Page images
PDF
EPUB

étendue de plus de cent lieues dans un pays où il n'y a pas de chemins. Ces obstacles ont été surmontés et les équipages de siège commencent à arriver. Cent pièces de canon de gros calibre, venues de Stettin, de Custrin, de Glogau et de Breslaw, auront sous peu de jours leur approvisionnement complet.

Le général prussien Kalkreuth commande la ville de Dantzick. Sa garnison est composée de 14,000 Prussiens et 6000 Russes, Des inondations et des marais, plusieurs rangs de fortifications et le fort de Wechselmund ont rendu difficile investissement de la place.

Le journal du siége de Dantzick fera connaître ses progrès à la date du 17 de ce mois. (1) Nos ouvrages sont parvenus à 80 toises de la place; nous avons même plusieurs fois insulté et dépalissadé les chemins couverts.

Le niaréchal Lefebvre montre l'activité d'un jeune. homme. I etait parfaitement secondé par le général Savary; mais ce général est tombé malade d'une fièvre bilieuse à l'abbaye d'Oliva qui est à peu de distance de la place. Sa maladie a été assez grave pour donner pendant quelque temps des craintes sur ses jours. Le géneral de brigade Schramm, le général d'artillerie Lariboissière et le général du génie Kirgener ont aussi très-bien seconde le maréchal Lefebvre. Le géneral de division du génie Chasseloup vient de se rendre devant Dantzick.

Les Saxons, les Polonais, ainsi que les Badois, depuis que le prince héréditaire de Bade est à leur tête, rivalisent entr'eux d'ardeur et de courage.

L'ennemi n'a tenté d'autre moyen de secourir Dantzick que d'y faire passer par mer quelques bataillons et quelques provisions.

En Silesie, le prince Jérôme fait suivre très-vivement le siége de Neiss.

Depuis que le prince de Pletz a abandonné la partie,

(1) On trouvera le journal du siége de Dantzick en entier, ainsi que capitulation, à la suite du 77 Bulletin. (Note du Rédacteur.)

l'aide-de-camp du Roi de Prusse, baron de Kleist, est arrivé à Glatz pa Vienne, avec le titre de gouverneur-général de la Silésie. Un commissaire anglais l'a accompagné, pour surveiller l'emploi des 30,000 liv. sierl. donnés au Roi de Prusse par l'Angleterre.

Le 13 de ce mois, cet officier est sorti de Glatz avec un corps de 4000 hommes, et est venu altaquer, dans la position de Franckenstein, le général de brigade Lefevre, commandant le corps d'observation qui protége le siége de Neiss. Cette entreprise n'a eu aucun succès: M. de Kleist a été vivement repoussé.

Le prince Jérôme a porté, le 14, son quartier-général à Munsterberg (1).

Le général Loison a pris le commandement du siége de Colberg. Les moyens nécessaires pour ses opérations commencent à se réunir. Ils ont éprouvé quelques retards, parce qu'ils ne devaient pas contrarier la formation des équipages de siége de Dantzick.

Le maréchal Mortier, sous la direction duquel se trouve le siége de Colberg, s'est porté sur cette place en laissant en Pomeranie le général Grandjean avec un corps d'observation, et l'ordre de prendre position sur la Peene.

La garnison de Stralsund ayant sur ces entrefaites reçu par mer un renfort de quelques régimens, et ayant été informée du mouvement fait par le maréchal Mortier avec nne partie de son corps d'armée, a débouché en forces. Le général Grandjean, conformément à ses instructions, a passé la Peene et a pris position à Anclam. La nombreuse flottille des Suédois leur a donné la facilité de faire des débarquemens sur différens points et de surprendre un poste hollandais de 30 hommes, et un poste italien de 37 hommes. Le maréchal Mortier, instruit de ces mouvemens, s'est porté, le 13, sur Stettin, et ayant réuni ses forces, a manœuvré pour attirer les Suédois, dont le corps ne s'élève pas à 12,000 hommes.

(1) Munsterberg, ville de Silésie, capitale de la principauté de son nom, à 49 m. de Breslaw, 24 de Neiss. Elle est située sur la rivière d'Ohlau, dans une contrée fertile.

La Grande-Armée est depuis deux mois stationnaire dans ses positions. Ce temps a été employé à renouveler et remonter la cavalerie, à réparer l'armement, à former de grands magasins de biscuit et d'eau-de-vie, à approvisionner le soldat de souliers. Chaque homme, indépendamment de la paire qu'il porte, en a deux dans le sac.

La Silésie et l'île de Nogat ont fourni aux cuirassiers, aux dragons, à la cavalerie légère; de bonnes et nombreuses remontes.

[ocr errors]

Dans les premiers jours de mai, un corps d'observation de 50,000 hommes, français et espagnols, sera réuni sur l'Elbe. Tandis que la Russie a presque toutes ses troupes concentrées en Pologne, l'Empire français n'y a qu'une partie de ses forces mais telle est la différence de puissance réelle des deux Etats. Les 500,000 Russes que les gazeliers font marcher tantôt à droite, tantôt à gauche, n'existent que dans leurs feuilles et dans l'imagination de quelques lecteurs qu'on abuse d'autant plus facilement, qu'on leur montre l'immensité du territoire russe, sans parler de l'étendue de ses pays incultes et de ses vastes deserts.

La garde de l'Empereur de Russie est, à ce qu'on dit, arrivée à l'armée; elle reconnaîtra, lors des premiers événemens, s'il est vrai, comme l'ont assuré les généraux ennemis, que la garde impériale ait été détruite. Cette garde est aujourd'hui plus nombreuse qu'elle ne l'a jamais été, et presque double de ce qu'elle était à Austerlitz :

Indépendamment du pont qui a été établi sur la Narew, on en construit un sur pilotis entre Warsovie et Praga; il est déjà fort avancé. L'Empereur se propose d'en faire faire trois autres sur différens ponts. Ces ponts sur pilotis sont plus solides et d'un meilleur service que les ponts de bateaux. Quelques grands travaux qu'exigent ces entreprises sur une rivière de 400 toises de large, l'intelligence et l'activité des officiers qui les dirigent et l'abondance des bois, en facilitent le succès.

M. le Prince de Bénévent est toujours à Warsovie, occupé à traiter avec les ambassadeurs de la Porte et de l'Empereur de Perse, Indépendamment des services qu'il rend

[ocr errors]

à S. M. dans son ministère, il est fréquemment chargé de commissions importantes relativement aux differens besoins de l'armée.

Finckenstein, où S. M. s'est établie pour rapprocher son quartier-général de ses positions, est un très beau château qui a été construit par M. de Finckenstein, gouverneur de Frédéric II, et qui appartient maintenant à M. de Dohna, grand-maréchal de la cour de Prusse.

Le froid a repris depuis deux jours. Le printems n'est encore annoncé que par le dégel. Les arbustes les plus précoces ne donnent aucun signe de végétation.

SOIXANTE-DOUZIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE. Finckenstein le 23 avril 1807.

Les opérations du maréchal Mortier ont réussi comme ou pouvait le desirer. Les Suédois ont eu l'imprudence de passer la Peene, de déboucher sur Anclam et Demmin et de se porter sur Passewalk. Le 16, avant le jour, le maréchal Mortier réunit ses troupes, deboucha de Passewalk sur la route d'Anclam, culbuta les positions de Belling et de Ferdinandshoff, fit 400 prisonniers, prit deux pièces de canon, entra pêle-mêle avec l'ennemi dans Anciam, et s'empara de son pont sur la Peene.

La colonne du général suédois Cardell a eté coupée. Elle était à Uckermünde lorsque nous étions déjà à Anklam. Le général en chef suédois d'Armfeld a eté blessé d'un coup de mitraille; tous les magasins de l'ennemi ont été pris.

La colonne coupée du général Cardell a été attaquée le 17 à Uckermünde (1), par le général de brigade Veau. Elle a perdu trois pièces de canon et 500 prisonniers. Le reste s'est embarqué sur des chaloupes canonnières sur le

(1) Uckermünde, ville de la Pomeranie citérieure ou suédoise, sur l'Uker, près de son embouchure dans le Frisch-Haff, à 30 m. d'Anclam et 48 de Stettin.

Half

Haff. Deux autres pièces de canon et 100 hommes ont été pris du côté de Demmin.

Le baron d'Essen qui se trouve commander l'armée suédoise en l'absence du général Armfeld, a proposé une trève au général Mortier, en lui faisant connaître qu'il avait l'autorisation spéciale du Roi pour sa conclusion. La paix et même une trève accordée à la Suède remplirait les plus chers desirs de l'Empereur, qui a toujours éprouvé une véritable douleur de faire la guerre à une nation généreuse, brave, géographiquement et historiquement amie de la France. Et dans le fait, le sang suédois doit-il être versé pour la défense de l'Empire Ottoman ou pour sa ruine? Doit-il être versé pour maintenir l'équilibre des mers ou pour leur asservissement ? Qu'a à craindre la Suède de la France ? Rien. Qu'a-t-elle à craindre de la Russie? Tout. Ces raisons sont trop solides pour que, dans un cabinet aussi éclairé et chez une nation qui a des lumières et de l'opinion, la guerre actuelle n'ait promptement un terme. Immédiatement après la bataille d'Iéna l'Empereur fit connaître le desir qu'il avait de rétablir les anciennes relations de la Suède avec la France. Ces premières ouvertures furent faites au ministre de Suède à Hambourg; mais elles furent repoussées. L'instruction de l'Empereur à ses généraux a toujours été de traiter les suédois comme des amis avec lesquels nous sommes brouillés, et avec lesquels la nature des choses ne tardera pas à nous remettre en paix. Ce sont-là les plus chers intérêts des deux peuples. « S'ils nous faisaient du » mal, ils le pleureraient un jour; et nous, nous vou» drions réparer le mal que nous leur aurions fait. L'in»térêt de l'Etat l'emporte tôt ou tard sur les brouilleries » et sur les petites passions. » Ce sont les propres termes des ordres de l'Empereur. C'est dans ce sentiment que l'Empereur a contredemandé les opérations du siege de Stralsund, et en a fait revenir les mortiers et les pièces qu'on y avait envoyées de Stettin. Il écrivait dans ces termes au général Mortier: » Je regrette déjà ce qui s'est >> fait. Je suis fâché que le beau faubourg de Stralsund ait

« PreviousContinue »