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solution de l'Union était pour ainsi dire devenue inévitable, grâce aux mesures adoptées contre les sociétés secrètes et aux recherches désormais incessantes de la police. Le gouvernement impérial, complétant les mesures que nous avons mentionnées plus haut, avait en effet cru devoir supprimer non-seulement les associations politiques, mais même les loges maçonniques, et ordonnait à ses agents la plus grande sévérité dans leurs investigations ultérieures.

IV.

CONGRÈS DE LAYBACH.

POLITIQUE DU TSAR DANS LA

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QUESTION GRECQUE. EXPULSION DES JESUITES.
MARIAGES DANS LA FAMILLE IMPÉRIALE.
REUR ALEXANDRE AU CONGRÈS DE VIENNE.
CULTÉS AVEC LA PORTE - OTTOMANE.

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L'EMPE

DIFFI

L'empereur était encore au congrès de Laybach lorsque l'insurrection grecque éclata presque simultanément en Moldavie et en Morée. L'armée russe de Volhynie, forte d'environ cent mille hommes était alors massée dans les provinces méridionales de l'empire; cette armée se trouva, dès que les gouvernements furent rassurés sur l'issue de la révolution italienne, toute disposée pour former un corps d'observation des

tiné à protéger le territoire russe, et même à garantir au besoin les immunités des principautés de Valachie et de Moldavie, suivant les traités de Kainardgy, de 1774, et de Bucharest, de 1812. L'insurrection grecque avait produit en Russie une sensation des plus vives: les cruautés exercées par les Turcs, le pillage des églises et surtout le supplice du patriarche de Constantinople, portèrent à son comble l'indignation d'une population accoutumée à regarder les Grecs comme des frères en orthodoxie. L'empereur put, à son retour de Laybach, recueillir l'expression de ce sentiment populaire, et les mouvements précipités de l'armée russe vers les provinces Moldo-Valaques, firent même supposer un moment que son désir était de soutenir par les armes cette nationalité, qui réveillait tout à coup les échos des Thermopyles; mais, ainsi que nous l'avons dit plus haut, la vie de l'empereur Alexandre devait être une lutte perpétuelle entre les tendances libérales de son cœur et les exigences de sa politique. L'attitude qu'il adopta tout à coup dans les affaires de la Grèce nous en offre une preuve nouvelle; son premier mouvement avait été évidemment favorable à la cause des Grecs prise au point de vue humanitaire, et même il avait souscrit pour une somme considérable en faveur des Hellènes réfugiés ;

puis des menées démagogiques furent découvertes dans le corps d'armée du général Sabahiew, et, d'un autre côté, la révolution espagnole fit des progrès rapides et décisifs. Dès lors, on put remarquer dans la conduite de l'empereur des modifications importantes. Le principe de l'insurrection grecque, l'entreprise d'Ypsilanti furent hautement désavoués par le gouvernement russe, et de nouvelles mesures de police intérieure exécutées avec une rigueur extrême.

Un ukase relatif à l'expulsion des jésuites venait d'attirer très-vivement l'attention publique : les anciennes lois de l'empire avaient interdit l'entrée de la Russie à la célèbre compagnie de Jésus, mais cependant elle était parvenue à pénétrer à diverses reprises et sous divers pré

textes.

y

En 1810, les jésuites obtinrent la permission de desservir un des temples de Saint-Pétersbourg assigné au culte de l'Eglise romaine. Le général de la compagnie, s'appuyant sur un règlement promulgué le 12 février 1769, forma un collége, où, bientôt, furent reçus des élèves sans distinction de religion. Mais, après avoir dépassé les limites de ce règlement, les jésuites s'efforcèrent d'attirer à la communion romaine les enfants confiés à leurs soins, ainsi que d'autres personnes appartenant également à la religion

russe. Telles étaient du moins les accusations renfermées dans l'ukase dirigé contre eux. Alors le ministre des cultes signala ces transgressions au père général de l'ordre, et le cabinet russe, croyant qu'il devenait nécessaire d'employer des moyens énergiques, soumit à l'approbation de l'empereur une suite de dispositions relatives à l'expulsion de tous les membres de la compagnie. Ses académies, ses colleges, furent supprimés; ses biens meubles et immeubles remis au gouvernement pour être administrés par les chambres de finances, et leurs revenus durent être employés au profit de l'Église romaine. La sensation produite par cet ukase fut peut-être moins grande en Russie qu'en France, où les jésuites cherchaient alors à consolider leur pouvoir. Le gouvernement russe pourvut, très-généreusement du reste, aux frais de leur renvoi, et ils sortirent de l'empire au nombre d'environ sept cent cinquante, pour se disperser ensuite en Hongrie, en Gallicie et dans plusieurs parties de l'Italie et de l'Allemagne.

Le 1er juillet 1817, le grand-duc Nicolas Pavlowitch avait épousé la princesse Charlotte de Prusse, fille du roi Frédéric-Guillaume III, et qui,

1. Nous suivrons toujours pour nos dates le calendrier grégorien.

suivant l'usage de la cour de Russie, échangea, en adoptant la religion grecque, son nom contre celui d'Alexandra-Féodorowna. Cette alliance unissait les deux cours et avait une haute importance au point de vue politique. Un autre fait particulier à la famille impériale devait, peu de temps après, préoccuper également l'empereur : le grand-duc Constantin, qui, depuis dix-neuf ans vivait séparé de la grande-duchesse Anne, née princesse de Saxe-Cobourg-Saalfeld, avait récemment témoigné à son frère le désir que son mariage fût dissous, et le tsar s'était empressé de soumettre cette affaire au saint synode.

Deux mois après, le grand-duc épousait la comtesse Jeanne Grudzinska, fille du comte Grudzinski de Wittoslaw. L'empereur, saisissant cette occasion de récompenser les services que lui avait rendus son frère, lui donna, comme propriété indépendante, la terre de Lowicz érigée en principauté, et Jeanne Grudzinska fut créée princesse de Lowicz, titre qui devait passer aux enfants qu'elle aurait du grand-duc Constantin. L'union d'une Polonaise avec le vice-roi sembla de bon augure pour la prospérité future de la Pologne, et il est certain que la princesse de Lowicz rendit fréquemment de véritables services à ses compatriotes, grâce à la douce

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