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-hommés mobiles qui sont en place sous tous les régimes et qui abandonnent toutes les causes pour passer dans le par ti contraire à celui qu'ils défendaient naguère avec un zèle apparent. C'est prendre la cause du ministère que de lui signaler les erreurs dangereuses qu'il peut commettre. Pour prix d'ane si loyale conduite, le ministère devrait se réunir aux libéraux et voter avec eux. J'ose lui prédire que l'opposition des candidats populaires ne lui fera jamais le mal que lui fait souvent la servile obéissance de ses élus. Au jour du danger, on trouve les vrais amis de la patrie; mais les créatures de la faveur disparaissent et vont se perdre dans les rangs du parti qui doit triompher.

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- Les candidats ministériels de la Loire sont : MM. Dugaz de Varennes, de Pommerol, le comte de Vougy, tous trois membres du côté droit de la chambre des députés; les candidats libéraux: MM. Popule, ancien maire de Roanne; Lachese ancien maire de Montbrisson, et Piegay ancien maire de Saint-Étienne. Si les premiers candidats sont tels que le Correspondant électoral les dépeint, on ne conçoit pas comme le ministre les préfère à leurs antago

nistes.

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Dans le département de la Corrèze, MM. Sartelon et Dambrugeac, députés actuels, paraissent vivement désirer d'obtenir la continuation de leurs fonctions, et se trouvent appuyés par le ministère, malgré des opinions qui n'ont pas toujours dû paraître orthodoxes à ses yeux. Mais le ministère n'y regarde pas de si près. On a remarqué que s'il combat avec la même énergie à la tribune les ultra et les membres de l'opposition, il se montre beaucoup moins difficile sur la nomination des premiers que sur celle des seconds. S'il ne peut obtenir un vrai ministériel, un ministériel à toute épreuve, il fait pencher la balance du côté d'un ultra plutôt que de laisser passer un vrai libéral.

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M. Alexis de Noailles, qui parcourt aujourd'hui le département de la Corrèze, paraît être bien pénétré de ces

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principes; il fait, suivant le Correspondant électoral, tous ses efforts pour réunir les suffrages sur MM. Sartelon et d'Ambrugeac, et surtout pour écarter M. Bédoch. M. le comte affecte, dit le Correspondant, la plus grande pow pularité, fait des avançes à tout le monde, visite familierement les cultivateurs, caresse leurs enfans, et s'assied sans façon à leurs tables; il promet tour à tour protection, places, avancement; le Correspondant va jusqu'à raconter même une scène assez curieuse, dans laquelle M. le comte de Noailles avait voulu tenter jusqu'à M. Bédoch lui-même, pour l'engager à renoncer à la candidature. Il est permis à M. de Noailles ou au ministre d'employer ces moyens dans les élections; mais il est ordonné aux citoyens de les combattre avec franchise, et de réunir leurs suffrages sur un ami sincère de la charte. Malgré le zèle de M. de Noailles, M. Bédoch a de nombreuses chances de succès dans la Corrèze; on lui donne pour collègue M. An toine Juge, né à Donzenay, d'une famille qui a rendu d'honorables services à la patrie, et connu par une austère probité dans l'administration.

Les citoyens de la Haute-Saône ne paraissent pas hésiter sur la réélection des députés actuels, M. de Grammont et M. Martin de Gray. Honneur au bon sens et au patriotisme des électeurs de ce département, où les candidats ministériels eux-mêmes ont témoigné de la répugnance à se voir mettre en concurrence avec deux hommes qui ont si bien mérité du département.

Au reste, l'homme raisonnable ne peut qu'être satisfait en voyant la décence et la modération qui règnent dans toutes ces discussions. Elles montrent la différence entre un peuple en révolution et un peuple gouverné par une charte. Nous serons vraiment libres si nous continuons à imposer silence aux passions dans l'examen des questions les plus graves de l'ordre politique, et surtout à fuir la calomnie, cette peste des états libres de l'antiquité; la calomnie qui accable le talent et la vertu au profit du vice

et de la médiocrité, si redoutables dans l'acharnement de leurs haines.

Le Correspondant électoral, après nous avoir donné une excellente notice sur le général La Fayette, nous en offre une autre sur M. Daunou. Ces deux notices sont rédigées avec beaucoup d'impartialité. Le général et l'écrivain sont également bien appréciés; l'un se trouve sur les rangs des candidats dans le département de Seine-et-Marne i on a eu raison de rappeler ses titres à la confiance des électeurs. L'autre vit seul, tout entier à l'étude; c'était un devoir de le chercher dans sa retraite, et de l'exposer aux regards de ses concitoyens. M. Daunou mérite comme homme, comme citoyen, comme écrivain, l'estime universelle. Peu de candidats sont aussi propres que lui à faire un excellent député. Nommé récemment par le Collége royal de France à la chaire d'histoire, sa nomination n'a point encore été sanctionnée par l'autorité. Il serait beau que les suffrages publics avertissent le gouvernement du mérite éminent d'un homme qui, destitué d'abord par un ministre passionné, a éprouvé une injustice qu'on ne se presse pas de réparer aujourd'hui.

Tous les bons citoyens doivent, comme on le voit, en-› courager le Correspondant électoral; il a pris une initiative courageuse, et donne un exemple que l'on peut mettre à profit cette année et rendre encore plus utile les années suivantes, en perfectionnant le plan de l'ouvrage, en multipliant les instructions qu'il contient, et surtout en préparant long-temps à l'avancé les moyens d'établir des rapports journaliers entre les départemens qui devront nommer, et Paris, où se publiera le résultat de tous les documens relatifs aux élections. P.-F. T.

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CORRESPONDANCE.

Aux auteurs de la Minerve.

Messieurs,

Rouen, 18 septembre 1818.

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L'injure et la calomnie produisent souvent des effets contraires aux espérances qu'on pouvait en concevoir. On n'a pas oublié les insolentes diatribes de certains journaux anglais, au sujet du diner de l'Arc-en-Ciel; ils out trouvé des échos à Paris. Qu'en est-il résulté? Le mépris public en a fait justice.

Vous avez déjà parlé des hommages qu'on a rendus à M. d'Argenson à Châtellerault; on n'a pas oublié l'accueil qu'ont reçu, dans la Côte-d'Or, les honorables députés de ce département. La petite ville des Andelys vient d'imiter à son tour l'exemple donné par les citoyens de la capitale.

Les électeurs de l'arrondissement des Andelys désiraient depuis long-temps donner à MM. Dupont et Bignon, dont les noms sont inséparables, un témoignage public de leur gratitude pour la conduite qu'ils ont tenue pendant la dernière session. Ils les ont en conséquence invités à un banquet qui a eu lieu le 10 septembre, dans la salle du spectacle.

- MM. Bignon et Dupont étant descendus chez l'un des plus notables habitans de la ville, une députation de dix électeurs est allée les recevoir, et les a d'abord conduits dans une des salles de la mairie, que M. le maire, plus hos pitalier du moins que celui de Châtellerault, s'était empressé d'offrir. De là on s'est rendu au lieu du banquet. Les convives, au nombre de plus de cent, présentaient une réunion des principaux négocians et manufacturiers des villes des Andelys, de Lions et de Gisors; des propriétaires,

des cultivateurs, des généraux et des officiers de divers grades, ont également pris part à cette fête, présidée par le Nestor du pays, l'un des premiers fondateurs des établissemens industriels qui en font aujourd'hui la richesse.

A la fin du repas, M. Dupont a exprimé en peu de mots sa sensibilité et celle de son collègue pour les marques flatteuses d'estime dont ils étaient l'objet; il leur a donné l'assurance qu'ils continueraient tous les deux, avec le même zèle, à défendre les intérêts de leur pays, et à réclamer la complète exécution de la charte constitutionnelle. De vifs applaudissemens ont prouvé, à ces dignes mandataires, la confiance de leurs concitoyens dans leur fidélité à remplir leur serment.

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Les pauvres n'ont point été étrangers au bonheur de cette journée. Une abondante distribution de pain leur a été faite par les soins et sous les yeux du curé et du prëmier vicaire du grand et du petit Andelys.

Ainsi s'est terminée cette fête de famille, la première en ce genre qu'on ait vue aux Andelys; les habitans en conserveront un long et heureux souvenir.

La ville de Rouen a voulu aussi payer son tribut de reconnaissance aux députés qui ont si noblement et si courageusement défendu les droits et les intérêts du peuple.

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Aussitôt que le nouveau préfet de la Seine-Inférieure, M. Malouet, est arrivé dans le département, les plus notables habitans du chef-lieu ont cru pouvoir réaliser le projet qu'ils avaient aussi formé depuis plusieurs mois, et que des circonstances particulières, dont l'ancien préfet pourrait donner l'explication, les avaient empêchés d'effectuer.

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Le 12. septembre, ils ont ouvert une souscription pour offrir un dîner à MM. Dupont, Bignon, Beugnot et Casimir Perrier, Le premier, comme on sait, est député de l'Eure, et préside l'une des chambres de la cour royale de Rouen;; le second, également député de l'Eure, habite dans le voisinage; M. Beuguot est député de la Seine-Inférieure ; et

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