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SOIXANTIEME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

A Preussich-Eylan, le 17 février 1807.

La reddition de la Silésie avance. La place de Schweidnitz a capitulé. Ci-joint la capitulation. Le gouverneur prussien de la Silésie a été cerné dans Glatz, après avoir été forcé dans la position de Frankenstein et de Neuhrode par le général Lefebvre. Les troupes de Wurtemberg se sont très-bien comportées dans cette affaire. Le régiment bavarois de la Tour-et-Taxis, commandé par le colonel Seydis, et le 6e régiment de ligne bavaroise, commandé par le colonel Baker, se sont fait remarquer. L'ennemi a perdu dans ces combats une centaine d'hommes tués, et 300 faits prisonniers.

Le siége de Kosel se poursuit avec activité.

Depuis la bataille d'Eylan, l'ennemi s'est rallié derrière la Pregel. On concevait l'espoir de le forcer dans cette position, si la rivière fût restée gelée; mais le dégel continue, et cette rivière est une barrière au-delà de laquelle l'armée française n'a pas intérêt de le jeter.

Du côté de Willenberg, 3000 prisonniers russes ont été délivrés par un parti de 1000 Cosaques.

Le froid a entièrement cessé, et la neige est par-tout fondue; et la saison actuelle nous offre le phenomène au mois de février, du temps de la fin d'avril.

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L'armée entre dans ses cantonnemens.

Capitulation de la forteresse de Schweidnitz, convenue entre M. le général de division Vandamme, grandofficier décoré du grand-cordon de la Légion d'honneur, muni de pleins-pouvoirs de S. A. I. le prince Jérôme - Napoléon, commandant en chef des troupes alliées de S. M. l'Empereur Napoléon-le-Grand, d'une part; et M. le lieutenant-colonel de Haxe, commandant de la place de Schweidnitz, de l'autre.

Art. 1. La place de Schweidnitz sera rendue aux troupes alliées de S. M. l'Empereur Napoléon le-Grand, le 16 février 1807, si elle n'est pas secourue d'ici à ce temps.

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II. Tout ce qui appartient à la forteresse, artillerie, munitions de guerre, armes, plans et magasins de toute espèce, sera fidellement remis entre les mains des officiers que S. A. I. le prince Jérôme-Napoléon désignera pour venir en prendre possession et en dresser procèsverbal.

III. La garnison sera prisonnière de guerre; elle défilera devant les troupes du siége le 16 février, à dix heures du matin, drapeaux déployés, mèches allumées, et mettra bas les armes devant elles. Les bas-officiers et soldats conserveront leurs havresacs.

IV. Les forestiers et gardes-chasse qni ont été sommés de faire le service dans la place, comme chasseurs, obtiendront la permission de retourner chez eux, à condition qu'ils donneront leur parole de ne plus prendre les armes contre les troupes de S. M. l'Empereur et ses alliés. Les surveillans des ouvriers employés aux fortifications, resteront provisoirement dans leurs places.

V. Les officiers conserveront leurs épées, chevaux et bagages, et seront libres de se retirer où bon leur semblera, après toutefois avoir signé leur parole d'honneur de ne point servir contre les troupes de S. M. l'Empereur Napoléon ou de ses alliés jusqu'à la paix ou leur échange. La même faveur est accordée aux feldwebels, porte-enseignes et maréchaux-de-logis de cavalerie.

Il sera en outre accordé aux officiers, un soldat pour chacun d'eux, comme domestique, et enfin ils seront en tout traités comme dans la capitulation de Magdebourg.

VI. Les bas-officiers et soldats mariés, ainsi que les invalides, auront la permission de rentrer chez eux avec leers familles, et seront aussi traités d'après l'article VIII de la capitulation de Magdebourg.

VII. S. A. I. le prince Jérôme Napoléon promet protection, au nom de son souverain, à toute espèce de religion que peuvent professer les habitans, propriétaires ou locataires de Schweidnitz, sûreté entière pour les perSounes et propriétés desdits habitans.

VIII. MM. les magistrats et employés civils, conserveront provisoirement les mêmes fonctions; et dans le

cas où ils donneraient leur démission, ils seraient libres de rester en ville, ou de se retirer où bon leur semblera; et dans ce dernier cas, il leur serait délivré des passeports pour pouvoir voyager en sûreté avec leurs familles et leurs effets.

IX. Les caisses royales seront remises à l'officier militaire ou civil, que S. A. I. le prince Jérôme Napoléon désignera; cet officier en donnera décharge.

MM. les magistrats resteront dépositaires des sommes appartenantes aux particuliers.

X. Les blessés et malades seront traités avec soin, et les chirurgiens qui les ont soignés jusqu'à présent, pourront rester près deux.

XI. Tous les chapitres ecclésiastiques sans exception, de même que toutes les fondations religieuses et pieuses, de quelque religion qu'elles puissent être, jouiront de leurs priviléges et seront protégées, même munies de sauvegarde si elles en desirent.

Les caisses contenant des sommes appartenanles aux orphelins, ou enfans mineurs, seront également respectées. XII. Les Ecoles publiques et la Bibliothèque seront aussi respectées.

XIII. M. le commandant permettra à deux officiers supérieurs du génie et de l'artillerie, désignés par S. A. 1. le prince Jérôme-Napoléon, d'entrer en ville le 15 février au matin, afin de dresser procès-verbal, conjointement avee les officiers du génie et de l'artillerie de la place, des arsenaux et de tous les objets appartenans à la forteresse.

XIV. La porte dite Barrière Koppen sera livrée aux troupes alliées de S. M. l'Empereur Napoléon-le-Grand, le 16 février, à huit heures du matin.

XV. La ville ayant beaucoup souffert par le bombardement, S. A. I. le prince Jérôme-Napoléon promet de diminuer autant que possible la garnison.

XVI. Il sera accordé à M. le commandant un passeport pour un officier qui ne sera point regardé comme prisonnier de guerre, pour aller porter la présente capitulation à S. M. le Roi de Prusse.

XVII. Pour tous les articles non prévus, ou qui pourraient avoir une double interprétation, M. le commandant peut entièrement s'en rapporter à la générosité et au caractère de justice bien connu de S. A. I. le prince Jérôme-Napoléon.

Fait double, au quartier-général à Zützendorf, le 7 février 1807.

Signé HAXE, lieutenant-colonel.

D. VANDAMME, général de division,

S. A. I. le prince Jérôme-Napoléon, commandant en chef le 9. corps de la Grande-Armée, approuve la présente capitulation.

Par ordre de son altesse impériale,

Le général de division chef de l'état-major du 9°. corps de la Grande-Armée,

T. HEDOUVILLE.

Au quartier-général de S. A. I à Breslaw, le 8 février 1807.

SOIXANTE-UNIÈME BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE.

Landsberg, le 18 février 1807.

La bataille d'Eylan avait d'abord été présentée par plusieurs officiers ennemis comme une victoire. On fut dans cette croyance à Koenigsberg toute la matinée du 9. Bientôt le quartier général et toute l'armée russe arrivèrent. L'allarme alors devint grande. Peu de temps après, on entendit des coups de canon, et on vit les Français maîtres d'une petite hauteur qui dominait tout le camp russe.

Le général russe a déclaré qu'il voulait défendre la ville; ce qui a augmenté la consternation des habitans, qui disaient nous allons éprouver le sort de Lubeck. Il est heureux pour cette ville qu'il ne soit pas entré dans les calculs du général français de forcer l'armée russe dans cette position.

Le nombre des morts dans l'armée russe, en généraux et en officiers, est extrêmement considérable.

Par la bataille d'Eylan, plus de cinq mille blessés russes

restés sur le champ de bataille ou dans les ambulances environnantes sont tombés au pouvoir du vainqueur. Partie sont morts, partie légèrement blessés, ont augmenté le nombre des prisonniers. Quinze cents viennent d'être rendus à l'armée russe. Indépendamment de ces cinq mille blessés, qui sont restés au pouvoir de l'armée française, on calcule que les Russes en ont eu quinze mille.

L'armée vient de prendre ses cantonnemens. Les pays d'Elbing, de Liebstadt, d'Osterode sont les plus belles parties de ces contrées. Ce sont ceux que l'Empereur a choisis pour y établir sa gauche.

Le maréchal Mortier est entré dans la Poméranie suédoise. Stralsund (1) a été bloqué. Il est à regretter que l'ennemi ait mis le feu sans raison au beau faubourg de Kniper. Cet incendie offrait un spectacle horrible. Plus de deux mille individus se trouvent sans maisons et sans asyle.

PROCLAMATION

A Preussich-Eylan, le 16 février 1807.

SOLDATS,

Nous commencions à prendre un peu de repos dans nos quartiers d'hiver, lorsque l'ennemi a attaqué le premier corps, et s'est présenté sur la Vistule. Nous avons marché à lui. Nous l'avons poursuivi l'épée dans les reins pendant l'espace de 80 lieues. Il s'est réfugié sous les remparts de ses places, et a repassé la Prégel. Nous lui avons enlevé aux combats de Bergfried, de Deppen, de Hoff, à la bataille d'Eylan, 65 pièces de canon, 16

(1) Stralsund, très-forte ville de la Pomeranie suédoise, le siége du gouvernement civil du pays, sur la mer Baltique, où elle a un havre, vis-à-vis File de Rugen, dont elle n'est séparée que par le petit détroit d'Egelle, est à 66 m. de Rostock, 170 de Colberg. Elle a été bâtie en 1230, et fut autrefois impériale et anséatique. Elle est presque isolée par la mer et par le lac Francken. Son commerce est assez important. On y fait des toiles, des lainages, de l'amidon et autres articles. La fabrication d'cau-de-vie y est considérable. Elle compte 11000 habitans. Le général Vallenstin fut obligé d'en lever le siége en 1628. L'Electeur de Brandebourg la prit cn 1678; elle fut prise de nouveau en 1715, et rendue à la Suéde pai la paix du Nord, en 1720.

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