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de forêts durables et longévives dans la Champagne pouilleuse ainsi dénommée à cause du serpolet, dit pouilleu, qui couvrait jadis le terrain. Sans trop approfondir, nous ne dirons pas le sol, mais l'origine de son qualificatif ambigu, nous ne voulons pas renoncer à l'espoir d'une Champagne un jour améliorée, si non résineuse et balsamique comme la prévoyait M. Delamarre dès l'an 1831.

On peut se demander quel est l'arbre du pays qui doit former la forêt sur la craie défoncée, qu'il s'y établisse sous les pins ou sous toutes autres essences primordiales. Et, peut-être, de la Montagne de Reims n'auraiton pas à chercher loin pour le trouver. En tous cas, l'ouvrage de M. Lapie contribuera certainement à l'amélioration des savarts, des triots, et par suite de toute la région.

C. B.

Il nous arrive d'Italie une très intéressante brochure du professeur Adolphe Casali sur le déboisement des montagnes, I. Diboscamenti nei monti in relazione alla fertilita dei terreni (Le déboisement dans les montagnes en rapport avec la fertilité des terrains). C'est en réalité une théorie de l'humus ou terreau, et tout particulièrement du terreau des forêts.

L'auteur l'étudie dans sa formation, sa composition et ses effets complexes; il lui attribue une importance capitale dans la vie végétale, montrant que celle-ci n'est possible qu'à l'aide de l'humus préexistant, et que la forêt est la grande fabrique naturelle du terreau. La formation des premières molécules de terreau reste à chercher, comme la naissance des premiers animaux qui ont engendré des enfants semblables à eux. On est toujours arrêté au point de départ, l'origine de la cellule vivante 1. D'autre part la forêt n'est point l'unique source du terreau et les plantes herbacées de la prairie en forment également. Mais si la part que

1. Dans une étude sur les Menus produits des forêts, qui a paru au Bulletin de la Société forestière de Belgique, l'auteur semble admettre que les mousses végètent sans terreau précédent. Est-ce bien réel? Et le terreau des poussières suspendues dans l'air ne joue-t-il pas là un rôle indispensable? Voici l'extrait:

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Le rôle des mousses dans l'économie générale de la nature est très considérable. Leurs spores étant capables de germer sur les surfaces les plus diverses, pourvu qu'il y ait quelque humidité, et ces plantes végétant d'une manière presque ininterrompue, on ne tarde pas à voir les roches les plus dures se couvrir d'un tapis de mousse plus ou moins épais.

Une fois installées, celles-ci continuent à vivre tout en formant un véritable terreau par la lente décomposition de leurs parties mortes. Elles jouent donc (avec les lichens) un rôle de premier ordre dans la première formation de la terre végétale sur laquelle viendront ensuite germer les graines de plantes pha nérogames apportées par le vent ou par tout autre mode de dissémination. C'est ainsi que les places les plus arides se couvrent peu à peu d'une végétation qui semblait improbable. »>

M. Casali fait à la forêt dans la fertilité des terres est un peu large, elle n'en est pas moins d'un intérêt majeur.

Dans la seconde partie de la brochure, les effets du déboisement et du reboisement sont étudiés à fond, directement et à l'aide de nombreux exemples, et exposés avec la chaleur que donne l'amour de la forêt. « Il s'agit d'une lutte entre la faculté de l'existence, de la vie, et la matière morte ou inerte, la lutte même de la lumière contre les ténèbres. » Les diverses actions de la forêt sur le sol et l'atmosphère, la destruction des bois et forêts et ses effets, ceux de la transhumance et de la sécheresse, celle-ci moins regrettable, selon l'auteur, que le défaut d'humus, sont autant de questions successivement traitées. Elles montrent que « le déboisement en montagne est un crime de lèse-nature ».

Comme conclusion l'auteur fait voir que la verdure de la montagne est nécessaire pour une agriculture sérieuse et vraie dans la plaine. La forêt et l'humus, c'est la genèse, la vie et la productivité des terrains cultivables. Leçon précieuse pour beaucoup d'autres régions que les montagnes dénudées de la péninsule italienne. C. B.

— Pour étudier l'influence de la température sur l'accroissement des arbres à la Station de recherches forestières d'Autriche, M. Joseph Friedrich a fait usage d'un appareil enregistreur de son invention. Il en donne la description et l'image dans son ouvrage. Cet instrument constate les variations de la circonférence de l'arbre avec une précision. micrométrique. Les recherches effectuées ont permis à l'auteur de constater les faits suivants :

L'accroissement de l'arbre varie d'un jour à l'autre.

Il dépend à un haut degré de la température.

Les modifications passagères de la grosseur sont produites et gouvernées par la transpiration de la cime.

La transpiration plus ou moins forte de la cime dépend du degré de l'humidité relative de l'air.

Les arbres feuillus ne transpirent et ne modifient leur grosseur que pendant le temps de la foliaison, les résineux toujours verts que pendant les jours sans gclée.

Le volume du corps ligneux vivant (mesuré sans écorce) change constamment et peut diminuer momentanément d'une quantité considérable. Il reste à chercher le principe de la force en action dans les dilatations et les contractions passagères de l'arbre et de son écorce.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

Maladies des plantes agricoles et des arbres fruitiers et forestiers causées par des parasites végétaux; par Ed. Prillieux, professeur à l'Institut national agronomique. T. 2. In-8, 596 pages avec fig. Mesnil, imprimerie Firmin-Didot et Cie, Paris, libr. de la même maison.

Les Essences forestières, Essences feuillues; par Henri Loubié, secrétaire de la bibliothèque et des archives de la Société des agriculteurs de France, professeur de sciences naturelles à l'Association polytechnique. In-16, 180 p. Saint-Amand, impr. Destenay, Bussière frères. Paris, libr. Masson et Cie; Gauthier-Villars et fils. 2 fr. 50.

La Pêche à la ligne. Les meilleurs Appâts pour la carpe, la tanche, le gardon, le goujon, le barbeau, le brème, la truite, le brochet, la perche, l'anguille, l'écrevisse, la grenouille, le véron, l'ablette, etc.;.par M. Darnault. In-12, 8 p., Tours, impr. Deslis frères. 75 cent.

Conférence sur la forêt des Sept-Chevaux; par M. Floquet, In-8, 7 p. Besançon, imp. Jacquin.

A Madagascar. A travers bois; par M. Lucien Girod-Genet, garde général des forêts, chef du service forestier à Madagascar. In-8°, 20 p. avec grav. - Besançon imp. Jacquin.

Pline, études d'archéologie forestière, par Paul-Marie Weyd, garde général des Forêts. In-8, 231 p. Poitiers, imp. Blais et Roy.

- I. Diboscamenti nei monti, in relazione alla fertilita dei terreni. Lettura tenulla alla societa agraria die Bologna, il 25 Aprile 1897, par Prof. Adolfo Casali. In-8, 56 p. Bologna, tip. di G. Generelli.

Uber den Einfluss der Witterung auf den Baumzuwachs, par Josef Friedrich, conseiller forestier supérieur et directeur de la station d'expériences forestières de Mariabrunn). In-40, 160 pag., 25 tableaux et 40 figures dans le texte. Wien, Hofbuchhandlung, W. Frick.

Uber den Ligningehalt einiger Nadelhölzer, par le docteur Adolfe Cieslar (adjoint à la station d'expériences forestières de Mariabrunn). In-4° 40 p. Wien, Holbuchhandlung, W. Friek.

CHRONIQUE FORESTIÈRE

Bataille gagnée. Faux cuir.

Nécrologie M. Nouguier.

L'Agriculture moderne du 12 décembre dernier livrait au public, en premier Paris, la clef des balivages. « Réserves en quantité mo dérée, savoir à l'hectare 75 baliveaux de 25 ans, 50 modernes de 50 ans, 25 anciens de 75 ans. Et si, parmi ces derniers, il s'en trouvait quelques-uns, encore très vigoureux et susceptibles d'acquérir une va·leur exceptionnelle, il y aurait le plus grand avantage à les laisser parcourir encore une et même deux révolutions. » Tel est le conseil donné M. Mouillefert, professeur à l'École d'agriculture de Grignon. Il par n'y a donc pas à lui dire, comme à M. Josse: Vous êtes orfèvre. Il est même douteux qu'il ait réservé souvent à l'hectare, 75 arbres dont 25 an

ciens. Mais, quand on se reporte aux misérables balivages d'antan et qu'on voit la vulgarisation des idées actuelles, on peut dire: La bataille est gagnée. Si elle laisse le regret de l'avilissement du prix des sous-bois, n'en est-il pas de même de toute victoire, qui ne s'achète qu'au prix de sacrifices douloureux ?

vante:

La Société d'agriculture de l'Allier vient de voter la résolution sui

« Considérant que la baisse du prix des écorces cause un grave préjudice aux propriétaires de bois;

« Considérant que cette baisse est la conséquence du remplacement de l'écorce dans la tannerie par des procédés chimiques;

« Considérant qu'il est avéré maintenant, par une trop longue expérience, que les cuirs ainsi tannés hâtivement par les nouveaux procédés restent spongieux, sont sans consistance et ne durent pas ;

« Prie M. le Ministre de l'Agriculture de demander à M. le Ministre de la Guerre d'exiger que tous les cuirs fournis à l'armée soient tannés. à l'écorce comme autrefois et non plus par les procédés chimiques. »

Le fait est si grave que M. Baudin, tanneur, rédacteur au Marché des cuirs, écrivait récemment:

« C'est avec le bois de châtaignier et le bois de chêne que l'on obtient les liqueurs, concentrées après rectifications, que la tannerie emploie de plus en plus au grand détriment de la qualité du cuir. Ces cuirs, fabriqués en quelques heures, sont hygroscopiques au plus haut degré, en raison de la glycose qui les sature. A surface égale, ils sont plus lourds ; c'est-à-dire qu'achetés au kilogramme ils coûtent plus cher à l'employeur que le bon produit fabriqué à l'écorce.

<< L'empeigne, encore moins solide que la semelle, s'en va au premier effort, et l'eau entre dans la chaussure sans égard pour le marcheur. Même au repos, dans les grands dépôts de la guerre, les chaussures se détériorent. La semelle se tourmente comme un meuble en bois vert, de sorte que le malheureux troupier est au martyre à la première étape. << Pour faire de bon vin, il faut du raisin, et du séjour en cave. Le exige de l'écorce de chêne et de longs

cuir ce qui s'appelle cuir

mois en fosse. >>

Comme contribuables, les propriétaires de bois ont évidemment le droit de se préoccuper de la qualité des choses achetées par l'État. Le public, une fois éclairé, sera avec les producteurs d'écorces contre les tanneurs comme il a été avec les vignerons contre les fabricants de vin. Mais il ne sait pas assez que pour faire du bon cuir il faut du tan

et du temps. Le saura-t-il avant que le peuple de France n'ait plus aux des éponges sous le nom de souliers?

pieds que

Et ce ne sont pas seulement les porteurs de souliers qui pâtissent, mais encore les porteurs de sabots, journaliers agricoles des pays forestiers, d'une moitié de la France; le salaire des journées d'écorcement, bien payées, en mai quand chôment les travaux de la culture, fournissait au budget de ces pauvres gens un appoint important d'une centaine de francs. Rien ne viendra le remplacer dans le triomphe du faux cuir.

M. Nouguier, inspecteur des forêts en retraite, est décédé à Montbéliard à l'âge de 84 ans. Sa vie a été bien remplie. Avocat à la cour royale de Paris, puis élève libre à l'École forestière de Nancy et ensuite à celle de Tharand, garde à cheval à Villers-Cotterets, garde général à Coucy et à Hesdin, dans les forêts de la Couronne, et dans les forêts de l'État à partir de 1849, sous-inspecteur à Embrun, inspecteur à Die, et enfin à Boulogne, pendant sa retraite conseiller municipal, administrateur de la caisse d'épargne et membre de presque toutes les associations de la ville de Montbéliard, il montra partout une activité qui n'eut d'égale que sa bonté.

Les forestiers, la ville, la foule de ses amis et la population reconnaissante lui firent des funérailles magnifiques. M. l'inspecteur Runacher retraça sa vie tout entière. Elle se résume en deux mots : Il aima son prochain comme soi-même et s'acquit l'affection générale par son bon

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(1) En remplacement de M. Mathey, qui a reçu une autre destination. (2) En remplacement de M. Fauveau, promu au grade supérieur. (3) En remplacement de M. Mathieu, promu au grade supérieur.

Postiers.

Le Directeur-Gérant : J. ROTHSCHILD.

- Imprimerie BLAIS et ROY, rue Victor-Hugo, 7.

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