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en nous attachant, d'une façon générale, à ne signaler pour cette période que les seuls ouvrages publiés en France et en Belgique.

Même réduite à ces proportions, une « Bibliographie de la question d'Orient » nous a paru offrir un intérêt d'actualité sur lequel il est à peine besoin d'insister. L'affranchissement de la Grèce; la question des Principautés danubiennes; la guerre de Crimée; le traité de Paris; les affaires de Bosnie et d'Herzégovine; la guerre serbo-turque, bientôt suivie de la guerre russo-roumano-turque de 1877-1878; le traité de Berlin; l'indépendance de la Roumanie, de la Serbie, du Monténégro; la constitution de la principauté de Bulgarie; la guerre serbo-bulgare; l'autonomie projetée de la Crète; la guerre turco-grecque de 1896-1897, tels sont les divers événements, d'un retentissement universel, sur lesquels ont porté, d'une façon plus particulière, nos investigations.

Nous avons laissé de côté les parties africaine et asiatique de la question d'Orient, c'est-à-dire l'Égypte et le Soudan égyptien, d'une part; et, d'autre part, la Syrie, l'Afghanistan, l'Inde et l'Extrême-Orient, non seulement pour ne pas grossir démesurément notre travail, mais encore pour lui conserver un caractère d'unité qui contribuera, pensons-nous, à sa précision. Il est néanmoins deux questions qui se rattachent à ces parties extra-européennes des affaires d'Orient, et que nous avons cru devoir comprendre également dans nos recherches, parce que l'une et l'autre ont touché et touchent encore aux plus graves intérêts de l'Europe: nous voulons parler de la rivalité de Mahmoud et de Méhémet-Ali, ainsi que des nombreuses polémiques provoquées à la tribune et dans la presse françaises par le traité de la quadruple alliance, et,

d'un autre côté, des affaires d'Arménie, qui ont soulevé récemment dans tout le monde civilisé une si vive et si douloureuse émotion. La lutte entre Mahmoud et Méhémet fut la grande préoccupation de la politique européenne après 1830; quant aux événements d'Arménie, n'est-ce pas en Europe que fonctionnent la majeure partie des comités nationaux arméniens, et n'est-ce pas à Constantinople même que se sont déroulés quelques uns des épisodes les plus sanglants des massacres dans lesquels ont péri tant de familles arméniennes? D'ailleurs, ce que nous nous sommes surtout proposé en commençant et en essayant de mener à bonne fin cette étude bibliographique, c'est d'offrir à nos lecteurs un tableau d'ensemble des principales publications consacrées à l'intervention des grandes Puissances dans les affaires de Turquie, intervention qui, comme l'a fort bien dit un de nos collègues les plus distingués, « fait en quelque sorte partie du droit coutumier de l'Europe (1). Et, dans cet ordre d'idées, les événements d'Egypte de 1831 à 1841, ainsi que ceux, beaucoup plus récents, d'Arménie, devaient nécessairement prendre place dans une bibliographie de la question d'Orient européenne.

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On y trouvera également l'indication de quelques écrits sur la Pologne, sur la révolution hongroise et sur l'intervention de la Russie en faveur de l'Autriche; sur la question des nationalités en Hongrie; sur le panslavisme et sur le panlatinisme; enfin sur l'alliance franco-russe, toutes questions qui ont des liens de connexité plus ou moins étroits avec les affaires d'Orient, et qui devaient, à ce titre, fixer plus ou moins notre attention.

(1) CALVO, Le Droit international théorique et pratique; 4o édition; t. Ier, p. 314.

Nous ne nous sommes point borné à l'énumération des ouvrages purement politiques : nous avons fait entrer dans notre bibliographie les principales publications concernant les événements militaires de la guerre de l'indépendance grecque, de la guerre de Crimée, de celle d'Orient de 1876-1878 (en laissant de côté, bien entendu, les poésies (odes, cantates, etc.), ainsi que les œuvres d'imagination (romans, contes, nouvelles, etc.), écrites à l'occasion de ces événements; la plupart des relations de voyages, dans lesquelles les auteurs, à côté de la description géographique des contrées, ont fait une place plus ou moins grande à l'histoire et à la politique des principaux États orientaux (Grèce et Turquie; Roumanie, Serbie, Monténégro, Bulgarie, etc., etc.); - les ouvrages historiques (autres que les Histoires générales) consacrés à chacun de ces États; les documents ayant trait à la neutralité du Danube et au régime conventionnel de ce fleuve; enfin, pour la Roumanie principalement, outre tout ce qui a été imprimé en France et en Belgique sur certaines questions d'ordre plutôt intérieur, comme, par exemple, la question des Israélites ('), diverses publications relatives à la situation économique, financière et industrielle de ce royaume.

Nous n'avons pas cru devoir indiquer, comme dans nos précédentes publications bibliographiques (*), la

(1) On sait que le traité de Berlin a reconnu l'indépendance de la Roumanie à la condition que la distinction des croyances religieuses ne pourrait être opposée à personne comme un motif d'exclusion ou d'incapacité en ce qui concerne la jouissance des droits civils et politiques, etc... Cette décision a soulevé des polémiques d'autant plus vives qu'au point de vue religieux il n'y a pas, en Europe, de peuple plus tolérant que le peuple roumain.

(2) VOLTAIRE, Bibliographie de ses œuvres. Paris, Perrin, 1882-1890, 4 vol. in-8°. Bibliographie franco-roumaine du XIXe siècle. Bruxelles, Lacomblez, 1895,

in-8°.

cote de la Bibliothèque nationale de Paris pour les divers ouvrages cités au cours de notre étude. Notre éloignement de Paris nous eût rendu cette tâche difficile, pour ne pas dire impossible. Nous nous sommes borné à renvoyer au Catalogue de l'Histoire de France, de la Bibliothèque nationale, pour la majeure partie des pièces que nous y avons relevées concernant les événements de 1840 (traité de la quadruple alliance); la guerre de Crimée, et, d'une façon générale, l'histoire militaire de la France de 1853 à 1855.

Nous recommandons à nos lecteurs la liste d'Additions et Corrections que l'on trouvera à la fin de ce volume. Nous accueillerons avec empressement toutes celles qu'on voudra bien nous signaler par la suite. Comme l'a dit excellemment notre éminent collaborateur et ami, M. Émile Picot, de l'Institut : « La bibliographie ne peut être qu'une œuvre collective, » à laquelle tous les amateurs, tous les chercheurs doivent prendre part... ». A son exemple, nous ne nous sommes proposé que d'apporter une modeste

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pierre à l'édifice commun » (').

Nous devons et nous sommes heureux d'offrir des remercîments chaleureux à MM. Girard de Rialle, ministre plénipotentiaire, directeur des archives au Ministère des Affaires étrangères, et Dumaine, ministre plénipotentiaire, qui ont bien voulu faire dresser pour nous le relevé de tous les Livres jaunes publiés par le Ministère des Affaires étrangères de France sur la question d'Orient; à MM. les conservateurs de la Bibliothèque nationale de Paris et de la Bibliothèque royale de Bruxelles, lesquels ont mis le plus gracieux empressement à nous aider dans nos recherches

(1) Bibliographie cornélienne. Paris, Fontaine, 1876, in-8°, p. 12.

(notamment M. Blanchet, de la Bibliothèque nationale de Paris, auquel nous avons des obligations toutes particulières, et M. Gossart, conservateur de la Bibliothèque royale de Bruxelles); à M. de Koninck, bibliothécaire de la Chambre des représentants de Belgique, auquel nous sommes redevable de l'obligeante communication des fascicules, non encore publiés, ainsi que des fiches non imprimées du dernier volume de la Bibliographie nationale (belge); enfin, à notre cher et vieil ami, M. Albin Body, le savant bibliothécairearchiviste de la ville de Spa, qui a bien voulu nous prêter son précieux concours pour la revision de nos épreuves.

GEORGES BENGESCO.

Bruxelles, le 1er octobre 1897.

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