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l'artillerie. Les Polonais montrent la meilleure volonté, mais jusqu'à la Vistule ce pays est difficile, il y a beaucoup de sables. Pour la première fois, la Vistule voit l'aigle gauloise.

L'Empereur a desiré que le Roi de Hollande retournât dans son royaume, pour veiller lui-même à sa défense.

Le Roi de Hollande a fait prendre possession du Hanovre par le corps du maréchal Mortier. Les aigles prussiennes et les armes électorales en ont été ôtées ensemble.

TRENTE-TROISIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Berlin, le 17 novembre 1806.

La suspension d'armes ci-jointe a été signée hier à Charlottenbourg. La saison se trouvant avancée, cette suspension d'armes asseoit les quartiers de l'armée. Partie de la Pologne prussienne se trouve ainsi occupée par l'armée française, et partie est neutre.

S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, et sa majesté le Roi de Prusse, en conséquence des négociations ouvertes depuis le 23 octobre dernier pour le rétablissement de la paix si malheureusement altérée entre elles, ont jugé nécessaire de convenir d'une suspension d'armes, et à cet effet, elles ont nommé pour leurs plénipotentiaires, savoir: S. M. l'Empereur des Français Roi d'Italie, le général de division Michel Duroc, grand-cordon de la Légion d'honneur, chevalier des Ordres de l'Aigle-noire et de l'Aigle-rouge de Prusse, et de la Fidélité de Bade, et grand-maréchal du palais impérial; et S. M. le Roi de Prusse, le marquis de Lucchesini, son ministre d'Etat, chambellan et chevalier des ordres de l'Aigle-noire et de l'Aigle-rouge de Prusse, et le général Frédéric-Guillaume de Zastrow, chef d'un régiment et inspecteur-général d'infanterie et chevalier des ordres de l'Aigle-rouge et pour le mérite; lesquels, après avoir échangé leurs pleins - pouvoirs, sont convenus des articles suivans:

Art. I. Les troupes de S. M. le Roi de Prusse, qui se

trouvent aujourd'hui sur la rive droite de la Vistule, se réuniront à Kœnisberg et dans la Prusse royale depuis la rive droite de la Vistule.

II. Les troupes de S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, occuperont la partie de la Prusse méridionale qui se trouve sur la rive droite de la Vistule jusqu'à l'embouchure du Bug, Thorn, la forteresse et la ville de Graudentz, la ville et la citadelle de Dantzick, les places de Colberg et de Lenczyc, qui leur seront remises pour sûreté; et en Silésie, les places de Glogau et de Breslaw avec la portion de cette province qui se trouve sur la rive droite de l'Oder, et la partie de celle située sur la rive gauche de la même rivière, qui aura pour limite une ligne appuyée à cette rivière, à cinq lieues au-dessus de Breslaw, passant à Ohlau, Zobsen, à trois lieues derrière Schweidnitz, et sans le comprendre, et de là à Freyburg, Landshut et joignant la Bohème à Liebau.

III. Les autres parties de la Prusse orientale ou nouvelle Prusse orientale, ne seront occupées par aucune des armées, soit françaises, soit prussiennes ou russes, et si des troupes russes s'y trouvaient, S. M. le Roi de Prusse s'engage à les faire rétrograder jusques sur leur territoire ; comme aussi de ne pas recevoir des troupes de cette puissance dans ses Etats pendant tout le temps que durera la présente suspension d'armes.

IV. Les places de Hameln et Nienbourg, ainsi que celles désignées dans l'article II, seront remises aux troupes françaises avec leurs armemens et munitions, dont il sera dressé un inventaire dans les huit jours qui suivront l'échange des ratifications de la présente suspension d'armes. Les garnisons de ces places ne seront point prisonnières de guerre; elles seront dirigées sur Koenigsberg, et on leur donnera à cet effet toutes les facilités nécessaires.

V. Les négociations seront continuées à Charlottenbourg, et si la paix ne devait pas s'en suivre, les deux hautes parties contractantes s'engagent à ne reprendre les hostilités qu'après s'en être réciproquement prévenues dix jours d'a

vance.

VI. La présente suspension d'armes sera ratifiée par les deux hautes puissances contractantes, et l'échange des ratifications aura lieu à Graudentz, au plus tard le 21 dú présent mois.

En foi de quoi, les plénipotentiaires soussignés ont signé le présent, et y ont apposé leurs sceaux respectifs, Fait à Charlottenbourg, ce 16 novembre 1806.

Signés, DUROC, LUCCHESINI, ZASTROW.

Nota. Nous insérons ici à leur date les pièces officielles suivantes : Berlin, le 9 novembre 1806.

L'Empereur a passé en revue aujourd'hui la division du généra! Marchand, qui fait partie du corps du maréchal Ney.

S. M. a reçu, au retour de la parade, MM. les sénateurs François (de Neufchâteau), d'Aremberg et Colchen, composant la députation du Sénat.

M. François (de Neufchâteau), après avoir porté la parole au nom du Sénat, a fait lecture du décret et de l'adresse ci-après.

EXTRAIT des registres du Sénat-conservateur, du mardi 14 octobre 1806.

Le Sénat-conservateur réuni au nombre de membres prescrit par l'article XC de l'acte des constitutions de l'an 8; Délibérant sur le message de S. M. l'Empereur et Roi, daté du quartier impérial à Bamberg, le 7 octobre 1806; ledit message transmis au Sénat, dans la séance de ce jour, par S. A. S. le prince archi-chancelier de l'Empire;

Délibérant pareillement sur les communications qui lui ont été faites dans la même séance, par le prince archichancelier de l'Empire, au nom de S. M. l'Empereur et Roi;

Après avoir entendu le rapport de sa commission spéciale, nommée dans ladite séance,

Décrète ce qui suit:

Art. Ier. Une députation de trois membres se rendra auprès de S. M. l'Empereur et Roi, et lui offrira l'hommage du dévouement du Sénat et du Peuple Français, à la juste cause qu'il est devenu nécessaire de défendre par les armes. II. La députation présentera à S. M. l'adresse dont la te

neur suit:

ADRESSE du Sénat à l'Empereur et Roi.

SIRE,

« Le Sénat s'empresse d'exprimer à Votre Majesté Impériale et Royale tous les sentimens que lui inspire le message qu'il vient de recevoir de Votre Majesté.

>> Cet acte à jamais mémorable, Sire, est un témoignage bien éclatant de la magnanimité de Votre Majesté Impériale. Qui sait mieux que le Sénat tout ce que Votre Majesté a fait pour ne pas reprendre les armes qu'elle avait déposées sur l'autel de la Concorde ?

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» En croyant à la paix continentale, parce que vous la desiriez vivement, Sire, et parce qu'elle était nécessaire à l'Europe, vous avez ajouté à votre gloire militaire, qui ne peut plus s'accroître, un nouveau genre de gloire qui ne sera pas moins durable.

» L'histoire, Sire, consacrera cette modération généreuse de Votre Majesté, qui n'a voulu user de l'ascendant de sa renommée, et de toutes les ressources de sa haute prévoyance, que pour concilier les véritables intérêts des nations étrangères avec ceux de la France et de ses alliés.

» Le vœu du Sénat et du Peuple français, Sire, est le même que le vœu de V. M. Impériale et Royale; celui de la justice, de la gloire nationale et de l'humanité.

» Jamais le dévouement du Grand-Peuple ne s'est manifesté avec autant d'éclat. Les pères envient la noble destinée de cette jeunesse belliqueuse, qui se précipite vers les camps de Votre Majesté, et qui brûle de mériter dans les rangs des vainqueurs de Marengo et d'Austerlitz, un regard de son Empereur.

» Il n'est aucun Français qui ne soit convaincu, Sire, que Votre Majesté n'élève trophée sur trophée, que pour donner à notre patrie toute la prospérité qu'elle a droit d'attendre de son territoire et de son industrie, pour dé-, fendre vos alliés fidèles, pour garantir de toule atteinte ces antiques bannières que vos illustres confédérés se sont empressés de réunir à vos étendards, et pour assurer à l'Europe cette organisation que réclamaient le bonheur des peuples, ainsi que la sureté et l'indépendance des puissances

neutres.

» Le Sénat n'a pu lire sans attendrissement ces paroles de Votre Majesté :

<< Notre cœur est péniblement affecté de cette prépondé»rance constante qu'obtient en Europe le génie du mal, occupé sans cesse à traverser les desseins que nous for>mons pour la tranquillité de l'Europe, le repos et le bonheur de la génération présente; assiégeant tous les cabi»nels par tous les genres de séduction, égarant ce qu'il n'a pu corrompre, les aveuglant sur leurs véritables intérêts, et les lançant au milieu des partis, sans autres » guides que les passions qu'il a su leur inspirer.

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« Sire, malgré tous ces efforts, l'Europe obtiendra cet état prospère, l'objet constant des soins de Votre Majesté.

Quelle puissance pourrait résister à la valeur des Français, à celle de tous ces peuples que vous conduisez à la victoire, et à ce génie incomparable du plus grand des capitaines, qui, variant ses plans, suivant les saisons, les hommes et les lieux, crée pour chaque nouvelle entreprise un nouvel art de la guerre, accroît toutes les forces par la science des combinaisons, multiplie tous les instans par la volonté de n'en perdre aucun, abrége les distances par la précision des marches, menace tous les points, excepté celui qu'il a résolu d'attaquer, ne laisse entrevoir ses projets que lorsqu'il n'est plus possible de les prévenir, contraint ses ennemis, par la nature de ses positions, à se placer eux-mêmes à l'endroit qu'ils doivent illustrer par leur défaite, les oblige à recevoir une bataille où ils peuvent tout perdre sans espérer des avantages proportionnés à leurs

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