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les hommes d'intrigue qui composaient sa société habituelle. En conséquence, il fut rappelé; on annonça pour

le territoire turc de Monténégro, si les circonstances de la guerre les y avaient conduites.

IV. S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie consent, d'après la demande de S. M. l'Empereur de toutes les Russies, et par égard pour elle :

1o. A rendre à la république de Raguse son indépendance, afin qu'elle en jouisse comme par le passé, sous la garantie de la Porte Ottomane.

Les Français garderont la position de Stagno sur la presqu'ile de Sabioncello, afin d'assurer leurs communications avec Cattaro.

2o. A cesser toute bo-tilité contre les Monténégrins, à compter de la date du présent traité, tant qu'ils vivront paisiblement et en sujets de la Porte. Ils devront se retirer sans délai dans leur pays et S. M. l'Empereur Napoléon promet de ne les inquiéter ni rechercher pour la part qu'ils peuvent avoir prise aux hostilités commises dans l'Etat de Raguse et dans les contrées adjacentes.

V. L'indépendance des Sept-Isles est reconnue par les deux puissances.

Les troupes russes actuellement dans la Méditerranée se retireront aux Sept-Isles. S. M. l'Empereur de toutes les Russies, dans l'intention de donner de nouvelles preuves de ses vœux sincères pour la paix, n'y entretiendra pas au-delà de quatre mille hommes de ses troupes qu'elle retirera lorsqu'elle le jugera convenable.

VI. L'indépendance de la Porte Ottomane est réciproquement promise, et les deux hautes parties contractantes s'engagent mutuellement à la maintenir ainsi que l'intégrité de son territoire.

sons de

VII. Aussitôt que l'ordre pour l'évacuation des Bouches du Cattaro sera parti en conséquence du traité de paix définitif, toutes raiguerre ayant cessé par suite de ce traité, les troupes françaises évacueront l'Allemagne. S. M. l'Empereur Napoléon déclare que dans trois mois au plus tard, à dater de la signature du présent traité, toutes ses troupes seront rentrées sur le territoire français.

VIII. Les deux hautes parties contractantes s'engagent à réunir leurs bons offices pour faire cesser le plus tôt possible, l'état de guerre entre la Prusse et la Suède.

IX. Les deux hautes parties contractantes voulant faciliter, autant qu'il est en elles, le retour de la paix maritime, S. M. l'Empereur des Français, Roid Italie,verra avec plaisir les bons offices de S. M. l'Empereur de toutes les Russies pour cet objet.

X. Les relations de commerce entre les sujets des deux empires

lui succéder M. le baron de Knobelsdorff, homme d'un caractère plein de droiture et de franchise, et d'une moralité parfaite.

Cet envoyé extraordinaire arriva bientôt à Paris, porteur d'une lettre du Roi de Prusse, datée du 23 acût.

Cette lettre était remplie d'expressions obligeantes et de déclarations pacifiques, et l'Empereur y répondit d'une manière franche et rassurante.

Le lendemain du jour où partit le courrier porteur de cette réponse, on apprit que des chansons outrageantes pour la France avaient été chantées sur le théâtre de Berlin; qu'aussitôt après le départ de M. de Knobelsdorff les arnemens avaient redoublé, et que quoique les hommes demeurés de sang-froid eussent rougi de ces fausses alarmes, le parti de la guerre souflant la discorde de tous côtés, avait si bien exalté toutes les têtes que le Roi se trouvait dans li'mpuissance de résister au torrent.

On commença dès-lors à comprendre à Paris, que le parti de la paix ayant lui-même été alarmé par des assurances mensongères et des apparences trompeuses, avait perdu tous ses avantages, tandis que le parti de la guerre mettant à profit l'erreur dans laquelle ses adversaires s'élaient laissé entraîner, avait ajouté provocation à provocation, et accumulé insulte sur insulte, et que les choses étaient arrivées à un tel point qu'on ne pourrait sortir de cette situation que par la guerre.

seront rétablies dans l'état où elles étaient avant l'époque de la mésintelligence qui les a troublées et interrompues.

XI. Les prisonniers des deux nations seront remis en masse aux agens de leur gouvernement, aussitôt après l'échange des ratifications.

XII. Le rétablissement des légations respectives et du céré monial entre les deux hautes parties contractantes aura licu en conformité de ce qui était d'usage avant la guerre.

XIII. Les ratifications du présent traité seront échangées dans vingt-cinq jours à Pétersbourg par des personnes duement autorisées à cet effet, de part et d'autre.

Fait et signé à Paris, le juillet 1806.

Signé CLARKE, PIERRE D'OUBRIL.

L'Empereur vit alors que telle était la force des circonstances, qu'il ne pouvait éviter de prendre les armes contre son allie. Il ordonna des préparatifs.

Tout marchait à Berlin avec une grande rapidité ; les troupes prussiennes entrèrent en Saxe, arrivèrent sur les frontières de la confédération, et insultèrent les avant-postes.

Le 24 septembre, la Garde Impériale partit de Paris. pour Bamberg où elle est arrivée le 6 octobre. Les ordres furent expédiées pour l'armée, et tout se mit en mouvement.

Ce fut le 25 septembre que l'Empereur quitta Paris; le 28 il était à Mayence, le 2 octobre à Wurtzbourg (1) et le 6 à Bamberg.

Le même jour deux coups de carabines furent tirés par les hussards prussiens sur un officier de l'état-major français. Les deux armées pouvaient se considérer comme en présence.

Le 7 S. M. l'Empereur reçut un courrier de Mayence, dépêché par le prince de Bénévent, qui était porteur de deux dépêches importantes: l'une était une lettre du Roi de Prusse, d'une vingtaine de pages, qui n'était réellement qu'un mauvais pamphlet contre la France, dans le genre de, ceux que le cabinet anglais fait faire par ses écrivains à 500 liv. st. par an. l'Empereur n'en acheva point la lecture, et dit aux personnes qui l'entouraient : « Je plains mon frère le Roi de Prusse; il n'entend pas le français, il n'a pas sûrement lu cette rapsodie. » A cette lettre était jointe la célèbre note de M. de Knobelsdorff (2). « Maréchal, dit l'Empereur au maréchal Berthier, on nous donne un rendezvous d'honneur pour le 8; jamais un Français n'y a manqué; mais comme on dit qu'il y a une belle Reine, qui veut être témoin des combats, soyons courtois, et marchons, sans nous coucher, pour la Saxe,» l'Empereur avait raison de parler ainsi, car la Reine de Prusse est à l'armée, habillée en amazone, portant l'uniforme de son régiment de dragons; écrivant vingt lettres par jour pour exciter de toute

(1) Wurtzbourg, Voyez, page 406 de la première Campagne de la Grande-Armée, DICTIONNAIRE GÉOGRAPHIQUE, les détails sur cette ville.

(2) Cette note est celle qu'on a lue précédemment page 15 et suiv.

part

part l'incendie. Il semble voir Armide dans son égarement, meltant le feu à son propre palais; après elle le prince Louis de Prusse, jeune prince plein de bravoure et de courage, excité par le parti, croit trouver une grande renommée dans les vicissitudes de la guerre. A l'exemple de ces deux grands personnages, toute la cour crie à la guerre; mais quand la guerre se sera présentée avec toutes ses horreurs, tout le monde s'excusera d'avoir été coupable, et d'avoir attiré la foudre sur les provinces paisibles du Nord; alors par une suite naturelle des inconséquences des gens de cour, on verra les auteurs de la guerre,. nonseulement la trouver insensée, s'excuser de l'avoir provoquée; et dire qu'ils la voulaient, mais dans un autre temps: mais même en faire retomber le blâme sur le Roi, honnête homme, qu'ils ont rendu la dupe de leurs intrigues et de leurs artifices.

Voici la disposition de l'armée française:

L'armée doit se mettre en marche par trois débouchés. La droite composée des corps des maréchaux Soult et Ney et d'une division des Bavarois, part d'Amberg (1) et de Nuremberg (2) se réunit à Bayreuth(3) et doit se porter sur Hoff (4) où elle arrivera le 9.

Le centre composé de la réserve du grand duc de Berg, du corps du maréchal prince de Ponte-Corvo et du maréchal Davoust, et de la garde impériale, débouche par Bamberg sur Cronach, (5) arrivera le 8 à Saalbourg, et de là se portera par Saalbourg et Schleitz (6) sur Gera. (7)

(1) Amberg. Voyez, page 593 de la première Campagne de la Grande-Armée, DICTIONNAIRE GÉOGRAPHIQUE, les détails sur cette ville. (2) Nuremberg. Voyez, page 399 de la première Campagne de la Grande-Armée, DICTIONNAIRE GÉOGRAPHIQUE, les détails sur cette ville. (5) Bayreuth, ville de Franconie sur le Mein-Rouge, à 55 m. de Bamberg, 68 de Nuremberg, 315 de Berlin; on y compte environ 10,000 habitans.

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(4) Hoff, ville de Franconie sur la Lecta à 48 m. de Bayreuth. (5) Cronach, ville de Franconie sur la rivière de son nom, à 50 m. de Bamberg et 22 de Cobourg.

(6) Schleitz, ville et comté de Haute-Saxe dans la Misnie, à 24 m. de Plauen et autant de Hoff. C'est là où s'est passée la première action de cette campagne entre les Prussiens et les Français, comme on le verra dans le second Bulletin.

(7) Gera, jolie ville de Haute-Saxe sur l'Elster, à 54 m. de Leipsick, 120 de Dresde. Les Bohémiens la ravagèrent en 1449; détruite par un incendie, elle a été rebâtie en 1781.

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La gauche composée des corps des maréchaux Lannes et Augereau, doit se porter de Schweinfurth (1) sur Cobourg (2), Graffenthal (3) et Saalfeld (4).

Nota. Nous plaçons ici à l'ordre de sa date la pièce suivante :

'APPEL de S. M. l'Empereur des Français et Roi d'Italie, aux peuples de la Saxe.

SAXONS!

Les Prussiens ont envahi votre territoire. J'y entre pour vous délivrer. Ils ont dissous violemment le lien qui unissait vos troupes, et ils les ont réunies à leur armée. Vous devez répandre Votre sang, non-seulement pour des intérêts étrangers, mais même pour des intérêts qui vous sont contraires.

Mes armées étaient sur le point de quitter l'Allemagne, lorsque votre territoire fut violé; elles retourneront en France, lorsque la Prusse aura reconnu votre indépendance, et renoncé au plan qu'elle a formé contre vous.

Saxons! votre prince avait refusé, jusqu'à ce moment, de former des engagemens opposés à ses devoirs; s'il y a consenti depuis, c'est qu il y a été forcé par l'invasion des Prassiens.

Je fus sourd à la vaine provocation que la Prusse dirigea contre mon peuple; jy fus sourd aussi long-tems qu'elle n'arma que dans ses Etats; et ce n'est qu'après qu'elle eut violé votre territoire, que mon ministre quitta Berlin.

Saxons! votre sort est maintenat dans vos mains. Voulez-vons rester incertains entre ceux qui vous mettent sous le joug, et ceux qui veulent vous protéger? Mes succès assureront l'exis

(1) Schweinfurt, ville de Franconie sur la rive droite du Mein, à 110 m. de Francfort, 90 d'Anspach, 40 de Wurtzbourg, 48 de Bamberg, 98 de Nuremberg, et 115 lieues de Vienne; on y compte 7,000 habitans. Les Français la prirent le 4 thermidor an 4, 1796. Elle appartient au Roi de Bavière.

(2) Cobourg, ville de Haute-Saxe, capitale de la principauté de son nom, sur la rivière de Jetz, à 40 m. de Bamberg, 80 de Gotha, 178 de Francfort-sur-le-Mein, et 100 lieues de Vienne; elle est commerçante, renferme beaucoup d'artisans et est la résidence du ? prince de son nom.

(3) Graffenthal, ville de Haute-Saxe, dans la principauté de Cobourg, à 52 m. de cette ville, et 62 de Gotha.

(4) Saalfeld petite ville de Haute-Saxe en Thuringe, dans la principauté de Cobourg, à 48 m. de cette ville, 34 de Jena; c'était autrefois la résidence du duc de Saxe-Cobourg.

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