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XII. S. A. I. le prince Jérôme-Napoléon promet protection au Lycée de Brieg.

XIII. M. le commandant permettra aux deux officiers supérieurs du génie et de l'artillerie, désignés par S. A. I. le prince Jérôme-Napoléon, d'entrer en ville le 16 au soir, pour dresser procès-verbal, conjointement avec les officiers du génie et de l'artillerie de la place, des arsenaux et de tous les objets appartenans à la forteresse.

XIV. La porte de Breslaw et celle de Neisse seront livrées aux troupes bavaroises, le 16 à 4 heures après-midi.

XV. La ville ayant beaucoup souffert l'année dernière d'un incendie, et tout récemment du bombardement, S. A. I. le prince Jérôme-Napoléon est prié de diminuer, autant que possible, le nombre de la garnison.

XVI. Il sera accordé à M. le commandant, s'il le desire un passeport pour un officier du grade de lieutenant qui ne sera pas regardé comme prisonnier de guerre, pour aller porter la présente capitulation à S. M. le Roi de Prusse.

XVII. Pour tous les articles non prévus, ou qui pourraient avoir une double interprétation, M. le commandant peut entiérement se reposer sur la générosité et le caractère de justice bien connu de S. A. I. le prince Jérôme-Napoléon.

Fait en double, à Brieg, le 11 janvier 1807.

Le général-major commandant la place de Brieg, signé,
V. CORNERUT.

Le major-ingénieur et vice-commandant de la place, signé,
DE BOURDET.

re

Le lieutenant général au service de S. M. le Roi de Bavière commandant la 1e division bavaroise du ge corps de la Grande-Armée, grand-cordon de l'ordre militaire bavarois Max-Joseph, et grand-cordon de la Légion-d'honneur, signé, DE DEROY.

Le général de brigade commandant une brigade de cuvalerie bavaroise, premier écuyer de S. A. I le prince Jérôme-Napoléon, commandant de la Légion d'honneur, grand cordon de l'Ordre de la Fidélité, signé, LEFEBVRE DESNOETTES.

CINQUANTE-QUATRIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Warsovie, le 27 janvier 1807.

Quatre-vingt-neuf pièces de canon, prises sur les Russes, sont rangées sur la place du palais de la République à Warsovie. Ce sont celles qui ont été enlevées aux généraux Kaminski, Benigsen et Buxhowden, dans les combats de Czarnowo, Nazielsk, Pultusk et Golymin. Ce sont les mêmes que les Russes traînaient avec ostentation dans les rues de cette ville, lorsque naguères ils la traversaient pour aller au-devant des Français. Il est facile de comprendre l'effet que produit l'aspect d'un si magnifique trophée sur un peuple charmé de voir humiliés les ennemis qui l'ont si long-temps et si cruellement outragé.

Il y a dans les pays occupés par l'armée plusieurs hôpitaux renfermant un grand nombre de Russes, blessés et malades.

Cinq mille prisonniers ont été évacués sur la France deux mille se sont échappés dans les premiers momens du désordre, et quinze cents sont entrés dans les troupes polonaises.

Ainsi, les combats livrés contre les Russes leur ont coûté une grande partie de leur artillerie, tous leurs bagages, et vingt-cinq ou trente mille hommes, tant tués que blessés ou prisonniers.

Le général Kaminski, qu'on avait dépeint comme un autre Suwarow, vient d'être disgracié; on dit qu'il en est de même du général Buxhowden, et il paraît que c'est le général Benigsen qui commande actuellement l'armée.

Quelques bataillons d'infanterie légère du maréchal Ney s'étaient portés à vingt lieues en avant de leurs cantonnemens; l'armée russe en avait conçu des alarmes, et avait fait un mouvement sur sa droite: ces bataillons sont rentrés dans la ligne de leurs cantonnemens sans éprouver aucune perte.

Pendant ce temps, le prince de Ponte-Corvo prenait

possession d'Elbing (1) et des pays situés sur le bord de la Baltique.

Le genéral de division Drouet entrait à Christbourg, où il faisait 300 prisonniers du régiment de Courbieres, y compris un major et plusieurs officiers.

Le colonel Saint-Genez, du 19 de dragons, chargeait un autre régiment ennemi et lui faisait 50 prisonniers, parmi lesquels était le colonel-commandant.

Une colonne russe s'était portée sur Liebstadt, au-delà de la petite rivière du Passarge, et avait enlevé une demicompagnie de voltigeurs du 8 régiment de ligne qui était aux avant-postes du cantonnement.

Le prince de Ponte-Corvo, informé de ce mouvement, quitta Elbing, réunit ses troupes, se porta avec la division Rivaud au-devant de l'ennemi, et le rencontra auprès de Mohring.

Le 25 de ce mois, à midi, la division ennemie paraissait forte de 12,000 hommes; on en vint bientôt aux mains; le 8 régiment de ligne se précipita sur les Russes avec une valeur inexprimable, pour réparer la perte d'un de ses postes. Les ennemis furent battus, mis dans une déroute complette, poursuivis pendant quatre lieues, et forcés de repasser la rivière de Passarge. La division Dupont arriva au moment où le combat finissait, et ne put y prendre part.

Un vieillard de 117 ans a été présenté à l'Empereur, qui lui a accordé une pension de cent napoléons, et a ordonné qu'une année lui fût payée d'avance. La notice jointe à ce Bulletin donne quelques détails sur cet homme extraordinaire.

Le temps est fort beau; il ne fait froid qu'autant qu'il

(1) Elbing, belle ville de la Prusse occidentale près du Nogat, et sur la petite rivière de son nom, qui sort du lac Drausen, à 10 m. de Koenigsberg, 55 de Dantzick. C'est une colonie de Lubeck. Elle était autrefois impériale et anséatique. Le Roi de Prusse la possédait à titre d'engagement, pour argent prêté à la Pologne; aujourd'hui il la possede par suite du démembrement de ce royaume, depuis 1773; il y a établi une compagnie de commerce maritime, qui vend exclusivement le sel et la cire sur la Vistule.

le faut pour la santé du soldat et pour l'amélioration des chemins, qui deviennent très-praticables.

Sur la droite et sur le centre de l'armée, l'ennemi est éloigné de plus de trente lieues de nos postes.

L'Empereur est monté à cheval pour aller faire le tour de ses cantonnemens ; il sera absent de Warsovie pendant huit ou dix jours.

Notice jointe au Bulletin.

François-Ignace Narocki, né à Witki, près de Wilna, est fils de Joseph et Anne Narocki; il est d'une famille noble, et embrassa dans sa jeunesse le parti des armes. Il faisait partie de la confédération de Bar, fut fait prisonnier par les Russes et conduit à Kasan. Ayant perdu le peu de fortune qu'il avait, il se livra à l'agriculture, et fut employé comme fermier des biens d'un curé; il se maria en premières noces à l'âge de 70 ans, et eut quatre enfans de ce mariage. A 86 ans il épousa une seconde femme, et en eut six enfans, qui sont tous morts; il ne lui reste que le dernier fils de sa première femme. Le Roi de Prusse, en considération de son grand âge, lui avait accordé une 'pension de 24 florins de Pologne par mois, faisant 14 livres 8 sous de France. Il n'est sujet à aucune infirmité, jouit encore d'une bonne mémoire, et parle la langue latine avec une extrême facilité; il cite les auteurs classiques avec esprit et à propos. La pétition, dont la traduction est cijointe, est entièrement écrite de sa main. Le caractère en est très-ferme et très-lisible.

Pétition.

SIRE,

Mon extrait baptistaire date de l'année 1690; donc j'ai à présent 117 ans.

Je me rappelle encore la bataille de Vienne, et les temps de Jean Sobieski.

Je croyais qu'ils ne se reproduiraient; mais assurément je m'attendais encore moins à revoir le siècle d'Alexandre.

1

Ma vieillesse m'a attiré les bienfaits de tous les souverains qui ont été ici, et je réclame ceux du GRAND-NAPOLÉON, élant à mon âge plus que séculaire, hors d'état de travailler.

Vivez, Sire, aussi long-temps que moi; votre gloire n'en a pas besoin, mais le bonheur du genre-humain le demande.

Signé, NAROCKI.

CINQUANTE CINQUIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.
Warsovie, le 29 janvier 1807.

Voici les détails du combat de Mohringen :

Le maréchal prince de Ponte-Corvo arriva à Mohringen avec la division Drouet, le 25 de ce mois, à onze heures du matin, au moment où le général de brigade Pactod était attaqué par l'ennemi.

Le maréchal prince de Ponte-Corvo fit attaquer sur-lechamp le village de Pfarresfeldehen par un bataillon du 9° d'infanterie légère. Ce village était défendu par trois bataillons russes que l'ennemi fit soutenir par trois autres bataillons. Le prince de ponte-Corvo fit aussi marcher deux autres bataillons pour appuyer celui du 9. La mêlée fut très-vive. L'Aigle du 9 régiment d'infanterie légère fut enlevée par l'ennemi; mais à l'aspect de cet affront dont ce brave régiment allait être couvert pour toujours, et que ni la victoire ni la gloire acquise dans cent combats n'auraient lavé, les soldats, animés d'une ardeur inconcevable, se précipitent sur l'ennemi, le mettent en déroute et ressaisissent leur Aigle.

Cependant la ligne française, composée du 8° de ligne, du 27° d'infanterie légère, et du 94°, était formée. Elle aborde la ligne russe, qui avait pris position sur un rideau. La fusillade devient vive et à bout pourtant.

A l'instant même le général Dupont débouchait de la route d'Holland avec les 32 et 96 régimens. Il tourna la droite de l'ennemi. Un bataillon du 32° régiment se précipita sur les Russes avec l'impétuosité ordinaire à ce

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