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Retour de l'empereur à Saint-Cloud. Communications diplomatiques. Envoi de troupes en Espagne.
Entrevue d'Erfurth. Retour à Paris. Visite au Musée. Session du corps législatif. Départ
de l'empereur pour Bayonne. Nouvelle invasion de l'Espagne. Prise de Madrid.
Abolition de l'inquisition. Symptômes d'hostilités avec l'Autriche.

Napoléon quitte précipitamment l'armée d'Espagne

pour retourner à Paris et se rendre
en Allemagne.

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'EMPEREUR était rentré à Saint-Cloud le jour de sa fête. Il y reçut en grande cérémonie le comte de Tolstoï, ambassadeur russe, qui lui remit les magnifiques présents dont l'empereur Alexandre l'avait chargé. Napoléon en ordonna l'exposition publique aux TuileY ries.

Toujours soigneux d'effacer les traces des dissensions intestines de la France, afin de parvenir plus facilement à la réalisation de son

système de fusion, il décréta la fondation de nombreux établissements publics, en tous genres, dans les départements qui avaient été le théâtre de la guerre civile.

La nouvelle de la bataille de Vimeyra, entre lord Wellington et Junot, arriva sur ces entrefaites à Paris. Les Français, complétement battus, avaient été forcés de capituler. Ils s'étaient soumis à évacuer le Portugal et à rentrer en France sur des vaisseaux anglais.

Ce second échec de ses armes au delà des Pyrénées, quelque humiliant qu'il pût être, n'était pas fait pour décourager Napoléon, dont le parti était si bien arrêté à l'égard de la Péninsule, qu'il disait au sénat, le 4 septembre : « Je suis résolu à pousser les affaires d'Espagne avec la plus grande activité, et à détruire les armées que l'Angleterre a débarquées dans ce pays... J'impose avec confiance de nouveaux sacrifices à mes peuples; ils sont nécessaires pour leur en épargner de plus considérables. » Dans ce message, qui fut suivi d'un rapport du ministre Champagny sur les affaires d'Espagne, l'empereur déplorait la perte du sultan Sélim, son allié, qu'il appelait le meilleur des empereurs ottomans, et qui venait de périr de la main de ses neveux. Il s'y félicitait, par compensation, de son alliance intime avec Alexandre, «< ce qui ne devait laisser aucun espoir à l'Angleterre dans ses projets contre la paix du continent. » Le sénat répondit à l'empereur par le vote d'une levée de quatre-vingt mille conscrits: « La volonté du peuple français, sire, lui dit-il par l'organe de son président Lacépède, est la même que celle de votre majesté.

» La guerre d'Espagne est politique, elle est juste, elle est nécessaire.

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Une circonstance qu'il ne faut pas omettre, c'est que l'orateur du sénat déclara, dans sa harangue, que ce corps avait été unanime pour accéder avec empressement aux désirs de l'empereur.

Cependant le besoin de nouveaux renforts devenait chaque jour plus pressant en Espagne. L'insurrection, triomphante, régnait toujours dans la capitale et dans les principales provinces. Ce n'était pas avec les recrues récemment organisées que la victoire pouvait être ramenée sous les drapeaux de la France. Napoléon s'adressa donc à ses vieilles phalanges, aux vainqueurs d'Austerlitz, d'Iéna et de Friedland. Dans une grande revue qu'il passa aux Tuileries, le 14 septembre, il annonça aux soldats de la grande armée qu'il marcherait

bientôt avec eux en Espagne, où le grand peuple avait aussi des outrages à venger.

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« Soldats, leur dit-il, après avoir triomphé sur les bords du Danube et de la Vistule, vous avez traversé l'Allemagne à marches forcées; je vous fais aujourd'hui traverser la France sans vous donner un moment de repos.

« Soldats, j'ai besoin de vous; la présence hideuse du léopard souille les continents d'Espagne et de Portugal. Qu'à votre aspect, il fuie épouvanté: portons nos aigles triomphantes jusqu'aux colonnes d'Hercule! là aussi nous avons des outrages à venger.

« Soldats, vous avez surpassé la renommée des armées modernes; mais vous avez égalé la gloire des armées de Rome qui, dans une même campagne, triomphèrent sur le Rhin et sur l'Euphrate, en Illyrie et sur le Tage.

>> Une longue paix, une prospérité durable seraient le prix de vos travaux ; un vrai Français ne peut, ne doit prendre aucun repos jusqu'à ce que les mers soient ouvertes et affranchies.

» Soldats, tout ce que vous avez fait, tout ce que vous ferez encore pour le bonheur du peuple Français et pour ma gloire, sera éternellement dans mon cœur. »

Ces paroles ne firent qu'accroitre l'enthousiasme déjà si grand des soldats de l'armée du Nord. Il leur tardait, après tant de guerres fomentées par l'Angleterre, après tant de triomphes obtenus sur ses alliés, de se rencontrer enfin face à face et de se mesurer avec les sol dats de cette reine des mers, qu'on leur signalait, dans toutes les pro clamations, comme l'éternelle ennemie du continent.

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Le premier corps, formé de ces magnifiques et formidables batail

lons, partit de Paris, le 23 septembre, sous le commandement du maréchal Victor. En traversant la capitale, ils furent reçus à la barrière par le préfet de la Seine et par le corps municipal.

Mais avant de marcher lui-même à la tête des troupes qu'il envoyait en Espagne, Napoléon, toujours sous l'influence des impressions trompeuses qu'il avait reçues à Tilsitt, au sujet du czar, voulut sanctionner

encore, dans une entrevue, l'étroite amitié qu'il avait conçue pour Alexandre, et que celui-ci avait semblé partager. Il sentait le besoin de conférer avec ce prince, qui était, après lui, le plus puissant des monarques du continent, sur toutes les questions actuelles de la politique européenne, et sur les affaires d'Espagne principalement. Erfurth fut choisi pour le lieu de l'entrevue. Les deux empereurs y arrivèrent au commencement d'octobre: tous les princes de la confédération du Rhin s'y étaient rendus, comme pour former, autour de leur superbe protecteur, un cercle de courtisans couronnés. Napoléon, afin de rendre le séjour d'Erfurth plus agréable à son illustre ami, s'était fait accompagner par la Comédie-Française. A l'une des représentations, Alexandre affecta de saisir avec transport et applaudit de toutes ses forces un vers dont tout le monde fit aisément l'application :

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Huit jours se passèrent dans les fètes; mais la politique ne fut pas oubliée. Aux banquets et aux spectacles succédaient les entretiens in

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