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machines et pompes de nouvelle invention; et tous les illustres étrangers, en admirant les objets et magasins curieux de ce. vaste dépôt, ont déclaré que la partie mécanique mériterait seule un voyage à Portsmouth.

Vers deux heures et demie, ils se sont embarqués pour aller à bord de l'Impregnable, où Mgr. le Duc de Clarence les attendait, et où était aussi un grand nombre de dames. Aussitôt qu'ils ont été à bord, la flotte, au nombre d'environ 40 vaisseaux de guerre, a appareillé et elle a parcouru environ cinq lieues au large, avec une belle brise et une marée favo◄ rable. Vers cinq heures elle a mis en panne et le signal du retour a été fait. Tous les mouvements et évolutions ont été exécutés avec une précision admirable. Hier, la flotte a été vue en repos; aujourd'hui, dans toute son activité, elle a offert le plus beau spectacle qu'on puisse imaginer, et le plus agréa ble aux yeux des Anglais.

Toute la ligne était de retour au mouillage vers sept heures et demie. Le Régent, les Souverains et Princes sont descendus dans les barges et sont rentrés au port où à l'arsenal, au bruit des saluts de tous les vaisseaux, des batteries et de dix volées de la mousqueterie des troupes qui bordaient les rivages et remparts.

A son retour à l'hôtel du gouvernement, le Prince-Régent y a trouvé notre illustre Wellington, qui attendait Son Altesse Royale. Il était arrivé à 4 heures du soir. Une heure après, il avait été porté en triomphe, non par la populace, mais par des individus respectables, au milieu des applaudissements de toute la population, dont l'enthousiasme ne peut se décrire. On a vu des vieillards supplier les militaires de leur permettre de s'approcher de la voiture du plus grand homme du siécle!" On était d'autant plus charmé de le voir qu'il paraissait jouir de la meilleure santé. Il portait son propre uniforme anglais et plusieurs ordres. Il a diné avec les Souverains et le Prince-Régent. Vers dix heures et demie du soir, il a paru sur le balcon, et a reçu les plus vifs applaudissements. On a mis des sentinelles à la porte de l'Auberge de George, où il est logé. Toute la ville est encore illuminée et même avec plus d'éclat qu'hier.

Samedi, au soir.-Il y a eu aujourd'hui une grande revue sur la hauteur de Portsdown. Environ 7000 homines d'infauterie ont défilé devant le Régent et les Souverains. Ils sont partis ensuite pour aller déjeuner chez le duc de Richmond, à Goodwood. Ils iront delà à Petworth, maisou de campagne du comte d'Aigremont, où ils coucheront, et demain ils iront à Brighton.

Če matin, à l'issue du lever, le Prince Régent a conféré le titre de baronet au commissaire Grey, et celui de chevalier aa vice-amiral Martin, au maire de Portsmouth, au capitaine

Freeman Barton, du 29e régiment, au colonel Robarts, du 10e de hussards; ces deux derniers ont commandé les gardes d'honneur durant cette visite. S. A. R. a nommé aussi les amiraux Sir E. Nagle et Sir J. P. Beresford ses aides-de-camp de marine, et les colonels Barnard, Craven et Harvey ses aides-decamp militaires. Le Prince a aussi, selon l'usage, accordé un jour de paye aux artificiers et ouvriers, ce qui s'appelle la gratification du roi. A son départ, S. A. R. a fait donner 50 liv. st. pour les pauvres débiteurs prisonniers, et 50 liv. à cha. cune des paroisses de Portsmouth, Portsea et Gosport, pour être distribuées aux pauvres.

La Ville de Paris, l'Impregnable, etc. feront voile incessamment pour Bourdeaux, d'où ils rameneront les troupes anglaises. L'amiral Foote ira surveiller leur embarquement.

Le Swinger est revenu ce matin de Cherbourg, où il a conduit le prince Potemkin. Les troupes russes doivent être toutes embarquées dans ce port aujourd'hui. Une division de 25000 hommes en a fait voile Mardi pour la Baltique.

Douvres, le 28 Juin.

L'empereur de Russie et le Roi de Prusse sont arrivés à Douvres, avant-hier à onze heures du soir. Lorsqu'ils sont arrivés à environ deux milles du port, l'artillerie placée sur les hauteurs a commencé à tirer, et elle n'a cessé qu'après que l'empereur a été entré dans la maison de M. Fector. Lorsque LL. MM. ont traversé la ville, les habitants ont placé spontanément des lumieres aux fenêtres et sur les parapets de leurs maisons,

Ce matin vers neuf heures, le roi de Prusse, accompagné d'un de ses fils et de Lord Bentinck, est allé visiter l'Empereur et a pris congé de lui, et à onze heures le Roi est monté sur le canot de la Nymphen pour aller à bord de cette frégate

L'Empereur et la princesse sa sœur ont pastoute la journée chez M. Fector. A six heures et demie du soir ils se sont embarqués sur le Jason. L'étendard de Russie a été aussitôt hissé au haut du grand mât de cette frégate, et à ce signal tous

les vaisseaux et toutes les batteries de la côte ont tiré un salut royal. La jetée et le rivage étaient bordés d'une foule de spectateurs qui agitaient leurs mouchoirs et faisaient retentir l'air de leurs acclamations.

Lorsque le Jason a appareillé les saluts ont recommencé.

S. A. R. le duc de Clarence a fait voile de notre rade ce matin à neuf heures.

L'illustre Wellington est de retour dans ce pays-ci depuis quelques jours. Il est allé Vendredi à Portsmouth pour y rendre ses devoirs aux Prince Régent et aux deux monarques qui y étaient alors. Sa Seigneurie est revenue le lendemain dans la capitale et le soir elle est allé à l'opéra, où une illustre et nombreuse assemblée lui a fait l'accueil le plus flatteur. Il a fallu, pour ainsi dire, faire violence à sa modestie pour qu'il se montrât au public et pût recevoir le tribut de si justes applaudissements. Il s'y est dérobé par une retraite subite aussitôt qu'il l'a pu faire.

Mardi dernier il a été introduit à la chambre des Pairs par les ducs de Norfolk, de Richmond et de Beaufort, et après avoir prêté le serment d'usage, il a pris place sur le banc des ducs. Le lord chancelier lui a communiqué les remercîments que la chambre avait votés le jour précédent. Le discours que Sa Seigneurie lui a adressé à cette occasion a paru le toucher fortement. Après un moment d'émotion et d'embarras, le noble duc a exprimé sa reconnaissance, attribuant ses succès à la valeur et aux talents de ses compagnons d'armes, et aux encouragements et faveurs qu'ils avaient reçus ainsi que lui, du Parlement et du Prince. 11 a assuré la cha bre

qu'il avait toujours fait ses efforts pour servir sa patrie et son souverain de tout son cœur et de tout son pouvoir, et que lorsque l'occasion le requerrait, il leur consacrerait, avec le même zele tous ses faibles moyens et facultés.

La duchesse son épouse, et d'autres pairesses ont assisté à cette installation.

Le club des Indes et quelques autres vont donner de grands repas au duc de Wellington; et le Prince Régent se propose de terminer les réjouissances destinées à célébrer la paix et les événements qui en ont amené le retour, par une fête en l'honneur du héros qui y a eu une si glorieuse part; et les préparatifs annoncent qu'elle surpassera en magnificence et en nouveauté toutes celles qui ont eu lieu jusqu'à présent.

(Dans notre cahier suivant nous rendrons compte des intéressants débats qui ont eu lieu depuis trois jours au Parlement sur le traité de paix et la traite des negres, et nous ferons connaître les intéressants discours prononcés à cette occasion, dans la chambre des pairs par le comte de Liverpool et dans celle des communes par le vicomte Castlereagh.)

Fin du quarante-cinquieme Volume.

Imprimé pour SCHULZE et DEAN, 13, Poland-St., Oxford-St. Crz lesquels on peut souscrire, à Londres. Prix, Cinq Guinées par An.

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