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division du général Minucci et la cavalerie aux ordres du général Lefebvre; un pont fut établi à Kosel, et une partie de la division Minucci passa sur la rive gauche, sous le commandement du général Vandamme. Le quartier-général du prince fut établi, le 10, à Lissa.

Il y avait en batterie, à la tranchée de droite, deux mortiers et trois obusiers; en face de la rue du fauxbourg Saint-Nicolas, trois obusiers de campagne; à la tranchée de gauche, trois mortiers et un obusier de siége, trois obusiers de campagne; enfin, sur la rive droite, huit pièces, tant obusiers de campagne que canons de six.

Le 10, après avoir fait tirer depuis six heures du matin jusqu'à midi, le prince envoya au gouverneur de Breslaw une sommation qui demeura sans effet.

On avait eu quelques mortiers et obusiers démontés par la vétusté de leurs affûts: on attendit, pour continuer les opérations, l'arrivée de deux mortiers et de deux pièces de 24 de Glogau; mais ces derniers ne purent être mis en batterie avant le 15.

La nuit du 11 au 12, on ouvrit sur la rive droite une tranchée en prolongement de la première, pour placer les nouveaux mortiers à son extrême droite. A la gauche, on ouvrit une seconde parallèle, et on plaça les balleries à l'extrême gauche de la première, qui se trouvait plus rapprochée des ouvrages.

On tira la journée du 12 et la nuit du 12 au 13, mais avec lenteur, les munitions étant très-peu abondantes.

Le 13, il arriva une compagnie de sapeurs, une compagnie de mineurs, et le capitaine du génie Rolland. Jusqu'alors le colonel du génie Blein s'était trouvé à-peu-près seul pour tracer et faire exécuter les travaux, le capitaine Depanthon l'ayant aidé la seule nuit du 8 au 9, et le lieutenant bavarois Hatzy n'ayant commencé à être employé près de lui que dans la nuit du 11 au 12.

On employa immédiatement ces deux compagnies à faire des coupures importantes dans le faubourg Saint-Nicolas et sur la droite du cimetière, et à pratiquer des batteries dans une seconde parallèle ouverte à droite du faubourg

dans la nuit du 12 au 13, tandis qu'à la gauche on avait aussi prolongé la seconde parallèle en y ménageant des redans pour y placer de l'artillerie légère, afin de prendre à revers les batteries de l'ennemi. On avait même poussé un boyau très en avant, et formé une petite place d'armes, d'où les chasseurs wurtembergois pouvaient tirer sur les canonniers ennemis; mais on reconnut qu'un bras de l'Oder nous séparait de leurs ouvrages, ensorte qu'après avoir prolongé la place d'armes jusqu'à l'Oder, dans la nuit du 13 au 14, on en resta là sur la gauche.

On employà la nuit du 14 au 15 à ouvrir plusieurs zigzags pour la communication de la première à la deuxième parallèle à droite du faubourg Saint-Nicolas, et le 15 matin tout fut prêt pour le troisième bombardement.

Il y avait à la première parallèle, à l'extrême droite, a mortiers et 3 obusiers; à l'ancienne batterie, au centre, 2 mortiers et 3 obusiers; au centre de la deuxième parallèle, 2 obusiers et 4 pièces de 6; à l'extrême droite de la deuxième parallèle, à gauche du faubourg Saint-Nicolas, 4 obusiers et 4 pièces de 6; enfin, sur la rive droite de l'Oder, 8 pièces ou obusiers; en tout, 32 pièces.

Nous eûmes deux mineurs de blessés et un sapeur tué. Le feu ayant cessé à midi, le 15, le prince Jérôme envoya une deuxième sommation, qui demeura encore sans effet. I fit demander la sortie de tous les officiers prisonniers sur parole; ils sortirent le 17, au nombre de près de 60.

On s'occupa alors de reconnaître toute la place, et le colonel Blein découvrit que le corps de la place n'était point revêtu dans deux parties fort étendues, vers la porte de Schweidnitz et celle d'Ohlau, et du Ziégel-Schantz; mais qu'en avant d'un premier fossé plein d'eau, d'une largeur de vingt toises et peut-être plus, il régnait une contregarde générale en terre, sur les saillans de laquelle étaient construites des lunettes à flancs retirés, ouvrages fraisés et palissadés que l'ennemi n'occupait que devant les fronts revêtus du faubourg Saint-Nicolas, où étaient dirigées nos attaques, mais qui se trouvaient assez protégés par un

avant-fossé de dix à douze toises de largeur et de six à sept pieds de profondeur d'eau.

On avait eu avis que le prince de Pless, nommé majorgénéral, d'un esprit ambitieux et remuant, réunissait des troupes et levait des paysans; qu'un aide-de-camp du Roi de Prusse avait apporté une proclamation, par laquelle il invitait ses fidèles Silésiens à défendre les places, et menaçait les gouverneurs de les faire décapiter s'ils ne faisaient pas leur devoir. Le prince Jérôme se détermina à faire venir la division Deroi et la brigade de cavalerie du général Mazannelli, qui étaient restées à Kalisch, afin d'entreprendre contre Breslaw, soit une attaque de vive force, soit un siége en règle, si les circonstances le permettaient. Ces troupes devaient arriver du 20 au 21.

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Il s'agissait de traverser deux fossés très-larges et trèsprofonds, et de s'emparer d'une double enceinte les difficultés n'étaient pas médiocres. Suivre les méthodes lentes d'un siége, c'était appeler l'attention de l'ennemi sur des points faibles, l'y faire porter son artillerie, et s'exposer à s'en voir écrasé; car on savait que Breslaw avait un arsenal, comme place de dépôt de la Silésie.

Il fallait donc chercher un moyen prompt de passage. pour ces deux fossés, et tenir l'ennemi tellement en haieine sur plusieurs points, qu'il ne pût soupçonner le véritable point d'attaque.

Le colonel Blein proposa un équipage de pont sur chevalets et sur bateaux, pour passer les deux fossés de la porte de Schweidnitz: avec des troupes bien déterminées, ce passage pouvait se faire de vive force, et l'ennemi pouvait y croire. Il fit en même-temps construire des radeaux, au moyen d'échelles réunies deux par deux, soutenues par des tonneaux vuides, et recouvertes de planches. Tous ces moyens de passage furent réunis dans la journée du 22, à la queue du faubourg de Neudorff, vis-à-vis la porte de Schweidnitz; en sorte que l'ennemi, qui ne manquait pas d'espions de ses faubourgs, crut que le passage serait tenté sur ce point. On avait fait prendre, à dessein de le

mieux

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mieux tromper, tous les bateaux qui étaient dans l'Ohlau pour les porter sur le même point.

On devait, à la nuit tombante, transporter tous les radeaux au faubourg d'Ohlau, pour y tenter le véritable passage. Trois cents cinquante outils, 90 gabions, 150 fascines étaient prêts à y être transportés aussi pour former un établissement dans les ouvrages de l'enveloppe extérieure. On avait demandé le nombre d'hommes nécessaires pour tous ces objets; mais les ordres ne furent point exécutés, et l'on fut obligé, pour transporter les radeaux, d'employer les troupes même destinées à l'attaque. Ces troupes n'avaient eu rendez-vous qu'à quatre heures du matin au faubourg d'Ohlau, l'attaque ne pouvant avoir lieu qu'à cette heure, à cause du clair de lune, ensorte que l'on ne jeta le premier radeau dans l'avant-fossé qu'à cinq heures. Ce radeau avait 30 pieds de long: Il en fallut jeter trois autres de 12 à 15 pieds pour pouvoir atteindre l'autre rive. Les sapeurs, neufs à une telle manoeuvre, furent lents à lier les radeaux ensemble un officier ivre vint se jeter sur ces radeaux, et embarrassa la manœuvre à un point extrême : deux soldats, de ceux qui portaient un radeau ayant été tués par un boulet, peut-être unique dans tous le temps de cette manœuvre, tous les autres prirent la fuite; enfin à 7 heures du matin, le caporal de sapeurs français s'étant jeté à l'eau, avait amarré le pont de radeaux aux palissades de la lunette du pont d'attaque; mais il était presque jour, et l'on ne pouvait plus avoir le temps de former un établissement à couvert du Bastion d'Ohlau, pour soutenir l'attaque trop tardive : le colonel Duveyrier et le capitaine de sapeurs Ramonnet qui devaient passer les premiers à la tête des troupes, s'étant consultés avec le colonel du génie, on se décida à renoncer à cette attaque que l'ennemi n'avait point découverte jusqu'alors. A peine la tête de la colonne eut-elle commencé le mouvement retrograde, qu'elle fut accueillie par un feu de mousqueterie et de mitraille assez vif, mais qui ne nous fit point de mal. Les lieutenans du génie bavarois Hatzzi et Ettlinger, ce dernier venu avec la division Deroy, étaient à celte attaque.

L'attaque de la porte de Schweidnitz où se trouvait la compagnie de mineurs et le capitaine du génie Roland, et qui avait été abandonnée de prime-abord, l'ennemi ayant fait feu immédiatement, et plusieurs autres fausses attaques sur la porte Saint-Nicolas, et par la rive droite de l'Oder, avaient fortement occupé l'ennemi. Le feu de toutes les batteries, plus vif et plus soutenu, incendiait la ville en même temps; ensorte qu'avec plus de temps, et une nuit plus obscure, on aurait pu s'attendre à un succès complet sur le bastion d'Ohlau. Il y avait des radeaux prêts pour une longueur de 200 pieds; et dans la supposition la moins avantageuse, on s'établissait du moins sur la première enveloppe de la place.

Le prince Jérôme, rappelé par l'Empereur, avait laissé la direction des affaires du siége au général Vandamme, sur la rive gauche de l'Oder: le général Deroy restait sur la rive droite.

A peine le général Vandamme avait-il renvoyé les troupes dans leurs cantonnemens, que le général Montbrun, en observation sur les routes d'Ohlau et Strehlen, lui donna avis du mouvement du prince de Pless sur ce dernier point, où il avait déjà réuni un corps de 4 à 5,000 hommes avec six pièces de canon.

Le général Vandamme envoya sur-le-champ la division bavaroise du général Minucci à la rencontre du corps d'armée du prince de Pless. Elle l'attaqua le 24, et le mit en déroute après lui avoir pris ses canons et 800 hommes.

Au retour de la division Minucci, le général Vandamme, qui avait ordonné la construction de quatre nouvelles bat-` teries pour y établir huit pièces de 24, six pièces de 12 et deux mortiers qui arrivaient de Glogau, afin d'incendier complettement la ville, crut devoir faire part au gouverneur de Breslaw de la défaite du prince de Pless, et des moyens qu'il avait de détruire cette riche capitale. Il était à présumer qu'une population de 60 à 70,000 ames ne serait point sacrifiée à la conservation d'une place qui ne devait son salut qu'à la douceur de la température, et qui n'avait qu'une garnison de 5 à 6,000 hommes, sur laquelle

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