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pères de famille, que leur zèle généreux rassemble sous les enseignes des braves gardes nationales; remplacer dans nos départemens des bataillons de vieux soldats, qui brûlent de combattre de nouveau sous les ordres de leur Empereur; completter un vaste système de distribution de forces, qui, s'étendant sur la surface presque entière de l'Europe, présage et assure les succès les plus décisifs; conquerir enfin, par la réunion la plus prompte et la mieux concertée des plus grands élémens de la puissance militaire, cette paix que n'a cessé d'offrir, et qu'offre encore dans ce moment un vainqueur, dont les triomphes les plus étonnans ne peuvent altérer l'admirable modération; tel est le but, tels seront les effets du sénatus-consulte soumis à votre délibération.

Lorsque votre commission a considéré le grand ensemble que forment des résultats aussi heureux; son opinion a dû être d'autant plutôt fixée, qu'elle a vu avec satisfaction dans les pièces qui vous ont été communiquées, que la levée des 80 mille nouveaux conscrits n'exigera aucune contribution nouvelle; sa détermination a été unanime; elle m'a chargé, Sénateurs, de vous proposer l'adoption du sénatus-consulte qui vous est présenté.

» Elle m'a chargé aussi de vous soumettre un projet d'adresse à S. M. l'Empereur et Roi, et un décret par lequel vous ordonneriez qu'elle fût transmise à S. M., en réponse au message du 20 mars 1807, et comme un nouvel hommage de notre amour, de notre fidélité, de notre respect, et du dévouement de tous les Français à sa personne sacrée. »

Nota. Sur ce rapport, le Sénat, dans la même séance, a adopté le projet de sénatus-consulte.

Il a pareillement adopté le projet d'adresse présenté par la commission.

SOIXANTE-HUITIEME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Osterode, le 29 mars 1807.

Le 17 mars à 3 heures du matin, le général de brigade Lefevre, aide-de-camp du prince Jerôme, se trouvant avec 3 escadrons de chevau-légers et le régiment d'infanterie légère de Taxis, passa auprès de Glatz pour se rendre à Wunchelsbourg. Quinze cents hommes sortirent de la place avec deux pièces de canon. Le lieutenant-colonel Gerard les chargea aussitôt et les rejetta dans Glatz, après leur avoir pris 100 soldats, plusieurs officiers et leurs deux pièces de canon.

Le maréchal Masséna s'est porté de Willenberg sur Ortelsbourg; il y a fait entrer la division de dragons Becker, et l'a renforcée d'un détachement de Polonais à cheval. Il y avait à Ortelsbourg quelques cosaques ; plusieurs charges ont eu lieu, et l'ennemi a perdu 20 hommes.

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Le général Becker, en venant reprendre sa position à Willenberg, a été chargé par 2000 cosaques; avait tendu une embusquade d'infanterie dans laquelle ils ont donné. Ils ont perdu 200 hommes.

Le 26, à cinq heures du matin, la garnison de Dantzick a fait une sortie générale, qui lui a été funeste. Elle a été repoussée par-tout. Un colonel, nommé Cracaw, qui avait fait le métier de partisan, a été pris avec 400 hommes et deux pièces de canon, dans une charge du 19° de chasseurs. La légion polonaise du Nord s'est fort bien comportée; deux bataillons saxons se sont distingués.

Du reste, il n'y a rien de nouveau; les lacs sont encore gelés; on commence cependant à s'appercevoir de l'approche du printems.

SOIXANTE-NEUVIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE. Finckenstien, le 4 avril 1807.

Les gendarmes d'ordonnance sont arrivés à Marienwerder. Le marechal Bessières est parti pour aller en passer la revue.

Ils se sont très-bien comportés et ont montré beaucoup de bravoure dans les différentes affaires qu'ils ont eues.

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Le général Teulié, qui jusqu'à présent avait conduit le blocus de Colberg, a fait preuve de beaucoup d'activité et de talent. Le général de division Loison vient de prendre le commandement du siége de cette place. Le 19 mars, les redoutes de Selnow ont été attaquées et emportées par le 1' régiment d'infanterie légère italienne. La garnison a fait une sortie. La compagnie de carabiniers du 1er régiment léger et une compagnie de dragons l'ont repoussée. Les voltigeurs du 19° régiment de ligne se sont distingués à l'attaque du village d'Allstadt. L'ennemi a perdu dans ces affaires trois pièces de canon et deux cents hommes faits prisonniers.

Le maréchal Lefebvre commande le siége de Dantzick. Le général Lariboisière a le commandement de l'artillerie. Le corps de l'artillerie justifie dans toutes les circonstances la réputation de supériorité qu'il a si bien acquise. Les canonniers français méritent, à juste raison, le titre d'hommes d'élite. On est satisfait de la manière de servir, des bataillons du train.

L'Empereur a reçu à Finckenstein une députation de la Chambre de Marienwerder, composée de MM. le comte Groeben, le conseiller baron de Schleinitz et le comte de Dohna, directeur de la Chambre. Cette députation a fait à S. M. le tableau des maux que la guerre a attirés sur les habitans. L'Empereur lui a fait connaître qu'il en était touché, et qu'il les exemptait, ainsi que la ville d'Elbing, des contributions extraordinaires. Il a dit qu'il y avait des malheurs inévitables pour le théâtre de la guerre, qu'il y prenait part et qu'il ferait tout ce qui dépendrait de lui pour les alléger.

On croit que S. M. partira aujourd'hui pour faire une tournée à Marienwerder et à Elbing.

La seconde division bavaroise est arrivée à Warsovie. Le prince-royal de Bavière est allé prendre à Pultusk le commandement de la première division.

Le prince héréditaire de Bade est allé se mettre à la tête

de son corps de troupes à Dantzick, Le contingent de SaxeWeymar est arrivé sur la Warta. (1)

Il n'a pas été tiré aux avant-postes de l'armée un coup de fusil depuis quinze jours.

La chaleur du soleil commence à se faire sentir; mais elle ne parvient point à amollir la terre. Tout est encore gelé le printems est tardif dans ces climats.

Des courriers de Constantinople et de Perse arrivent fréquemment au quartier-général.

La santé de l'Empereur ne cesse pas d'être excellente. On remarque même qu'elle est meilleure qu'elle n'a jamais été. Il y a des jours où S. M. fait 40 lieues à cheval.

On avait cru,

la semaine dernière, à Warsovie que TEmpereur y était arrivé à dix heures du soir; la ville entière fut aussitôt et spontanément illuminée.

Les places de Praga, Sierock, Modlin, Thorn et Marienbourg commencent à être en état de défense; celle de Marienwerder est tracée. Toutes ces places forment des têtes de pont sur la Vistule.

L'Empereur se loue de l'activité du maréchal Kellermann à former des régimens provisoires, dont plusieurs sont arrivés à l'armée dans une très-bonne tenue, et ont été incorporés.

S. M. se loue également du général Clarke, gouverneur de Berlin, qui montre autant d'activité et de zèle, que de talent dans le poste important qui lui est confié.

Le prince Jérôme, commandant des troupes en Silésie, fait preuve d'une grande activité, et montre les talens et la prudence qui ne sont, d'ordinaire, que les fruits d'une longue expérience.

SOIXANTE-DIXIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE. Finckenstein, le 9 avril 1807.

Un parti de 400 Prussiens, qui s'étaient embarqués à Koenigsberg, a débarqué dans la presqu'île, vis-à-vis de

(1) Warta on Farthe, rivière qui prend sa source vers les frontières de la Silésie, et se jette dans l'Oder à Kustrin.

Pillau (1), et s'est avancé vers le village de Carlsberg. M. Mainguernaud, aide-de-camp du maréchal Lefebvre, s'est porté sur ce point avec quelques hommes. Il a si habilement manœuvré qu'il a enlevé les 400 Prussiens, parmi lesquels il y avait 120 hommes de cavalerie.

Plusieurs régimens russes sont entrés par mer dans la ville de Dantzick. La garnison à fait différentes sorties. La légion polonaise du Nord et le prince Michel Radzivil qui la commande se sont distingués. Ils ont fait une quarantaine de prisonniers russes. Le siége se continue avec activité. L'artillerie de siége commence à arriver.

Il n'y a rien de nouveau sur les différens points de l'armée. L'Empereur est de retour d'une course qu'il a faite à Marienwerder et à la tête de pont sur la Vistule. Il a passé en revue le 12 régiment d'infanterie légère et les gendarmes d'ordonnance.

La terre, les lacs, dont le pays est rempli, et les petites rivières commencent à dégeler. Cependant il n'y a encore aucune apparence de végétation.

SOIXANTE-ONZIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Finckenstein, le 19 avril 1807.

La victoire d'Eylan ayant fait échouer tous les projets que l'ennemi avait formés contre la Basse-Vistule, nous a mis en mesure d'investir Dantzick et de commencer le siége de cette place. Mais il a fallu tirer les équipages de siége des forteresses de la Silésie et de l'Oder, en traversant une

(1) Pillau est une ville de la Prusse orientale, département allemand, avec un port sur la mer Baltique, à l'entrée du golphe de Frisch-Haff, à 40 m. de Koenigsberg, 90 de Dantzick. C'est la clef de la Prusse du côté de la mer. Les vaisseaux les plus gros s'y arrêtent et s'y allégent pour traverser plus aisément le Frisch-Haff jusqu'à Konigsberg. Les Suédois s'en emparèrent en 1626, et en augmentèrent les fortifications; ils l'abandonnèrent en 1635. Frédéric-Guillaume-leGrand mit les fortifications dans l'état où elles sont, et le roi de Prusse y jeta les fondemens de la ville. Les Russes bombardèrent la forteresse en 1759, et la prirent l'année suivante. On y fait de fort belles dentelles, et la côte voisiue fournit beaucoup d'esturgeons.

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