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DE L'OBLIGATION

POUR

LE PAPE

ÉVÊQUE DE ROME

DE RESTER DANS CETTE VILLE, QUOIQUE ELLE DEVIENNE LA CAPITALE DU ROYAUME ITALIEN

I. Depuis l'an 42 de l'ère chrétienne, Rome est historiquement le siége de saint Pierre, et dogmatiquement le centre vivant et parlant du Christianisme. Par conséquent la translation, même temporaire, de ce siége et de ce centre est un fait qui doit sérieusement occuper tout croyant. Les bons et les mauvais conseils entrent dans toutes les cours. Quel conseil suivra donc Pie IX si le Capitole devient le point culminant de la nationalité italienne ?

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11. Si nous ne consultions que l'histoire, nous dirions que les actes les plus héroïques de Pie VI et de Pie VII ont été la résistance opposée par le premier, le 20 février 1798, à Cervoni et à Berthier,

et par le second, dans la nuit du 5 juillet 1809, à Miollis et à Radet, pour ne pas se laisser arracher de leur siége pontifical.

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III. Loin de fuir, Pie VI répondait : « Vous << pouvez user de la force puisque vous l'avez en « main, mais sachez bien que si vous avez mon corps «<en votre pouvoir, vous n'avez pas également mon «< âme... Il ajoutait : « Je ne puis résister à la « force, mais je veux faire savoir au monde que je n'ai abandonné mon troupeau que par force. IV. La scène nocturne du 5 juillet, décrite par Botta dans le vingt-quatrième chapitre de son histoire, est plus tragique. Mais, laissant de côté la partie tragique, nous insisterons sur ce point que les deux Pontifes n'abandonnaient leur troupeau que par force.

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V. Est-ce là une preuve? Oui, c'est une preuve intrinsèque, déduite du devoir des pasteurs de ne pas abandonner leur troupeau à moins d'y être forcés; du devoir suprême, par conséquent pour le pasteur suprême, non d'avoir une résidence quelconque, mais de résider personnellement au Vatican ou dans la ville éternelle. Ce n'est pas nous qui affirmons cela, mais c'est ce qu'affirment à notre place avec une juste liberté et une plus grande autorité, deux écrivains illustres, Luc Olstenius et Pallavicini. VI. Du temps d'Alexandre VII, on avait déjà posé la question de savoir, non pas si le Pape pouvait abandonner Rome, mais s'il devait rester au Vatican près du tombeau de saint Pierre, ou s'il était libre d'habiter toute autre partie de la ville, le Qui

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rinal, par exemple. Les courtisans soutenaient que le Pape était libre; de graves théologiens, qui n'étaient pas courtisans, soutenaient qu'il devait rester au Vatican. Alexandre VII confia l'examen de cette question, non pas à ses maîtres des cérémonies, mais à deux maîtres respectés, Pallavicini et Olstenius.

VII. Le cardinal Pallavicini se prononça pour l'opinion des courtisans. Il commence cependant par mettre hors de cause le précepte divin de la résidence personnelle, plus grave pour le Pape que pour tout autre, et il s'exprime ainsi : « Quoiqu'à mon avis, «< ce précepte soit plutôt divin que purement ecclé« si stique, et que le Pape puisse s'en affranchir plus <«< difficilement que les autres évêques, soit à cause « du scandale, soit à cause des inconvénients plus ⚫ graves résultant pour la chrétienté de l'absence du Pape de son siége romain, je pense toutefois que « le précepte de la résidence n'astreint pas à autre « chose qu'à résider dans le diocèse comme l'a décidé « le concile de Trente. >>

Pallavicini ajoute: « Le précepte de la résidence « est fondé par le concile de Trente sur les comman<< dements divins inscrits dans l'Écriture, de faire

paître le troupeau chrétien, de le gouverner, de « l'assister, et non de le laisser aux soins des merce« naires. »

VIII. - Ici, observons trois choses: 1° le précepte divin qui, à cause du pontificat suprême, lie plus étroitement le Pape que tout autre évêque; 2o la conclusion de Pallavicini, que le Pape peut satisfaire

au précepte divin de la résidence, dans quelque partie de Rome que ce soit ; 3° le jugement d'Olstenius, qui, invoquant les anciens canons, trouve erronée l'interprétation de Pallavicini. « On voit par là (con« clut Olstenius), que l'explication donnée au décret « du concile de Trente, lequel n'astreindrait les évê<«< ques qu'à résider dans leur diocèse, est absolu<«<ment contraire aux anciens canons. » Lesquels canons ont dit véritablement: près de l'Église, et non loin de l'Église (prope ecclesiam, non longe ab ecclesia). D'où il résulte clairement qu'Olstenius a établi l'obligation pour le Souverain-Pontife de résider au Vatican, c'est-à-dire près de l'Église de saint Pierre.

IX.-L'éditeur des deux dissertations fut FrançoisAntoine Zaccharie; elles portent la date de Rome, 1776. En les comparant, Zaccharie loue dans Pallavicini la netteté et l'élégance du style, soutenues par un raisonnement ingénieux et populaire; mais il admire dans Olstenius l'érudition bien connue de cet écrivain, soutenue par un esprit de religion antique, et beaucoup de choses auxquelles fort peu de gens seraient capables de penser.

X. Un esprit de religion antique. Et, en effet, après avoir mis de côté les raisons de santé opposées par Pallavicini, Olstenius commence ex abrupto : « Pour dire franchement mon avis comme on me l'a « demandé, je déclare laisser de côté les considéra<tions extérieures appartenant aux médecins, pour << m'attacher seulement à l'obligation et à la conve«nance de la charge pontificale, quam non carni,

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