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tous ses sacs, et beaucoup de morts. Toutes les colonnes ennemies se retirèrent sur Ostrolenka.

Le général Fenerolle, commandant une brigade de dragons, fut tué d'un boulet. L'intrépide général Rapp, aidede camp de l'Empereur, a été blessé d'un coup de fusil à la tête de sa division de dragons. Le colonel Sémélé, du brave 24 de ligne, a été blessé. Le maréchal Augereau a eu un cheval tué sous lui.

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Cependant le maréchal Soult avec son corps d'armée était déjà arrivé à Molati, à deux lieues de Makow; mais les horribles boues, suite des pluies et du dégel, arrêtèrent sa marche et sauvèrent l'armée russe, dont pas un seul homme n'eût échappé sans cet accident. Les destins de l'armée de Benigsen et de celle de Buxhowden devaient se terminer en-deçà de la petite rivière d'Orcye; mais tous les mouvemens ont été contrariés par l'effet du dégel, au point que l'artillerie a mis jusqu'à deux jours pour faire trois lieues. Toutes fois l'armée russe a perdu 80 pièces de canon, tous ses caissons, plus de 1200 voitures de bagages et 12000 hommes tués, blessés ou fait prisonniers. Les mouvemens des colonnes françaises et russes seront un objet de curiosité pour les militaires, lorsqu'il seront tracés sur la carte. On y verra à combien peu il a tenu que toute cette armée ne fût prise et anéantie en peu de jours: et cela par l'effet d'une seule faute du général russe.

Nous avons perdu 800 hommes tués, et nous avons eu 2000 blessés. Maître d'une grande partie de l'artillerie ennemie, de toutes les positions ennemies, ayant repoussé T'ennemi à plus de 40 lieues, l'Empereur a mis son armée en quartier d'hiver.

Avant cette expédition, les officiers russes disaient qu'ils avaient 150,000 hommes; aujourd'hui ils prétendent n'en avoir eu que la moitié. Qui croire des officiers russes avant la bataille, ou des officiers russes après la bataille ?

La Perse et la Porte ont déclaré la guerre à la Russie. Michelson attaque la Porte. Ces deux grands Empires, voisins de la Russie, sont tourmentés par la politique fallacieuse du cabinet de Saint-Pétersbourg, qui agit depuis dix ans

chez eux comme elle a fait pendant cinquante ans en Pologne.

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M. Philippe Ségur, maréchal-des-logis de la maison de l'Empereur se rendant à Nasielsk, est tombé dans une embuscade de cosaques, qui s'étaient placés dans une maison du bois qui se trouve derrière Nasielsk. Il en a tué deux de sa main, mais il a été fait prisonnier.

L'Empereur l'a fait réclamer, mais le général russe l'avait sur-le-champ dirigé sur Saint-Pétersbourg.

QUARANTE-HUITIEME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Warsovie, le 3 janvier 1807.

Le maréchal Corbineau, aide-de-camp de l'Empereur, est parti de Pultusk avec trois régimens de cavalerie légère, pour se mettre à la suite de l'ennemi. Il est arrivé le 1er. janvier à Ostrowiec, après avoir occupé Brock. Il a ramassé 400 prisonniers, plusieurs officiers et plusieurs voitures de bagages.

Le maréchal Soult, ayant sous ses ordres les trois brigades de cavalerie légère de la division Lasalle, borde la petite rivière d'Orcye, pour mettre à couvert les cantonnemens de l'armée. Le maréchal Ney, le maréchal de PonteCorvo et le maréchal Bessières ont leurs troupes cantonnées sur la gauche. Les corps d'armée des maréchaux Soult, Davoust et Lannes occupent Pultusk et les bords du Bug.

L'armée ennemie continue son mouvement de retraite (1).

(1) La proclamation suivante, donnée par l'Empereur Alexandre à Pétersbourg, nous a paru d'un assez grand intérêt pour être insérée ici.

PROCLAMATION.

Nous, par la grâce de Dieu, Alexandre I., etc., faisons part à tous nos sujets :

મે

Par notre manifeste du

naissance de la situation des choses entre nous et le

français.

11 septembre
"
30 août....

nous avons donné cou

gou vernement

L'Empereur

L'Empereur est arrivé le 2 janvier à Warsovie, à deux heures après midi.

Dans une position aussi peu amicale, la Prusse formait seule encore un rempart entre nous et les Français qui s'étaient établis dans différentes parties de l'Allemagne.

Mais bientôt le feu de la guerre ayant éclaté de nouveau, et s'étant épandu dans les Etats prussiens, par suite de différentes affaires malheureuses, nos propres frontières se trouvent aujour d'hui menacées par l'ennemi.

Si l'honneur nous a guidé en tirant l'épée pour la défense de nos alliés, à combien plus forte raison ne devons-nous pas lever le glaive pour la conservation de notre propre existence?

Nous avons de bonne heure pris toutes les mesures nécessaires pour être en état d'aller au-devant des événemens, même avant qu'ils aient pu s'approcher de nos frontières.

Après avoir donné à notre armée l'ordre de passer les frontières, nous en avons confié le commandement à notre maréchal comte Kamensky.

Nous sommes persuadés que tous nos fidèles sujets se joindront à nous dans les prières qu'ils adresseront à celui qui dirige les empires et les succès des guerres; espérons que le Seigneur prendra sous son égide notre propre cause, et que sa puissance ainsi que sa bénédiction accompagneront les colonnes russes armées contre l'ennemi commun de l'Europe.

Nous sommes également convaincus que les départemens frontières s'empresseront, dans les circonstances actuelles, à nous donner de nouvelles preuves de leur attachement, et que, sans se laisser ébranler ni par la crainte ni par des illusions frivoles, ils poursuivront tranquillement leur carrière sous un gouverne→ ment paternel et doux, et sous la protection des lois.

Enfin nous ne doutons pas que tous les fils de la patrie, se confiant dans la puissance divine, sur la valeur de nos troupes et sur l'expérience constatée de leur général, se prêteront volontiers aux sacrifices que pourront exiger la sûreté de l'Empire et l'amour de la patrie.

Douné à Pétersbourg, le novembre 1806; de notre règne le 6o.

Signé, ALEXANDRE.

Par l'Empereur,

Le ministre des affaires étrangères,

ANDREI BUDBERG.

Il a gelé et neigé pendant deux jours; mais déjà le dégel recommence, et les chemins, qui paraissaient s'améliorer, sont devenus aussi mauvais qu'auparavant.

Le prince Borghèse a été constamment à la tête du 1er régiment de carabiniers qu'il commande. Les braves carabiniers et cuirassiers brûlaient d'en venir aux mains avec l'ennemi; mais les divisions de dragons qui marchent en avant ayant tout enfoncé, ne les ont pas mis dans le cas de fournir une charge.

S. M. a nommé le général Lariboissiere général de division, et lui a donné le commandement de l'artillerie de sa garde. C'est un officier du plus rare mérite.

Les troupes du grand-duc de Wurtzbourg forment la garnison de Berlin. Elles sont composées de deux régimens qui se font distinguer par leur belle tenue.

Le corps du prince Jérôme assiége toujours Breslaw. Cette belle ville est réduite en cendres. L'attente des événemens et l'espérance qu'elle avait d'être secourue par les Russes l'ont empêchée de se rendre: mais le siége avance. Les troupes bavaroises et wurtembergeoises ont mérité les éloges du prince Jérôme et l'estime de l'armée française.

Le commandant de la Silésie avait réuni les garnisons des places qui ne sont pas bloquées, et en avait formé un corps de 8,000 hommes, avec lequel il s'était mis en marche pour inquiéter le siége de Breslaw. Le général Hédouville, chef de l'état-major du prince Jérôme, a fait marcher contre ce corps le général Montbrun, commandant les wurtembergeois, et le général Minucci, commandant les bavarois. Ils ont atteint les Prussiens à Strhelen (1), les ont mis dans une grande déroute et leur ont pris 400 hommes, 600 chevaux, et des convois considérables de subsistances que l'ennemi avait le projet de jeter dans la place. Le major Erschet, à la tête de 150 hommes des chevaux légers de

(1) Strhelen, petite ville de la Silésie prussienne, sur la rivière d'Ohlau, à 36 m. de Brieg, 45 de Breslaw. On y fabrique des toiles de coton.

Linange, a chargé deux escadrons prussiens, les a rompus et leur a fait 36 prisonniers.

S. M. a ordonné qu'une partie des drapeaux pris au siége de Glogau fût envoyée au roi de Wurtemberg, dont les troupes se sont emparées de cette place. S. M. voulant aussi reconnaître la bonne conduite de ces troupes, a accordé au corps de Wurtemberg dix décorations de la Légion d'honneur.

Une députation du royaume d'Italie, composée de MM. Prina, ministre des finances, et homme d'un grand mérite, Renier, podestat de Venise et Guasta Villani, conseiller d'Etat, a été présentée aujourd'hui à l'Empereur.

S. M. a reçu le même jour toutes les autorités du pays, et les différens ministres étrangers qui se trouvent à Warsovie.

QUARANTE-NEUVIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Warsovie, le janvier 1807.

Breslaw s'est rendu. On n'a pas encore la capitulation au quartier-général. On n'a pas non plus l'état des magasins de subsistances, d'habillement et d'artillerie. On sait cependant qu'ils sont considérables. Le prince Jérôme a dû faire son entrée dans la place. Il va assiéger Brieg, Schweidnitz (1) et Kosel (2).

Le général Victor, commandant le 10 corps d'armée, s'est mis en marche pour aller faire le siége de Colberg (3)

(1) Schweidnitz, ville belle et très-forte de la Silésie prussienne, sur une éminence, près de la rivière de Weistritz, à 62 m. de Breslaw 155 de Prague et 68 lieues de Berlin, a 7 à 8,000 habitans et de bonnes manufactures. Il s'y livra une fameuse bataille en 1642. Les Autrichiens la prirent après un siége régulier en 1757, et par escalade en 1761. Ils la rendirent l'année suivante.

(2) Kosel, petite ville forte de la Silésie prussienne, dans le duché d'Oppelen, à 48 m. de cette ville, et 23 de Ratibor, près de l'Oder. Les - Prussiens la prirent en 1745.

(3) Colberg, belle et forte ville de la Haute-Saxe, dans la Pomeranie prussienne, à l'embouchure de la Persante, à 120 m. de Stettin, et 195 de Dantzick; elle a un port; on y exploite du sel, et on y fait un grand commerce de toiles, flanelles et autres lainages. Sa navigation et son commerce s'étendent jusqu'en Espagne. On y fait deux riches pêches, l'une de saumons et l'autre de lamproies. Les Russes l'assiégèrent inu tilement en 1758, et la prirent en 1761.

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