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gnement des troupes, extraordinairement assemblées près de Paris et de Versailles, et sur l'établissement des gardes bourgeoises.

« Déclare de nouveau qu'il ne peut exister d'intermédiaire entre le roi et l'Assemblée nationale.

« Déclare que les ministres et les agens civils et militaires de l'autorité sont responsables de toute entreprise contraire aux droits de la nation et aux décrets de l'assemblée.

<< Déclare que les ministres actuels et les conseillers de sa majesté, quelque état et quelque rang qu'ils puissent avoir, sont personnellement responsables des malheurs présens et de tous ceux qui peuvent suivre.

« Déclare que, la dette publique ayant été mise sous la garde de l'honneur et de la loyauté française, que la nation ne refusant pas d'en payer les intérêts, nul pouvoir n'a le droit de prononcer l'infâme mot de banqueroute, sous quelque forme et dénomination que ce puisse être.

« Enfin, l'Assemblée nationale déclare qu'elle persiste dans ses précédens arrêtés, notamment dans ceux des 17, 20 et 23 juin dernier. La présente délibération sera remise au roi par le président, publiée par la voix de l'impression, et adressée par ordre de l'assemblée à M. Necker et aux ministres que la nation vient de perdre.

L'archevêque de Vienne, accablé par l'âge et par une fatigue excessive, avait dû se retirer du bureau. Lafayette occupait le fauteuil pendant que l'assemblée rendait cette délibération mémorable. La destinée de cet homme dévoué au culte de la liberté, est de figurer partout où il se passe quelque grand événement qui la proclame ou la consacre.

On ne peut qu'admirer ici la prudence et la fermeté des mandataires de la France; justement mécontens de la fallacieuse réponse du roi, ils le respectent, mais ils s'élèvent contre les conseillers de la couronne, et osent les menacer de l'avenir; ils sentent que les mesures mêmes qui se préparent ne peuvent que conduire à la banqueroute, et ils mettent la dette publique sous la sauvegarde de l'honneur national ; ils se trouvent environnés de troupes étrangères amenées pour renverser la liberté naissante, et ils embrassent hautement sa défense. Sans autres armes que des paroles et des décrets, incapables de craintes et décidés à tout éprouver, ils attendaient sur leurs chaises curules les soldats du despotisme.

Mais on n'eût pas impunément attenté au caractère sacré des mandataires de la France; en apprenant leur magnanime opposition, le peuple de Paris avait juré de les défendre; la garde nationale était prête à les recevoir sous l'abri de ses drapeaux, et à offrir, non pas un Jeu de Paume, mais un temple à leurs délibérations. Cette garde achevait de s'organiser pour être prête à tout ce que la patrie demanderait d'elle. Sur le refus du duc d'Aumont, les électeurs avaient nommé le marquis de La Salle commandant de l'armée parisienne.

Pendant ce temps, la ville entière est dans une agitation extraordinaire; chacun prend conseil de son zèle ou de la nécessité. Tout le monde commande, tout le monde obéit. Le garde-meuble est forcé, on s'empare des armes antiques; le casque et l'armure de l'homme de fer de la féodalité vont être utiles à la vengeance populaire. L'épée de Henri IV est baisée avec respect; entre des mains roturières, elle va servir contre le despotisme de l'un de ses descendans! Il n'a fallu que deux jours à Paris pour se mettre en état de se défendre contre les fureurs de la cour! L'orage approche, grossit, la mer monte ; à demain l'irruption !

CHAPITRE V.

Prise de la Bastille. - Mort de De Launay. - De Flesselles. - Le roi à l'Assemblée nationale. - Bailly, maire de Paris. - Lafayette, général, commandant la garde nationale. - Première émigration. - Le roi vient à Paris. - Malheurs de Saint-Germain et de Poissy. Mort de Foulon et de Berthier. Du secret des lettres. Création du comité des recherches. -Retour de Necker. -Troubles dans les provinces. -Séance du 4 au 5 août.

Nous avons vu le malheureux Louis XVI conduit de faute en faute à la nécessité de convoquer les Etats-Généraux. Bientôt il se repent de cette résolution, il recourt à de misérables ruses; il veut embarrasser l'assemblée et la réduire à l'impuissance de faire le bien; la déception ne lui réussit pas: tout le monde pénètre sa politique, elle paraît au grand jour ; alors les courtisans, qui l'entraînent et le dominent depuis son avénement au trône, le poussent à employer la force pour dissoudre l'Assemblée nationale qu'il désespère de soumettre à ses volontés. Voilà le prince en face d'une révolution ; que vont faire ces courtisans à la parole superbe et menaçante qui ne donnaient que des conseils violens! Aucun d'eux ne se présente avec une force puisée dans le caractère ou le talent; aucun n'est prêt à conjurer le péril ou à l'affronter. Louis manque d'audace pour se mettre à la tête de l'armée avec laquelle il voudrait reprendre l'autorité absolue. Pas un homme de tête qui sache le remplacer, lui faire même violence pour le sauver, et imposer au peuple par une de ces résolutions sagement téméraires qui décident souvent la fortune. Le vieux maréchal de Broglie n'a pas l'étoffe d'un pareil rôle; Bezenval, plus hardi peut-être, n'ose faire entrer les troupes dans la capitale : il doute de leur fidélité, et attend des ordres de Versailles, où l'on s'aveugle au point de regarder trois cent mille insurgés comme un attroupement. Cependant l'insurrection augmentait en force et en audace. Mais les armes livrées par la ville ou saisies chez les armuriers n'étaient qu'une bien faible ressource: cinquante mille piques sont forgées en trente-six heures; tous les fusils se réparent; le plomb bout dans les chaudières et se transforme en balles; des faux tranchantes, des lames acérées sont fixées au bout de longues perches ; des haches aiguisées, de lourdes massues arment des bras nerveux; les femmes du peuple elles-mêmes portent quelques instrumens de destruction; des batteries s'élèvent devant les postes les plus exposés à l'attaque et les plus favorables à la défense. Dans les rues, dans les promenades, sur les places publiques, de vieux officiers, des soldats aux trois chevrons qui ont repris le harnais, des jeunes gens animés de la plus belliqueuse ardeur; une foule de citoyens courant des districts à l'hôtel-de-ville et de l'hôtel-de-ville aux districts; les clameurs du peuple qui s'offre à tous les périls avec ce courage impétueux qui lui est propre; dans toutes les assemblées, le tumulte, la méfiance, le courage, les propositions multipliées, les inspirations du dévouement ; au Palais-Royal, les motions les plus violentes, mais toutes tendant au salut commun: des orateurs, montés sur des chaises ou sur des tables, enflammant par des harangues de feu les auditeurs qui se pressent autour d'eux, et se répandent ensuite dans la ville comme la lave d'un volcan: voilà Paris. Cependant une foule immense

obstrue toutes les avenues de l'hôtel-de-ville, et demande à grands cris des munitions et des armes.

Tout à coup un long cri d'épouvante parcourt cette multitude. Royal-Allemand est à la barrière du Trône! il sabre tout ce qui se trouve sur son passage! Ces fausses rumeurs soulèvent des cris de rage et de vengeance. Le comité central ordonne à chaque district de sonner partout l'alarme, de dépaver les rues, de creuser des fossés, de former des barricades, d'opposer enfin tous les obstacles que le zèle et le patriotisme sont capables d'inventer et de mettre en usage. L'hôtel-de-ville, où viennent aboutir toutes les nouvelles, toutes les informations, toutes les résolutions, tous les besoins, toutes les alarmes, ressemble à une place assiégée par une foule de citoyens qui paraissent monter à l'assaut; mais, pour parvenir jusque dans la place, il faut traverser la masse du peuple semblable à une mer orageuse dont les flots tonrbillonnent en sens contraire. Du sein de ce peuple sortait à tout moment le cri: Des armes! des armes! Le prévôt des marchands, Flesselles, par une imprudence inexplicable, prodiguait des promesses sans effet qui ne servaient qu'à irriter les esprits. Le malheureux jouait sa vie, sans le savoir, par ces imprudentes déceptions. Enfin les électeurs, ne sachant plus comment satisfaire un peuple trompé qui pouvait s'exaspérer jusqu'à la fureur, envoyèrent M. Ethis de Corny qui vint, du haut du perron de l'hôtel-de-ville, annoncer l'ordre qu'il avait reçu d'aller demander des armes aux Invalides. Il part; trente mille hommes le suivent: tout Paris s'élance après eux. On arrive, on s'adresse à M. de Sombreuil, gouverneur de l'hôtel. Fidèle à son devoir et à l'honneur militaire, il répond par un courageux refus aux instances et aux cris de la multitude. Tandis que l'on parlemente avec lui, quelques Parisiens pénètrent dans l'hôtel, et ouvrent les portes à la foule qui s'élance comme un torrent. Elle cherche, avide et em

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