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Les nouvelles que nous avons reçues de la Hollande vont jusqu'au 6 de ce mois. Toutes les forteresses de ce pays sont actuellement soumises au Prince Souverain. L'amiral Verheuil a enfin rendu le 5 les forts et les vaisseaux qu'il a si long-temps maintenus, contre l'autorité légitime. Bergop-Zoom est aussi occupé par les troupes hollandaises.

A l'égard d'Anvers, notre gouvernement a reçu hier la dépêche suivante de Sir Thomas Graham (actuellement Lord Lyuedock).

DEPARTEMENT DE LA GUERRE.

Downing-Street, le 10 Mai.

Le comte Bathurst a reçu aujourd'hui la dépêche suivante du général Lord Lynedock.

Anvers, le 5 Mai 1814.

Milord,

J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Seigneurie que, conformément aux termes de la convention de Paris, du 23 du mois dernier, cette forteresse et les différents forts qui en dépendent ont été évacués définitivement ce matin par les troupes françaises.

Le major-général Kunigl, commissaire des puissances alliées, m'ayant exprimé le désir que, suivant ses instructions, les troupes anglaises l'occupassent, la 2e division, sous le commandement du major-général Cooke, et la lere brigade de la lere division y sont entrées; et après que les différentes gardes ont été relevées, la nouvelle garuison a reçu le commissaire avec les honneurs militaires.

Les magistrats se sont ensuite assemblés sur la place de la parade, et le maire, en recommandant Anvers à la protection des alliés et son sort futur à leur faveur, a présenté les clefs de la ville au général Kunigl, qui les a reçues au nom des souverains alliés.

Il est impossible de décrire les démonstrations et transports de joie avec lesquels les habitants ont témoigné lear approbation de cette scene intéressante.

Tous les établissements de la marine restent entre les mains des Français. J'ai eu les communications les plus satisfaisantes avec l'amiral Français Gourdon, qui commande;

et je ne doute pas que la plus parfaite harmonie ne subsiste entre les Français et les Anglais de toutes les classes, pendant que la ville continuera d'être occupée par une garnison britannique.

J'ai l'honneur, etc.

(Signé)

THOMAS GRAHAM.

Les lettres et journaux que nous recevons chaque jour du continent nous annoncent les mesures qui sont prises de toutes parts pour accélérer le moment où l'Europe jouira des bienfaits d'une pacification générale. Les projets des souverains alliés n'éprouvent maintenant de résistance que dans une petite province du Nord; la Norvége seule s'oppose à l'exécution des traités, suivant lesquels elle doit être annexée à la Suede. Mais toutes les puissances qui ont garanti cette réunion se montrant déterminées à employer leurs forces et moyens respectifs pour l'effectuer; et la GrandeBretagne particulierement ayant ôté tout espoir de secours aux rebelles, par le blocus des ports Norvégiens, il est vrai semblable que le prince qu'ils ont pris pour chef et qui a osé usurper le titre de souverain, sera promptement forcéld'y renoncer et d'abandonner une cause réprouvée par la raison et la justice non moins que par tous les principes de la morale et d'une saine politique.

Quelques avis indirects nous avaient annoncé son retour en Dannemark, mais ils n'ont pas été confirmés. On sait néanmoins qu'il existe de la division entre les habitants des diverses parties de la Norvege. Si le prince Christian a des partisans dans l'intérieur, il a contre lui les habitants des frontieres et des côtes, qui connaissant les avantages que la réunion leur procurera, en désirent l'accomplissement. D'ailleurs, le Roi de Suede a pris volontairement envers les Norvégiens des engagements qui leur assurent tous les privileges et avantages qu'ils peuvent raisonnablement désirer. Il leur laisse la faculté de former eux-mêmes leur constitution, se réservant seulement le droit de l'accepter, et il leur accorde, avec une libéralité rare, tous les droits et garanties politiques qu'un peuple libre et sage peut ambitionner. Ils ont pour garant de l'exécution des promesses solennelles de Sa Majesté Suédoise, l'équité et la modération qui forment l'essence de son caractere; et les sentimens connus et éprouvés du Prince Royal leur assurent pour l'avenir l'entiere et paisible jouissance des droits constitutionnels qu'ils acquer

Tont en se soumettant à la domination Suédoise. Leur résistance aurait été vraisemblablement moins longue s'ils avaient eu connaissance des disposisions si favorables du gouvernement suédois. Mais il paraît que toutes les proclamations et ordonnances du Roi ont été soustraites à leur connaissance, et l'on assure même que le prince Christian leur avait promis l'appui du Gouvernement Britannique. Lorsqu'ils seront détrompés, et il est probable que la vérité leur est actuellement connue, ils éviteront sans doute une effusion de sang et des sacrifices et privations inutiles, en recevant la loi du monarque, dont le gouvernement sage et doux fait le bonheur de leurs voisins.

De grands préparatifs se font depuis quelque temps dans cette capitale, pour la réception de Leurs Majestés l'Empereur de Russie et le Roi de Prusse. Il n'est pas encore certain que l'Empereur d'Autriche vienne dans ce pays-ci.

Les journaux de France prétendent que Lord Wellington doit être nommé ambassadeur de Sa Majesté Britannique à la Cour de France. Rien n'a encore transpiré ici sur cette nomination. Le héros de l'Angleterre a reçu à Paris une accueil tel qu'il devait l'attendre de la part des illustres souverains qui ont prouvé tant de fois qu'ils savaient apprécier les talents et rendre une pleine justice au mérite. Les hommages les plus flatteurs lui ont été rendus partout où il s'est montré. Le cri de vive Wellington! est devenu un cri patriotique en France.

Nous avons inséré à la suite de divers écrits publiés à Paris, en faveur ou contre l'acte constitutionuel décrété par le Sénat, une déclaration importante du roi, contenant les bases auxquelles Sa Majesté donne son approbation. Nos lesteurs ne manqueront pas de remarquer que les articles de cette étrange chartre qui avaient le plus excité notre indignation sont entierement omis dans la déclaration du roi. Sa Majesté y convoque le Sénat et le corps législatif, pour le 10 du mois prochain; mais nous apprenous à l'instant que l'assemblée de ces deux corps a été fixée subséquemment à une époque plus rapprochée. Par une ordonnance du roi, datée du Château des Thuileries le 6 Mai, le Sénat et le corps législatif sont convoqués pour le 31 du présent mois de Mai; et la disposition de la déclaration du 2, qui les convoquait pour le 10 de Juin, est rapportée.

Buonaparté est arrivé dans l'île d'Elbe. Il paraît que les habitants étaient si peu disposés à le recevoir parmi eux

u'il a fallu que le colonel Campbell, commissaire anglais hargé de l'accompaguer dans son voyage, le précédât, afin d'empêcher la résistance que ces insulaires s'étaient proposé d'opposer à son débarquement. Dans toutes les provinces de France qu'il a traverées, il a été accablé des maledietions de toutes les classes d'habitants et il aurait été immolé à leur vengeance, si les ruses et précautions n'avaient pas été multipliées pour le soustraire à leur fureur.

Sa mere et son oncle Fesch ont trouvé un asile à Rome, et l'on dit même qu'ils y recevront de fortes pensions. Ses freres Joseph, Louis et Jérome sont en Suisse,

L'Archiduchesse Marie-Louise, qui se rend à Vienne, a passé à Schaffhouse le 3 Mai.

Joséphine Beauharnois aura, dit-on, le titre de duchesse d'Évreux. Son fils, Eugene Beauharnois, est parti le 26 Avril de Mantoue, pour aller à Munich. Il paraît certain qu'il aura un appanage en Allemagne.

Le Roi de France a formé un conseil de la guerre. Tous les membres qui le composent sont des généraux qui ont servi Buonaparté. Les maréchaux Berthier et Marmont n'en sont pas; on croit que d'autres emplois leur sont des tinés.

Le général Somariva a pris possession, au nom des alliés, de toute la partie du ci-devant royaume d'Italie qui a été conquise. Il a confirmé la Régence provisoire de Milan et tous les fonctionnaires publics qui n'avaient pas quitté leurs postes.

Un commissaire bavarois est chargé de faire évacuer Wurtzbourg: l'on conjecture que la Baviere aura cette ville, et une partie du grand duché, et qu'elle rendra à l'Autriche le Tyrol et l'Innwiertel.

(Malgré l'étendue inusitée que nous avons donnée à ce cahier, il nous reste plusieurs articles et écrits intéressants que nous sommes obligés de renvoyer au Numéro suivant.)

Imprimé pour SCHULZE et DEAN, 13, Poland-St. Oxford-St. chez lesquels on peut souscrire, ainsi que chez le Rédacteur M. PELTIER, 23, Soho-Square. Prix, Cinq Guinées par An.

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No. CCCCI.-Le 20 Mai, 1814.

1

DE L'ASSASSINAT DE M. LE DUC D'ENGHIEN,

ET DE LA JUSTIFICATION DE M. DE CAULAINCOURT.

On n'aurait jamais imaginé que M. de Caulaincourt chercherait à se justifier de la part que le public lui a attribuée dans l'arrestation de Mgr. le duc d'Enghien; mais l'audace de ce misérable surpasse même l'idée qu'on pouvait s'en former. On a inséré officieusement en sa faveur un plaidoyer dans les journaux. S'il eût existé quelque liberté, les rédacteurs de ces feuilles auraient sans doute repoussé avec mépris cette honteuse apologie. Mais ils ont assez montré qu'ils ne voulaient pas qu'on la leur attribuât; et pour que le public ne s'y trompât point et ne regardât pas cette production comme leur ouvrage, ils ont eu soin de mettre en titre: Article communiqué. C'est ainsi qu'on a pu voir la violence qu'on leur faisait. Et en effet, la liberté de la presse n'existe plus; on n'en a jouí que pendant huit jours. Il faut le dire: ce ne peuvent être les intérêts de la VOL. XLV.

3 G

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