Bulletin de la Société d'études historiques, scientifiques, artistiques, et littéraires des Haute-Alpes

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Page 9 - Enfin, après dix heures des souffrances les plus cruelles, le jour arriva. Quel spectacle s'offrit à nos regards! Dix ou douze malheureux, ayant les extrémités inférieures engagées dans les séparations que laissaient entre elles les pièces du radeau, n'avaient pu se dégager, et y avaient perdu la vie, plusieurs autres avaient été enlevés du radeau par la violence de la mer, en sorte qu'au matin nous étions déjà vingt de moins.
Page 14 - La vue de ce bâtiment répandit parmi nous une allégresse difficile à dépeindre; chacun de nous croyait son salut certain, et nous rendîmes à Dieu mille actions de grâces. Cependant des craintes venaient se mêler à nos espérances; nous redressâmes des cercles de barrique, aux extrémités desquels nous fixâmes des mouchoirs de différentes couleurs.
Page 22 - Mémoire sur les projets de docks, de canaux maritimes et d'un port militaire et marchand à construire dans la ville de Marseille.
Page 13 - T avait endurci nos cœurs devenus insensibles à aucun autre sentiment qu'à celui de notre conservation. Trois matelots et un soldat se chargèrent de cette cruelle exécution ; nous détournâmes les yeux , et nous versâmes des larmes de sang sur le sort de ces infortunés. Ce sacrifice pénible sauva les quinze qui restaient.
Page 14 - Nous cherchâmes aussi à nous désaltérer en buvant de l'eau de mer ; ce moyen ne diminuait la soif que pour la rendre plus vive le moment d'après. « Trois jours se passèrent ainsi dans des angoisses inexprimables. Nous méprisions tellement la vie, que plusieurs d'entre nous ne craignirent pas de se baigner à la vue des requins qui entouraient notre radeau.
Page 12 - Nous n'avions plus de vin que pour quatre jours, et il nous restait à peine une douzaine de poissons. « Dans quatre jours, disions-nous, nous manquerons de tout, et la mort sera inévitable. » « II y avait sept jours que nous étions abandonnés.
Page 8 - ... soldats se livrèrent au désespoir; tous voyaient leur perte infaillible et annonçaient par leurs plaintes les sombres pensées qui les agitaient. Nos discours furent d'abord inutiles , pour calmer leurs craintes que nous partagions cependant avec eux , mais qu'une plus grande force de caractère nous faisait dissimuler; enfin une contenance ferme, des propos consolans parvinrent peu à peu à les calmer , mais ne purent entièrement dissiper la terreur dont ils étaient frappés.
Page 10 - Ainsi excités , ces hommes devenus sourds à la voix de la raison , voulurent entraîner dans leur perte celle de leurs compagnons d'infortune; ils manifestèrent hautement l'intention de se défaire des chefs qui , disaientils , voulaient mettre obstacle à leur dessein , et détruire ensuite le radeau , en coupant les amarrages qui en unissaient les différentes parties. Un instant après...
Page 13 - L'habitude de voir la mort prête à fondre sur nous, le désespoir, la certitude de notre perte infaillible sans ce fatal expédient, tout, en un mot, avait endurci nos cœurs devenus insensibles à tout autre sentiment qu'à celui de notre conservation. « Trois matelots se chargèrent de cette cruelle exécution.
Page 15 - La joie était peinte sur son visage; ses mains étaient élendues vers la mer; il respirait à peine. Tout ce qu'il put dire, ce fut : Sauvés! voilà le brick qui est sur nous ! et il était en effet tout au plus à une demi-lieue, ayant toutes ses voiles dehors et gouvernant à venir passer extrêmement près de nous. Nous sortîmes de dessous notre tente...

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