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D'INDULGENCE PLENIÈRE

EN FORME DE JUBILÉ.

Nous, Jean-Baptiste CAPRARA, Cardinal-Prêtre de la sainte Eglise Romaine, du titre de Saint-Onuphre, Archevêque, Evêque d'Iési, Légat à Latere, de notre très-saint Père le Pape Pie VII, et du Saint Siége apostolique, auprès du premier Consul de la République française.

Lz cruel fléau de la guerre, qui ravageait depuis si longemps une grande partie du globe, est enfin cessé par un effet de la miséricorde et de la bonté de Dieu, ainsi que par la sagesse du chef de votre République. La paix, objet con tinuel des désirs et des voeux de tous, vient d'être redonnée à la France. Elle a rendu à la patrie ses citoyens; aux pères; leurs enfans; aux épouses, leurs époux; aux campagnes, les laboureurs; aux arts ceux qui les cultivent; et enfin, à la Rés publique entière sa tranquillité. La joie s'est donc répandue dans l'âme des Français, parce qu'il n'en est peut-être aucun parmi eux qui ne participe au bonheur commun de la Républi que. Mais quelque grand, quelque insigne que soit ce bon heur, il en est un qui doit vous paraître encore plus pré cieux, c'est de voir, après un si grand bouleversement de toutes choses après tant de difficultés qu'il a fallu vaincré tant de dissentions qu'il a fallu pacifier, la Religion catholique rendue à son ancienne liberté, tous les troupeaux rentrés dans le même bercail, et marchant sous la houlette des mêmes pasteurs. Il nous est impossible de bien exprimer les consolations que le cœur paternel du souverain Pontife a ressenties, en recueillant ainsi dans la joie de son âme, les fruits les plus abondans de ses soins et de sa sollicitude; lui, qui dès la premier instant de son élévation à l'apostolat, a tourné sur Vous ses régards, et n'a épargné ni peines, ni travaux, pour mettre, par un tel bienfait, le comblé au bonheur et à gloire de votre nation.

Itaque Deo primùm, qui misericordiæ suæ recordatus, in vos benignus respexit, cum omni humilitate gratias agentes, in tantâ hujus diei lætitia gratulamur inclyto vestræ Reipublica Primo Consuli, cujus potissimùm operâ usus est Deus, ad tantum bonum vobis comparandum; gratulamur vobis omnibus, qui boni hujus possessores facti estis; nobismetipsis denique gratulamur, qui, in his regionibus, Deo disponente, constituti, cùm utilitatis vestræ adjutores, tum participes quoque gaudiorum vestrorum effecti sumus.

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"Hoc autem datum verè optimum et donum perfectum quod in vos à Deo collatum est, omni ratione postulat, ut divinæ bonitati atque clementiæ, quàm diligentissimè respondeatis, ne indè districtiùs judicemini, unde majora ad æternam salutem præsidia capere debuissetis. Ad has autem explendas partes, sic existimare debetis, satis minimè esse , quæ pertinent ad splendorem, cultumque Templorum, Coremoniarum apparatum, Festorum celebrationem, aliaque hujus generis, quæ cùm sanctissimè sint ad honorandum Deum instituta, sunt illa quidem studiosè ac ferventer colenda ut sublatus Deo, diuturnâ intermissione, honor aliquâ ex parte reparetur. At si externis hisce Religionis significationibus contenti, nullas esse reliquas partes vestras ducatis ne vos inanem ac vacuam Christianæ Professionis umbram ac nomen tenebitis. Quid enim restituam vobis patrum vestrorum Religionem esse profituram arbitramini, si in eâ tantum parte que se prodit in lucem et conspectum hominum ipsam retineatis, neglectâ illa quæ in solidâ erga Deum pietate, atque interno cultu consistit? In spiritu enim et veritate est Deus potissimùm adorandus, in quo primùm illud est, ut caritatem, sine quâ nec oblationes, nec holocausta, nec ritus ulli apud Deum accepti esse possunt, animis nostris foveamus.

Sed cùm nihil sit quod caritati tam adversetur, quàm ea noxarum iniquinamenta, quibus nos promissæ Christo fidelitatis immemores, Deum turpiter deserentes, in diaboli transimus servitutem', ab eo exordium est sumendum, ut virtute pœnitentiæ, crimina nostra abstergentes, in Dei amiticiam et gratiam revertamur. Eia igitur, Galliarum Populi, quoniam

Après avoir d'abord rendu grâces en toute humilité au Seigneur, qui, se ressouvenant de sa miséricorde, a jeté sur vous un œil favorable; pleins de la joie que nous ressentons en ce jour, nous félicitons l'illustre premier Consul de votre République, qui, par sa sagesse et ses soins, est devenu le principal instrument dont Dieu s'est servi pour opérer un si grand bien. Nous vous en félicitons, vous tous qui jouissez maintenant de ce bienfait;- nous nous en félicitons nousmêmes, qui avons été destinés par la divine Providence pour venir dans ce pays coopérer à votre bonheur, et en goûter, au milieu de vous, les délices.

Cette faveur que vous avez reçue de Dieu, et qui est vérita blement le don excellent et parfait, exige que vous correspondiez en toute manière à la clémence et à la bonté du Seigneur, de peur que ce qui ne vous avait été donné que pour opérer votre salut, n'attire, au contraire, sur vous un jugement plus rigoureux. Pour remplir vos obligations à cet égard, sachez qu'il ne suffit pas de pourvoir à l'ornement et à la magnificence des temples, à l'appareil des cérémonies, à la célébration des fêtes, et à tous les autres objets de ce genre; objets sacrés, dont la fin est de rendre à Dieu l'honneur qui lui est dû; objets qui méritent tout notre respect, tous nos soins et tout notre zèle, afin de réparer de quelque manière l'interruption qu'a souffert le culte que l'on doit rendre au Seigneur. Mais si vous vous contentez de ces signes extérieurs de piété, sans vous mettre en peine de remplir vos autres devoirs, en vérité vous ne seriez chrétiens que de nom, et vous n'auriez qu'une ombre vaine de religion. Quel bien penseriezvous retirer du rétablissement de la religion de vos pères, si vous en négligiez l'essentiel, qui consiste dans le culte intérieur, et dans une piété solide envers Dieu pour n'en conserver que ce qui paraît au-dehors, et ce qui frappe les regards des hommes? Dieu veut sur-tout être adoré en esprit et en vérité; et la première chose nécessaire pour l'accomplissement de ce devoir, c'est d'entretenir dans nos àmes cette charité, sans laquelle ni offrande, ni holocauste, ni aucune cérémonie quelconque ne sauroient être agréables à Dieu.

Mais comme rien n'est plus opposé à la charité que les fautes qui, en nous faisant oublier la fidélité promise à Jésus-Christ, et en nous faisant abandonner son service, nous livrent à l'esclavage honteux du démon, nous devons commencer par nous laver de nos crimes dans les eaux salutaires de la pénitence, et par rentrer ainsi en grâce avec Dieu.

dies propitiationis advenit, secundam illam post naufragium tabulam, quam divina vobis benignitas offert, quæque peccatorum fluctibus mersos prolevare et in portum divinos clementia valeat deducere ( 1 ), sollicito animo amplectamini. Ad hanc vos Pastorum Princeps, cui dictum in personâ Petri fuit: Quaecumque solveris super terram, erunt soluta in calis, quàm maximo potest studio exhortatur, et impellit. Non aliam à vobis Ille, tot curis laboribusque, quos pro inclyta Natione vestrâ pertulit, grati animi postulat sanctificationem, nisi ut in jejunio, in fletu, in planctu, in toto denique corde vestro ad Deum convertamini. Thesauros Ille Ecclesiæ omnes, quorum custos et distributor à Deo datus est, vobis omnibus pandit, ut non modò, nullum sit flagitii, aut iniquitatis genus, quod deletum esse non velit, sed à temporalibus etiam pœnis, quas propter eas contraxistis, quoad per Ecclesiæ indulgentiam fieri potest, levati ac liberati sitis.

Itaque indulgentiam in forma Jubilæi, Apostolica ejus auctoritate et mandato solemniter promulgamus, quam Sanctitas Sua communem esse vult incolis omnibus universi, quà latè patet, Gallicana Reipublice Territorii; cujus ut utilitas, in tantâ populorum frequentiâ, commodiùs capi possit ab omnibus, à die quâ præsentes Nostræ Litteræ in singulis locis à novis Archiepiscopis et Episcopis, mox canonicè instituendis publicabuntur, spatio dierum trigenta perdurabit. His autem diebus, idem Sanctissimus Dominus Noster Pius, Divinâ Providentiâ Papa Septimus, de Omnipotentis Dei ac Redemptoris Nostri Misericordiâ, et Beatorum Apostolorum ejus Petri et Pauli precibus et auctoritate confisus, omnibus et singulis Christi fidelibus qui, humili corde ad D. N. J. C. conversi, sacramentaliter confessi, et S. Communione refecti, Ecclesiam, à singulis Archiepiscopis, et Episcopis, vel eorum Vicariis, aut aliis ab iisdem ad hoc deputatis, designatam devotè visitantes, in eâ, pro tam magno beneficio, Deo Omnipotenti gratias egerint, et pro exaltatione? S. Matris Ecclesiæ, pro felici statu Sanctitatis Suæ, pro Reipublicæ hujus et Magistratuum suorum ommnium felicitate,

(1) TertuN.

Intrez

Entrez donc dans une sainte joie, Français! parce que le jour de miséricorde est arrivé: saisissez avec empressement cette seconde planche que le Seigneur vous présente après votre naufrage, au moyen de laquelle vous pourrez sortir de cet abime oùous é es plongés, et vous reposer de nouveau dans le sein de la divine bonté (1). C'est à quoi vous exhorte et vous excite, avec tout le zèle possible, le prince des pasteurs, celui à qui il a été dit, dans la personne de Pierre : Tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié dans le ciel. Il ne vous demande pas d'autre marque de reconnoissance des peines et des soins qu'il s'est donnés pour le bonheur de votre illustre nation, sinon que vous vous convertissiez à Dieu de tout votre cœur, dans le jeune, les pleurs et les gémissemens. Il ouvre pour vous tous les trésors spirituels dont Dieu l'a établi le gardien et le dispensateur, afin que non seulement il n'y ait aucune iniquité, aucun crime qui ne vous soit remis, mais que même vous soyez exemptés et délivrés, autant qu'il est possible de l'être par l'indulgence de l'Eglise, de toutes les peines temporelles que vous avez mérité de subir.

En conséquence, nous publions solemnellement, en vertu de l'autorité et du mandat apostolique, l'indulgence en forme de Jubilé, que sa Sainteté veut rendre commune à tous ceux qui habitent le vaste territoire de la République française; et afin que parmi un si grand peuple, tous puissent plus facilement en recevoir les fruits, cette indulgence durera l'espace de tren.e jours, à compter de celui où nos présentes Lettres seront publiées en chaque lieu, par les nouveaux archevêques et les nouveaux évêques qui vont être canoniquement institués. Or, due rant ces jours, notre très - saint Père Pie VII, par la divine Providence, souverain Pontife, se confiant à la miséricorde du Dieu tout-Puissant, aux prières et à l'autorité des bienheureux Apôtres saint Pierre et saint Paul, accorde libéralement, et au nom du Seigneur, l'indulgence et la rémission plénière de tous les péchés, telle qu'on l'accorde aux années du Jubilé, à tous et à chacun des fidèles en Jésus-Christ, qui, étant revenus à Dieu avec un coeur contrit et humilié, ayant reçu le sacrement de Pénitence, et s'étant nourris de la divine Eucharistie, iront visiter avec dévotion l'église désignée à cet effet par l'archevêque ou l'évêque de chaque diocèse, ses vicaires, ou toute autre personne commise par eux, y rendront

(1) Tertull.

F

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