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Bormida, sous la protection d'une de nos batteries, marcha droit aux enuemis; la troisième colonne, commandée par l'adjudant-général Boyer, tourna un ravin, et coupa la retraite à l'ennemi.

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« Tous ces mouvemens, secondés par l'intrépidité des troupes et les talens des différens généraux, remplirent le but qu'on en attendait. Le sang-froid est le résultat du courage, et le courage est l'apanage de tous les Français. L'ennemi, enveloppé de tous les côtés, n'eut temps de capituler; nos colonnes y semèrent la mort, l'épouvante et la fuite.

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« l'endant que sur notre droite nous faisions les dispositions pour l'attaque de la gauche de l'ennemi, le général Provera, avec le corps de troupes qu'il commandait à Cossaria, se rendit prisonnier de guerre.

« Nos troupes s'acharnèrent, de tous côtés, à la poursuite de l'ennemi. Le général Laharpe se mit à la tête de quatre escadrons de cavalerie, et les poursuivit vivement.

« Nous avons dans cette journée fait de sept à neuf mille prisonniers, parmi lesquels un lieutenant-général, vingt ou trente colonels ou lieutenans-colonels, et presque en entier les régimens suivans:

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Corps francs. Trois compagnies de Croates, un bataillon de l'elegrini, Stein, Vilhem, Schroeder, Teutsch.

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Quatre compagnies d'artillerie; plusieurs officiers supérieurs du génie, au service de l'empereur; et les régimens de Montferrat, de la Marine, de Suze, et quatre compagnies de grenadiers, au service du roi de Sardaigne.

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Vingt-deux pièces de canon avec les caissons et tous les attelages, et quinze drapeaux.

« L'ennemi a eu de deux mille à deux mille cinq cents hommes tués, parmi lesquels un aide-de-camp colonel du roi de Sardaigne.

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La victoire des Français à Millesimo était d'autant plus mportante, qu'elle leur fournissait en vivres, en muni

9 tions, des moyens de marcher à de nouveaux succès, et des secours nécessaires, par lesquels ils pouvaient difficilement se faire suivre dans ces hautes montagnes. Elle promettait à Buonaparte sa prochaine réunion avec la division du général Serrurier, qui gardait les bords du Tanaro et la vallée d'Oneglia, et devait augmenter ses forces lorsqu'il venait de faire perdre aux Austro-Sardes dix mille hommes, quarante canors de bataille, leurs magasins, et une partie dele urs bagages, perte que les difficultés du pays devaient leur rendre très-sensible. Il ne leur restait qu'à tenter quelque expédition hardie qui pût ralentir la marche rapide des Français.

COMBAT DE DEGO.

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LEUR armée, fatiguée de la bataille qui avait fini fort tard, était toute entière livrée à la sécurité de la victoire, lorsque, le 26, à la pointe du jour, Beaulieu, rassemblant sept mille Autrichiens, l'élite de son armée, leur fit attaquer avec beaucoup d'audace et enleva le village de Dego. La générale réveilla bientôt les Français. Massena, dès qu'il eut rassemblé une partie de ses troupes, commença l'attaque: elles furent repoussées à trois reprises différentes. Le général Causse n'avait pas été plus heureux; il venait de rallier la 99 demi-brigade, chargeait les ennemis, et était près de les atteindre à la baïonnette, lorsqu'il tomba blessé à mort. Dans cet état, appercevant le général Buonaparte, il rappelle le reste de ses forces, et lui demande Dego est-il repris? Les positions sont à nous, répond le général. Dans ce cas, ajoute Causse, vive la république ! je meurs content ». L'affaire cependant n'était point encore décidée, et il était deux heures après-midi. Buonaparte fait former en colonne la 89: demi-brigade, commandée par le général Victor, tandis que l'adjudant-général Lanus, ralliant la 8 demi-brigade d'infanterie légère, se précipite à sa tête sur la gauche de l'ennemi. Un instant

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ses troupes chancellent; mais son intrépidité les décide, et ces mouvemens combinés enlèvent Dego. La cavalerie achève la déroute de l'ennemi, qui laisse six cents morts et qua- . torze cents prisonniers.

Pendant ce temps le général Rusca s'emparait de la position de San-Giovanni, qui domine la vallée de la Bormida; le général Augereau délogeait l'ennemi des redoutes de Montezemo, et ouvrait ainsi une communication avec la vallée du Tanaro, où la division de Serrurier avait déja occupé, sur la gauche de cette rivière, et presque sous Ceva, les postes de Batifolo, Bagnasco et Nocetto.

La reprise de Dego donnait à Buonaparte l'assurance de n'avoir pas à craindre de nouvelles inquiétudes sur sa droite de la part de Beaulieu, qui se trouvait coupé de l'armée austro-sarde, et le temps de songer à cette armée, qui occupait un bon camp retranché sous Ceva. Il y poussa, le même jour 26, une forte reconnaissance, dont le résultat fut d'enlever à l'ennemi quelques positions qui rendaient plus certaine l'attaque de son camp. L'activité de ses mesures ne saurait être trop remarquée.

Le gouvernement français la secondait par ses justes éloges, et la postérité reconnaîtra dans les dépêches du directoire aux généraux de la république, le` soin qu'il avait de distribuer cet encens de la gloire, qui est le plus puissant véhicule de l'ardeur française. C'est ainsi qu'il écrivait à Buonaparte:

« Il est satisfaisant pour le directoire de voir justifier, par les lauriers que vous venez de cueillir, le choix qu'il a fait de vous pour conduire l'armée d'Italie à la victoire. Recevez aujourd'hui, général, le tribut de la reconnaissance nationale; méritez-la de plus en plus, et prouvez à l'Europe que Beaulieu, pour avoir changé de champ de bataille, n'a pas changé d'ennemi; que battu au nord, il le sera constamment par la brave armée d'Italie; et qu'avec de tels défenseurs, la liberté triomphera des efforts impuissans, des ennemis de la république.

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Qu'il mandait au général Laharpe :

« L'effroi que vous inspirez aux ennemis de la république peut seul égaler sa reconnaissance et l'estime due à votre courage et à vos talens. »

Qu'il disait au chef de brigade Rampon :

« Intrépide militaire, amant de la liberté, continuez à la servir que le serment que vous avez fait prêter aux braves soldats que vous commandiez dans la redoute de Montenotte soit répété dans l'occasion par tous les républicains qui sont dignes de le tenir, et qu'il serve à fortifier chez eux, s'il en était besoin, la haine de l'esclavage, et le desir de vaincre des ennemis qui n'ont pas renoncé au projet insensé de nous donner des fers. La valeur française les forcera bientôt à demander la paix. Vous y aurez concouru par le trait héroïque qui vous honore.

La louange que distribuent les monarques n'a point cette sève; ce n'est guère qu'un compliment : ici c'est un hommage public et un éloge national. Une armée ainsi dirigée, et dont la constitution militaire a tant d'avantages sur celle que peuvent donner les rois, devait acquérir et conserver une grande supériorité sur leurs troupes.

Aussi l'armée d'Italie se montrait-elle infatigable, autant que son général expéditif.

Dès le 27 le général Augereau partit de Montezemo, et attaqua les redoutes qui défendaient l'approche du camp retranché de Ceva. Huit mille Piémontais les défendaient. Les colonnes commandées par les généraux Bayrand et Joubert se battirent tout le jour, et se rendirent maîtres du plus grand nombre. L'ennemi allait être tourné par Castellino, il sentit ce danger, et la nuit il évacua le camp retranché.

A la pointe du jour, le 28, le général Serrurier entra dans la ville de Ceva, et fit l'investissement de la citadelle, qui conservait une garnison de sept à huit cents

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hommes. L'artillerie de siège n'avait pu suivre la rapidité de la marche de l'armée dans les montagnes, et n'était point encore arrivée.

COMBAT DE VICO ET BATAILLE DE MONDOVI.

LAISSONS parler le général Buonaparte, qui sait décrire les batailles aussi bien que les gagner.

« L'armée 'piémontaise, chassée de Ceva, prit des positions au confluent de la Cursaglia et du Tanaro, ayant sa droite appuyée sur Notre Dame de Vico, et son centre sur la Bicoque. Le premier floréal, le général Serrurier attaqua la droite de l'ennemi par le village de Saint-Michel. Il passa le pont sous le feu des ennemis, les obligea, après trois heures de combat, à évacuer le village: mais, le Tanaro n'étant point guéable, la division qui devait attaquer la gauche de l'ennemi ne put l'inquiéter que par des tirailleurs. L'ennemi se renforça sur sa droite; ce qui décida le géné. al Serrurier à la retraite, qu'il fit dans le meilleur ordre: chacun, à la nuit, se trouva dans sa position. I a perte de l'ennemi doit être d'environ cent cinquante hommes.

« La position de l'eanemi était formidable; environné de deux rivières rapides, profondes et torrentneuses, il avait coupé tous les ponts, et avait garui leurs bords de fortes 427-batteries. Nous passames toute la journée du 2 à faire des

dispositions, et à chercher réciproquement, par de fausses manœuvres, à cacher nos véritables intentions.

« A deux heures après-minuit le général Massena passa le Tanaro, près de Ceva, et vint occuper le village de Lezegno. Les généraux de brigade Guieux et Fiorella s'emparèrent du pont de la Torre. Mon projet était de me porter sur Mondovi, et d'obliger l'ennemi à changer de

* Nous avertissons que dans la suite tout ce que nous guillemetterons sera l'extrait de ses dépêches officielles.

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