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d'Autriche, on ne compte guère sur des arrivages avant fin juin. Dans cet état de choses, les prix restent bien tenus.

Le fret de Fiume pour Bordeaux se raisonne de 17 à 18 francs par 1.000 kilos.

Produits résineux. La demande pour l'essence de térébenthine est plutôt calme, et les cours, qui s'étaient relevés de la forte baisse produite à la fin du mois dernier, ont de nouveau rétrogradé de 10 franès au marché du 18 mai, avec des apports qui se sont élevés à 125.000 kilos. Le marché suivant, du 25, en a reçu 93.000 kilos pour lesquels on a payé 68 francs, nus.

Pour l'expédition, on tient 76 francs les 100 kilos, logés en barriques; ces cours sont les mêmes que ceux du marché précédent. La baisse qui s'est manifestée est expliquée par l'importance des apports, et aussi par la nécessité d'enrayer l'importation américaine.

La demande pour les brais a été plus régulière et les prix un peu en hausse.

Les autres produits résineux sont peu demandés ou à peu près délaissés.

MAGASINS GÉNÉRAUX DE PARIS. PORT ET GARE D'AUBERVILLIERS MOUVEMENT DU MOIS D'AVRIL 1898

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Existant fin avril 98.4359 t. 3 386 t. 1 134t. 6558t. 6864 5767 t 18 688t. 2 208 t. 17220 t. 362 t.

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SEMIS NATURELS

Le traitement des futaies constituées en massifs de bois de même âge n'est pas sans offrir des difficultés aussi bien au point de vue de la régėnération qu'à celui des éclaircies. Il y a un demi-siècle, on y allait de tout cœur, sans paraître même douter du succès de la coupe d'ensemencement ni attribuer à l'éclaircie une bien grande importance. Depuis quelques années, au contraire, il semble qu'on craigne les coupes de régénération comme trompeuses et, d'autre part, qu'on se jette à corps perdu dans les éclaircies. L'un ou l'autre état d'esprit, celui de la fin du siècle comme celui de la mi-siècle peut entraîner à des erreurs graves; c'est pourquoi je voudrais dire quelques mots en sens contraire des idées du jour, au risque de déplaire. A cet égard je me sens autorisé par le passé, qui ne m'a pas montré dans la régénération de nos forêts des obstacles tenant à la méthode du réensemencement naturel par éclaircies. Et c'est de celuici seulement que je vais m'occuper aujourd'hui.

une

A peine sorti de l'École forestière j'eus à traiter des forêts de mélèze aux sources de la Durance, à y marteler des coupes, dont le nom, la nature et l'assiette étaient indéterminés; le quantum seul en était fixé, c'était un nombre de stères. Mon inspecteur, un vieux brave homme, marchait encore assez bien, mais sur les routes; quant à faire tous les jours ou deux grimpées de mille mètres, malgré son alpin-stock ce n'était pas en sa possibilité. Il arrivait péniblement au pied de la forêt, tandis que c'était une partie de plaisir pour moi de gagner vers le ciel. Je marquais donc les coupes là où j'en voyais la raison; l'emplacement était chanceux, car je ne pouvais en une demi-journée parcourir le canton et en concevoir l'aménagement implicite. Il y avait à prendre des bois secs à la cîme de la forêt, ou à desserrer par une éclaircie de jeunes futaies d'une centaine d'années, ou à poursuivre des coupes de régénération repeuplées, comme à Cestrières du Mont-Genèvre, ou enfin à disposer en coupes d'ensemencement certaines futaies exploitables, comme à Puy-Saint-Pierre, en face Briançon, à Granon du Val-des-Prés, au Lauzet du Monétier et ailleurs. Ce n'était pas dans la facture des coupes que gisaient les difficultés.

C'est pendant mon séjour à Briançon qu'on nous donna l'ordre de convertir les stères de possibilité en mètres cubes pleins. Grande amélioration! j'aimais à croire qu'on y verrait mieux, et dès le lendemain des II - 26

(JUILLET 1898

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martelages, c'est-à-dire l'année suivante et l'année d'après, j'allais voir si mes coupes se repeuplaient. Quel forestier n'a fait de même en ses débuts? Là, je ne trouvais que des teignes qui descendaient des mélèzes et me tombaient dans le dos; c'était en 1855 et 1856. Cependant il n'y a pas à jardiner les massifs réguliers du mélèze; l'idée n'en viendrait pas sur place. Les semis abondaient au pied de la forêt, à la lumière partout où le bétail n'avait pas accès. Et aujourd'hui, sauf même réserve, mes coupes d'ensemencement sont repeuplées depuis bel âge; mais il fallait savoir attendre, et la jeunesse pleine de désirs est impatiente.

Les massifs réguliers de mélèze, assez nombreux dans les Alpes françaises, sont dus la plupart à quelques volées de graines dont les semis, nés sur terrains nus et frais, ont échappé par hasard pendant 30 ou 40 ans à un pâturage intensif. Ainsi en a-t-il été pour la forêt de la Grave (Hautes-Alpes), pour celle de Saint-Vincent (Basses-Alpes) et pour tant d'autres. C'est là un clair enseignement pour qui veut obtenir la régénération du mélèze.

Il y a aussi beaucoup de pineraies dans le Briançonnais et, en 1855, elles étaient la plupart tourmentées de mille manières par le pâturage de printemps, la hache du délit, la récolte des pignons, des feuilles, etc., etc. Les pineraies voisines des villages ou des hameaux étaient tenues par les populations pour res nullius et ravagées sans répit. Le garde de SaintMartin de Queyrières, pour se faire élire président des Pénitents noirs avait livré les bois de la commune au pillage général pendant quinze jours, et il les ouvrait à des pillages individuels pour faire approvisionner sa table. Je dressai procès-verbal contre lui, malgré l'avis du maire déclarant que c'était un excellent serviteur. Poursuivi en vertu de l'art. 4 du Code forestier, cet homme, le garde, fut condamné à 12.000 fr. d'amende et autant de dommages-intérêts. D'autres préposés commettaient aussi des actes ou faisaient des omissions déplorables. Et, malgré tous ces vols et l'exploitation Kabyle des pineraies, le semis de pin sylvestre et de pin de montagne comblait les vides, se jetait dans les rochers, dans les lavandes, partout à découvert; et, sans la lutte incessante de la chèvre, de la brebis et de la serpe, ces pins occuperaient certainement tous les versants chauds des Alpes cottiennes. A la Roche-de-Rame les habitants étaient périodiquement convoqués en corvée pour couper à la serpette les semis de pin encombrant le versant, non soumis au régime forestier, qui se trouve au-dessous du banc de rochers portant la forêt soumise. La commune se défendait énergiquement contre l'envahissement du territoire par les semis naturels de la forêt.

Une seule pineraie en situation très critique, les Ayes, de Villars-Saint

Pancrace, peuplée principalement d'aroles très clairiérés, âgés de un à mille ans. Les graines de cette essence des premiers temps, très grosses et par suite relativement rares, comestibles, dévorées par les hommes et les animaux, mettent deux années à germer pour produire une tige souple que la neige tient écrasée huit mois chaque hiver pendant une série d'années. Et, malgré tout, sans le pâturage incessant de l'été le semis serait général, tandis qu'il ne peut donner que quelques brins épars nés entre des myrtils, des roches ou des rhododendrons qui les défendent. II y a quarante-trois ans j'avais mis en défends la zone supérieure de la forêt; mais là haut, dans un obscur recoin des Alpes, le défends n'était qu'un mot écrit sur le terrain par une ligne de blanchis, rejeté par la population, négligé par le garde communal. Cependant il suffirait d'y revenir une fois tous les cinq siècles peut-être, en maintenant le défends pendant une cinquantaine d'années, pour conserver en France un spécimen unique de la forêt des temps préhistoriques. Encore un peu et il sera trop tard.

Des sources de la Durance, je gagnai le troisième plateau du Jura, à la source du Doubs, autour des lacs aimés de l'épicéa, qui se jette partout, même sous les hêtres, et auquel le sapin vient plus tard disputer la place en sournois. Dans la région le semis naturel abonde en sapin, en épicéa, en hêtre, et, si la population accoutumée aux rigueurs de l'hiver partait en exode pour le Kondyle, il ne faudrait pas trente ans pour que toute la haute vallée du Doubs ne soit plus qu'une forêt ininterrompue.

Je ne me rappelle que deux ou trois places où le semis se refusait, au canton du Miroir, des Hôpitaux-Neufs, cinq hectares en pente rapide au midi, sous des épicéas quelque peu délabrés, où néanmoins il n'y avait pas assez de jour, et à la Joux de la bécasse, sur un plan dénudé par une coupe blanche et où l'on n'avait laissé aucun abri. Sur les deux points il y avait eu péché, ici par action et là par omission. Cependant tout à l'entour les brins de semence n'étaient ni rares ni chers; je ne dirai pas qu'on en avait trop, mais peu s'en fallait, et je crois bien n'avoir pas fait faire de plantations pendant les deux années que j'ai passées en ce froid pays. A quoi bon là où il y a de l'ombre, quand les bestiaux ou le débardage des bois ne détruisent pas la jeunesse ?

Les coupes de régénération que nous avions à faire étaient donc généralement des coupes secondaires. Il me souvient encore de l'inspecteur Henriot me disant à l'arrivée sur le terrain: « Monsieur, quelle coupe allons-nous faire ici?» - Après avoir examiné le peuplement je lui répondais, neuf fois sur dix : « Une coupe secondaire, n'est-ce pas?--Eh!

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bien, marquez-la. » Et pendant qu'il allumait une vieille pipe je mettais les gardes en mouvement.

Le mouvement, la marche en avant, c'est une garantie de bonne opération dans les sapinières; là on doit craindre de s'immobiliser et trop souvent on ne s'étend pas assez ; il faut vouloir pour amener les gardes à n'abandonner qu'un sapin sur cinq. Ces coupes diverses ont laissé des recrus superbes, de sapin, d'épicéa, plus ou moins mélangés entre eux et mêlés aussi du hêtre; on n'avait pas pris encore la peine de le combattre et, sur ces terrains calcaires, nos forêts s'en trouvaient bien.

Nous avions aussi à parcourir de grandes étendues en marquant les bois secs, qui se présentent constamment sur la roche aride, surtout dans les épicéas; il en meurt à tout âge, d'un coup d'éclair, disent les gardes, de soif le plus souvent. De jeunes épicéas, attendants ou nouveaux venus, ont vite fait de combler la trouée.

Nous faisions aussi quelques coupes jardinatoires pour disposer des gros arbres des peuplements à régénérer d'ensemble dans un avenir éloigné. Et à ce sujet il me souvient d'un jardinage hardi auquel je me suis laissé entraîner. C'était dans la quatrième affectation de la Fuvelle, que je venais d'aménager, vers le milieu de la parcelle allongée qui la forme. Il y avait là une belle jeunesse et je cherchais à lui donner du jour; mais je n'ai pas osé y aller revoir onze ans plus tard en visitant à nouveau la forêt, et je ne me suis plus laissé prendre au jardinage intensif, qui évide la sapinière. J'avais vu la coupe exploitée, et depuis j'en ai vu d'autres du même genre jardinage concentré, sapinière éventrée.

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Nous n'avions donc sur le haut Doubs qu'à nous défendre d'enlever trop d'arbres à la fois sur une faible surface, soit en ensemencement dans quelques massifs d'épicéa ou de sapin bien pleins et qu'il serait inutile et dangereux de briser complètement, soit en coupes secondaires pour éviter des dégâts énormes d'abatage et autres, soit plus encore dans les coupes jardinatoires. Et en général les repeuplements étaient acquis d'avance. Le canton du Pasquis-aux-Veaux, près du village de Remoray, était couvert en 1848 d'une pessière de 130 ans, en massif compact. Aidées par le vent, les exploitations en disposèrent en dix ans, mais la régénération naturelle fut plus hâtive encore; le sapin occupa immédiatement la place de l'épicéa. Il y était, à coup sûr, et se dissimulait modestement sous les grands épicéas. Aujourd'hui le canton porte un superbe perchis de sapin, et les quelques épicéas qu'on y voit ont été plantés dans les vides produits par l'exploitation et le débardage des bois. A côté de cette parcelle de 16 hectares, tout le massif attenant est formé, sur une centaine d'hectares, de perchis splendides d'épicéa, sapin et hêtre,mélan

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