AVIS AU LECTEUR. Voici le dixième volume de l'Annuaire historique universel que nous livrons au public. Ce livre s'est répandu dans toute l'Europe. Son succès, constaté par la réimpression des deux premiers, a commencé dans les classes élevées, là où il devait trouver des juges mieux instruits et plus sévères : il est dans le cabinet de tous les hommes d'État. Il n'a été que peu ou point prôné par les critiques de profession; mais ils n'ont pu lui refuser leur estime. Il était utile et nécessaire à tous ceux qui veulent être au courant des affaires politiques. Il ne lui fallait que du temps pour se faire jour à travers tant d'ouvrages dont la librairie est surchargée. Il s'est établi, il a fait de lui-même sa fortune. Nous n'avons pas besoin d'appeler l'attention de nos lecteurs sur l'intérêt du volume que nous publions; on n'a qu'à lire la table qui le précède et celle qui le termine pour en juger: mais nous devons compte des délais et des changemens qu'il a subis. Il n'avait jamais été dans nos idées de faire paraître l'Annuaire historique à la fin de l'année dont il doit exposer les événemens, ou même au commencement de la suivante. Cinq ou six mois nous avaient paru nécessaires pour recueillir nos matériaux, éclaircir ou vérifier les faits douteux: trop de précipitation nous. exposait à ne donner que des récits hasardés, des notions fausses, des documens apocryphes ou incomplets; à ne faire enfin qu'une de ces compilations indigestes que la cupidité fait entreprendre et que l'impatiente a curiosité du public accueille, mais que le dégoût fait rejeter quelques jours après leur apparition. Des malheurs domestiques, des affaires particulières nous ont fait différer d'année en année la publication de notre ouvrage bien au-delà du terme que nous nous étions prescrit; mais nous ferons en sorte de nous en rapprocher. Un écrivain d'une instruction solide et d'un esprit judicieux, M. D......, nous a fourni, dès cette année, la partie analytique de la session législative. Ses secours nous mettront sans doute à portée de regagner quelques mois sur la publication prochaine; et nous verrons alors à reprendre l'histoire des quatre premières années de 1814 à 1817. Car nous voulons faire remonter cette Collection historique à la grande ère de la restauration; et c'est ce dessein bien arrêté qui nous a empêché de donner, avec ce volume, une table décennale, qui serait si nécessaire à cet ouvrage. En attendant que nous puissions remplir cette tâche toujours présente à notre pensée, nous nous sommes attachés à lui donner toutes les améliorations dont il nous semblait susceptible. Le prix du volume a été augmenté d'un cinquième : mais les matières qu'il contient en rempliraient plus de quatre dans le même format. Nous avons été forcés de donner successivement à la session de nos deux Chambres des développemens plus étendus, en proportion de l'intérêt qu'excitaient leurs débats. Il a fallu, à mesure que les partis s'échauffaient, élargir le champ de bataille, pour faire voir plus clair au combat. Nous en rapportons les détails, les discours ou l'analyse, sans acception de personnes, sans préférence ou exclusion de parti, suivant le rang d'inscription des orateurs, l'effet ou l'importance que leurs paroles ont, soit par le talent, par le talent, soit par la position des personnages. C'est à ce titre et à ce titre seul que les ministres y obtiennent plus de place; car leurs discours, bons ou mauvais, diront toujours quelque chose à l'histoire. Notre seconde partie, la partie étrangère, s'est aussi développée chaque année nous a apporté des matériaux plus abondans; car nos lecteurs voient bien que cette partie n'est pas composée uniquement sur des journaux français. Un des inconvéniens de leur publication quotidienne est de ne pouvoir suivre régulièrement les affaires du dehors lorsqu'il s'en présente d'intéressantes au dedans. Aussi offrent-ils beaucoup de lacunes à remplir, de documens incomplets : un grand nombre de ceux qui composent la seconde partie de l'Appendice ont été complétés ou rectifiés, jusqu'au traité du 6 juillet lui-même, qui n'avait été donné que sur une version anglaise. La guerre qui embrase l'Orient nous a fait sentir plus vivement que jamais la difficulté d'écrire l'histoire d'une campagne à peine finie sur des rapports ou bulletins officiels que les parties belligérantes font publier dans l'intérêt de leur cause plus que de la vérité. Nous avons pris le parti de les rapporter dans l'Appendice, tels qu'ils nous arrivent. Les contemporains ou les historiens à venir pourront juger eux-mêmes entre des récits toujours différens, souvent contradictoires, de la vérité ou de la probabilité des faits, et nous n'aurons ainsi à recueillir que des événemens avérés ou des résultats authentiques. L'Aperçu statistique qui précède notre Appendice a été vérifié et corrigé, non pas au hasard, comme il se fait tant de tableaux de ce genre, mais sur des documens officiels, sur des rapports faits à la tribune des pays soumis au régime représentatif, ou sur des inductions plausibles quant à l'accroissement de la popu lation. Nous avons donné de nouveaux soins à la rédaction ou au choix des articles qui composent la Chronique ; nous en avons supprimé les causes criminelles sans intérêt, les anecdotes hasardées, pour y faire entrer tout ce qui peut faire connaître les mœurs, les goûts et l'esprit du temps et du pays. Une seule partie semble avoir souffert des développemens que les autres ont reçus : c'est celle qui devait exposer l'état des sciences, des lettres et des arts. Nous avions même, dans l'impuissance où nous sommes de traiter convenablement ce sujet, résolu de la supprimer entièrement; mais nous nous sommes restreints dans un cadre exempt de toute prétention, où il ne peut entrer que des résultats. Ce ne sont que des notes, que nous pourrons étendre ou resserrer suivant le temps et la place que nous aurons. Tel que ce livre est maintenant, écrit avec des intentions droites,étranger à tout esprit de parti, de faction ou de coterie, composé dans une distribution claire et méthodique, de manière à y rendre les recherches faciles, nous croyons pouvoir l'offrir avec confiance à notre pays et à l'étranger comme le recueil le plus complet de l'histoire moderne. |