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constitutions de l'Empire; nous réservant, si sa descendance mascu→ fine, légitime et naturelle venait à s'éteindre, ce que Dieu ne veuille, de transmettre ledit duché à notre choix et ainsi qu'il sera jugé convenable par nous ou nos successeurs pour le bien de nos peuples et l'intérêt de notre couronne.

Nous ordonnons que les présentes lettres-patentes soient communiquées au Sénat pour être transcrites sur ses registres.

Ordonnons pareillement qu'aussitôt que la dotation définitive du duché de Dantzick aura été revêtue de notre approbation, l'état détaillé des biens, dont elle se trouvera composée, soit, en exécution des ordres donnés à cet effet par notre ministre de la justice, inscrit au greffe de la cour d'appel dans le ressort de laquelle l'habitation principale du duché sera située, et que la même inscription ait lieu au bureau des hypothèques des arrondissemens respectifs, afin que la condition desdits biens, résultant des dispositions du sénatus-consulte du 14 août 1806, soit généralement reconnue, et que personne ne puisse en prétendre cause d'ignorance.

Donné en notre camp impérial de Finckenstein, le 28 mai 1807.

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Signé NAPOLÉON.

Par l'Empereur,

Le ministre secretaire-d'Etat,

Signé, H. B. MARET.

Arrêté du Sénat-Conservateur en date du 11 juin 1807.

Le Sénat-Conservateur, réuni au nombre de membres prescrit par T'article XC de l'acte des constitutions, du 22 frimaire ar. 8,

Après avoir entendu la lecture d'un message de S. M. l'Empereur et Roi daté du camp impérial de Finckenstein, le 28 mai 1807, et de lettres-patentes sous la même date par lesquelles S. M. a conféré à M. le maréchal sénateur Lefebvre, préteur du Sénat, le titre héréditaire de duc de Dantzick, avec une dotation en domaines situés dans l'intérieur de la France, lesdits message et lettres-patentes apportés aujourd'hui au Sénat par S. A. S. le prince archi-chancelier de l'Empire;

Délibérant sur les communications qui viennent de lui être faites à cet égard par le prince archi-chancelier,

Arrête,

1°. Que le message de S. M. et les lettres-patentes jointes audit message, seront transcrits sur les registres du Sénat, et déposés dans ses archives;

2°. Que le président ordinaire du Sénat, est chargé d'adresser à S. M., avec l'expression des sentimens d'amour et de respect dont le Sénat est pénétré pour son auguste personne, celle de la reconnaissance que lui inspire la faveur signalée dont S. M. vient d'honorer M. le maréchal sénateur Lefebvre;

3. Que M. le président est pareillement chargé d'écrire à M. le maréchal sénateur Lefebvre, pour le féliciter, au nom du Senat, sur le témoignage éclatant qu'il vient de recevoir des bontés de S. M.;

Que les pièces communiquées au Sénat par le prince archi-chancelier de l'Empire, le discours de S. A. S. et le procès-verbal de la séance de ce jour, seront imprimés.

Les président et secrétaires,

Signé, CAMBACÉRÉS, archi-chancelier de l'Empire, président.
G. GARNIER, DEPÈRE, secrétaires.

SOIXANTE-DIX-HUITIEME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Heilsberg, le 12 juin 1807.

Des négociations de paix avaient eu lieu pendant tout l'hiver. On avait proposé à la France un congrès général auquel toutes les puissances belligérantes auraient été admises, la Turquie seule exceptée. L'Empereur avait été justement révolté d'une telle proposition. Après quelques mois de pourparlers, il fut convenu que toutes les puissances belligérantes, sans exception, enverraient des plénipotentiaires au congrès qui se tiendrait à Copenhague. L'Empereur avait fait connaître que la Turquie étant admise à faire cause commune dans les négociations avec la France, il n'y avait pas d'inconvénient à ce que l'Angleterre fit cause commune avec la Russie. Les ennemis demandérent alors sur quelles bases le congrès aurait à négocier. Ils n'en proposaient aucunes, et voulait cependant que l'Empereur en proposât. L'Empereur ne fit point de difficulté de déclarer que, selon lui, la base des négociations devait être égalité et réciprocité entre les deux masses belligérantes, et que les deux masses belligérantes entreraient en commun dans un système de compensations.

La modération, la clarté, la promptitude de cette réponse ne laissèrent aucun doute aux ennemis de la paix sur les dispositions pacifiques de l'Empereur. Ils en craignaient les effets; et au moment même où l'on répondait qu'il n'y avait plus d'obstacles à l'ouverture du congrès, l'armée russe sortit de ses cantonnemens et vint attaquer l'armée française. Le sang a donc été de nouveau répandu; mais du moins la France en est innocente. Ils n'est aucune ouverture pacifique que l'Empereur n'ait écoutée. Il n'est aucune proposition à laquelle il ait différé de répondre. Il n'est aucun piége tendu par les amis de la guerre que sa volonté n'ait écarté. Ils ont inconsidérément fait courir l'armée russe aux armes, quand ils ont vu leurs démarches déjouées ; et ces coupables entreprises que désavouait la justice, ont été confondues. De nouveaux échecs ont été attirés sur les armes

de la Russie; de nouveaux trophées ont couronné celles de la France. Rien ne prouve davantage que la passion et des intérêts étrangers à ceux de la Russie et de la Prusse dirigent le cabinet de ces deux puissances, et conduisent leurs braves armées à de nouveaux malheurs, en les forçant à de nouveaux combats, que la circonstance où l'armée russe reprend les hostilités ; c'est quinze jours après que Dańtzick s'est rendu; c'est lorsque ses opérations n'ont plus d'objet ; c'est lorsqu'il ne s'agit plus de faire lever le siège de ce boulevart, dont l'importance aurait justifié toutes les tentatives, et pour la conservation duquel aucun militaire n'aurait élé blâmé d'avoir tenté le sort de trois batailles. Ces considérations sont étrangères aux passions qui ont préparé les événemens qui viennent de se passer. Empêcher les négocialions de s'ouvrir; éloigner deux princes prêts à se rapprocher et à s'entendre, tel est le but qu'on s'est proposé. Quel sera le résultat d'une telle démarche? où est la probabilité du succès? Toutes ces questions sont indifférentes à ceux qui soufflent la guerre. Que leur importent les malheurs des armées russes et prussiennes ? s'ils peuvent prolonger encore les calamités qui pèsent sur l'Europe, leur but est rempli.

Si l'Empereur n'avait eu en vue d'autre intérêt que celui de sa gloire, s'il n'avait fait d'autres calculs que ceux qui étaient relatifs à l'avantage de ses opérations militaires, it aurait ouvert la campagne immédiatement après la prise de Dantzick; et cependant quoiqu'il n'existât ni trève, ni armistice, il ne s'est occupé que de l'espérance de voir arrives à bien les négociations commencées.

Combat de Spanden.

Le 5 juin, l'armée russe se mit en mouvement. Ses divisions de droite attaquèrent la tête de pont de Spanden, que le général Frère défendait avec le 27° régiment d'infanterie légère. Douze régimens russes et prussiens firent de vains efforts; sept fois ils les renouvellèrent, et sept fois ils furent repoussés. Cependant le prince de Ponte-Corvo

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avait réuni son corps d'armée, mais avant qu'il pût déboucher, une seule charge du 17° de dragons, faite immédiatement après le septième assaut donné à la tête de pont, avait forcé l'ennemi à abandonner le champ de bataille et à battre en retraite. Ainsi pendant tout un jour, deux divisions ont attaqué sans succès un régiment qui à la vérité était retranché.

Le prince de Ponte-Corvo visitant en personne les retranchemens, dans l'intervalle des attaques pour s'assurer de l'état des batteries, a reçu une blessure légère qui le tiendra pendant une quinzaine de jours éloigné de son commandement. Notre perte dans cette affaire a été peu considérable: l'ennemi a perdu 1200 hommes, et a eu beaucoup de blessés.

Combat de Lomillen.

Deux divisions russes du centre attaquaient au même moment la tête de pont de Lomitten. La brigade du général Ferrey, du corps du maréchal Soult, défendait cette position. Le 46°, le 57° et le 24° d'infanterie légère repoussèrent l'ennemi pendant toute la journée. Les abattis et les ouvrages restèrent couverts de Russes; leur général fut tué la perte de l'ennemi fut de 1100 hommes tués, 100 prisonniers et un grand nombre de blessés. Nous avons eu 200 hommes tués ou blessés.

Pendant ce temps, le général en chef russe, avec le grand-duc Constantin, la garde impériale et trois divisions, attaqua à la fois les positions du maréchal Ney sur Altkirken Amt, Guttstadt et Volfsdorff; il fut par-tout repoussé; mais lorsque le maréchal Ney s'apperçut que les forces qui lui étaient opposées étaient de plus de 40,000 hommes, il suivit ses instructions, et porta son corps à Ackendorff.

·Combat de Deppen.

Le lendemain 6, l'ennemi attaqua le 6 corps dans sa position de Deppen sur la Passarge. Il y fut culbuté. Les manœuvres du maréchal Ney, l'intrépidité qu'il a montrée

et qu'il a communiquée à toutes ses troupes, les talens déployés dans cette circonstance par le général de division Marchand, et par les officiers sous ses ordres, sont dignes des plus grands éloges. L'ennemi de son propre aveu a perdu dans cette journée 2000 hommes tués et a eu plus de 3000 blessés : notre perte a été de 160 hommes tués, 200 blessés, et 250 faits prisonniers. Ceux-ci ont été pour la plupart enlevés par les cosaques qui le matin de l'attaque s'étaient portés sur les derrières de l'armée. Le général Roger ayant élé blessé, est tombé de cheval et a été fait prisonnier dans une charge: le général de brigade Dutaillis a eu le bras emporté par un boulet.

L'Empereur arriva le 8 à Deppen au camp du maréchal Ney. Il donna sur le champ les ordres nécessaires. Le 4 corps se porta sur Volfsdorff où, ayant rencontré une division russe de Kamenski qui rejoignait le corps d'armée, il l'attaqua, lui mit hors de combat 4 ou 500 hommes, lui fit 150 prisonniers et vint prendre position le soir à Altkirken.

Journée du 9.

Le 9, l'Empereur se porta sur Gultstadt avec les corps des maréchaux Ney, Davoust et Lannes, avec sa garde. et la cavalerie de réserve; une partie de l'arrière-garde ennemie formant 10,000 hommes de cavalerie, et 15,000 hommes d'infanterie prit position à Glattau, et voulut disputer le passage. Le grand-duc de Berg, après des manoeuvres fort habiles, la débusqua successivement de toutes ses positions. Les brigades de cavalerie légère des généraux Pajol, Bruyères et Durosnel, et la division de grosse cavalerie du général Nansouty triomphèrent de tous les efforts de l'ennemi. Le soir à 8 heures nous entrâmes de vive force à Guttstadt un millier de prisonniers, la prise de toutes les positions en avant de Guttstadt, et la déroute de l'infanterie furent les suites de cette journée. Les régimens de cavalerie de la garde russe ont sur-tout été trèsmaltraités.

Le 10, l'armée se dirigea sur Heilsberg. Elle enleva

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