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Moustapha-Barayctar fait de grands préparatifs. Il jure qu'il mettra toutes ses forces sur pied pour résister aux Russes. Son colonel qui commande à Bucharest veille jour et nuit à la tranquillité et à la sûreté publiques. Il a posté des soldats à toutes les portes de la ville, et a solennellement déclaré que le premier boyard qui en sortirait perdrait

la tête.

Le pacha d'Ibraïl est à la tête de 25,000 hommes, qu'il a réunis aux forces de Moustapha-Barayctar.

Je suis avec respect, etc.

Signé, LEDOULX.

CINQUANTE-DEUXIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE. Warsovie, le 19 janvier 1807.

Le 8 corps de la Grande-Armée que commande le maréchal Mortier, a détaché un bataillon du 2° régiment d'infanterie légère sur Wollin. Trois compagnies de ce bataillon y étaient à peine arrivées, qu'elles furent attaquées avant le jour par un détachement de mille hommes d'infanterie, avec cent cinquante chevaux et quatre pièces de canon. Ce détachement venait de Colberg, dont la garnison étend ses courses jusques-là. Les trois compagnies d'infanterie légère française ne s'étonnèrent point du nombre de leurs ennemis, et lui enlevèrent un pont et ses quatre pièces de canon, et lui firent cent prisonniers. Le reste prit la fuite, en laissant beaucoup de morts dans la ville de Wollin (1), dont les rues sont jonchées de cadavres prussiens.

La ville de Brieg (2), en Silésie, s'est rendue après un

(1) Wollin, petite ville de la Pomeranie prussienne, avec un château et un petit port, à 48 m. de Stettin.

(2) Brieg, Belle et forte ville de Silésie, capitale de la principauté de son nom, avec un college et une académie pour la noblesse, sur la gauche de l'Oder, où il y a un pont de bois remarquable par sa longueur, sa hauteur et sa solidité, à 44 m. de Breslaw, 50 de Neiss. Depuis la conquête qu'en fit le Roi de Prusse, en 1711, il l'a fortifiée, et il y a ajouté une ville neuve du côté de l'Oder. Les Suédois en avaient fait inutilement le siége en 1943. On y fabrique des draps et on y file beaucoup de laine. Le commerce de vins y est considérable. Elle a envi ron 8,000 habitans.

siége de cinq jours. La garnison est composée de trois généraux et de 1,400 hommes.

Le prince héréditaire de Bade a été fort dangereusement malade; mais il est rétabli. Les fatigues de la campagne et les privations qu'il a supportées comme le simple officier, ont beaucoup contribué à sa maladie.

La Pologne, riche en blés, en avoine, en fourrages, en bestiaux, en pommes-de-terre, fournit abondamment à nos magasins. La seule manutention de Warsovie fait cent mille rations par jour, et nos dépôts se remplissent de biscuit. Tout était tellement désorganisé à notre arrivée, que pendant quelque temps les subsistances ont été difficiles.

Il ne règne dans l'armée aucune maladie ; cependant, pour la conservation de la santé du soldat, on desirerait un peu plus de froid. Jusqu'à présent il s'est à peine fait sentir, et l'hiver est déjà fort avancé. Sous ce point de vue, l'année est fort extraordinaire.

L'Empereur fait tous les jours défiler la parade devant le palais de Warsovie, et passe successivement en revue les differens corps de l'armée, ainsi que les détachemens et les conscrits venant de France, auxquels les magasins de Warsovie distribuent des souliers et des capottes.

CINQUANTE-TROISIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Warsovie, le 22 janvier 1807.

On a trouvé à Brieg des magasins assez considérables de şubsistances. Ci-joint la capitulation de cette place.

Le prince Jérôme continue avec activité sa campagne de Silésie. Le lieutenant-général Deroi avait déjà cerné Kossel et ouvert la tranchée. Le siége de Schweidnitz et celui de Neisse se poursuivent en même temps.

Le général Victor se rendant à Stettin, et étant en voiture avec son aide-de-camp et un domestique, a été enlevé par un parti de vingt-cinq chasseurs qui battaient le pays.

Le temps est devenu froid. Il est probable que sous peu de jours les rivières seront gelées. Cependant la saison n'est

pas plus rigoureuse qu'elle ne l'est ordinairement à Paris. L'Empereur fait défiler tous les jours la parade et passe en revue plusieurs régimens.

Tous les magasins de l'armée s'organisent et s'approvisionnent. On a fait du biscuit dans toutes les manutentions. L'Empereur vient d'ordonner qu'on établît de grands magasins et qu'on confectionnât une quantité considérable d'habillemens dans la Silésie.

Les Anglais, qui ne peuvent plus faire accroire que les Russes, les Tartares, les Calmoucks vont dévorer l'armée française, parce que, même dans les cafés de Londres, on sait que ces dignes alliés ne soutiennent point l'aspect de nos bayonnettes, appellent aujourd'hui à leur secours la dyssenterie, la peste et toutes les maladies épidémiques.

Si ces fléaux étaient à la disposition du cabinet de Londres, point de doute que non-seulement notre armée, mais même nos provinces et toute la classe manufacturière du Continent, ne devinssent leur proie. En attendant, les Anglais se contentent de publier et de faire publier, sous toute espèce de formes, par leurs nombreux émissaires, que l'armée française est détruite par les maladies. A les entendre, des bataillons entiers tombent comme ceux des Grecs au commencement du siége de Troye. Ils auraient là une manière toute commode de se défaire de leurs ennemis; mais il faut bien qu'ils y renoncent. Jamais l'armée ne s'est mieux portée; les blessés guérissent, et le nombre des morts est peu considérable. Il n'y a pas autant de malades que dans la campagne précédente; il y en a même moins qu'il n'y en aurait en France en temps de paix, suivant les calculs ordinaires.

Articles de la capitulation de Brieg, convenus entre M. le lieutenant-colonel de Deroi, au service de S. M. le Roi de Bavière, commandant la 1e division bavaroise du ge corps de la Grande-Armée, grand-cordon de l'Ordre militaire bavarois de Max-Joseph, et grand-cordon de la Légion-d'honneur, et M. le général de brigade LefebvreDesnoëlles, commandant une brigade de cavalerie bavaroise, premier écuyer de S. A. I. le prince Jérôme-Napoléon, commandant de la Légion d'honneur et grand-cordon de l'Ordre de la Fidélité, tous deux munis de pleins-pouvoirs de S. A. 1. le prince Jérôme-Napoléon, commandant en chef le 9 corps de la Grande-Armée de S. M. l'Empereur Napoléon, d'une part; et M. le général major de Cornerut, commandant la place de Brieg, et de M. de Bourdet, major-ingénieur et vice-commandant de l'autre.

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Art. Ier. La place de Brieg sera rendue aux troupes alliées de S. M. I'Empereur Napoléon, demain 17 du courant.

II. Tout ce qui appartient à la forteresse, artillerie, munitions de guerre, armes, plans et magasins de toute espèce, sera fidellement remis entre les mains de l'officier que S. A. I. le prince Jérôme-Napoléon désignera pour venir en prendre possession et en dresser procès-verbal.

III. La garnison sera prisonnière de guerre, elle défilera devant les troupes bavaroises de siége, le 17, à une heure après-midi, drapeaux déployés, mèche allumée, et mettra bas les armes devant elles. Les bas-officiers et soldats conserveront leurs havresacs.

IV. Les forestiers et garde-chasses qui ont été sommés de faire le service dans la place, comme chasseurs, obtiendront la permission de retourner chez eux, à condition qu'ils donneront leurs paroles de ne plus prendre les armes contre les troupes de S. M. l'Empereur, et ses alliés.

Les surveillans des ouvriers employés aux fortifications, resteront provisoirement dans leurs places.

V. Les officiers conserveront leurs épées, chevaux et bagages, et seront libres de se retirer où bon leur semblera,

apies

après toutefois avoir signé leurs paroles d'honneur de ne point servir contre les troupes de S. M. l'Empereur Napoléon ou de ses alliés jusqu'à la paix ou leur échange. La même faveur sera accordée aux feldwebels et porte-enseignes, et maréchaux-de-logis de cavalerie.

Il sera en outre accordé aux officiers, un soldat pour chacun d'eux, comme domestique, et enfin ils seront en tout traités comme les officiers compris dans la capitulation de Magdebourg.

VI. Les bas-officiers et soldats mariés, ainsi que les invalides, auront la permission de rentrer chez eux avec leurs familles, et seront aussi traités d'après l'article VIII de la capitulation de Magdebourg.

VII. S. A. I. le prince Jérôme Napoléon promet protection, au nom de son souverain, à toute espèce de religion que peuvent professer les habitans de Brieg; sûreté entière pour les personnes et les propriétés particulières.

VIII. MM. les officiers de la régence de la Haute-Silésie, les magistrats, les officiers du bailliage et domaines royaux et employés civils, conserveront provisoirement les mêmes fonctions; et dans le cas où ils donneraient leur démission, ils seraient libres de rester dans la ville, ou de se rendre où bon leur semblera; et dans ce dernier cas, il leur sera délivré des passeports pour pouvoir voyager en sûreté avec leurs familles et leurs effets.

IX. Les caisses royales seront remises à l'officier militaire ou civil, que S. A. I. le prince Jérôme-Napoléon désignera; cet officier en donnera une décharge.

MM. les magistrats resteront dépositaires des sommes appartenantes aux particuliers.

X. Les blessés et malades seront traités avec soin, et les chirurgiens qui en ont eu soin jusqu'à présent pourront rester près d'eux.

XI. Les fondations religieuses et pieuses, de quelque religion qu'elles puissent être, jouiront de leurs priviléges et seront protégées. Les caisses contenant des sommes appartenantes aux orphelins ou enfans mineurs, seront également respectées.

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