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Le 12, ce prince apprit qu'une colonne de 3000 hommes était sortie de Glatz pour surprendre Breslaw. Il fit partir le général Lefebvre avec le 1 régiment de ligne bavarois, excellent régiment, 100 chevaux et un detachement de 300 Saxons. Le général Lefebvre atteignit la queue de l'ennemi le 14, à 4 heures du matin, au village de Cauth; il l'attaqua aussitôt, enleva le village à la bayonnette et fit 150 prisonniers. Cent chevau-légers du Roi de Bavière taillèrent en pièce la cavalerie ennemie, forte de 500 hommes, et la dispersèrent. Cependant l'ennemi se plaça en bataille et fit résistance. Les 300 Saxons lâchèrent pied; conduite extraordinaire qui doit être le résultat de quelque malveillance; car les troupes saxonnes, depuis qu'elles sont réunies aux troupes françaises, sont toujours bravement comportées. Cette défection inattendue mit le 1a régiment de ligne bavarois dans une situation critique. Il perdit 150 hommes qui furent faits prisonniers, et dut battre en retraite, qu'il fit cependant en ordre. L'ennemi reprit le village de Cauth.

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A onze heures du matin, le général Dumuy, qui était sorli de Breslaw à la tête d'un millier de Français, dragons, chasseurs et hussards à pied, qui avaient été envoyés en Silésie pour être montés, et dont une partie l'était déjà, attaqua l'ennemi en queue. 150 hussards à pied enlevèrent le village de Cauth à la bayonnette, firent 100 prisonniers, et reprirent tous les Bavarois qui avaient été faits prisonniers.

L'ennemi, pour rentrer avec plus de facilité dans Glatz, s'était séparé en deux colonnes. Le général Lefebvre, qui était parti de Schweidnitz le 15, tomba sur une de ces colonnes, lui tua roo hommes et lui fit 400 prisonniers, parmi lesquels 30 officiers. Un régiment de lanciers polonais, arrivé la veille à Franckenstein, et dont le prince Jérôme avait envoyé un détachement au général Lefebvre, s'est distingué.

La seconde colonne de l'ennemi avait cherché à gagner Glatz par Silberberg; le lieutenant colonel Ducoudrais aide-de-camp du prince, la rencontra et la mit en déroute.

Ainsi cette colonne de 3 à 4,000 hommes qui était sortie de Glatz, ne put y rentrer. Elle a été toute entière prise, tuée ou éparpillée.

SOIXANTE-SEIZIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE. Finckenstein, le 20 mai 1807.

Une belle corvette anglaise doublée en cuivre, de 24 canons, montée par 120 Anglais, et chargée de poudre et de boulets, s'est présentée pour entrer dans la ville de Dantzick. Arrivée à la hauteur de nos ouvrages, elle a été assaillie par une vive fusillade des deux rives et obligée d'amener. Un piquet du régiment de Paris a sauté le premier à bord. Un aide-de-camp du général Kalkreuth qui revenait du quartier-général russe, plusieurs officiers anglais ont été pris à bord. Cette corvette s'appelle le SansPeur. Indépendamment de 120 Anglais, il y avait 60 Russes sur ce bâtiment.

La perte de l'ennemi au combat de Weichselmunde du 15 a été plus forte qu'on ne l'avait d'abord pensé, une colonne russe qui avait longé la mer, ayant été passée au fil de la bayonnette. Compte fait, on a enterré 1300 cada

vres russes.

Le 6, une division de 7000 russes, commandée par le général Turkow, s'est portée de Brok sur le Bug, sur Pultusk, pour s'opposer à de nouveaux travaux qui avaient été ordonnés pour rendre plus respectable la tête de pont. Ces ouvrages étaient défendus par six bataillons bavarois, commandés par le prince royal de Bavière. L'ennemi a tenté quatre attaques. Dans toutes, il a été culbuté par les Bavarois et mitraillé par les batteries des différens cuvrages. Le maréchal Massena évalue la perte de l'ennemi à 300 morts et au double de blessés. Ce qui rend l'affaire plus belle, c'est que les Bavarois étaient moins de 4000 hommes.

Le prince-royal se loue particulièrement du baron de Wreden, officier-général au service de Bavière, d'un mé

rite distingué. La perte des Bavarois a été de 15 hommes tués et de 150 blessés.

Il y a autant de déraison dans l'attaque faite contre les ouvrages du général Lemarrois, dans la journée du 13, et dans l'attaque du 16 sur Pultusk, qu'il y en avait, il y a six semaines, dans la construction de ce grand nombre de radeaux auxquels l'ennemi faisait travailler sur le Bug. Le résultat a été que ces radeaux, qui avaient coûté six semaines de travail, ont été brûlés en deux heures, quand on l'a voulu, et que ces attaques successives contre des ouvrages bien retranchés et soutenus de bonnes batteries, leur ont valu des pertes considérables sans espoir de profit.

Il paraîtrait que ces opérations ont pour but d'attirer l'attention de l'armée française sur sa droite; mais les positions de l'armée française sont raisonnées sur toutes les bases et dans toutes les hypothèses, défensives comme offensives.

Pendant ce temps, l'intéressant siége de Dantzick continue à marcher. L'ennemi éprouvera un notable dommage en perdant cette place importante et les 20,000 hommes qui y sont renfermés. Une mine a joué sur le Blockhausen et l'a fait sauter. On a débouché sur le chemin couvert par quatre amorces, et on exécute la descente du fossé.

L'Empereur a passé aujourd'hui l'inspection du 5° régiment provisoire. Les huit premiers ont subi leur incorporation. On se loue beaucoup dans ces régimens des nouveaux conscrits génois qui montrent de la bonne volonté et de l'ardeur.

SOIXANTE-DIX-SEPTIEME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Finckenstein, le 29 mai 1807.

Dantzick a capitulé. Cetle belle place est en notre pouvoir. Huit cents pièces d'artillerie, des magasins de toute espèce, plus de 500,000 quintaux de grains, des caves considérables, de grands approvisionnemens de draps et

d'épiceries, des ressources de toute espèce pour l'armée; et enfin une place forte du premier ordre appuyant notre gauche, comme Thorn appuie notre centre et Prag notre droite; ce sont les avantages obtenus pendant l'hiver et qui ont signalé les loisirs de la Grande-Armée; c'est le premier, le plus beau fruit de la victoire d'Eylan. La rigueur de la saison, la neige qui a souvent couvert nos tranchées, la gelée qui y a ajouté de nouvelles difficultés, n'ont pas été des obstacles pour nos travaux. Le maréchal Lefebvre a tout bravé. Il a animé d'un même esprit les Saxons, les Polonais, les Badois, et les a fait marcher à son but. Les difficultés que l'artillerie a eu à vaincre étaient considérables. Cent bouches à feu, 5 à 600 milliers de poudre, une immense quantité de boulets ont été tirés de Stettin et des places de la Silésie. Il a fallu vaincre bien des difficultés de transport, mais la Vistule a offert un moyen facile et prompt. Les marins de la garde ont fait passer les bateaux sous le fort de Graudentz avec leur habileté et leur résolution ordinaires. Le général Chasseloup, le général Kirgener, le colonel Lacoste, et en général tous les officiers du génie, ont servi de la manière la plus distinguée. Les sapeurs ont montré une rare intrépidité. Tout le corps d'artillerie commandé par le général Lariboissière a soutenu sa réputation. Le 2 régiment d'infanterie légère, le 12 et les troupes de Paris, le général Schramm et le général Puthod se sont fait remarquer. Un journal détaillé de ce siége sera rédigé avec soin. Il consacrera un grand nombre de faits de bravoure dignes d'être offerts comme exemples, et faits pour exciter l'enthousiasme et l'admiration.

Le 17, la mine fit sauter un blockausen de la place d'armes du chemin couvert. Le 19, la descente et le passage du fossé furent exécutés à sept heures du soir. Le 21, le maréchal Lefebvre ayant tout préparé pour l'assaut, on y montait, lorsque le colonel Lacoste qui avait été envoyé le matin dans la place pour affaires de service, fit connaître que le général Kalkreuth demandait à capituler aux mêmes conditions qu'il avait autrefois accordées à la gar

nison de Mayence. On y consentit. Le Hakelsberg aurait été enlevé d'assaut sans une grande perte, mais le corps de place était encore entier; un large fossé rempli d'eau courante offrait assez de difficultés pour que les assiégés prolongeassent leur défense pendant une quinzaine de jours. Dans cette situation il a paru convenable de leur accorder une capitulation honorable.

Le 17, la garnison a défilé, le général Kalkreuth à sa tête. Cette forte garnison qui d'abord était de 16,000 hommes, est réduite à gooo, et sur ce nombre 4000 ont déserté. Il y a même des officiers parmi les déserteurs. Nous ne voulons pas, disent-ils, aller en Sibérie. Plusieurs milliers de chevaux d'artillerie nous ont été remis, mais ils sont en fort mauvais état. On dresse en ce moment les inventaires des magasins. Le général Rapp est nommé gouverneur de Dantzick.

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Le lieutenant général russe Kamenski, après avoir été battu le 15, s'était acculé sous les fortifications de Weischelmunde; il y est demeuré sans oser rien entreprendre, et il a été spectateur de la reddition de la place. Lorsqu'il a vu que l'on établissait des batteries à boulets rouges pour brûler ses vaisseaux, il est monté à bord et s'est retiré. Il est retourné à Pillau.

Le fort de Weischelmunde tenait encore. Le maréchal Lefebvre l'a fait sommer le 26, et pendant que l'on réglait la capitulation, la garnison est sortie du fort et s'est rendue. Le commandant abandonné s'est sauvé par mer; ainsi nous sommes maîtres de la ville et du port de Dantzick. Ces événemens sont d'un heureux présage pour la campagne. L'empereur de Russie et le roi de Prusse étaient à Heiligenbeil. (1) Ils ont pu conjecturer de la reddition de la place par la cessation du canon : le canon s'entendait jusque-là.

L'Empereur, pour témoigner sa satisfaction à l'armée

(1) Heiligenbeil est une petite ville de la Prusse Occidentale, à 50 m. de Koenigsberg.

assiégeante,

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