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feld qui l'a suivi le lendemain, ont porté la consternation chez l'ennemi. Toutes les lettres interceptées disent que la consternation est à Erfurt où se trouvent encore le Roi, la Reine, le duc de Brunswick, ect., qu'on discute sur le parti à prendre, sans pouvoir s'accorder. Mais pendant qu'on délibère, l'armée française marche. A cet esprit d'effervescence, à cette excessive jactance, commencent à succéder des observations critiques sur l'inutilité de cette guerre, sur l'injustice de s'en prendre à la France, sur l'impossibilité d'être secouru, sur la mauvaise volonté des soldats, sur ce qu'on n'a pas fait ceci, et mille et une autres observations qui sont toujours dans la bouche de la multitude, lorsque les princes sont assez faibles pour la consulter sur les grands intérêts politiques au-dessus de sa portée.

Cependant, le 12 au soir, les coureurs de larmée française étaient aux portes de Leypsig; le quartier-général du grand duc de Berg entre Zeist (1) et Leypsig; celui du prince de Ponte-Corvo, à Zeist; le quartier - impérial à Gerau la garde-impériale et le corps d'armée du maréchal

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Les tableaux sont au nombre de 1,600, parmi lesquels il faut nommer le Saint-Georges, le Saint-Sébastien et la Magdelaine du Corrège On croit que le chef-d'œuvre de ce grand maître, connu sous le nom de la Nuit du Corrège, est dans la galerie de l'Electeur. Parmi les livres rares de la bibliothèque on remarque l'Ars Memorandi, avec les planches en bois; Biblia pauperum; le premier Psautier de 1457, Mayence, sur vélin; le manuscrit original des rêveries du maréchal de Saxe; un très-bel exemplaire de l'Alcoran, qui a appartenu à Bajazet II; la première édition d'Homère; une Bible latine de 1462, etc. Dresde ne renferme pas plus de 60,000 ames. Après Dresde et Leipsick, les villes principales de Saxe sont Meissen, Wittemberg, Pirna, Freyberg, Torgau, Mersebourg, Naumbourg, etc. La forteresse de Koenistein, située sur une montagne escarpée, passe pour imprenable. Il y a de l'eau, des jardins, des terres labonrables, de sorte qu'elle ne peut être enlevée ni par force, ni par famine; mais elle sert moins de défense au pays que de lieu de sûreté an prince, et de dépôt pour ses archives et autres effets précieux.

(1) Zeist, petite ville de la Saxe électorale sur l'Elster, à 16 m. de Gera, 40 de Leypsig.

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Soult à Gerau; le corps d'armée du maréchal Ney à Neustadt, (1) en première ligne, le corps d'armée du maréchal Davoust à Naumbourg, (2) celui du maréchal Lannes à Jena; celui du maréchal Augereau à Kala(3). Le prince Jérôme, auquel l'Empereur a confié le commandement des alliés et d'un corps de troupes bavaroises, est arrivé à Schleitz, après avoir fait bloquer le fort de Culenbach (4) par un régiment.

L'ennemi, coupé de Dresde, était encore le 11 à Erfurt et travaillait à réunir ses colonnes qu'il avait envoyées sur Cassel et Wurtzbourg, dans des projets offensifs, voulant ouvrir la campagne par une invasion en Allemagne. Le Weser (5) où il avait construit des batteries, la Saale qu'il prétendait également défendre, et les autres rivières sont tournées à peu-près comme le fut l'Iller l'année passée; desorte que l'armée française borde la Saale, ayant le dos à l'Elbe, et marchant sur l'armée prussienne, qui de son côté à le dos sur le Rhin: position assez bizarre d'où doivent naître des événemens d'une grande importance.

Le temps, depuis notre entrée en campagne, est superbe, le pays abondant, le soldat plein de vigueur et de santé. On fait des marches de dix lieues, et pas un traîneur; jamais l'armée n'a été si belle.

Toutefois les intentions du Roi de Prusse se trouvent exécutées: il voulait que le 8 octobre l'armée française eût évacué le territoire de la confédération, et elle l'avait évacué; mais au lieu de repasser le Rhin, elte a passé la Saale.

(1) Neustadt, petite ville de la Haute-Saxe, dans la Misnie, sur la rivière d'Orla, à 42 m. 'de Weymar, 52 de Naumbourg, 35 de Plauen; elle est le chef-lieu du cecle de son nom.

(2) Naumbourg, belle ville du cercle de Haute-Saxe, en Misnie, à 40 m. de Weymar, 54 de Leypsig, 115 de Magdebourg, 155 de Dresde; elle est située sur la Saale.

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(3) Kala, jolie petite ville appartenant à la maison de Saxe-Gotha, sur la Saale, à 10 m. d'Jena.

(4) Culenbach, ville de Franconie, ancienne capitale du margraviat de son nom, au confluent du Mein-Blanc avec le Mein-Rouge, à 23 m. de Breith, 40 de Cobourg; elle appartient au Roi de Prusse.

(5) Weser (le) est un fleuve considérable de Basse-Saxe, formé par les rivières de Werre et de Fulde, à leur confluent près de Menden. Il se jette dans la mer du Nord, après avoir reçu les caux de l'Aller et celles de la rivière de Wumme.

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QUATRIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Gerau, le 15 octobre, à dix heures du matin.

Les événemens se succèdent avec rapidité. L'armée prussienne est prise en flagrant delit, ses magasins enlevés, elle est tournée.

Le maréchal Davoust est arrivé à Naumbourg le 12 à neuf heures du soir, y a saisi les magasins de l'armée ennemie, fait des prisonniers, et pris un superbe équipage de 18 pontons de cuivre attelés.

Il paraît que l'armée prussienne se met en marche pour gagner Magdebourg, mais l'armée française a gagné trois marches sur elle. L'anniversaire des affaires d'Ulm sera célèbre dans l'histoire de France.

La lettre ci-jointe qui vient d'être interceptée, fera connaître la vraie situation des esprits: mais cette bataille, dont parle l'officier prussien, aura lieu dans peu de jours. Les résultats décideront du sort de la guerre.

Les Français doivent être sans inquiétude.

LETTRE d'un officier prussien à un de ses amis à Berlin,

Naumbourg, le 12 octobre.

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Le commencement des hostilités contre les Français s'est passé d'une manière très-triste pour les troupes allemandes; ils ont force un poste de l'aile gauche du corps d'armée de Hohenlohe, et un combat meurtrier a eu lieu au corps de Tauenzein, et le prince Louis-Ferdinand de Prusse y est resté mort sur la place. Non seulement les régimens Zastram et un bataillon de Bellet, les hussards verts et bruns, ect., mais encore les régimens saxons Princes Jean, Xavier et Rechten ont terriblement souffert depuis hier après midi, et toute cette nuit nous n'avons vu que des fuyards qui couraient après leurs régimens; on croit que les Français se portent en force sur notre gauche, pour couper la communication de Leypzig. Leur force doit être de 400,000 hommes commandés par l'Em

pereur qui, dans ce moment doit être à Gerau, à quatre milles d'ici. Nous appercevons déjà ici quelques patrouilles. Nous avons ici des magasins immenses, sans trouver moyen de les sauver; on est ici dans des inquiétudes affreuses. Dieu veuille que le Roi, qui ne peut pas manquer d'être attaqué sous peu, ne se laisse pas battre, car ce malheur serait irréparable.

D'après les dernières lettres, le corps d'avant-garde de Blichert s'est porté sur la Hesse. L'état-major du corps de Rüchel s'y est rendu aussi, de manière que, excepté à Hameln, il n'y a plus un seul soldat dans les États hanovriens. Actuellement il ne nous reste d'autre ressource que la bataille décisive qu'il faut livrer à Napoléon. Dans cette triste situation, mon sort ne tient à rien, pourvu que l'issue de la crise actuelle soit heureuse; je le répète encore, mon ami, que notre situation est des plus tristes et des moins rassurantes, ect.

CINQUIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Jena (1), le 15 octobre 1806.

La bataille d'Jena a lavé l'affront de Rosbach, et décidé,

(1) Iéna. Il ne faut pas confondre cette ville, aujourd'hui si célèbre par la victoire decisive que l'Empereur vient d'y remporter sur les forces réunies du Roi de Prusse, avec Jéna ou Jesna, ville fortifiée de la Haute Hongrie.

Celle dont il s'agit maintenant, celle que tous les yeux cherchent sur la carte, est située sur la Saale, à deux lieues de Weimar, dans la Thuringe, c'est-à-dire, dans une contrée fort agréable, qu'entoure une chaine de montagnes. Elle fut, dit-on, foudée par les Sorbes et les Vandales, qui demeurèrent aux alentours, et qui ont aussi bâti la plupart des villages environnans.

Iéna appartint d'abord aux marquis de Misnie, et Eccard II, qui tua Siffride, comte de Nordheim, en 1002, y est enterré. Les comtes Loddaburg et ceux d'Arnshaug, leurs descendans, eurent dans la suite chacun une moitié de cette possession. Frédéric, marquis de Misnie, en acquit de nouveau un quart, par le mariage qu'il contracta, en 1501 avec Adélaïde, comtesse d'Arnsbourg; il acheta l'autre quart, en 1515, des seigneurs d'Elsterburg et d'Arnshaug. Frédéric-le-Belliqueux ayant partagé, en 1411, avec Guillaume, son frère cadet, Téná échut à celui-ci; mais, en 1423, ils firent un échange, par lequel la ville et le ressort d'ena devint la propriété de l'électeur Frédéric; et Leipsick,

celle de Guillaume.

Sigismond, deuxième fils de l'Electeur Frédéric, eut ensuite Ikna,

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en sept jours, une campagne qui a entiérement calmé cette frénésie guerrière qui s'était emparée des têtes prussiennes. Voici la position de l'armée au 13:

Le grand-duc de Berg et le maréchal Davoust, avec leurs corps d'armée, étaient à Naumbourg, ayant des partis sur Leipsick et Haile.

Le corps du maréchal-prince de Ponte-Corvo était en marche pour se rendre à Dornnbourg (1).

Le corps du maréchal Lannes arrivait à Jena.

Le corps du maréchal Augereau était en position à Kahla. Le corps du maréchal Ney était à Roda (2).

Le quartier-général, à Gera.

L'Empereur, en marche pour se rendre à Jena.

Le corps du maréchal Soult, de Gera étail en marche pour prendre une position plus rapprochée, à l'embranchement des routes de Naumbourg et de Jena.

Voici la position de l'ennemi :

Le roi de Prusse voulant commencer les hostilités au 9 octobre, en débouchant sur Francfort par sa droite, sur Wurtzbourg par son centre, et sur Bamberg par sa gauche, toutes les divisions de son armée étaient disposées pour exécuter ce plan; mais l'armée française tournant sur l'extrémité de sa gauche, se trouva en peu de jours à Saalbourg, à Lobenstein (3), à Schleitz, à Gera, à Naumbourg. L'armée prus

et après lui Guillaume-le-Vaillant, qui épousa Anne, fiile de l'Empereur Albert, en 1446. Après la mort de Guillaume, cette ville échut à l'électeur Frédéric-le-Débonnaire; et celui-ci étant mort, elle appartiut à la branche Ernestine.

En 1548, l'électeur Jean Frédéric y établit une académie, et, après avoir obtenu les priviléges de l'Empereur d'Allemagne, en 1558, il Periga en université. Quelque temps après, on y établit aussi une cour de justice et un conseil aulique.

Cette ville n'est pas fort grande: on y voit le palais de l'électeur, trois églises, la bibliothèque de l'université, et un cabinet de médailles. Elle a beaucoup souffert par la guerre des Suédois et des Impériaux, et surtout par la peste qui l'affligea en 1578 et en 1656. La première fois on transféra l'université à Saalfeld. Il y eut, en 1660, une révolte des étudians, mais que la fermeté du prince étouffa facilement; les seigueurs de Leuchtemberg y avaient fondé un monastère pour les Dominicains, en

l'an 1286.

(1) Dornnbourg est une petite ville de la Haute-Saxe, sur la Saale, à 10 in. d'Jéna.

(2) Roda, petite ville de Haute-Saxe, à 14 m. d'Jéņa.

(3) Lobenstein ou Labenstein, ville de Haute-Saxe, capitale du comté. de son nom, à 60 m. de Cobourg, et 52 de Saalfeld.

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