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diacres du Christ, et les évêques s'appelaient prêtres. Même aujourd'hui, beaucoup d'évêques écrivent à leur collègue prêtre, à leur collègue diacre. » Dans la onzième homélie sur la première épître de saint Paul à Timothée, où, après avoir donné des conseils aux évêques sans mentionner les prêtres, saint Paul passe immédiatement aux diacres, le saint docteur fait observer que les prêtres ne sont pas nommés, parce qu'ils font corps commun avec les évêques, « ceux-ci ne leur étant supérieurs que par l'imposition des mains. »

Cette affinité intime entre le corps des prêtres et l'épiscopat ne détruit pas la distinction des ordres hiérarchiques, comme l'ont prétendu les anciens ariens et les modernes puritains; elle ne diminue pas davantage la prééminence des évêques sur les prêtres, prééminence dont personne n'a parlé si souvent, si lumineusement et avec tant d'autorité que le martyr

saint Ignace dans ses lettres; toutefois deux vérités

restent solidement démontrées d'abord (I, à Tim., v, 17), que « les prêtres qui dirigent les autres doi<< vent être réputés doublement dignes d'honneur, <«< surtout ceux qui portent le fardeau de la parole « et de l'enseignement; » en second lieu, que les prêtres subordonnés aux évêques, partagent avec les évêques le droit de défendre la religion, d'éclairer la vérité de l'Evangile si elle est obscurcie, et d'en exposer le sens s'il est altéré.

N'était-ce pas un prêtre que saint Justin, l'éloquent auteur des Apologies chrétiennes? N'était-ce pas un prêtre que Tertullien, le vengeur et le défenseur de la cause catholique, avant de tomber dans les erreurs montanistes ? N'était-ce pas un prêtre que saint Clément d'Alexandrie, le savant dépositaire des traditions chrétiennes? Et Adamance, la merveille du monde chrétien? Et saint Jérôme qui, tirant la lumière du soleil de l'Église, la réfléchit avec tant d'éclat dans le sein de l'Église? N'étaient-ce pas

des prêtres, toujours restés au deuxième degré de la hiérarchie, qu'un Cassiodore, un Alcuin, un Pierre de Blaye, un Bernard, un Alexandre d'Alès, un Thomas d'Aquin, un Jean Scot, un François Suarez, et tant d'autres dont les travaux et les études ont si hautement servi la cause catholique? Les exemples sont innombrables; mais il est inutile d'en donner d'autres, tant la chose est évidente.

Que les évêques soient donc ceux à qui se rapporte l'oracle du Sauveur (Mathieu, XXVIII, 18) « Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur << la terre. Allez, enseignez à toutes les nations. >> Que les évêques soient ceux que, préférablement aux autres et sur les autres, le Christ a investis de sa céleste mission en disant (Jean, xx, 21): « Comme « mon Père m'a envoyé, je vous envoie. » Que les évêques soient ceux que saint Paul avait surtout en vue par ces paroles (Actes. xx, 28): « Soyez attentifs

« sur vous-mêmes et sur tout le troupeau; l'Esprit

« Saint vous a institués évêques pour conduire l'É

<< glise de Dieu, acquise au prix du sang du << Christ. >>

Que les évêques soient ceux à qui l'apôtre s'adresse spécialement quand il dit (II, à Tim., IV, 2) : « Prêche «la parole, insiste opportunément, importunément, « blâme, supplie, reprends avec toute patience et « foi. » Que les évêques soient ceux qui sont appelés << particulièrement (id. II, 16-17) les hommes de « Dieu,» lesquels doivent être aptes « à prêcher, « à reprendre, à corriger, à enseigner dans la jus«<tice, » et qui, élevés « au sommet du sacerdoce,>> comme dit Innocent Ier, ont une chaire dans l'Église et de cette chaire annoncent l'Évangile de paix. Enfin, que l'évêque des évêques, le Pontife romain, soit celui à qui se rapportent particulièrement les paroles du Seigneur (Mathieu, xvI, 18; coll. Luc, xxII, 32, Jean XXI, 17-18): « Sur cette pierre, je bâtirai mon

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On ne pourrait, par conséquent, faire un crime à un prêtre catholique, si, en montrant le respect voulu à l'égard du premier ordre de la hiérarchie dont le Pontife romain est le suprême modérateur, il s'efforce d'écarter les difficultés survenues en matière religieuse, ou si, des discordes venant par malheur à se produire, il cherche à les apaiser et à ramener la paix.

Les paroles ci-après de Salvien de Marseille, au livre II de son ouvrage, ne doivent jamais s'effacer de notre esprit : « Rien n'est si honteux que de se prévaloir d'un rang élevé et d'être méprisable par la bassesse de caractère. Qu'est-ce que la prééminence sans la supériorité des mérites, sinon un titre sans la personne ? Qu'est-ce que la dignité chez l'indigne, sinon un ornement dans la fange? Tous ceux qui occupent un poste plus élevé sur les marches de

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