l'exposer ensuite, toujours rivé à son rocher, aux cimes neigeuses du Caucase. Là, l'aigle aux serres sanglantes rongera un foie sans cesse renaissant, jusqu'au jour où Hercule, le héros demi-dieu, ayant d'un trait assuré tué l'oiseau farouche, Zeus, pantocrate du monde, fasse grâce à sa victime.

Prométhée, enfin délivré, a glissé à terre. Ses pieds touchent le sol, il reste immobile, appuyé au roe, les bras en croix, comme en extase. Et un long, un interminable silence règne.

Nous touchons au sublime.

Alors le Titan, soudain, clame sa délivrance :

« Aither divin, rayonnante clarté, miroir étincelant de mes pensées désespérées, vents à l'aile rapide qui apportiez les doux arômes au supplicié du Caucase, sources de fleuves, larmes de la nature, épanouissement innombrable des flots, mère de tous les êtres, ô Terre, contemple ton enfant, victorieux de la souffrance; et toi aussi, oleil, conscience du monde, étincelle, flamboie, resplendis, auréole de tes rayons ignés ma gloire renaissante! >>

Accusez, si vous le voulez, l'insuffisance de cette courte analyse, mais n'accusez qu'elle seule. L'œuvre est haute et belle indiciblement. Les scènes se déroulent avec une simplicité, une grandeur, une clarté indéniables; la moralité en est pure et sublime et les personnages y parlent la langue somptueuse de l'Olympe.

« Quoi! dira-t-on en haussant les épaules avec le petit sourire moqueur d'une supériorité offensée, cette tragédie est de cet homme étrange, aux grands yeux profonds, à la samsonnienne chevelure, à l'accoutrement bizarre, de ce charlatan, de ce fou? >>

Pourquoi s'avise-t-il, cet intellectuel qui vit et pense hors de notre siècle, de conformer sa vêture à une époque pour nous abolie, restituée et vivante en son esprit? Son âme se complait-elle en ces très raffinées analogies? Oui, et cela suffit à les faire comprendre, admettre et respecter. D'ailleurs, faut-il être imbécile et pauvre, irrémédiablement, pour ne point vouloir s'incliner devant la supériorité d'un homme, parce que celui-ci ne s'entoure pas le corps de l'ordinaire uniforme noir! Et c'est pourtant ce qui arrive tous les jours. Combien sont-ils ceux qui, en dehors des lettrés, ont lu les œuvres de Peladan, ces œuvres d'une envolée superbement violente et vibrante, constituées par douze romans, quatre traités de métaphysique, dix volumes de critique et plusieurs tragédies?

Le talent de ce fou, de ce charlatan, de ce maitre honore la France; son génie la glorifie.

Paris, qui applaudit par centaines chaque année des comédies malpropres, de stupides vaudevilles, de ridicules et honteuses pitreries, Paris n'a point voulu de Babylone et la Comédie française a refusé Prométhée et la Comédie française a refusé Eschyle. Le mot d'infamie vient aux lèvres.

Tout cela n'est rien encore.

Vous souvient-il avoir lu que Wagner réduisait, afin de pouvoir exister, des sonates pour cornet à piston, que Balzac, affamé, était harcelé par la misère?

Tout cela est vrai, une fois encore.

Prométhée ne peut être joué, quoique de grands comédiens, entre autres Garnier, aient gratuitement offert leur concours, parce que Peladan n'en peut faire les frais. Et cela coûterait quatre mille francs.

Le chef-d'œuvre d'Eschyle, magnifiquement restitué par le Sar Peladan, ne peut être joué faute de quatre mille francs!

Et chaque journée de courses engloutit un ou deux millions, des fortunes disparaissent en une nuit d'orgie et de jeu. Telle hétaïre de marque et dont la fréquentation distingue, porte pour dix mille francs de brillants ou de perles aux oreilles.

Oh! la haute et belle gloire si nous pouvions nous dire bientôt : « Paris a refusé Eschyle; Bruxelles va le ressusciter en une apothéose. >>

LA LIBRE ESTHÉTIQUE

Premier concert.

Des trois œuvres exécutées jeudi au premier concert de la Libre Esthétique, une seule était connue : le pimpant Septuor pour trompette, piano et cordes de Camille Saint-Saëns, l'une des compositions les plus saines, les plus solides et les plus harmonieuses de la littérature musicale moderne. MM. Zinnen, Théo Ysaye, Marchot, Zimmer, Van Hout et J. Jacob en ont donné une interprétation vivante et homogène.

Deux nouveautés sollicitaient surtout l'attention : le deuxième Quatuor à cordes d'Alexandre Glazounow qui, bien qu'écrit il y a une dizaine d'années, n'avait pas encore été publiquement exécuté à Bruxelles, et la Sonate pour piano et violon de Sylvio Lazzari, fraichement éclose, tout récemment éditée chez Durand.

Le Quatuor porte l'empreinte de la musique slave, de cette musique influencée par les thèmes populaires et qui, tantôt douloureusement, tantôt avec des airs de fête, fait parler l'âme du pays. L'œuvre du jeune compositeur russe est à la fois pittoresque et savante. Elle décèle, en même temps qu'une nature puissante, ouverte à la poésie des rythmes nationaux, un musicien de race, très classique dans sa façon de bâtir les quatre parties d'un quatuor et de développer logiquement chacune des idées mises en œuvre. C'est de très bonne et très sérieuse musique, apparentée à Borodine par l'extériorité du dessin, personnelle quant à la façon de déduire les unes des autres les harmonies qui servent de vêtement aux très pures inspirations du compositeur.

La troisième partie, incontestablement la meilleure, a une allure dramatique superbe, qui a fait une profonde impression. D'une distinction rare, soutenue par un travail harmonique d'une exceptionnelle saveur, ce morceau s'élève à des hauteurs d'inspiration peu communes. Cette scule partie n'était le charme du mouvement initial et le rythme original de la seconde --- suffirait à classer le quatuor de Glazounow parmi les œuvres les plus distinguées de l'école russe.

La Sonate pour piano et violon de M. Lazzari, qui contient des passages pleins de passion et de vie, a paru plus tourmentée, moins équilibrée en ses trois parties, et d'une écriture uniformément compliquée. Elle donne moins l'impression d'une Sonate sérieusement échafaudée que d'une fantaisie où l'improvisation joue un rôle prépondérant. Ce sont, semble-t-il, des fragments d'une œuvre lyrique transcrite pour piano et violon, haute en couleurs, et que l'influence de César Franck, de Vincent d'Indy et de Gabriel Fauré a marquée de vibrantes obsessions.

A défaut de réelle originalité, la Sonate de M. Lazzari possède de la fougue et de la puissance. L'interprétation mouvementée et enthousiaste que lui ont donnée MM. Théo Ysaye et Alfred Marchot a été unanimement appréciée et a provoqué dans l'auditoire un rappel doublement justifié.

THÉATRE DU PARC

L'Age difficile, par M. JULES LEMAÎTRE.

L'âge difficile, c'est, parait-il, ce tournant de la vie où, vers la soixantaine, l'homme qui a commis la faute lourde de ne pas se marier à vingt-cinq ans, comme tout le monde, et d'être grand père à cinquante, se trouve menacé de l'isolement ou des pires turpitudes.

Le vieux garçon tout à la fois maussade, égoïste et expansif que met en scène M. Jules Lemaitre cherche à placer dans le ménage de sa nièce, Jeanne de Martigny, le stock d'affections dont son cœur a gardé le dangereux dépôt. Mais cet oncle a les défauts d'une belle-mère, et son intervention maladroite désunit le ménage dont le bonheur excite, à son insu, sa jalousie. Le voici brouillant tout, révélant à sa nièce le flirtage de Martigny avec un demicastor, excitant les époux l'un contre l'autre, jusqu'à ce que ceux-ci retrouvent la paix et l'union en se séparant de lui. Le voici seul, furieux de l'abandon où il végète, décidé à ne plus revoir les ingrats, qu'il aime néanmoins au point de se battre au lieu et place de son neveu contre un adversaire redoutable... Une vieille amie, qui devine ses souffrances, lui ramène doucement, avec des paroles câlines, Martigny et sa femme, au moment où il allait s'embourber, par désœuvrement, dans un humiliant collage.

Le défaut de la pièce, c'est qu'elle présente au public, au lieu d'une étude un peu large et de portée générale, un caractère d'exception. On sent, malgré l'esprit de son auteur et son habileté à se jouer des situations difficiles, le côté paradoxal de sa thèse et la peine infinie qu'il donne pour rendre son personnage acceptable. Dès lors, l'intérêt s'évanouit et les trois actes, malgré leur mouvement — j'entends le mouvement dans le vieux sens théâtral du mot - paraissent démesurément longs. Faire graviter une comédie autour des travers, subtilement analysés, d'un bonhomme, en donnant nettement aux spectateurs, malgré l'apparence synthétique du titre, l'impression qu'il s'agit d'une nature particulière (espérons-le!) peut être d'un écrivain ingénieux, mais non d'un homme de théâtre.

Seuls nous passionnent les caractères dans lesquels nous nous retrouvons nous-mêmes, soit qu'ils soient étudiés sur nature comme dans le théâtre vivant dont parle Jean Jullien et qu'il réalise avec intensité, soit que nous y retrouvions, sous la fiction des symboles, les sentiments qui nous agitent.

Le théâtre de M. Jules Lemaitre de Forges n'est inspiré ni par l'une ni par l'autre de ces conceptions de l'art dramatique. C'est, avec de l'à-propos, du brio et de la malice, avec, parfois, une analyse plus fine et une pointe de sentiment, la banalité du théâtre courant. Les petits trucs usités, les recettes connues, les effets en honneur depuis un demi-siècle et qui ont fait la fortune des comédies contemporaines, sont soigneusement colligés et mis en œuvre. Aucune nouveauté, si ce n'est la psychologie un peu outrée du personnage d'avant-plan, aucune observation inédite ne mettent l'Age difficile au-dessus d'une pièce quelconque du répertoire. Et ce ne sont pas les quelques mots d'argot introduits par l'auteur, les quelques grivoiseries, habilement escamotées au moment où le public s'attend à des témérités excessives, qui peuvent rajeunir un art vieillot, mûr pour les coupes prochaines. L'Age difficile est bien monté par M. Alhaiza et joué avec talent par MM. Coquet, Albert Bras, Lecointe et Mmes Anna Parys, Blanche Marcel et Lucy Wilhem.

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de tableaux et d'études aux colorations chatoyantes, parmi lesquels quelques pages de réelle valeur, - abstraction faite de l'intérêt ethnographique que présentent toutes les toiles du jeune artiste, rivé pour l'instant aux sites, aux cortèges, aux mœurs et aux divertissements de l'extrême Orient. Il y a, dans ses paysages, une sincérité de bon aloi qui attire et retient; et le soleil qui illumine ses prairies aux tons smaragdins, ses pagodes, ses coteaux boisés, ses intérieurs et ses panoramas, reflète avec intensité la lumière éblouissante du pays des Rajahs.

A côté de M. Van Strydonck, MM. Tiffany, de New-York, exposent une série de verres aux formes de tulipes, aux tons de pierres rares, d'agate et d'aigue-marine. Des vitraux, composés de verres d'une matière admirable, semés de cabochons aux nuances raffinées, des mosaïques de verre irisées, opalisées, inattendues en leurs colorations magiques, complètent cette curieuse exhibition, l'une des plus imprévues qu'on ait organisées en Belgique. Il y a, dans cette réunion de verres aux chatoiements de métal, un élément artistique de premier ordre qui n'échappera pas aux connaisseurs.

Conférence du Sar Peladan.

Samedi prochain, 23 mars, à 9 heures du soir très précises, aura lieu à LA TOISON D'OR, 56, avenue de la Toison d'Or, dans la maison d'Art que le public bruxellois s'est accoutumé à connaitre et à apprécier, une conférence du SAR PELADAN Sur les Femmes.

C'est la première solennité de ce genre que la nouvelle institution esthétique organise.

La conférence aura lieu à bureaux fermés, dans la salle d'audition du premier étage et la galerie qui la précède. Le nombre des places étant limitées, elles seront réservées aux premiers souscripteurs. Le prix est de 3 francs. Les demandes doivent être adressées avant jeudi à la direction.

D'autres fêtes artistiques du même genre suivront, la Maison d'Art étant résolue à réaliser en dehors de ses expositions, cette partie importante de son programme un centre permanent de réceptions, de lecture, de concerts pour l'élite des esthètes.

THEATRE DES GALERIES

Les Forains.

Les Satimbanques ou Les femmes aiment à être battues, tel eût été le titre de cette « moralité » en trois actes si ses parrains, MM. Maxime Boucheron, Antony Mars et Louis Varney, eussent vécu à l'époque où toute pièce qui se respectait recevait, pour le moins, deux noms de baptême.

Le belle Olympia, la femme Hercule, a la nostalgie de la force. Le pauvre petit dompteur de fauves qu'elle vient d'épouser lui parait pitoyable lorsqu'elle s'aperçoit que ses lions et ses tigres n'ont guère plus de férocité que s'ils étaient déjà tannés et apprêtés en descentes de lit. Survient un athlète amateur dont les muscles de fer, exercés aux jeux sportifs du Cirque Molier, triomphent des formidables biceps du père Toulouse. Enflammée, Olympia n'hésite pas à suivre le « tombeau des lutteurs » sur les champs de foire où il monte, avec des camarades du club, masqués comme lui, le « Théâtre des Apollons ». Mais la roulotte est vertueuse, et Olympia reste fidèle à ses devoirs. Le troisième acte la ramème à son mari qui a l'heureuse inspiration de la gifler pour se faire adorer d'elle.

Ce vaudeville, agrémenté de quelques couplets et d'une réjouissante imitation de la musique foraine, est, avant tout, un prétexte à mise en scène. Les luttes, le bal de noces chez le père Toulouse, la parade des « Apollons », etc. fournissent des épisodes pittoresques et animés qui font oublier les longueurs du livret.

Montée par M. Maugé avec des soins particuliers et un réalisme rarement atteint, la pièce est remarquablement jouée par la troupe des Galeries, au premier rang de laquelle se détachent Mme Montbazon, aussi agréable à lorgner qu'à entendre, MM. Riga, Leroux, Lespinasse, Mmes Lemaire et Landon.

PETITE CHRONIQUE

« Pour être un acteur d'aujourd'hui » tel est le titre que donne M Lugné-Poe, le directeur du Théâtre de l'OEuvre et le distingué comédien que Bruxelles a fréquemment applaudi, à la conference qu'il fera mardi prochain, 19 courant, à 2 heures et demie précises, au Salon de la Libre Esthétique.

Le deuxième concert donné au Salon de la Libre Esthétique par MM. Marchot, Van Hout, Jacob et Ysaye aura lieu jeudi prochain. 21 courant, à 2 heures et demie précises, avec le concours de M. Zimmer, violoniste, et du Cercle choral « Pro Arte >> (45 exécutants), dirigé par MM. Léonard et Closson. Au programme le Quatuor à cordes d'Ed. Lalo, le 1er Quatuor pour piano et cordes de G. Fauré, l'ode A la Musique de Chabrier et des chœurs de Sokolow. M. J. Jacob se fera entendre comme soliste dans deux œuvres de sa composition. Prix des places réservées : 5 francs. Entrée : 3 francs.

LA LIBRE ESTHÉTIQUE. 3me liste d'acquisitions :

C. MEUNIER. Cheval de mine (aquarelle).- Briqueterie (id.).
G. VOGELS. L'Inondation.

X. MELLERY. L'âme des choses: Béguinage de Bruges.
C.-R. ASHBEE. Collier (argent).

DAUM FRERES. Clématites mauves (verre intaillé et ciselé). SOCIÉTÉ ANONYME L'ART. Cruche (étain) 3 exemplaires. - Cafetière, tasse. bol (poterie). Buste d'enfant d'après Donatello (céramique de Virginal). Vase (id.). Service de toilette émaux gros vert (14 pièces).

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HERMANN PAUL. La Vie de Madame Quelconque (2 cx.).

UNIVERSITÉ NOUVELLE. Institut des hautes études : Lundi, 18 mars, à 8 heures du soir, M. Elie Reclus: La philosophie des mythes, 14 leçon; Mardi, 19 mars, à 8 heures du soir, M. Tito Zanardelli Cours de langue espagnole. Se leçon. Mercredi, 20 mars, à 8 heures du soir, M. van de Velde: Les Arts industriels et d'ornementation, 18e leçon; le même soir, M. de Paepe Chimie industrielle, 7e leçon. Samedi, 23 mars, à 8 heures du cuir, M. Elisée Reelus: Géographie, 19° leçon.

M. Henri La Fontaine fera mardi procbain, à 8 1/2 heures du soir, à la Section d'art de la Maison du Peuple, une conférence sur les Instruments à cordes pincées et frappées.

M. Gustave Kefer exécutera au clavecin des œuvres de Raick, de Trazegnies, de Scarlatti, de Mozart, et, au piano forte de l'époque, une Bagatelle et Rondo de Beethoven. M. Van Begin, ténor, chantera quelques vieilles chansons populaires flamandes et françaises recueillies par Van Wilder et Weckerlin.

La troisième séance de musique de chambre donnée par Mile Derscheid avec le concours de MM. Colyns, Ed. Jacobs et Poncelet, professeurs au Conservatoire, aura lieu jeudi prochain, 21 courant, à 8 heures, à la Grande Harmonie. Au programme : le trio (op. 15) de Smetana (1re audition), le trio (op. 29) de Vincent d'Indy et le trio (op. 32) d'Arensky (1re audition). Billets chez MM. Schott frères, 82, montagne de la Cour.

Mme Camille Van Mulders-Triest, MM. Emile Van Doren et Herman Richir exposeront quelques-unes de leurs œuvres au Cercle

artistique du 18 au 27 mars. L'ouverture aura lieu demain, lundi, à 2 heures.

Mme Theroine-Mège, pianiste, donnera une soirée musicale à la Grande Harmonie, le vendredi 29 courant, à 8 1/2 heures, avec le concours de Mile Rachel Neyt, cantatrice, et de M. Zimmer, violoniste. On peut dès à présent se procurer des cartes chez les éditeurs de musique.

Sur l'initiative d'un comité composé d'artistes MM. Auguste Donnay, Emile Berchmans, François Henrijean, Sylvain Dupuis, Armand Rassenfosse et Gustave Serrurier une exposition fort intéressante s'ouvrira à Liége, sous le titre « L'Oeuvre artistique », dans les premiers jours de mai.

On y admirera les plus récentes productions de l'art appliqué car peinture et sculpture seront exclues et chaque œuvre témoignera de la préoccupation généreuse de l'art d'aujourd'hui, qui est d'instaurer la beauté dans les choses de la vie.

Ouverte à tous, visible moyennant une entrée fort modique, cette exhibition sera une entreprise hautement louable et digne de tous les encouragements. Son but est de montrer à tous le réconfortant spectacle d'œuvres pures et logiques. Ce sera, à Liége, une façon de Libre Esthétique, restreinte aux industries d'art.

On cite, parmi les exposants, au nombre de quatre-vingts: Burne Jones, Walter Crane, William Morris, Selwyn Image, Puvis de Chavannes, Grasset, Charpentier, Carabin, Delaherche, H. de Toulouse-Lautrec, Van der Stappen, Paul Du Bois, Georges Morren, Omer Coppens, Pierre Wolfers, etc.

Des conférences et des concerts seront organisés au cours de l'Exposition. Parmi les hommes de lettres qui occuperont la tribune, M. Maurice Barrès a dès à présent promis son concours. La partie musicale est confiée à M. Sylvain Dupuis qui fera entendre pour la première fois à « l'OEuvre artistique » le Choral mixte qu'il vient de former.

Bref, il y a là un excellent exemple de décentralisation et de propagande à encourager et à imiter.

Une nouvelle audition de la Messe en ré de Beethoven sera donnée à Liége le samedi 23 mars, à 8 heures du soir. La Messe solennelle sera, comme précédemment, exécutée par le remarquable ensemble choral et instrumental réuni et dirigé par M. Sylvain Dupuis et par un quatuor allemand composé de Miles Wilhelmy, soprano, Klopfenburg, alto, MM. Litzinger, ténor, et Fenten, basse.

Les sœurs Ruegger, toutes trois élèves du Conservatoire de Bruxelles, viennent de donner en Allemagne et en Suisse une série de concerts qui leur ont valu d'éclatants succès. Les journaux sont unanimes à louer l'intelligence musicale et le mécanisme déjà très développé de ces jeunes artistes. Ils citent spécialement la plus jeune, Elsa, qui, à 13 ans, est une violoncelliste de sérieuse valeur. On se souvient de la vive admiration que provoqua le concours qui l'a mise en lumière. Elle a fait grandement honneur, en cette tournée artistique qui comprenait Strasbourg, Lucerne, Saint-Gall, Berne, Soleure, etc., à son professeur, M. Edouard Jacobs.

Il est question d'élever un monument à André Van Hasselt. Le comité organisateur sera constitué mercredi prochain par l'assemblée préparatoire qui se réunira chez la fille du poète, Mme Ernestine Van Hasselt.

L'opéra de César Franck, Hulda, vient d'être représenté à l'Opéra français de La Haye avec un très grand succès.

Souhaitons que l'exemple de l'étranger stimule le zèle de notre Opéra et que la mémoire de César Franek obtienne enfin les satisfactions dues aux mérites de ce grand et puissant musicien.

Nous apprenons que MM. Stoumon et Calabresi sont partis hier pour La Haye, afin d'assister à la deuxième représentation de Hulda. Ceci est de bon augure.

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