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die, l'entière déroute et la fuite précipitée des troupes de Wellington.

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Le résultat du combat de l'Arzobispo fut de rejeter Cuesta daus les montagnes de la Manche et de l'Estramadure, et de contraindre le général anglais à presser sa retraite sur Badajoz. De son côté, le maréchal Ney, retournant en Galice, battit, au col de Bânos, la légion de Wilson, trois jours après le combat d'Almonacid, qui se donna le lendemain de celui de l'Arzobispo, et dans lequel le général Sébastiani détruisit le corps de Vénégas, dont les débris se réfugièrent au pas de course dans les gorges de la Sierra-Morena.

Cependant la constance espagnole se maintenait au milieu de tous ces revers. Ballesteros, qui commençait à paraître, avait fait de nouvelles lévées dans les Asturies, et les avait amenées au duc d'Elparque, qui s'était emparé de Salamanque, après avoir obtenu un léger avantage contre un détachement du corps du maréchal Ney, que l'empereur avait appelé en Allemagne, et qui venait d'être remplacé par le général Marchand, dans le commandement de l'armée de Galice.

Enflés par ce faible succès, et toujours prompts à se relever de leurs

défaites, les Espagnols voulurent tenter une nouvelle irruption dans la Manche et essayer encore d'enlever Madrid. Arizaga, à la tête de soixante mille hommes, déboucha par Despena-Perros, et s'avança sur la capitale, en suivant la direction de Tolède et d'Aranjuez, tandis que le duc d'Elparque opérait son mouvement sur la route de Burgos.

Le maréchal Soult commandait en chef l'armée française, comme successeur du maréchal Jourdan aux fonctions de major-général. Il appela à lui Victor, Mortier et Sébastiani, et marcha droit à l'ennemi, qu'il fit reculer devant lui jusqu'à Ocana, où l'armée espagnole fut anéantie, le 18 novembre 1809. Pendant cette mémorable bataille, Arizaga, au lieu de combattre à la tête de ses troupes, se retira dans le clocher de la ville, et assista, de là, comme simple spectateur, à la

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destruction de son armée. Il perdit son artillerie, ses bagages et ses drapeaux, et laissa trente mille prisonniers au pouvoir du vainqueur.

La défaite d'Arizaga entraîna la retraite du duc d'Albuquerque, qui était resté en Estramadure pour soutenir sa gauche, et qui s'enfuit à Teruxillo. Le duc d'Elparque, compromis également par le désastre d'O

cana, se mit aussi en retraite et gagna Ciudad-Rodrigo, où il ne parvint qu'après avoir essuyé un échec au pont d'Alba, et perdu trois mille hommes, ses canons et ses bagages.

C'était le moment de porter un dernier coup à l'insurrection espagnole et à l'intervention anglaise. L'empereur le pouvait d'autant mieux que ses triomphes en Allemagne et le retour de la paix dans le nord lui permettaient de diriger une partie de ses troupes victorieuses vers la Péninsule. L'armée française, en Espagne, fut donc portée à trois cent mille hommes, dans les premiers mois de 1810, et placée sous les ordres du roi Joseph, dont le commandement suprême n'était que fictif, et était exercé en réalité par le major-général, le maréchal Soult.

Les premières opérations eurent pour objet l'attaque de la SierraMorena, dont les cols étaient minés, et qui fut néanmoins enlevée en un jour (20 janvier 1840), malgré la vive résistance des Espagnols Dès ce moment, le midi de la Péninsule fut entièrement ouvert à l'armée française. Grenade, Séville, Malaga, Murcie, Olivenza, Badajoz, tombèrent successivement au pouvoir de nos armes. Mais Cadix résista; Cadix, le siége de cette fameuse assemblée qui discuta une constitution démocratique et dirigea une guerre nationale, sous le canon de la France révolutionnaire, et au nom d'un roi dont la cause n'était pas autre que celle de l'aristocratie et du monachisme. Ce dernier boulevard de l'indépendance espagnole subit un étroit blocus du côté de la terre; mais la mer lui resta; la mer qui lui apporta des vivres, des munitions, des hommes et des idées!

Tandis que Soult parcourait triomphalement l'Andalousie, poursuivant les débris de l'armée espagnole, assiégeant et prenant des places, Masséna, venu en Espagne couvert des lauriers d'Essling, envahissait le Portugal et marchait sur Lisbonne. Mais il avait compté sur la coopération de l'armée d'Andalousie, et cette coopération lui manqua. Soult, retenu par les Anglo-Espagnols d'Algésiras et de Gibraltar, qui menaçaient incessamment l'Andalousie et les provinces du littoral oriental, ne fit aucun détachement en faveur de l'armée de Portugal. Masséna, ainsi isolé, ne put tenir tête à Wellington, ct fut forcé de rentrer en Espagne. Sa retraite fut désastreuse. Wellington poursuivit l'armée française sur le territoire espagnol, s'empara d'Olivenza et assiégea Badajoz. Sa présence ranima le courage et releva les espérances de l'insurrection. Mais Soult accourut, attaqua vivement Beresford à Al

buera, et se porta au pied des montagnes, attendant des renforts pour délivrer Badajoz, lorsque les mouvements de Blacke et de Ballesteros le firent revenir à Séville. Il dirigea de là une expédition contre les insurgés de la Sierra-de-Ronda, et une tentative infructueuse sur Tarifa. Cependant Wellington, débarrassé de la surveillance de Soult, fit poursuivre activement le siége de Badajoz, et cette place fut emportée le 6 avril 1812. Soult était accouru de nouveau pour la secourir; mais il n'arriva que le lendemain de la capitulation, et le vainqueur, ne voulant pas s'exposer à perdre trop vite sa récente conquête, refusa la bataille que lui offrit le général français.

Soult revint à Séville, où il s'occupa de pacifier l'Andalousie, et de tenir en échec les partisans de la Ronda et le camp de Saint-Roch. Mais les Anglo-Espagnols avaient poursuivi leurs succès. De l'Estramadare ils s'étaient portés dans la Manche, avaient battu l'armée du centre, occupé Madrid, et forcé Joseph de se retirer sur Valence pour s'y placer sous la protection de Suchet. Dès ce moment, l'occupation de l'Andalousie n'était plus possible. Le blocus de Cadix fut abandonné, et le maréchal Soult, opérant sa retraite par Grenade et Murcie, fit sa jonction avec Suchet vers Alicante, et se rallia ensuite à l'armée du centre, pour reprendre le chemin de Madrid et se mettre en mesure de reconquérir cette capitale.

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LEXANDRE avait cessé depuis longtemps de considérer l'amitié du grand homme comme un bienfait des dieux. De la cordialité solennelle de Tilsitt et des souvenirs intimes d'Erfurth, il ne restait plus dans l'âme du czar que le déplaisir et le ressentiment qui naissent d'une affection éteinte et d'une espérance trompée. Tant que l'Europe continentale lui avait paru assez forte pour continuer la guerre de principe contre la révolution française, personnifiée dans Napoléon, l'autocrate avait prêté l'oreille aux excitations du ca

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