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FRANÇAISE,

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PAR MM. AIGNAN, de l'Académie française ; — Benja-
min CONSTANT; —Évariste DUMOULIN ;➡ÉTIENNE;
—A. JAY; — E. Jouy, de l'Académie française;
LACRETELLE ainé, de l'Académie française ; -
TISSOT, professeur de poésie latine au collége royal
de France, etc.

TOME TROISIÈME.

PARIS,

AU BUREAU DE LA MINERVE FRANÇAISE,
Rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés, no 18;

Et chez Alex. EYMERY, libraire de la Minerve française,
rue Mazarine, no. 3o.

Août 1818.

M658

AVIS.

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On souscrit à Paris, au bureau de la MINERVE FRANÇAISE, rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés, no 18.Le prix de cet ouvrage est : pour un volume, 14 fr.; pour deux, 27 fr.; et pour quatre, 50 fr. Chaque volume sera divisé en treize livraisons, qui paraîtront successivement, à des époques indéterminées.— Le montant de la souscription doit être adressé d'avance, et franc de port, ainsi que la correspondance, aux auteurs de la Minerve française.

LA MINERVE

FRANÇAISE.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

Note secrète exposant les prétextes et le but de la dernière conspiration.

Les journaux anglais ont annoncé l'existence de cette note secrète adressée aux grandes puissances européennes. C'est le manifeste d'un parți qui voit arriver avec une douleurineffable l'époque où les drapeaux de l'étranger cesseront de flotter sur les remparts de nos villes. Les auteurs de ce manifeste mettent déjà au nombre des jours malheureux celui où il ne restera plus aucun doute sur la réalité de notre indépendance politique. C'est pour prévenir un événement si désastreux, que ces royalistes par excellence représentent les Français comme un peuple sans religion et sans morale, ennemi du repos et livré à l'anarchie. Il ne reste qu'un moyen de tranquilliser l'Europe, et de comprimer l'humeur révolutionnaire de la nation française; c'est de forcer le roi à confier l'exercice de son pouvoir aux hommes qui en ont fait un si bon usage en 1815, et qui sont tout prêts à nous faire subir encore l'épreuve de leur modération et de leur désintéressement.

C'est en vain qu'on les prie de considérer que la France est paisible; que les progrès de la liberté et de la raison pu

blique sont incontestables; que tous les intérêts se rattachent au gouvernement constitutionnel, et que même les sociétés secrètes sont réduites à une désespérante inaction; ces faits, quelque évidens qu'ils soient, ne peuvent ni les toucher ni les convaincre, et il n'y aura rien à espérer ni du présent ni de l'avenir, tant qu'il restera en France une place dont ils ne toucheront pas les émolumens.

Pour parvenir à ce but honorable, ils ne craignent point de hasarder, les suppositions les plus chimériques : « La révolution occupe tout, jusqu'aux dernières classes » de la nation qu'elle agite partout avec violence. » C'est avec ces déclamations, dépourvues de sens commun, qu'ils se flattent d'égarer l'opinion des rois de l'Europe, de retarder le départ des troupes étrangères, et de faire naître en France des mouvemens qui justifieraient leurs sinistres prédictions. Heureusement, ce n'est point dans des sources aussi suspectes que les gouvernemens cherchent la vérité; ils interrogent les faits, pèsent les témoignages et jugent par les résultats. Si la révolution occupait tout en France, ou en d'autres termes si la licence avait tout envahi, comment l'état soutiendrait-il cette nouvelle secousse? comment les lois seraient-elles exécutées sans la moindre résistance? comment les impôts seraient-ils payés avec tant d'exactitude? comment le crédit public se trouverait-il dans une situation florissante? Car le crédit suppose la confiance, et la confiance exclut toute idée de désorganisation et de désordre.

Si vous demandez aux auteurs des notes secrètes quelques preuves de l'existence de cette anarchie révolutionnaire qui agite si violemment les dernières classes de la société, ils répondent : « Les principes destructeurs de notre » monarchie sont professés à la tribune par des minis» tres du roi (1). »

(1) Voyez le discours du ministre de la police sur la liberté de la presse, et celui du ministre de la guerre sur la loi de recrutement.

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» Des écrits audacieux sapent tous les fondemens de l'ordre social (1), et les lois répressives ne font obstacle qu'aux écrivains qui soutiennent la monarchie et la légitimité; les jugemens des tribunaux sont livrés aux » diatribes les plus virulentes (2): tous les liens de l'état » social sont relâchés; le gouvernement ne paraît marcher » que par l'impulsion d'un pouvoir qui n'existe plus, et par la présence des forces étrangères: enfin tout se prépare à faire la guerre à l'Europe. »

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Ce n'est pas sans répugnance que je transcris ces phrases que le génie du inal semble avoir dictées, et dans lesquelles on ne sait ce qui domine le plus, de l'extravagance ou de la perversité. Des considérations d'utilité publique, la nécessité de réduire au néant des allégations odieuses, le besoin de repousser la calomnie, autorisent l'examen de cet acte d'accusation porté contre le peuple français. La publicité qui lui a été donnée en commande la réfutation.

Je ne me chargerai point de justifier les discours que les ministres ont prononcés pendant la dernière session des chambres. Ceux de M. le comte Gouvion-Saint-Cyr, remarquables par une grande fermeté de principes, et une vigueur d'éloquence peu commune, ont rappelé ces temps antiques où les hommes d'état, également propres à l'action et au conseil, passaient sans hésitation du champ de Mars au Forum, et triomphaient par la parole comme ils avaient triomphé par l'épée. En appelant tous les Français sans distinction à l'honneur de servir la patrie et le prince, ce ministre n'a fait qu'obéir aux principes sur lesquels la charte est fondée; et, si ces principes paraissent destructeurs de la monarchie absolue, ils sont éminemment conservateurs de la monarchie constitutionnelle.

(1) Voyez la Minerve, etc.

(2) Voyez le mémoire du colonel Fabvier sur les événemens de Lyon; les lettres de M. Benjamin Constant dans l'affaire de Wilfrid Regnault.

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