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le gouverneur même paraissait peu compter. Le gouverneur n'accorda d'abord aucune croyance à ce que lui fit dire le général Vandamme; cependant mieux informé quelques heures après par ses propres espions, il demanda un armistice de 24 heures, et le colonel Duveyrier qu'on lui avait offert pour capituler.

Le colonel Duveyrier n'était pas encore dans la place, que le gouverneur, sur le frivole prétexte que l'on continuait les travaux à la tranchée, rompit l'armistice, et déclara que les circonstances ayant changé, il ne voulait plus entendre à aucune capitulation. Il avait sans doute reçu du prince de Pless l'avis d'une nouvelle tentative pour le secourir.

Le général Vandamme devinant les motifs du gouverneur, se résolut à bien le renfermer dans sa place, en prolongeant la tranchée de droite, de manière à défendre les nouvelles batteries et à envelopper les faubourgs jusqu'à la route de Strehlen, le terrain devenant en cet endroit d'un accès difficile par les coupures et les fosses pleins d'eau. Il ordonna aussi des abattis et des coupures entre l'Ohlau et le village de Hube, pour empêcher l'ennemi de sortir par la route d'Ohlau; le terrain entre l'Ohlau et l'Oder est un marais presque impraticable où il ne pouvait s'engager. En même temps il envoya le général Montbrun avec trois régimens de cavalerie et trois bataillons d'infanterie légère wurtembergeoise sur le point d'Ohlau, auprès duquel il y a un pont sur l'Oder. Le point de rassemblement du prince de Pless était à Brieg; le général Montbrun pouvait, de quelque côté qu'il voulût, marcher sur Breslaw, se porter sur ses flancs et lui couper sa retraite.

Tous les ouvrages contre la place, toutes les batteries. se trouvèrent prêtes le matin du 29, et elles tirèrent sans discontinuer, se reposant quatre heures après trois heures de feu. Ce même jour, le général Vandamme apprit que le rassemblement du prince de Pless s'était grossi jusqu'à former un corps de 12 à 13 mille hommes. Il renvoya surle-champ la division Minucci à Ohlau, pour renforcer ce point et appuyer le général Montbrun; mais dans le même

temps le prince de Pless s'était mis en marche de Brieg sur Strehlen et sur la route de Schweidnitz. Se dérobant à la surveillance du général Montbrun, et surprenant les piquets que nous avions sur ces deux routes, il arriva à cinq heures du matin, le 30, après une marche forcée, à la hauteur de Kleinbourg, où le général Seckendorf, commandant la division de Wurtemberg, avait son quartiergénéral.

A peine le général Vandamme en fut-il informé, qu'il porta contre lui le bataillon bavarois du colonel Bercheim, sous le commandement du colonel Duveyrier, le faisant soutenir par le 13 régiment, nouvellement arrivé au blocus. Ce bataillon, un bataillon du 13o, une compagnie de chasseurs de Wurtemberg et un escadron de cavalerie suffirent pour contenir le corps du prince de Pless, l'attaquer ensuite et le mettre dans la déroute la plus complette.

Le général Vandamme avait envoyé un de ses aides-decamp à travers les postes ennemis, pour prévenir les généraux Minucci et Montbrun de l'attaque du prince de Pless. Ils marchèrent long-temps sur son flanc sans pouvoir trouver de débouchés pour l'attaquer; enfin ils atteignirent, le lendemain matin, près de Schweidnitz, la queue de ses colonnes; on fit environ 1,800 prisonniers en tout, et on prit 7 pièces de canon. Le prince de Pless éprouva une perte réelle de 4 à 5,000 hommes, à cause de la désertion. Il se retira à Schweidnitz, où le colonel Duveyrier entra pour redemander les sauve-gardes enlevées et maltraitées par ses troupes.

Le feu contre la place n'avait point cessé pendant toute cette affaire. Les gardes des tranchées, fermes à leur poste, avaient repoussé plusieurs tentatives de sortie de l'ennemi, trop faible pour donner la moindre inquiétude. Le gouverneur de Breslaw ne pouvait en croire ses propres yeux, et quoiqu'ayant compté sur un secours, il se persuada que le mouvement qu'il voyait autour de lui était une ruse du général Vandamme pour l'attirer hors de la place. On pourrait à peine croire un tel fait s'il n'en fut convenu lui-même. Le gouverneur ne voulait pas non plus croire à la reddition de

Glogau, s'en rapportant plutôt à une lettre mal datée, trouvée sur un soldat prisonnier, qu'à la parole du général Vandamme et à toute vraisemblance. Un ami du gouverneur ayant eu la permission d'entrer à Breslaw le 1er. janvier 1807, pour y redemander sa femme, put à peine le convaincre de la vérité de ces faits. Il convint alors qu'il n'avait plus d'espoir d'être secouru, et que s'il venait à geler assez fortement, il n'était plus à l'abri d'un coup de main. Mais il différa encore de se rendre, parce qu'un général du génie enfermé avec lui l'excitait, pour son amour-propre personnel, à ne point rendre une place qui n'était point attaquée. Dans le fait, toute l'artillerie n'avait été dirigée que contre la ville. Les choses sont dans cet état aujourd'hui 3 janvier; ce n'est plus la peine d'entreprendre un siége en règle, dans lequel l'avantage serait tout pour l'assiégé, à cause de sa grande supériorité en artillerie. On attendra la gelée, qui ne peut enfin tarder à décider le gouverneur à rendre la place. Il aura à se reprocher d'avoir, par une résistance insignifiante, fait le malheur d'une très-riche et belle ville qui n'était point destinée à une telle calamité.

Une lettre du général Vandamme, reçue à neuf heures du soir, annonce que la ville a capitulé, et que la garnison prisonnière de guerre défilera le 7.

Le général Pernety pense qu'il a envoyé, pendant le siége, environ 10,000 boulets, obus ou bombes dans la place, qui nous en a envoyé en revanche cinq ou six fois autant. L'artillerie de Breslaw a prouvé qu'elle était d'une bonne école, elle a festonné nos tranchées et fait beaucoup de coups d'embrasures. Nous avons cependant à peine eu 50 tués ou blessés.

La compagnie de sapeurs a perdu le sapeur Palouette, qui a eu la tête emportée d'un coup de boulet à une batterie, le 16 décembre; le 23, à l'attaque du faubourg d'Ohlau, le sapeur Line fut blessé au bras droit d'un biscayen.

Les sergens Villemain et Augustin, le fourrier Cloudt, se sont très-bien conduits.

Le capitaine en premier Ramonnet est un officier très

brave et de beaucoup de mérite, ainsi que le capitaine en second Cheret, ayant 25 ans de service.

Dans la compagnie des mineurs il y a eu huit blessés, savoir: le sergent-major Flosse et le mineur Haag, le 13, à la coupure du faubourg Saint-Nicolas; les mineurs Ganglack et Prévôt, le 15, à une batterie; le mineur Hellmaire et le tambour Vincent, à l'attaque de la porte Schweidnitz, le 23; le caporal Aubry, le 30, à l'affaire du prince de Pless; et le mineur Choué, le 1er janvier, à la coupure de la route de Schweidnitz. Cette compagnie, toujours au poste le plus périlleux, a parfaitement servi.

Le capitaine en premier Rittiez est très-bon officier. Le capitaine Conti et le lieutenant Collin ont servi avec beaucoup de zèle.

Le capitaine du génie Rolland et les lieutenans bavarois Ellinger et Hatzzi ont eu un service pénible et dangereux, les batteries de la seconde parallèle ayant été ouvertes à une très-petite distance de la place. Ils ont tous parfaitement rempli leurs devoirs. M. Ettlinger a été atteint, le 30 décembre, à l'épaule et à son casque, d'un éclas d'obus, qui ne lui a fait qu'une légère contusion. M. Hégel, lieutenant wurtembergeois, a servi aussi, près du colonel Blein, pendant une partie du siége, et a rendu des services importans.

A Kosel, devant Breslaw, le 3 janvier 1807.
Le colonel du génie, Signé, BLEIN.

Articles de la capitulation de Breslaw convenus entre M. le général de division Hédouville, sénateur, premier chambellan de S. A. I. le prince Jérôme Napoléon, chef d'étatmajor des alliés, grand-officier de la Légion d'honneur, et décoré du grand-cordon de Bade, et M. le général de division Vandamme, grand-officier, décoré du grandcordon de la Légion d'honneur ; tous deux munis de pleins-pouvoirs de S. A. I. le prince Jérôme Napoléon, commandant en chef les troupes alliées de S. M. l'Empereur Napoléon, d'une part;

Et S. Exc. M. le lieutenant-général de Thile, gouverneur de Breslaw, chef d'un régiment d'infanterie, et chevalier de Ordre pour le mérite, et M. le général-major Krafft, commandant de Breslaw, de l'autre.

Art. 1. La place de Breslaw sera rendue aux troupes françaises et alliées de S. M. l'Empereur Napoléon, après demain 7 du courant.

II. Tout ce qui appartient à la forteresse, artillerie, munitions de guerre, armes, plans et magasins de toute espèce, sera fidélement remis entre les mains des officiers que S. A. I. le prince Jérôme Napoléon désignera pour venir en prendre possession, et en dresser procès-verbal.

III. La garnison sera prisonnière de guerre, elle défilera devant les troupes du siége le 7 à 10 heures du matin, drapeaux déployés, mêche allumée, et metira bas les armes devant elles; les bas-officiers et soldats conserveront leurs havresacs.

IV. Les forestiers et garde-chasses qui ont été sommés de faire le service dans la place comme chasseurs, obtiendront la permission de retourner chez eux, à condition qu'ils donneront leur parole de ne plus prendre les armes contre les troupes de S. M. l'Empereur et de ses alliés. Les surveillans des ouvriers employés aux fortifications resteront provisoirement dans leurs places.

V. Les officiers conserveront leurs épées, chevaux et bagages, et seront libres de se retirer où bon leur sem

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